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06/11/2014

La citation du jour

François Mauriac

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Me voilà loin de la politique. Sisyphe s'interrompt un instant de pousser son rocher. La politique, c'est bien cela: une grosse pierre informe que nous poussons et qui retombe et nous ramène sans fin à notre point de départ; rien n'est jamais résolu, rien n'aboutit à rien. Tout recommence, simplement. 

François Mauriac, Bloc-Notes 1959, dans: D'un bloc-notes à l'autre / 1952-1969 (Bartillat, 2004)

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, La citation du jour | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/11/2013

François Mauriac

9782253002925.gifFrançois Mauriac, Genitrix (Coll. Livre de poche, 1967)

 

Mathilde Cazenave morte, sa belle-mère jubile; elle va pouvoir reconquérir totalement son fils bien-aimé. Félicité a tort de se réjouir trop vite car sur le visage apaisé de la jeune morte, Fernand entrevoit ce qu'aurait pu être le bonheur avec Mathilde. Qui l'a empêché de s'entendre avec elle sinon sa mère? Vieil enfant égoïste et gâté, il se retourne alors contre cette genitrix coupable de l'avoir trop choyé. Défaite temporaire dont François Mauriac analyse les phases avec une lucidité sans complaisance dans ce roman âpre et poignant. L’un des plus beaux romans de Mauriac! L’histoire de Fernand, en porte à faux entre sa mère dominatrice et son épouse sur le point de mourir, partageant leur vie sous un même toit, baigne dans une atmosphère plus cruelle que dans Le noeud de vipères et moins désespérée que dans Le sagouin, et le style éblouissant de Génitrix séduit comme au jour de sa parution!

08:50 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

02/11/2013

Morceaux choisis - François Mauriac

François Mauriac

Marcel Feguide.jpg

Sans mari, sans enfants, sans amis, certes on ne pouvait être plus seule au monde; mais qu'était cette solitude, au prix de cet autre isolement dont la plus tendre famille ne l'eût pas délivrée: celui que nous éprouvons à reconnaître en nous les signes d'une espèce singulière, d'une race presque perdue et dont nous interprétons les instincts, les exigences, les buts mystérieux? Ah! ne plus s'épuiser dans cette recherche! Si le ciel était encore pâle d'un reste de jour et de lune naissante, les ténèbres s'amassaient sous les feuilles tranquilles. Le corps penché dans la nuit, attiré, comma aspiré par la tristesse végétale, Maria Cross cédait moins au désir de boire à ce fleuve d'air encombré de branches qu'à la tentation de se perdre en lui, de se dissoudre, pour qu'enfin son désert intérieur se confondit avec celui de l'espace, pour que ce silence en elle ne fût plus différent du silence des sphères.

François Mauriac, Le désert de l'amour / extrait, dans : Oeuvres romanesques (coll. Pochothèque/LGF, 1992)

image: Marcel Feguide, La jeune fille sous l'arbre (feguide.free.fr)

08/10/2013

La citation du jour

François Mauriac

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Croire c'est aimer.

François Mauriac, Ce que je crois (Grasset, 1961)

image: Gaby Pontarollo (monjura.actifforum.com)

21/05/2013

La citation du jour

François Mauriac

citation; livres

Ce n'est pas la ville de pierres que je chéris, ni les conférences, ni les musées, c'est la forêt vivante qui s'y agite, et que creusent des passions plus forcenées qu'aucune tempête.

François Mauriac, Thérèse Desqueyroux, dans: Oeuvres romanesques (La Pochothèque/LGF, 1992)

image: Georges Franju, Thérèse Desqueyroux, avec Emanuelle Riva, Philippe Noiret, Sami Frey, Hélène Dieudonné, Edith Scob, Jacques Monod et Lucien Nat (1962)

07:28 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/04/2013

François Mauriac

Francois Mauriac 2.jpgFrançois Mauriac, Le noeud de vipères (Coll. Livre de poche, 2006)

 

Vieil avare qui veut se venger des siens en les déshéritant, Louis se justifie dans une sorte de confession qu'il destine à sa femme: elle le précède dans la mort. Dépossédé de sa haine et détaché de ses biens, cet anti-clérical sera touché, par la lumière, in articulo mortis.


Outre une peinture au vitriol de la bourgeoisie, ce roman est le journal d’un homme à la fin de sa vie. Respecté – à peine – pour sa réussite sociale, même des siens et détesté par les autres, il se révèle peu à peu attachant, libéré, humain. Un chef d’œuvre de Mauriac qui résiste à plusieurs lectures, au fil des années.

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/04/2013

Le questionnaire Marcel Proust - 2/3

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Mes auteurs favoris en prose?

William Shakespeare (d'accord, c'est du théâtre, mais...), Thérèse d'Avila (et les autres auteurs de spiritualité carmélitaine), Bernard de Clairvaux, H.B. Stendhal, Emily Brontë, Albert Camus, Simone Weil, Marcel Proust, François Mauriac, puis: Fiodor Dostoievski, Alexandre Dumas, Erri de Luca, Mario Rigoni Stern, Charles-Albert Cingria, Gustave Roud, Georges Simenn et j'en oublie...

Mes poètes préférés?

Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Dante Alighieri, Giacomo Leopardi, Pétrarque, Rainer-Maria Rilke, Ossip Mandelstam, Anna Akhmatova, Fernando Pessoa, Mahmoud Darwich, Emily Dickinson, René Char, Louis Aragon, Paul Eluard, Maurice Chappaz, Jean-Michel Maulpoix, Abdellatif Laâbi, les auteurs de la Bible, et tant d'autres...

Mes héros dans la fiction?

Heatcliff ("Les hauts de Hurlevent"), Edmond Dantès ("Le comte de Monte Cristo"), Prospero ("La tempête").

Mes héroïnes favorites dans la fiction?

Cathy ("Les hauts de Hurlevent"), Tatiana ("Le songe d'une nuit d'été"), puis la Tosca et Carmen.

Mes compositeurs préférés?

Wolfgang-Amadeus Mozart, Franz Liszt, Jean-Sébastien Bach, Franz Schubert, Gustav Mahler, Ludwig van Beethoven, Joseph Haydn, Frédéric Chopin, Serge Rachmaninov, Antonio Vivaldi, Robert Schumann, Hector Berlioz, Alexander Scriabin, Bela Bartok, John Coltrane et (pour la chanson...) Barbara. Et ceux qu'il est injuste de ne pas mentionner...

 

(à suivre)

07/01/2013

François Mauriac

littérature; roman; livresFrançois Mauriac, La fin de la nuit (Coll. Livre de poche 2004)

 

Dans son appartement parisien, Thérèse Desqueyroux s'apprête à affronter la solitude d'un samedi soir. Sa fille Marie, âgée de dix-sept ans, qu'elle n'a pas vue depuis trois ans surgit de façon inopinée.

 

Marie, qui est partie sans prévenir sa famille, évoque avec ironie les difficultés financières des Desqueyroux : Bernard son père, et sa grand-mère, subissent le contrecoup de la débâcle de la résine. Puis elle exprime sa révolte par rapport à l'univers étouffant de son entourage et manifeste sa solidarité avec sa mère qui a su tout quitter...


Ce texte, un peu injustement oublié, est le prolongement de Thérèse Desqueroux, probablement le plus beau personnage créé par son auteur, image vacillante d’un cœur tourmenté, épris de liberté, rebelle dans un milieu conformiste et hypocrite.

 

Je n'ai pas voulu donner dans La fin de la nuit une suite à Thérèse Desqueyroux, mais le portrait d'une femme à son déclin, que j'avais peinte déjà du temps de sa jeunesse criminelle. Il n'est aucunement nécessaire d'avoir connu la première Thérèse pour s'intéresser à celle dont je raconte ici le dernier amour. (François Mauriac)

09:18 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/11/2012

Morceaux choisis - François Mauriac

François Mauriac

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J'ai toujours eu horreur des neurasthéniques; le retour à Paris me fut donc cette année-là une délivrance. Je n'échangeai plus avec ma belle-mère que quelques billets indifférents. Michèle, qui attendait pour se marier que Jean eût achevé ses deux années de service, habitait toujours cours de l'Intendance. Elle faisait allusion, dans ses lettres, à une histoire incroyable de Brigitte, mais se réservait de me la raconter de vive voix lors d'un séjour qu'elle allait faire à Paris, chez les La Mirandieuzé.

Histoire incroyable, en effet, au poit que d'abord je haussai les épaules. Que ma belle-mère fût devenue amoureuse, et de son médecin qui avait passé la soixantaine, je ne vis là qu'une imagination de Michèle; mais à Bordeaux, il fallut me rendre à l'évidence. Il ne s'agissait pas de l'attachement d'une vieille femme malade à l'homme qui la soigne, mais d'une passion farouche, exclusive, et (c'était là sans doute le plus étrange) heureuse, comblée. Non, bien entendu, qu'il se passât rien entre eux de répréhensible: le docteur Gellis, huguenot fervent et qui avait pour clients toute la haute société protestante de la ville, était au-dessus des soupçons; mais, séparé d'une femme qui l'avait autrefois couvert de honte, en butte aux exigences de nombreux enfants dont la plupart étaient mariés, besogneux et âpres, il découvrait avec délices, au déclin de sa vie, le bonheur d'être devenu l'unique pensée d'une créature plus forte, mieux armée qu'il ne l'était lui-même; il la voyait chaque jour, ne décidait rien sans son avis. Nulle pudeur n'atténuait, chez ces deux solitaires, l'expression verbale de leur attachement, ni non plus le moindre sentiment du ridicule. Aucun des deux ne discernait un vieillard dans le visage baigné de tendresse qui se penchait vers le sien. Ils vivaient l'un pour l'autre, comme deux innocents, au milieu de leurs familles irritées et moqueuses et de la ville chuchotante.

François Mauriac, La pharisienne (coll. Livre de poche/LGF, 1972)

image: Maison de François Mauriac, Malagar (dipity.com)

28/06/2012

Morceaux choisis - François Mauriac

François Mauriac

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Fernand regarda autour de lui: c'est bien la chambre où Mathilde est morte. Voici le cadre en coquillages où elle ne sourit pas. Un oiseau grimpeur chante avec sa voix de printemps. Matinée pleine de fumée et de soleil. Pour rejoindre Mathilde, il lui faut remonter des profondeurs de sa vie à l'extrême surface du passé le plus proche. Il essaie de s'attendrir, songeant comme ils ont peu vécu ensemble. Maintenant la bru n'a plus sur la belle-mère l'avantage d'être morte: sa vieille ennemie l'a rejointe dans le troisième caveau à gauche, contre le mur du fond. L'une et l'autre appatiennent désormais à ce qui n'est plus; et Fernand s'irrite de la petite part de sa vie dévolue à l'épouse, alors que la mère couvre de son ombre énorme toutes les années finies.

Il achève de s'habiller, erre au jardin, regarde à la dérobée la fenêtre du bureau où ne l'irritera plus une vieille tête à l'affût. Est-ce parce qu'il ne se sait plus ainsi épié, qu'il éprouve si peu le désir de rejoindre Mathilde? Fallait-il que cet immense amour obsédant de sa mère le cernât de ses flammes pour que, traqué, il descendit en lui-même jusqu'à Mathilde? Voici que l'incendie est éteint. Ce brasier, qui le rendait furieux, soudain le laisse grelottant au milieu de cendres. Il existe des hommes qui ne sont capables d'aimer que contre quelqu'un. Ce qui les fouette en avant vers une autre, c'est le gémissment de celle qu'ils délaissent.

François Mauriac,  Génitrix (coll. Livre de Poche/LGF, 1979)