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25/02/2015

Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Je t'aimais
Dans l'orage des sèves
Je t'aime
Sous l'ombrage des vents
 
Je t'aimais
Aux jardins de l'aube
Je t'aime
Au déclin des jours
 
Je t'aimais
Dans l'impatience solaire
Je t'aime
Dans la clémence du soir
 
Je t'aimais
Dans l'éclair du verbe
Je t'aime
Dans l'estuaire des mots
 
Je t'aimais
Dans les foucades du printemps
Je t'aime
Dans l'escapade des saisons
 
Je t'aimais
Aux entrailles de la vie
Je t'aime
Aux portails du temps
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

11/01/2015

Morceaux choisis - Andrée Chedid

Andrée Chedid

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Au bout de ce voyage, nos chemins se rejoignent, et j'évoque, une fois encore, ces deux fleuves que nous avons tant aimés. Je repense à ces eaux, tellement pétries de sens, qui charrient aussi l'image de nos vies divergentes et complices, de nos vies dissemblables et accordées.

Avec toi, je me glisse en cette terre d'Egypte, si stable et si continue, mais non dénuée de déchirures, d'où nous venons tous les deux. Avec toi, je pénètre en cette ville de Paris, si fascinante et si rebelle, vers où nous portaient nos désirs.

En leurs réalités, comme en leur mystère, l'une et l'autre, me semble-t-il, se sont gravées dans nos tempéraments faits à la fois de dissidences et de fortes retrouvailles, de différences et d'inusable harmonie.

Ainsi va le corps à la poursuite de l'existence, de l'ailleurs et de l'autre, puis vers sa progressive dissolution. Ainsi demeure le coeur, fidèle à ses visages et à ses lieux privilégiés. Ainsi coulent le Nil et la Seine, lointains et proches.

Ainsi s'écoulent nos vies, si diverses et si durablement reliées.

Andrée et Louis Antoine Chedid, Le coeur demeure (Stock, 1999)

image: Nicolas de Staël, Sicile (himalayalpes.wordpress.com)

13/08/2014

Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Parcourir l'Arbre 
Se lier aux jardins 
Se mêler aux forêts 
Plonger au fond des terres 
Pour renaître de l'argile
 
Peu à peu 
S'affranchir des sols et des racines 
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages
 
Puis dans un éclat de feuilles 
Embrasser l'espace 
Résister aux orages 
Déchiffrer les soleils 
Affronter jour et nuit
  
Evoquer ensuite 
Au cœur d'une métropole 
Un arbre un seul 
Enclos dans l'asphalte
Eloigné des jardins 
Orphelin des forêts
 
Un arbre 
Au tronc rêche 
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes
 
S'unir à cette soif 
Rejoindre cette retraite 
Ecouter ces appels
 
Sentir sous l'écorce 
Captives mais invincibles 
La montée des sèves 
La pression des bourgeons 
Semblables aux rêves tenaces 
Qui fortifient nos vies
 
Cheminer d'arbre en arbre 
Explorant l'éphémère 
Aller d'arbre en arbre 
Dépistant la durée.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

09/04/2014

Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Par les jardins de la terre,
Par les fontaines du seul amour,
Par le blé et le liseron,
Par l'élan et le roitelet,
Par ma jeunesse tant promise,
Par l'ami retrouvé,
Par tous les mots que je veux dire,
Par les mortels que j'aimerai:
Que je vive, ah! que je vive
Encore un espace de ce temps,
De ce temps qui nous est compté.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel, 
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

21/08/2013

Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Homme de tous lieux
 
Otage des mots 
Violenté par le sort 
Empoigné par le temps
 
Jamais les meutes ne trancheront ton cri 
Aucun traquenard n'asservira ton rêve
 
Homme de tous lieux
 
Dont la voix s'évase 
Vers la houle du chant
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

05/08/2013

La citation du jour

Andrée Chedid

citation; livres

Il est vital pour le poète de lever des échos, et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde aux solitudes; mais aussi, nul n'a plus besoin que sa terre soit visitée.

Andrée Chedid, Terre et poésie (GLM, 1956)

18:20 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

01/03/2013

Morceaux choisis - Andrée Chedid

Andrée Chedid

Willy Ronis_Mouche.jpg

A force de frayer
Avec toutes nos paroles
A force de voisiner
Avec nos sombres passions
A force de s'effriter
Sur les corps de passage
L'Amour a-t-il perdu
Innocence et plaisir?
 
A force de renaître
Auréolé de rêve
A force de s'émouvoir
Au passage du désir
A force de s'animer
Aux couleurs de la vie
L'Amour se perpétue
Dans l'être
Et l'infini.
 

Andrée Chedid, L'amour I, dans: Zéno Bianu, Eros émerveillé - Anthologie de la poésie érotique française (coll. Poésie/Gallimard, 2012)

image:  Willy Ronis, Mouche (espritsnomades.com)

00:17 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

10/10/2012

Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Il y a des matins en ruines
Où les mots trébuchent
Où les clés se dérobent
Où le chagrin voudrait s'afficher
 
Des jours
Où l'on se suspendrait
Au cou du premier passant
Pour le pain d'une parole
Pour le son d'un baiser
 
Des soirs
Où le coeur s'ensable
Où l'espoir se verrouille
Face aux grilles des regards
 
Des nuits
Où le rêve bute
Contre les murailles de l'ombre
 
Des heures
Où les terrasses
Sont toutes
Hors de portée
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

 

25/07/2012

Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Je reste émerveillée
Du clapotis de l’eau
Des oiseaux gazouilleurs
Ces bonheurs de la terre
 
Je reste émerveillée
D’un amour
Invincible
Toujours présent
 
Je reste émerveillée
De cet amour
Ardent
Qui ne craint
Ni le torrent du temps
Ni l’hécatombe
Des jours accumulés
Dans mon miroir
Défraîchi
 
Je me souris encore
Je reste émerveillée
Rien n’y fait
L’amour s’est implanté
Une fois
Pour toutes
 
De cet amour ardent
je reste émerveillée
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

18/05/2012

Morceaux choisis - Andrée Chédid

Andrée Chedid

Andrée Chedid.jpg

L'air est libre
 
Les chemins sentent l'orange
Le soleil s'allonge en robes de safran
 
C'est la saison du rire et des herbes
 
O mon amour aux cent patiences
Ce soir tout est une première fois
 

Andrée Chedid, Textes pour la terre aimée (Cahiers GLM, 1954)

07:35 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |