11/03/2014
Morceaux choisis - Paul Valéry
Paul Valéry
L’orage vient de finir, et cependant nous sommes inquiets, anxieux, comme si l’orage allait éclater. Presque toutes les choses humaines demeurent dans une terrible incertitude. Nous considérons ce qui a disparu, nous sommes presque détruits par ce qui est détruit; nous ne savons pas ce qui va naître, et nous pouvons raisonnablement le craindre. Nous espérons vaguement, nous redoutons précisément; nos craintes sont infiniment plus précises que nos espérances; nous confessons que la douceur de vivre est derrière nous, que l’abondance est derrière nous, mais le désarroi et le doute sont en nous et avec nous. Il n’y a pas de tête pensante si sagace, si instruite qu’on la suppose, qui puisse se flatter de dominer ce malaise, d’échapper à cette impression de ténèbres, de mesurer la durée probable de cette période de troubles dans les échanges vitaux de l’humanité.
Paul Valéry, Conférence / Zurich, 1924 (pro-europa.eu/fr)
11:11 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, Paul Valéry | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; morceaux choisis; livres | |
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09/03/2014
Lire les classiques - Emile Verhaeren
Emile Verhaeren
Emile Verhaeren, Les heures d'après-midi (Deman, 1905)
18:55 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |
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07/03/2014
La citation du jour
Nicolas de Chamfort
L'opinion est la reine du monde, parce que la sottise est la reine des sots.
Nicolas de Chamfort, Maximes et pensées (coll. Folio/Gallimard, 1989)
image: Daniel Cosset (daniel-cosset.com)
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06/03/2014
Dany Laferrière
Dany Laferrière, Tout bouge autour de moi (Livre de poche/LGF, 2012)
En Haïti, il y eut un certain 12 janvier, comme ailleurs un 11 septembre. Avant, il y avait l'insouciance, puis soudain ce jour de séisme terrible. Dany Laferrière, écrivain haïtien résidant au Canada, se trouvait dans son pays au moment du drame. Un an après, il tente de faire revivre ce qu'il a vu, observé, partagé. Le pire comme le meilleur concentré dans cet instant crucial dont le monde entier a été le témoin, à travers un prisme déformé, il est vrai: Tout cela a duré moins d'une minute. On a eu huit à dix secondes pour prendre une décision. Quitter l'endroit ou rester. Très rares sont ceux qui ont fait un bon départ. Comme souvent devant un choc d'une telle cette amplitude - les exemples sont nombreux dans l'histoire contemporaine - il témoigne de la difficulté de témoigner du moment de la catastrophe en elle-même, tant la blessure intime est grande et la surprise, totale. Son récit est habité d'une retenue bienveillante, généreuse et lucide pour dire les émotions brutes qui ont affecté sa famille ou leurs proches.
Ce qui rend ce livre particulièrement attachant tient à cette page douloureuse de l'histoire d'Haïti où se juxtaposent le temps de l'auteur avec celui de ces anonymes pour la plupart, armés d'un grand appétit de vivre, portant l'espérance jusqu'en enfer. Ce sont eux, les véritables héros de ces éclats de mémoire que nous livre Dany Laferrière. Il trouve le ton juste pour évoquer la culpabilité des rescapés ou ironiser - sans méchanceté aucune - sur la couverture médiatique des événements et son cortège d'images fortes: Le pire n'est pas l'enfilade de malheurs, mais l'absence de nuances dans l'oeil froid de la caméra...
Quel est le secret de cet auteur pour qu'au-delà de cette fracture existentielle, se dégage de son livre une force si tranquille et déterminée? De sa mère, de sa tante Renée, de ses amis, ainsi que de la poésie qui résonne comme un violon dans ses ténèbres passagères et qui, seule, le console des horreurs du monde. On dit qu'un malheur chasse l'autre. Et les journalistes ont beau se précipiter ailleurs, Haïti continuera d'occuper longtemps encore le coeur du monde...
également en format de poche (coll. Livre de Poche/LGF, 2012)
00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |
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05/03/2014
Le poème de la semaine
Marie Noël
La Morte et ses mains tristes…Arrive au Paradis. "D’où reviens-tu, ma fille,Si pâle en plein midi? - Je reviens de la terreOù j’avais un pays, De la saison nouvelleOù j’avais un ami. Il m’a donné trois rosesMais jamais un épi. Avant la fleur déclose,Avant le blé mûri, Hier il m’a trahie.J’en suis morte aujourd’hui. - Ne pleure plus, ma filleLe temps en est fini. Nous enverrons sur terreUn ange en ton pays, Quérir ton ami traître,Le ramener ici. - N’en faites rien, mon PèreLa terre laissez-lui. Sa belle y est plus belleQue belle je ne suis, Las! et faudra, s’il pleureSans elle jour et nuit Que de nouveau je meureD’en avoir trop souci." Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |
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04/03/2014
Morceaux choisis - Jean-Guy Pilon
Jean-Guy Pilon
Des mots sont accourus, les moins profonds, les plus frémissants. La présence nouvelle a dénoué les cheveux difficiles et lancé dans le paysage tragique de la lune le plus clair oiseau de nos silences. Que ne s'arrête qu'au bout de l'eau et de la terre ensemble, ce chant de métamorphose accordé au plus discret espoir, des souffrances de désert aux violences du froid. Qu'il ne cesse plus de grandir chaque nuit, invulnérable feu de la grotte sur la montagne oubliée. Les glaces sournoises du mal descendront des sommets pour devenir sources sereines de vie, pendant qu'à bout d'espace, nous jetterons au soleil notre victoire et notre défi.
Jean-Guy Pilon, L'Homme et le Jour, dans: Pierre Seghers, Le livre d'or de la poésie française contemporaine vol. 2 (Marabout, 1969)
photo: Diriye Amey, Crépuscule sur le lac Majeur / Tessin, Suisse (travel.fanpage.it)
11:33 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |
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02/03/2014
Lire les classiques - Paul Verlaine
Paul Verlaine
Paul Verlaine, Romances sans paroles - suivi de: Cellulairement (Livre de Poche/LGF, 2002)
image: Guy Cambier (art.findartinfo.com)
00:24 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |
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01/03/2014
Morceaux choisis - Annie Ernaux
Annie Ernaux
Ce qui compte pour elle, c'est de saisir cette durée qui constitue son passage sur la terre à une époque donnée, ce temps qui l'a traversée, ce monde qu'elle a enregistré rien qu'en vivant. Et c'est dans une autre sensation qu'elle a puisé l'intuition de ce que sera la forme de son livre, celle qui la submerge lorsque à partir d'une image fixe du souvenir - sur un lit d'hôpital avec d'autres enfants opérés des amygdales après la guerre ou dans un bus qui traverse Paris en juillet 68 - il lui semble se fondre dans une totalité indistincte, dont elle parvient à arracher par un effort de la conscience critique, un à un, les éléments qui la composent, coutumes, gestes, paroles, etc.
Le minuscule moment du passé s'agrandit, débouche sur un horizon à la fois mouvant et d'une tonalité uniforme, celui d'une ou de plusieurs années. Elle retrouve alors, dans une satisfaction profonde, quai éblouissante - que ne lui donne pas l'image, seule, du souvenir personnel -, une sorte de vaste sensation collective, dans laquelle sa conscience, tout son être est pris. De la même façon que, en voiture sur l'autoroute, seule, elle se sent prise dans la totalité indéfinissable du moment présent, du plus proche au plus lointain.
Annie Ernaux, Les années (coll. Folio/Gallimard, 2009)
00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; morceaux choisis; livres | |
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27/02/2014
La citation du jour
Louis Calaferte
Il est des livres qu'on aime avoir auprès de soi ainsi que des bréviaires. La force de leur contenu est telle que rien ne s'en affaiblit avec le temps. Nous sommes en leur compagnie au plus ardent creuset de l'esprit et les hommes qui les ont écrits devraient être vénérés à l'égal des saints.
Louis Calaferte, Livres, dans: Choses dites (Cherche-Midi, 1997)
image: http://www.bricoleur.pro
00:34 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |
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26/02/2014
Le poème de la semaine
Emile Nelligan
Hier, j’ai vu passer, comme une ombre qu’on plaint, En un grand parc obscur, une femme voilée: Funèbre et singulière, elle s’en est allée, Recélant sa fierté sous son masque opalin. Et rien que d’un regard, par ce soir cristallin, J’eus deviné bientôt sa douleur refoulée; Puis elle disparut en quelque noire allée Propice au deuil profond dont son cœur était plein. Ma jeunesse est pareille à la pauvre passante: Beaucoup la croiseront ici-bas dans la sente Où la vie à la tombe âprement nous conduit. Tous la verront passer, feuille sèche à la brise Qui tourbillonne, tombe et se fane en la nuit; Mais nul ne l’aimera, nul ne l’aura comprise. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
08:11 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
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