Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10/12/2014

Le poème de la semaine

Jacques Chessex

Je venais de le rêver 
C'était peut-être celui que j'appelle 
"le rêve de Purcell" 
Ce matin-là je ne savais plus rien de la lumière 
Ni de son harmonie d'avant
 
Tout à coup survint l'oiseau des alarmes heureuses 
Et se posa à contre-jour
 
"Oiseau, dis-je 
Que me veux-tu dans ta sérénité 
Moi qui hésite toujours entre deux maîtres" 
Je vis que l'oiseau riait
 
"Sans doute as-tu raison de rire, dis-je 
Mais tu m'attristes, messager de l'aube 
En te moquant de ma candeur 
Ah détourne de moi le buisson de ta tête 
Regagne tes passerelles vers le vide"
 
"Je ne serais qu'une métaphore à ton regard
dit le sac de plumes 
Un mot entre les vivants et les morts?"
 
Il s'envola aussitôt
Et je demeurai tout le jour
Les heures vides qui m'attendaient
Avec le prophète persifleur
Le messager à la face fleurie de feu blanc
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

12/08/2014

Jacques Chessex

Jacques Chessex.jpgJacques Chessex, Pardon mère (Grasset, 2008)

 

Longtemps j’ai eu le temps. C’était quand ma mère vivait. J’étais désagréable avec elle, ingrat, méchant, je me disais: j’aime ma mère. Elle le sait ou elle finira bien par le savoir. J’ai le temps. (…) En attendant, le temps passait. Je rencontrais ma mère, je la blessais parce que tout en elle me blessait. Son esprit était droit, sa pensée juste, son élégance de bon goût, sa taille bien prise, son regard d’un bleu un peu gris était pur et me voyait. Et moi je n’étais pas digne de ce regard. Jacques Chessex

 

Les relations entre une mère et son fils sont souvent uniques, incomparables. Et chacun de nous – les hommes! – aurait pu dire ce vertige de l’origine, ce temps remis à plus tard, ces balbutiements du fils prodigue entre gaucherie et provocation, entre admiration et défi, entre blessure et reconnaissance.. Seulement voilà: Nous n’avons pas le talent littéraire de Jacques Chessex pour mettre en perspective l’inexprimable avec tant de retenue et d’émotion. Alors, contentons-nous de savourer ce bonheur de lecture, à l’abri de rien …

00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Jacques Chessex, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/02/2014

Jacques Chessex

9782246743514.gifJacques Chessex, Un juif pour l'exemple (Grasset, 2009)

Nous sommes en 1942: l'Europe est à feu et à sang, la Suisse est travaillée de sombres influences. A Payerne, rurale, cossue, ville de charcutiers, le chômage aiguise les rancoeurs et la haine ancestrale du Juif. Autour d'un gauleiter local, le garagiste Fernand Ischi sorti d'une opérette rhénane, et d'un pasteur sans paroisse proche de la légation nazie à Berne, le pasteur Lugrin s'organise un complot de revanchards au front bas, d'oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux...

A lire ce récit, je ne peux manquer de penser au roman Le rapport de Brodeck écrit par Philippe Claudel, paru en 2007 chez Stock. Même trouble d’une mémoire devenue inutile aux collectivités, même remord, même justification ou déni des individus qu’une abjecte réalité dérange. Dans un style concis, évocateur et respirant les lieux du drame, Jacques Chessex nous invite à  revisiter une histoire bien de chez nous contre l’effacement, la banalisation et finalement l’oubli. Avec rage et conviction, comme lui seul sait le faire.

Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2010)

01:10 Écrit par Claude Amstutz dans Jacques Chessex, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/11/2013

Voyage en Suisse

11.jpgUn voyage en Suisse - Récits des Cantons, édités par Dirk Vaihinger et traduits par François Conod (Campiche, 2013)

25 récits de 25 cantons, par 25 écrivains différents, publiés au cours des 25 dernières années: tel est le formidable travail entrepris par Dirk Vaihinger qui, en langue allemande, a déjà édité Les plus beaux poèmes de la Suisse et Les plus beaux contes de la Suisse qui, tous les deux je l'espère, seront un jour traduits en langue française.

Si quelques noms familiers figurent parmi les auteurs de cette anthologie - Anne Cunéo, Alexandre Voisard, Anne-Lise Grobéty, Peter Bichsel, Alberto Nessi, Maurice Chappaz, Jacques Chessex, Thomas Hürlimann ou Charles Lewinsky - les autres sont, pour la plupart, de vraies découvertes et, comme les cristaux d'un kaléidoscope, réunis dans ce volume, ils dressent un tableau riche en couleurs de cette Suisse débarrassée en la circonstance de ses caricatures, poncifs ou autres fanfaronnades.

A coup sûr, tous les instituteurs de Suisse Romande, surtout s'ils enseignent les lettres, devraient s'empresser de lire cet ouvrage - et de l'inscrire à leur programme - non seulement parce que les textes ou extraits présentés ressemblent à une gourmandise aux multiples parfums, mais témoignent aussi - surtout auprès des jeunes - de l'indispensable ouverture sur l'étranger en Suisse: je veux dire les écrivains qui ne s'expriment pas en langue française, mais en allemand, en romanche, en italien, près de chez nous, et qui ont tant de beautés à nous partager: pas seulement en littérature, soit dit en passant...

19/07/2013

Jacques Chessex

9782246704010.gifJacques Chessex, Le vampire de Ropraz (Grasset, 2007)

 

En 1903 à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, la fille du juge de paix meurt à vingt ans d'une méningite. Un matin, on trouve le couvercle du cercueil soulevé, le corps de la virginale Rosa profané, les membres en partie dévorés. Horreur. Stupéfaction des villages alentour, retour des superstitions, hantise du vampirisme, chacun épiant l'autre au cœur de l'hiver. Puis, à Carrouge et à Ferlens, deux autres profanations sont commises. Il faut désormais un coupable. Ce sera le nommé Favez, un garçon de ferme aux yeux rougis, qu'on a surpris à l'étable. Condamné, emprisonné, soumis à la psychiatrie, on perd sa trace en 1915.


A la fois historien soucieux de vérité et conteur incomparable, Jacques Chessex nous offre l’un de ses textes les plus personnels. Les descriptions du Haut Jorat sont magnifiques et sa saisissante évocation nous aspire littéralement dans cette terrible histoire jaillie du silence, des secrets de famille et du sang, porteuse d’une intolérable soif de jugement. Que cache la vérité ? Une interrogation constante dans les œuvres de l’auteur.


également disponible en format de poche (coll. Livre de poche/LGF, 2008)

05:47 Écrit par Claude Amstutz dans Jacques Chessex, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/09/2012

Le poème de la semaine

Jacques Chessex

J'aime ta peau
J'aime son odeur d'air, de chambre
De lit qui a passé le fleuve des morts
Et sur la rive attend sans fin ton ombre
Avec les disparus et les images
De ce miroir où je ne te vois pas

J'aime ta peau sous mes paumes
Ô vivante entre les morts de cette eau calme
Miroir où pourrait glisser le visible d'une autre vie

Mais le monde
Ressemble à ce reflet mal saisissable
Sur ce corps entre l'imaginaire et la mémoire
J'ai ta peau sous mes doigts j'ai la moire
Dans la bouche mais les mots ne parlent pas
Vers l'aube où la mort les apaise même sans songe

 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

30/06/2012

Le Passe Muraille

Le Passe Muraille, no 89, juin 2012 

littérature; roman; nouvelles; essai; livres

Le dernier numéro de cette revue - comme vous pouvez le découvrir dans l'éditorial de Jean-Louis Kuffer - est, fait exceptionnel, consacré aux écrivains qui prennent la relève en Suisse romande: Après la disparition des figures romandes que furent une Alice Rivaz, un Georges Haldas. un Jacques Chessex, un Maurice Chappaz, ou tout récemment un Jean Vuilleumier, y a-t-il continuité ou rupture entre ceux-là et les auteurs nés après 1980, alors que disparaissent les revues, les rubriques littéraires dignes de ce nom et toute une société de lecteurs attentifs? C'est à ces questions que nous aimerions donner une ébauche de réponse dans cette livraison d'été du Passe Muraille réservée exclusivement, en cette vingtième année, à des auteurs de moins de trente ans.

Lisez, écoutez et partagez ces nouvelles voix, auxquelles répondent aussi de jeunes éditeurs dotés d'un formidable culot comme ont su en faire preuve leurs prédécesseurs en des temps aussi troublés que les nôtres, preuve que l'intuition associée à un grain de folie demeure capable de faire jaillir des fleurs rares entre les terres inhospitalières, aujourd'hui comme hier...

Bonne lecture à tous!

Sommaire du Passe-Muraille no 89

p.1

Notre-Dame-de-la-merci, par Quentin Mouron - Inédit

Ecrire la vie devant soi, par Jean-Louis Kuffer

p.2

Au point d'effusion des égoûts - Quentin Mouron, par Claude Amstutz

p.3

Horizon de paille, par Douna Loup - Inédit

Chroniques de l'Occient nomade - Aude Seigne, par Jean-Louis Kuffer

p.4

Avis d'essai, par Timothée Léchot

Le coup de jeune de l'AJAR, par Jean-Louis Kuffer

Sur des airs de jazz: variations sur trois standards, par Nicolas Lambert

p.5

Ours, merci de libérer les portes, par Daniel Vuataz - Inédit

p.6

Julien Burri, poète et conteur, par Jean-Louis Kuffer

Le droit chemin, par Guy Chevalley - Inédit

p.7

Le retour, par Noémi Schaub - Inédit

p.8

Peut-être l'Afrique, par Bruno Pellegrino - Inédit

Entretien avec Max Lobe: L'Afrique à la Rue de Berne, par Jean-Louis Kuffer

p.9

Le puits, par Elodie Gelrum - Inédit

Sébastien découvreur, par Sébastien Meyer

p.10

Portrait du corps en jeune homme, par Matthieu Ruf - Inédit

Voici le chemin, par Vincent Yersin

p.11

La Grâce, par Fanny Wobmann-Richard - Inédit

Entretien avec Mathias Clivaz: Terre sur terre, par Patrick Vallon

p.12

Visions de Jack, par Maxime Maillard - Inédit

 

image: Quentin Mouron

Pour s'abonner et communiquer: http://www.revuelepassemuraille.ch/

PM.jpeg

01/05/2012

Le Passe Muraille

Le Passe Muraille, no 88, avril 2012

Passe Muraille.jpeg

Dans son éditorial, Jean-Louis Kuffer rappelle que le Passe-Muraille fête aujourd'hui ses 20 ans d'existence: Au fil des ans, il a consacré ses ouvertures à des textes inédits des plus grands écrivains contemporains, de Salman Rushdie à Toni Morrison, d'Antonio Lobo Antunes à Ivo Andric, Ismaël Kadaré, Le Clézio ou Pascal Quignard; et les auteurs romands majeurs n'ont cessé de nous accompagner, de Charles-Albert Cingria à Nicolas Bouvier, Jacques Chessex et Maurice Chappaz ou encore Alice Rivaz et Georges Haldas, entre tant d'autres.

Le Passe-Muraille poursuivra-t-il demain sa carrière de papier alors que tant de journaux glissent vers l'Internet? s'interroge-t-il encore. La réponse nous importe moins que le repérage de talents nouveaux, à découvrir dans notre livraison d'été.

Souhaitons à cette revue des livres, des idées et des expressions, de savoir perdurer au-delà des modes, des étoiles montantes ou filantes, des nouveaux moyens d'accèder à la culture et à la littérature en particulier; souhaitons-lui d'être lue, diffusée et soutenue, de demeurer cette fenêtre discrète ouverte au monde qui - pour se borner aux numéros récents - nous a permis de découvrir de nouveaux talents, tels Douna Loup et Quentin Mouron.

Le rayonnement du Passe-Muraille, sa vocation première, c'est tout cela: découvrir, aimer, partager...

Sommaire du Passe-Muraille no 88 

p.1

Le Passe-Muraille a 20 ans, par Jean-Louis Kuffer

En interné, par François Debluë - Inédit

p.3

Autres fausses notes, par François Debluë - Inédit

p.4

Après le désastre - Michaël Ferrier, par Jean-Louis Kuffer

L'amour déchiré - Caroline Boidé, par Claude Amstutz

p.5

Céline à fleur de nerfs - Henri Godard, par Antonin Moeri

Ovni ludique - Marc-Antoine Mathieu, par Matthieu Ruf

p.6

Le poète en scène - Alexandre Voisard, par Matthieu Ruf

Blues de l'aube - Asa Lanova, par Jean-Louis Kuffer

p.7

Une cantate éclatée - Marius Daniel Popescu, par Jean-Louis Kuffer 

Posthume - Anne-Lise Grobéty, par Bruno Pellegrino

Croquis citadins - Alain Bagnoud, par Jean-Louis Kuffer

p.8

La fin d'un homme - Paul Harding, par Claire Julier

L'hommage des amis - Vladimir Dimitrijevic, par Claude Amstutz

La folle aventure de l'Encyclopédie - Pierre Versins, par Jean-François Thomas

p.9

L'Afrique à côté de chez vous - Noël Ndjékéry, par Jean-Louis Kuffer

Une utopie écologique et grinçante - Arto Paasilinna, par Jean-François Thomas

L'amour des prochains - Pascal Rebetez, par Jean-Louis Kuffer

p.10

Derrière les yeux de la renarde, par Pierre-Yves Lador - Inédit

Paysage de Peter Stamm, par Jean Perrenoud

Coup double - Pierre-Yves Lador, par Jean-Louis Kuffer

p.11

La banquette des confidences - Eric Holder, par Antonin Moeri

Carnet nomade: Sept notes sur la liberté, par René Zahnd

p.12

Ces petites images admirables, par François Beuchat - Inédit

Recherche en miniatures, par Jean-Louis Kuffer

 

Pour s'abonner et communiquer: http://www.revuelepassemuraille.ch/

VPM 3.jpeg

18/04/2012

Le poème du jour

Jacques Chessex

En ce temps-là j'allais par ces bois
Multipliant mon émoi dans mon coeur
Le vent de mai chauffait l'air
L'aubépine brûlait blanche
   vers la lumière de l'orée
Et déjà je savais quel accord
Liait la fleur neigeuse et le secret de l'ombre
   où je marchais
Avec mon propre secret et cette fleur
Si mal contenue dans mon seul crâne
 
Ainsi j'allais à mon habitude
Quand la beauté tremble
avec sa musique d'os et de clarinette
Dans la buée heureuse des arbres
Et le rossignol peut louer ma résolution 
Et moi
errer par les arbres noirs
et ne craignant nulle rencontre
Car la simplicité du coeur est une forteresse
La beauté une armure
Assis au caveau des branches
le Cerf m'approuvait
Son sourire rayonnait comme un astre
Au hallier nocturne en plein jour.
 
Que craindre du rusé et du chasseur
Car la limpidité de l'âme est visible
A travers l'os et la peau des purs
Et leur candeur effraie le fourbe
 
En ce temps-là j'allais innocemment
   par la nuit courbe
J'étais une fontaine où je buvais
   à ma propre source
Une coulée d'air où je suspendais ma bouche
Ainsi boirait ma lèvre à la rivière de ta bouche
Mon âme se fortifierait à la clarté de la seule Eau.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

22/09/2011

Jacques Chessex

9782246733614.gifJacques Chessex, Revanche des purs (Grasset 2008)

 

On oublie trop souvent que Jacques Chessex - outre ses romans et récits – est aussi un des plus grands poètes d’expression française de son temps. Dans ce recueil, lisez Revanche des purs, Faire-part, Cours furet ou Le migrateur pour vous en persuader, sans oublier que l’un de ses plus beaux poèmes nous est donné dans son récit Pardon mère - paru au même moment chez Bernard Grasset également - page 190...

08:48 Écrit par Claude Amstutz dans Jacques Chessex, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |