25/01/2014
Cédric Morgan
Cédric Morgan, Oublier l'orage (Phébus, 2005)
Dans sa maison de l'île de Groix, Jason. médecin généraliste de son état, ouvre chaque jour ses fenêtres sur la rive où la très jeune Arthure, compagne de ses treize ans, fut retrouvée un jour noyée et nue. C'était en 2012, par un été torride que nul n'a oublié. dans une France livrée mieux que jamais à l'ordre moral - le chef du parti intégriste chrétien était installé à l'Elysée et les milices chargées de combattre l'impudicité faisaient la loi dans la rue et jusqu'au sein des familles...
Si vous ne savez quel roman entreprendre, choisissez vite celui-ci, sans hésiter. Il nous entraîne sur les pas de trois adolescents insouciants, confrontés au tragique de l'existence. Le narrateur, qui aura connu auprès de cette jeune fille ses premiers émois, cherche à comprendre, plus tard, le mystère qui a entouré sa mort. Une sensibilité à fleur de peau et une poésie instinctive, aussi discrète que son auteur : Magnifique!
05:15 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |
Imprimer |
Facebook |
24/01/2014
Morceaux choisis - Marcel Proust
Marcel Proust
Les souvenirs d'amour ne font pas exception aux lois générales de la mémoire, elles-mêmes régies par les lois plus générales de l'habitude. Comme celle-ci affaiblit tout, ce qui nous rappelle le mieux un être, c'est justement ce que nous avons oublié, parce que c'était insignifiant, et que nous lui avons ainsi laissé toute sa force. C'est pourquoi la meilleure part de notre mémoire est hors de nous, dans un souffle pluvieux, dans l'odeur de renfermé d'une chambre ou dans l'odeur d'une première flambée, partout où nous retrouvons de nous-mêmes ce que notre intelligence, n'en ayant pas l'emploi, avait dédaigné, la dernière réserve du passé, la meilleure, celle qui, quand toutes nos larmes semblent taries, sait nous faire pleurer encore.
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu - A l'ombre des jeunes filles en fleurs (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1954)
image: Odilon Redon, Béatrice / 1885 (art-kingdom.com)
00:19 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; morceaux choisis; livres | |
Imprimer |
Facebook |
23/01/2014
La citation du jour
Louis Calaferte
Bien entendu, je ne suis ni celui-ci, ni celui-là, ni un autre, ni comme ça, ni autrement, ni tout à fait différent, ni ce que vous croyez, ni ce que je pense, ni ce mensonge, ni ce qu'on suppose, ni ce que je laisse voir, ni ce que je prétends, ni ce que j'invente, ni ce qu'on dit, ni ce que j'approuve, ni ce qui m'est défendu, ni ce que je rêve, ni rien de tout cela. Je suis tel que je suis.
Louis Calaferte, Choses dites (Cherche-Midi, 1997)
00:09 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |
Imprimer |
Facebook |
22/01/2014
Le poème de la semaine
Maurice Chappaz
Notre vie avec ses oeuvresne dure pas plus qu'un paquet de tabac,y compris le pays où j'attends;telle la petite fumée qui s'échappecomme si j'étais cette petite fuméeau moment où la pipe reste chaude dans la mainaprès avoir été expirée. Les années s'éteignent. Le savoure la dernière braise. Je trébuche après avoir fuméentre un "Pater" et un "Ave".J'ouvre, je ferme les yeux.Tout se mélange,et dans ma mémoire qui s'effaceje me retrouve avec les petits lacsqui bougent dans les montagnestelles des paupières. Le soleil à peine disparu,il y eut une giclée de lune:le croissant s'infléchit très jaunedans une échancrure de la montagne,une gorge l'avale. Elle surgit,brille de plus en plus,m'éblouit. D'un instant à l'autre,je vois deux lunesqui voisinent puis s'enfoncent. De nouveau une seule lèche les ténèbres.Un brasier de feu remue,enfin quelques tisons se dissipent dans les rochers. Mes pensées me dépassent,filent en moi, obscures, tronquées,s'évanouissent en traits plus noirs que la nuit.Elle limpidement obscure. Il y a des traits noirs. Ces traits noirs sont de petits oiseaux inconnus,leurs ailes cernent en allées et venuesles parois du chalet,à peine ai-je le temps de les apercevoir. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:09 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Maurice Chappaz, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
Imprimer |
Facebook |
20/01/2014
Lire les classiques - Paul Verlaine
Paul Verlaine
Paul Verlaine, Poèmes divers, dans: Oeuvres poétiques complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2000)
image: associationfloribunda.blogspot.com
10:14 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |
Imprimer |
Facebook |
18/01/2014
Morceaux choisis - Pierre-Alain Tâche
Pierre-Alain Tâche
Dans l'embellie à peine moins frileuse,où tremble un vol de moucherons,je vis dans l'échancrure des bourgeons. On dira qu'une abeille m'égare:des fleurs, encore des fleurs...Et qu'en est-il des cris, des pleurs,des vies que l'on vole aux quatre vents? J'assume la futilité de ma bouche.Elle ne fut jamais infidèleaux leçons de l'insecte, au devoir de louer,dans la tourmente de mon temps- et quand bien même j'entendais. Car le pire eut été, face à l'horreur,de renoncer; et d'éconduire la beauté. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:14 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |
Imprimer |
Facebook |
16/01/2014
La citation du jour
Jean Anouilh
Ce n'est pas tout d'avoir de jolis yeux, il faut qu'une petite lampe s'allume derrière. C'est cette petite lueur qui fait la vraie beauté.
Jean Anouilh, L'invitation au château (coll. Folio Théâtre/Gallimard, 2012)
image: Yigal Ozeri (liveinternet.ru)
07:43 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |
Imprimer |
Facebook |
15/01/2014
Le poème de la semaine
Louise de Vilmorin
De ce temps si vite passéRien n’est resté à la patience. Je n’eus pas le temps d’y penserNi de faire un traité d’allianceJ’ai tout pris et tout dépensé. Chaque plaisir, chaque malaiseTrouvaient les mots qui font pâlir. Rimes du cœur sous les mélèzes,La forêt comprend le désirEt pleurait pour que mieux je plaise. J’ai pris le rire en sa saisonQuand il venait en avalanche. Quand parfumés de déraisonS’ouvraient les jasmins à peau blancheJ’acceptais la comparaison. Il faisait bon si j’étais bonneMeilleur si je faisais semblant. Les vœux qu’on ne dit à personneÉveillés par le cri des paonsChantaient au remords qui fredonne. La neige tombe, ohé! traîneauJe vais partir en promenade. La neige anoblit mon manteauJe suis la reine des nomadesDans mon lit à quatre chevaux. Je suis la reine sans coutumesQui connaît tous les jeux anciens. La parole était mon costumeEt la lune mon petit chienJaloux d’un astre qui s’allume. Une larme au bord de mes cilsJe dois poursuivre mon voyage. Beau château restez de profil,Pour rebroder vos personnagesJe prends mon aiguille et mon fil. Le bonheur est un invalideQui passe en boitant comme moi. Il n’a pas l’épaule solideMais je sais ce que je lui dois:Mon cœur est plein, j’ai les mains vides. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
04:04 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature;poésie | |
Imprimer |
Facebook |
08/01/2014
Le poème de la semaine
Georges Perros
merci à Maveric G
Ces envies de vivre qui me prennent Et cette panique, cette supplicationCette peur de mourirAlors que je n’ai pas encore vécuEt que dans ces momentsJ’ai ma vie sur ma langueIl me semble que ça va être possible, enfinQue je vais y aller d’une grande respirationQue je vais avaler le soleil et la luneEt la terre et le ciel et la merEt tous les hommes mes amisEt toutes les femmes mes rêvesD’un seul grand coupDe poitrine éclatéeQuitte à en mourir, oui,Mais pour de bonPas de cette mort ridiculeDéshonorante, inutile,Qui accuse la parodieQui accuse le défautDe ce qu’on appelle la vieSans trop savoir de quoi nous parlons. On se renseigne auprès des autresOn leur pose des tas de questionsAvec cette hypocrisie de bonne sociétéOn marque des points en silenceIls souffrent autant que nous, tant mieuxOn se dit mêmeQu’on est un peu plus vivants qu’euxO l’horreurEt la fragilitéDe nos amours. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
07:40 Écrit par Claude Amstutz dans Georges Perros, Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésiee | |
Imprimer |
Facebook |
07/01/2014
Anne Serre
Anne Serre, Débutants (Mercure de France, 2011)
La vie réserve parfois des surprises, agréables et douloureuses à la fois, pour Thomas et Anna, impossibles pour Guillaume, le mari de cette dernière depuis vingt ans. Leur couple ne voguait pas à la dérive: leur amour encore à vif, le désir tel un signe visible de leur union heureuse. Pourtant, leur histoire se lézarde, comme une mécanique trop bien huilée ne suscitant plus l'étonnement, la folie: Elle avait toujours cru qu'ils parlaient la même langue. Or, elle commence à comprendre: lorsqu'il dit aimer il veut dire être amoureux, plein de désir et d'émoi. Elle, non. Lorsqu'elle dit aimer elle veut dire englober ou être à l'intérieur de l'autre, le connaître dans presque toutes ses nuances, se sentir pleinement heureux avec lui.
Un roman léger et délicat sur le coup de foudre, sur le vieillissement et l'amour éprouvé envers deux hommes dont l'un - le malheureux Guillaume - s'excluera de lui-même, muré dans son incompréhension, son entêtement, sa possessivité. Une approche du sentiment amoureux célébré comme une liberté à deux qui préfère la brûlure de l'imprévu à un bonheur trop bien orchestré. Etre jeune dans le regard de l'autre, n'est-ce pas le bien le plus précieux au monde?
également en format de poche (coll. Folio/Gallimard, 2013)
10:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |
Imprimer |
Facebook |