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22/02/2014

Robert Bober

9782070445592FS.gifRobert Bober, On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux (coll. Folio/Gallimard, 2012) 

Le titre de ce récit est emprunté à l'auteur de La plupart du temps, Pierre Reverdy. Avec son style magique de conteur, Robert Bober nous entraîne sur le plateau du tournage de Jules et Jim où le personnage central du roman, Bernard - un double de son ami Robert, à la fois inventé et bien réel - se voit confier un rôle de figurant. Cet événement sert de prétexte à décrire, de Belleville à Ménilmontant, le Paris des années 60, ses cafés, ses artistes, les chansons d'Aristide Bruant, les films de Marcel Ophüls, de Jacques Becker et bien sûr de François Truffaut. A la manière d'un Robert Doisneau, le regard de Robert Bober nous entraîne avec beaucoup de tendresse, d'humour et de nostalgie, dans ce récit truffé d'anecdotes pittoresques, qui n'en est pourtant qu'à ses balbutiements.

A la fin du tournage, en effet, Bernard tout fier d'apparaître dans le film, invite sa mère au cinéma pour partager avec elle ce moment de bonheur. A la sortie de la salle, sa mère bouleversée, s'accroche à son bras et lui confie que Jules et Jim - un ménage à trois, disait François Truffaut - c'est son histoire... Il va ainsi plonger dans le passé, sur la trace de son père qu'il a perdu trop jeune - mort en déportation - et de son beau-père - disparu dans l'avion qui coûta la vie à Marcel Cerdan - tous deux amoureux de la même femme, sa mère, amis depuis leur jeunesse en Pologne. La correspondance avec sa tante des Amériques, Esther - la soeur de son père, nous immerge une fois encore dans le monde du cinéma, des Ziegfeld Follies à Harpo Marx, renouant par ce biais les liens familiaux qui, pour un temps, s'étaient malencontreusement interrompus.

Au dernier chapitre de ce livre, le narrateur entreprend un voyage à Auschwitz, pour rejoindre son père, une dernière fois: Je n'ai pas noté le numéro du block consacré aux déportés venant de France. Celui où naturellement on nous conduisit d'abord. Je n'ai pas entendu ce que dans ce lieu le guide nous disait. Il y avait là, devant moi, la photographie de mon père. Celle que je connaissais et que j'avais toujours vue dans son cadre de cuir brun posée sur le buffet de la salle à manger. Sur cette photo, considérablement agrandie, mon père avait retrouvé sa dimension d'homme. Nous étions là, ensemble, debout, tout près, l'un en face de l'autre, dans la même immobilité. Nous avions le même âge. Il me souriait.  

Beaucoup d'émotion contenue, de délicatesse et de pudeur dans ce roman de Robert Bober qui évite soigneusement les pièges du mélodrame, avec cette infinie douceur d'un funambule qui foule la neige, atténuant les rumeurs alentour, les yeux tendus vers le ciel et les étoiles. 

00:23 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

20/02/2014

Antoine Blondin

9782710331148.gifAntoine Blondin : A mes prochains – Lettres 1943-1984 (La Table Ronde, 2009)

 

Antoine Blondin n'écrivait pas à la légère. L'auteur de Un singe en hiver pesait ses mots - ses bons mots - jusque dans ses cartes postales. Inédites, ces lettres sont adressées à des proches: ses parents; ses éditeurs Catherine et Roland Laudenbach avec lesquels il se montre aussi angoissé que fraternel; son grand complice Roger Nimier, amateur comme lui de plaisanteries et de grivoiseries; son ami Michel Déon; Kléber et Caroline Haedens, à qui il manifeste une déférente affection: Nous avons dû nous croiser de peu à travers la Charente. Votre souvenir est tapi dans ces grottes, comme un bernard-l'hermite... Dégoûté d'écrire, mais non de vous aimer, je m'arrête là pour vous embrasser. 

 

Il ne faut pas enterrer Antoine Blondin, l’auteur de Monsieur Jadis, Un singe en hiver, Mes petits papiers sans oublier ses mémorables chroniques du Tour de France! Heureusement est exhumée cette correspondance inédite auprès de ses amis de toujours, et restitue les différentes facettes de cet écrivain terriblement attachant. Sa plume facétieuse, mélancolique et libre manque cruellement dans le monde des lettres, aujourd’hui.

09:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; correspondance; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/02/2014

Le poème de la semaine

Robert Marteau

Dans l’ombre puis dans la clarté,
le rouge-gorge apparaît,
avant-courrier de l’hiver,
merveille qui surprend la vue
à chaque apparition.
 
Abréviation du feu,
il ne consume pas le bois
dont il fait son bref abri.
 
La forge qu’il allume,
le fer qu’il forge,
ont habité la mémoire depuis si longtemps
que la braise là-bas
dans l’huis par où passe le froid
nous reste une surprise immémoriale.
 
Regarde comment il offre à l’air
encore teint de roses de l’automne
son plastron:
il annonce ainsi la neige,
lui qui en aime les fleurs,
qui marque de son passage
la nappe cristallisée,
puis se tient en haut
avec la dernière pomme.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

 

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/02/2014

Morceaux choisis - Récit anonyme du XXe siècle

Récit anonyme du XXe siècle

1.jpg

"Avec un an de recul, je vois ce que m'ont apporté ces deux ans ans qui m'ont paru si longs. C'est au fond la seule période de ma vie dont je sois fier jusqu'ici, car c'est la seule qui signifie quelque chose. (...) Bien sûr, le contact brutal avec des réalités et des difficultés que je ne soupçonnais même pas m'ont durci le caractère, et bien plus que je ne l'aurais voulu. Tant pis: il est trop tard."

Postface de l'auteur,
à Nogent-le-Retrou, le 4 février 1953.

*

Il pleut souvent, le matin, quand je pars dans la nuit glacée. La journée, c'est le travail dur et monotone, parfois sous la pluie. J'en ai marre. Je rentre tous les soirs, crevé par le froid, la route, le travail. Je ne pense plus à rien. C'est une vie infernale: je pars, je travaille, je repars, je me couche, et tout recommence sans arrêt.

Le froid arrive: il gèle toute la journée. Il me souvient du château de Chambord, dans la nuit bleue et glacée, sous les étoiles, ses vitres plombées reflétant vaguement la lune. Des fois, il y a tant de brouillard que je peux à peine me diriger sur la route à la lumière. Un matin, je rentre dans la grille du parc de Chambord.

J'ai les pieds glacés à longueur de journée. Lorsque la température baisse, les clefs des griffes commencent à coller aux mains. Le bois gèle. Le matin, il faut graisser avec de l'huile gommée, sous le hangar ouvert à tous les vents, à la lueur des lampes qui éclairent mal. Le feu de liteaux arrosés de pétrole répand une odeur infecte de carburant brûlé et de résine. Ca fume beaucoup. Toute ma vie je me souviendrai de ces débuts de journées qu'on sait d'avance monotones et harassantes, dans le gris du petit matin, même dans la nuit glacée. Tout est hostile: la ferraille du ruban, les planches et la sciure gelée - et le bois, toujours là, pas plutôt disparu qu'il est remplacé, le bois inerte, qui ne souffre pas, lui, et qui est le roi du chantier.

Je ne peux pas exprimer le dégoût que je ressentais, le matin, quand mon réveil sonnait à cinq heures et demie et que s'offrait à moi la perspective de vingt-deux kilomètres dans le mauvais vent du nord, et une journée de bagnard. Des fois, je me demande ce que j'ai bien pu faire pour mériter un châtiment pareil. J'en veux à mon frère qui, s'il avait été capable de gagner de l'argent, aurait pu m'assurer une préparation tranquille de ma deuxième session, voire même me faire redoubler ma première. Quand je pense que je voulais faire le commissariat dans la marine! Manoeuvre. Je suis manoeuvre de scierie, attelé soixante heures par semaine à un métier de chien que j'exerce dans des conditions presque impossibles: mes vêtements ont à peine le temps de sécher la nuit. Ce n'est que grâce à la façon dont Yvonne me nourrit que je ne crève pas.

Novembre se tire, puis décembre. Noël, triste fête qui dure un jour, et, le lendemain, je suis debout près du banc de scie, surveillant le chariot qui va m'arriver. 

Janvier arrive. Il fait un froid de chien. Je suis très fatigué le matin en me levant et il me faut faire un effort immense pour partir au travail, effort que je cache soigneusement, à Yvonne.

Les gens du pays envient la force et la résistance qui me permettent d'aller gagner ma vie au loin, en plein hiver. Beaucoup d'hommes ne travaillent pas à Daint-Dyé. S'ils savaient de quelle façon je paye mes journées, en souffrances de toutes sortes, ils ne m'envieraient sûrement pas.

Récit anonyme, La scierie - présenté par Pierre Gripari (L'Age d'Homme, 1975 / Héros-Limite, 2013)

image: Scierie (actuacity.com)

16:48 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Guy Goffette

9782070125951.gifGuy Goffette, Presqu'elles (Gallimard, 2009)

 

Il est des femmes qui, irrésistiblement, attisent la curiosité. On les voit, on les imagine, on les surprend ou on les invente… Dans ce registre, sur le ton de la confidence et avec l’œil d’un peintre de l’éphémère  – il obtient le Grand Prix de Poésie de l’Académie Française en 2001 - Guy Goffette esquisse dix portraits de femmes saisies entre rêve et réalité: L’une en tailleur rouge qui ressemble à un Modigliani, telle autre avec sa jupe d’écolière sage dont le regard se noie dans le paysage, ou encore celle à la bouche ronde qui ajuste des mannequins dans une vitrine. Amoureux du langage et du corps féminin, il immortalise sous nos yeux émerveillés ces instants volés que nous éprouvons tous un jour ou l’autre, avec le sourire énigmatique de celui qui dissimule aux autres ces incomparables moments de grâce!

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

17/02/2014

Yves Bonnefoy

images.jpegYves Bonnefoy, L’inachevable - Entretiens sur la poésie (Albin Michel, 2010)

On ne présente plus Yves Bonnefoy qui, comme Philippe Jaccottet, incarne l’exigence de la poésie, du langage et du sens. Dans ces entretiens réalisés entre 1990 et 2010, l’auteur nous partage pêle-mêle les rencontres essentielles de sa vie artistique: Arthur Rimbaud, Stéphane Mallarmé, Pierre-Jean Jouve, Paul Valéry, Alberto Giacometti, sans oublier William Shakespeare dont les traductions occupent une place privilégiée dans son œuvre. Une lecture exigeante dont on peut regretter parfois une certaine préciosité, mais qui nous aide à épanouir ce champ de la conscience qui peut-être, sommeille en nous.

Ce livre, quelques-uns des entretiens que j'ai eus avec divers interlocuteurs en ces vingt dernières années. D'une part ceux qui portèrent sur la création artistique - architecture ou peinture - ou des peintres et des poètes; et d'autre part ceux où j'ai eu à parler de mon propre travail ou de ma vie. Viendront plus tard des réflexions de nature plus générale bien que constamment sur la poésie. Pourquoi ce rassemblement? Parce que l'imprévu des questions avive et même sert le désir de comprendre de celui qui cherche à répondre, en un écrit parlé qu'il veut aussi précis que possible. Et parce que ce désir va peut-être trouver dans les hypothèses et digressions alors permises des voies qui en valent d'autres vers la sorte de vérité dont cet auteur est capable. Yves Bonnefoy

également disponible en édition de poche (coll. Livre de poche/LGF, 2012)

09:27 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Philippe Jaccottet, Yves Bonnefoy | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: essais; entretiens; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/02/2014

Lire les classiques - Arthur Rimbaud

Arthur Rimbaud

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Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.
 
Tout le jour, il suait d'obéissance; très 
Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir: à la lampe 
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines:
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait, 
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son oeil darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, oeil déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots!
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment!
 
À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rives, savanes! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'oeil brun, folle, en robes d'indiennes,
- Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons;
- Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
 
Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou;
Des rêves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
- Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor!
 
Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulement, déroutes et pitié!
- Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, - seul et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile!

Arthur Rimbaud, Les poètes de sept ans, dans: Poésies - suivi de Les illuminations et Une saison en enfer (coll. Poésie/Gallimard, 2010)

image: Arthur Rimbaud par Paul Verlaine (musessquare.blogspot.com)

illustration musicale: Léo Ferré, Les poètes de sept ans


15/02/2014

La citation du jour

Alain Mabanckou

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Apprends qu'il est des endroits où les livres sont brûlés à cause de l'encre qui trace des sillons et qui labourent des sentiers de liberté.

Alain Mabanckou, Le livre de Boris, dans: Tant que les arbres s'enracineront dans la terre (coll. Points/Seuil, 2007)

image: National and University Library of Bosnia and Herzegovina (en.wikipedia.org)

00:37 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/02/2014

Le poème de la semaine

Abdellatif Laâbi

La dernière pensée avant le sommeil
autant qu'elle soit heureuse
surtout si la journée a été rude
ou inconsistante
 
Convoquer alors une image précieuse:
le sourire qui s'est élevé loin
au-dessus des autres
la parole aussi pure
que l'idée en sa quintessence
l'icône vivante de celle ou celui
qui nous a inspiré
la joie de tous les sens
et puis ouvrir la main
au cas où
avant de fermer les paupières
sur une douce lumière
qui verra s'élancer l'oiseau de notre choix
dans un ciel à l'échelle d'une vie
brève ou longue
 
Vivre ainsi par anticipation
la cérémonie déchirante de l'ultime voyage
pour mieux jouir à notre réveil
de la résurrection
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel, 
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

11/02/2014

Lire les classiques - Henry Bataille

Henry Bataille

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Il y a de grands soirs où les villages meurent 
Après que les pigeons sont rentrés se coucher. 
Ils meurent, doucement, avec le bruit de l'heure 
Et le cri bleu des hirondelles au clocher... 
Alors, pour les veiller, des lumières s'allument, 
Vieilles petites lumières de bonnes soeurs, 
Et des lanternes passent, là-bas dans la brume... 
Au loin le chemin gris chemine avec douceur... 
Les fleurs dans les jardins se sont pelotonnées, 
Pour écouter mourir leur village d'antan, 
Car elles savent que c'est là qu'elles sont nées... 
Puis les lumières s'éteignent, cependant 
Que les vieux murs habituels ont rendu l'âme, 
Tout doux, tout bonnement, comme de vieilles femmes.
 

Henry Bataille, Soirs, dans: La chambre blanche (coll. Orphée/La Différence, 1989)

image: www.deco.fr

09:03 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |