02/12/2013
Noëlle Revaz
Noëlle Revaz, Rapport aux bêtes (Gallimard, 2002)
C'est Paul qui parle, un paysan fruste et violent qui ne chérit que ses bêtes. À ses côtés sa femme, détestée et muette, souffre d'un mal qu'il refuse d'admettre. Lorsque l'ouvrier Georges, le temps d'une saison, s'installe chez eux à la ferme, le regard de Paul insensiblement se transforme.
Si vous ne l’avez déjà fait, lisez vite ce roman, par son écriture et son atmosphère proche de Louis-Ferdinand Céline: bien au-delà de nos frontières, il est un indiscutable chef-d’œuvre de la littérature suisse.
Disponible également en coll. Folio (Gallimard, 2009)
02:15 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Louis-Ferdinand Céline, Noëlle Revaz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
30/05/2013
Noëlle Revaz
Noëlle Revaz, Quand Mamie (coll. Mini Zoé, 2011)
Noëlle Revaz signe dans cette revue un court texte, sublime, Quand Mamie (sera morte), qui aurait pu commencer par d’autres mots. Par exemple : Quand je serai à la retraite ou Quand Julie entrera au pensionnat ou Quand papa sera enfin parti. Car, derrière le choix de l’auteur, c’est de prétextes dont il est question, pour imaginer au lieu d’agir, rêver plutôt que résoudre, justifier sans parvenir à infléchir le temps. Une litanie universelle qu’on ne peut s’empêcher de lire à voix haute et qui, depuis sa création a été maintes fois représentée à la scène. Des phrases courtes qui font mouche à tous les coups, une fluidité du langage et une justesse des observations qui l’apparentent à une obsédante musique des mots dont Noëlle Revaz, dans son exigence d’écrivain, est fortement imprégnée. Un ton nouveau, volontiers incisif, teinté d’un humour décapant et d’une sensibilité en constante recherche. Confirmation que la littérature romande n’est, heureusement, pas morte avec ses dinosaures … Après Ramuz, Chappaz et Chessex , la filiation est assurée: Il y a désormais un style Revaz et cela réjouit le cœur.
06:03 Écrit par Claude Amstutz dans Charles Ferdinand Ramuz, Littérature francophone, Littérature suisse, Maurice Chappaz, Noëlle Revaz | Lien permanent | Commentaires (1) | | Imprimer | Facebook |
11/02/2011
Coup de gueule
Bloc-Notes, 11 février / Les Saules
L'habit ne fait pas le moine: refrain connu, même au pays des livres! Il n'empêche pourtant qu'un texte est édité pour être partagé avec le plus grand nombre de lecteurs possible, ou tout au moins le devrait, indépendamment du sujet traité à l'audience prévisible plus ou moins conséquente, car s'il n'est pas nécessaire de conquérir le public des familiers - qui suivent un auteur, une maison d'édition, une collection - il en va tout autrement du lecteur curieux, prêt à se plonger dans un bain de jouvence que peut représenter un titre inattendu sur lequel il jettera son dévolu.
Les éditions en format de poche en fournissent quelques exemples récents qui vont du pire au meilleur et devraient faire réfléchir les responsables d'édition. La palme du mauvais goût, par exemple, revient au très beau récit de Colombe Schneck, Val de Grâce, paru chez J'ai Lu/Flammarion, dont la couverture ci-dessous n'incite guère à la découverte de son contenu:
A peine mieux inspiré, figure l'attachant roman de Fatou Diome, Inassouvies nos vies, paru chez J'ai Lu/Flammarion également, et dont le sort mériterait une audience plus significative:
Enfin, on peut s'étonner de l'image illustrant le magnifique roman de Noëlle Revaz, Efina, paru chez Folio/Gallimard, sans rapport aucun avec le sujet du livre:
Soyez rassuré, il existe aussi de belles réussites, telles Le voyage dans le passéde Stefan Zweig aux éditions Livre de poche, ou La délicatesse de David Foenkinos, chez Folio/Gallimard: Deux très beaux textes qui gagnent un public élargi en raison d'un prix modique, mais aussi d'une présentation soignée. La palme du bon goût - cette fois-ci - revient au roman Les âmes soeurs de Valérie Zenatti, chez Points/Seuil, dont la couverture reflète avec bonheur le thème de ce roman émouvant:
Mais qu'il est triste tout de même que tant de livres inoubliables soient privés de cette saveur particulière dont respire leur contenu, au grand dam des auteurs qui sans doute, la plupart du temps, n'ont pas leur mot à dire... Un dernier morceau choisi, celui de La grand-mère de Jade écrit par Frédérique Deghelt et paru chez J'ai Lu/Flammarion, devrait inciter certains professionnels à revoir leur copie, vite... ou à changer de métier!
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Noëlle Revaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; éditeurs | | Imprimer | Facebook |
12/02/2010
Noëlle Revaz - Efina 2
Noëlle Revaz, Efina (Gallimard, 2009)
07:07 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Noëlle Revaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
Noëlle Revaz - Efina 1
Noëlle Revaz, Efina (Gallimard, 2009)
Ce qui m‘épate, chez Noëlle Revaz, c’est son aisance – et probablement son plaisir – à prendre des risques ou changer de registre, d’un texte à l’autre, sans s’embourber dans une sempiternelle répétition d’un premier succès, au risque de désarçonner son public, ce qui pour l’heure n’est pas vraiment le cas. Il y a donc parfois une justice en littérature...
Son style demeure aussi magnifique et personnel que dans Rapport aux bêtes ou Quand Mamie, adoptant dans ce récit un angle de vue très original pour nous partager la liaison qui survit au pouvoir destructeur du temps par une correspondance s’étendant sur une vingtaine d’années, entre un acteur de théâtre T. et Efina, une de ses nombreuses admiratrices. Même s’ils partagent une brève aventure pas vraiment inoubliable, leurs chemins les conduisent au détachement, à l’éloignement l’un de l’autre. Pourtant ils ne parviennent pas à renoncer au besoin de s’écrire, scellant par cette fidélité, un sentiment peut-être plus fort que tout ce que la vie leur a donné, chacun de leur côté. Le théâtre s’imbrique dans leur relation tel un clair-obscur déroutant, souvent drôle ou dérisoire, mais au-delà des apparences, terriblement attachant.
00:22 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Noëlle Revaz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
23/01/2010
Coup d'oeil dans le rétroviseur
Bloc-Notes, 19 janvier / Les Saules
Et si je vous parlais, en ce début d’année, des millésimes si chers aux viticulteurs ? Autrement dit, quel serait le livre de l’année, celui défendu becs et ongles, celui dont je ne me séparerais pour rien au monde, celui qui a enchanté mes nuits ou donné un sens à mon quotidien ? Bien sûr, cette attribution de roses rouges est personnelle, subjective, viscéralement liée au fil rouge des humeurs ou émotions, parfois graves, mais souvent légères comme une envolée de ballons dans une fête foraine.
Voici donc 11 titres, ceux qui m’accompagnent toujours, dont je ne me lasse jamais, que j’incite à faire découvrir à mes proches, connaissances ou amis de passage. Un bouquet de fleurs sauvages qui commence avec Vu de l’extérieur de Katherine Pancol (1993), suivi par Le jour des abeilles de Thomas Sanchez (2001), Rapport aux bêtes de Noëlle Revaz (2002), Tout ce que j’aimais de Siri Hustvedt (2003), Un amour de jeunesse de Ann Packer (2004), Oublier l’orage de Cédric Morgan et De l’art de conduire sa machine de Steven Carroll (2005), Le pays des ténèbres de Stewart O’Nan (2006), Le rapport de Brodeck de Philippe Claudel (2007), Les intermittences de la mort de José Saramago (2008) et enfin Lark et Termite de Jayne Anne Phillips (2009).
Peut-être y trouverez-vous, dans un monde à certaines heures étrangement artificiel ces quelques vibrations communes qui nous rapprochent les uns des autres, qui sait? Dans tous les cas, livrez-vous à cet exercice jubilatoire et vous serez surpris par les poissons pris à votre hameçon. Pas forcément ceux auxquels vous sembliez pourtant si attachés …
La liseuse, de Pierre-Auguste Renoir (1876), Musée du Louvre, Paris
10:53 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Jayne Anne Phillips, Katherine Pancol, Noëlle Revaz, Philippe Claudel, Steven Carroll | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bloc-notes; livres | | Imprimer | Facebook |
16/11/2009
Noëlle Revaz
Noëlle Revaz, Quand Mamie (Nouvelle Revue Française no 991, Gallimard, 2009)
Noëlle Revaz signe dans cette revue un court texte, sublime, Quand Mamie (sera morte), qui aurait pu commencer par d’autres mots. Par exemple : Quand je serai à la retraite ou Quand Julie entrera au pensionnat ou Quand papa sera enfin parti. Car, derrière le choix de l’auteur, c’est de prétextes dont il est question, pour imaginer au lieu d’agir, rêver plutôt que résoudre, justifier sans parvenir à infléchir le temps. Une litanie universelle qu’on ne peut s’empêcher de lire à voix haute et qui, depuis sa création a été maintes fois représentée à la scène. Des phrases courtes qui font mouche à tous les coups, une fluidité du langage et une justesse des observations qui l’apparentent à une obsédante musique des mots dont Noëlle Revaz, dans son exigence d’écrivain, est fortement imprégnée. Un ton nouveau, volontiers incisif, teinté d’un humour décapant et d’une sensibilité en constante recherche. Confirmation que la littérature romande n’est – heureusement ! - pas morte avec ses dinosaures … Après Ramuz, Chappaz et Chessex , la filiation est assurée: Il y a désormais un style Revaz et cela réjouit le cœur.
Dans ce même numéro, vous pouvez également retrouver des lettres inédites et instructives de Louis-Ferdinand Céline, matière à se souvenir que s’il demeure un immense écrivain, l’homme continue d’alimenter ses rapports ambigus avec la morale, l’idéologie et l’histoire.
22:00 Écrit par Claude Amstutz dans Charles Ferdinand Ramuz, Littérature francophone, Littérature suisse, Louis-Ferdinand Céline, Maurice Chappaz, Noëlle Revaz, Théâtre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelle; livres | | Imprimer | Facebook |