24/04/2014
Carson McCullers
Carson McCullers, Le coeur est un chasseur solitaire, suivi de: Ecrivains, écriture et autres propos (Stock, 2007)
Une petite ville poussiéreuse du sud des Etats-Unis, dans les années trente - et dont Carson McCullers recrée, avec un génie singulier, l'atmosphère de chaleur moite et d'ennui profond - sert de décor à ce roman baigné dans l'angoisse, la violence et la tendresse. Autour de John Singer, le mystérieux sourd-muet, ami dévoué jusqu'à l'obsession d'un Grec obèse et attardé dont il ne supporte pas d'être séparé, gravitent quatre personnages, compagnons improbables, enfermés dans une commune solitude dont ils cherchent désespérément à s'échapper : Mick l'adolescente éprise de musique, Jake le révolutionnaire militant incompris, Copeland le vieux médecin noir aux ambitions déçues, et Biff le cafetier maniaque. Mais la vie ne renonce que rarement à sa cruauté ordinaire...
Récit magistral sur la différence - un sourd-muet et un attardé – et, quelque part, réponse apaisante à la solitude et aux angoisses pour leur entourage, ce grand classique moderne illustre aussi, face au monde qui nous entoure, l’inégalité des armes dont disposent les plus faibles pour survivre à la violence, à l'égoïsme ou à l’indifférence des autres.
Cette édition comprend également l'esquisse de ce grand roman ainsi que l'ensemble des essais et des articles que Carson McCullers a publiés de son vivant. Ces textes précisent les références de ce prodige de la littérature américaine tout en mettant en valeur sa sensibilité et son engagement.
00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Carson McCullers, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
09/02/2014
Morceaux choisis - Carson Mc Cullers
Carson Mc Cullers
L'amour est avant tout une expérience commune à deux êtres. Mais le fait qu'elle leur soit commune ne signifie pas que cette expérience ait la même nature pour chacun des deux êtres concernés. Il y a celui qui aime et celui qui est aimé, et ce sont deux univers différents. Celui qui est aimé ne sert souvent qu'à réveiller une immense force d'amour qui dormait jusque-là au fond du coeur de celui qui aime. En général, celui qui aime en est conscient. Il sait que son amour restera solitaire. Qu'il l'entraînera peu à peu vers une solitude nouvelle, plus étrange encore, et de le savoir le déchire. Aussi celui qui aime n'a-t-il qu'une chose à faire: dissimuler son amour aussi complètement et profondément que possible. Se construire un univers intérieur totalement neuf. Un univers de passion et de folie, qui se suffira à lui-même. Il faut d'ailleurs ajouter que celui dont nous parlons, celui qui aime, n'est pas nécessairement un jeune homme qui a mis de l'argent de côté pour acheter une alliance. Celui qui aime peut être un homme, une femme, un enfant, n'importe quelle créature du monde.
Mais voici que celui qui est aimé peut avoir lui aussi n'importe quel visage. Cet aiguillon de l'amour se trouve chez les créatures les plus surprenantes. Un vieillard peut être déjà arrière-grand-père, avec un cerveau embrumé, et continuer d'aimer une bizarre jeune fille qu'il n'a vue qu'une fois, il y a plus de vingt ans, dans une rue de Cheehaw, en fin d'après-midi. Un homme d'Eglise peut aimer une fille perdue. Celui qui est aimé peut vivre dans le mensonge, avoir une intelligence médiocre, s'enfoncer dans les vices les plus atroces - mai oui - et celui qui aime peut en être aussi conscient que les autres, cela n'entravera pas l'évolution de son amour. Un être profondément bas peut donner naissance à l'amour le plus sauvage, le plus extravagant, extravagant et beau comme un lis vénéneux des marais. Un être au coeur pur peut donner naissance à l'amour le plus violent et le plus dégradant. Les bégaiements d'un simple d'esprit peuvent faire germer dans un autre coeur l'amour le plus franc et le plus simple. La valeur, la qualité de l'amour, quel qu'il soit, dépend uniquement de celui qui aime.
C'est pourquoi la plupart d'entre nous préfèrent aimer plutôt qu'être aimés. La plupart d'entre nous préfèrent être celui qui aime. Car, s'il faut avouer toute vérité, la plus cruelle, la plus secrète, pour la plupart d'entre nous, être aimé est insupportable. Celui qui est aimé a toutes les raisons de craindre et de haïr celui qui aime. Car celui qui aime est tellement affamé du moindre contact avec celui qu'il aime qu'il n'a cesse de l'avoir dépouillé, dût-il n'y trouver que douleur.
Carson Mc Cullers, La ballade du café triste (Stock, 1974)
traduit de l'américain par Jacques Tournier
09:28 Écrit par Claude Amstutz dans Carson McCullers, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
11/08/2012
Carson McCullers
Carson McCullers, La ballade du café triste (Coll. Livre de poche, 2000)
Amelia Evans inspire le respect de ses concitoyens : on apprécie autant l'alcool qu'elle distille clandestinement que ses talents de guérisseuse. Le mystère plane cependant autour d'elle... Cette aventure pleine de mystère et d'humour donne son titre à ce recueil de nouvelles très représentatives du talent de Carson McCullers.
Peu d’écrivains ont su, avec autant de simplicité et d’émotion contenue, évoquer ce besoin effréné d’amour, en contrepoint à la solitude, à l’injustice, à la fragilité intérieure des êtres. L’immense écrivain de Le cœur est un chasseur solitaire signe, avec ce livre, un chef-d’œuvre de la littérature américaine.
04:18 Écrit par Claude Amstutz dans Carson McCullers, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; nouvelles; livres | | Imprimer | Facebook |