03/08/2014
Morceaux choisis - Frédérique Deghelt
Frédérique Deghelt
Il s'est produit quelque chose qui a grandi, qui de livre en livre s'est mis à accaparer mes yeux, mon souvenir et toutes les parties de mon corps. Je me souviens d'avoir été fascinée par le miracle des bons livres qui arrivaient au bon moment de la vie. Ceux qui parfois tombaient des étagères pouu venir répondre à des questions que me posait l'existence. J'ai récupétré ainsi la patience à une époque où je serais partie dans l'exaspération, découvert les vertus de l'amour rêvé, abandonné le voyage à d'autres vies, rangé le meurtre au rayon de l'impossible. J'ai tout vécu, j'ai mille ans et je le dois aux livres.
Frédérique Deghelt, La grand-mère de Jade (coll. Babel/Actes Sud, 2012)
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02/08/2014
La citation du jour
Gustave Flaubert
Ne lisez pas comme les enfants lisent, pour vous amuser, ni comme les ambitieux lisent, pour vous instruire. Non. Lisez pour vivre!
Gustave Flaubert, Correspondance vol. 1 (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1973)
image: Eugène Giraud, Gustave Flaubert (desitinpharma.com)
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01/08/2014
Lire les classiques - H.B. dit Stendhal
H.B. dit Stendhal
Ici, de tous côtés je vois d’inégales hauteurs couvertes de bouquets d’arbres plantés par le hasard, et que la main de l’homme n’a point encore gâtés et forcés à rendre du revenu. Au milieu de ces collines aux formes admirables et se précipitant vers le lac par des pentes si singulières, je puis garder toutes les illusions des descriptions du Tasse et de l’Arioste. Tout est noble et tendre, tout parle d’amour, rien ne rappelle les laideurs de la civilisation. Les villages situés à mi-côte sont cachés par de grands arbres, et au-dessus des sommets des arbres s’élève l’architecture charmante de leurs jolis clochers. Si quelque petit champ de cinquante pas de large vient interrompre de temps à autre les bouquets de châtaigniers et de cerisiers sauvages, l’œil satisfait y voit croître des plantes plus vigoureuses et plus heureuses là qu’ailleurs. Par delà ces collines, dont le faîte offre des ermitages qu’on voudrait tous habiter, l’œil étonné aperçoit les pics des Alpes, toujours couverts de neige, et leur austérité sévère lui rappelle des malheurs de la vie ce qu’il en faut pour accroître la volupté présente. L’imagination est touchée par le son lointain de la cloche de quelque petit village caché sous les arbres: ces sons portés par les eaux qui les adoucissent prennent une teinte de douce mélancolie et de résignation, et semblent dire à l’homme: La vie s’enfuit, ne te montre donc point si difficile envers le bonheur qui se présente, hâte-toi de jouir.
H.B. dit Stendhal, La chartreuse de Parme (coll. Livre de poche/LGF, 2000)
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30/07/2014
Le poème de la semaine
Georges-Emmanuel Clancier
Dans la paume de l'étéPercée de tramontane,Lettres des feuilles,Odeur et dessin qui scintillezPour nommer un instant,Et tendre, vive, une page sur l'espace,Des yeux je vous lis, des mains, du souffle,Jamais rassasié de ce simple récit,De la magnificenceQue vous répétez de buissons en forêtsA travers les âges légers. Que votre légende et votre oraisonD'étoiles vertes, de lunes et de lancesChantant chacune un air sous le vent,Accompagnent ma vie de ce cortègeQui vient d'avant le temps.Que je sois la lecture heureuseDe ces secrets à tous murmurésLorsque tremblentOu se figent, signes morcelés,Les feuilles du livreOù je suis et ne suis pas. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
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29/07/2014
La citation du jour
Amin Maalouf
Que le monde d'hier s'estompe est dans l'ordre des choses. Que l'on éprouve à son endroit une certaine nostalgie est également dans l'ordre des choses. De la disparition du passé, on se console facilement; c'est de la disparition de l'avenir qu'on ne se remet pas. Le pays dont l'absence m'attriste et m'obsède, ce n'est pas celui que j'ai connu dans ma jeunesse, c'est celui dont j'ai rêvé, et qui n'a jamais pu voir le jour.
Amin Maalouf, Les désorientés (coll. Livre de Poche/LGF, 2014)
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27/07/2014
Lire les classiques - Alfred de Musset
Alfred de Musset
Les poètes représentent l’amour comme les sculpteurs nous peignent la beauté,comme les musiciens créent la mélodie; c’est-à-dire que, doués d’une organisation nerveuse et exquise, ils rassemblent avec discernement et avec ardeur les éléments les plus purs de la vie, les lignes les plus belles de la matière et les voix les plus harmonieuses de la nature.
Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle (coll. Livre de Poche/LGF, 2003)
image: Alfred de Musset, Parc Monceau / Paris (paris1900.lartnouveau.com)
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23/07/2014
Le poème de la semaine
Roger Bodart
pour José M
Oui suis-je un peu d’eau de peau de clarté sous la paupière un souffle court qui bientôt sera poussière J’ai froid et j’ai peur soif et faim Sous les racines du jour l’ombre donne à boire pour transformer en sang le vin Qui peut dire d’où je viens où je m’en vais Je m’avance sur je ne sais quel chemin dans mon manteau de silenceJe parle De quoi Pourquoi Quand je siffle dans le bois c’est pour chasser un fantôme Qu’est-ce donc qui bouge en moi et fait que je suis un homme Une femme à mes côtésla mer entourant la terre le désert et la cité tout ce monde pour quoi faire Je voudrais ne pas songer Etre debout Un rocher qui ne sait pas s’il vit Mais comment faire pour se faire Où vont ces mots que je dis Je suis seul Voici la nuit Vit-il cet homme qui parle ou bien est-il une étoile éteinte depuis longtemps dont on voit l’éclat pourtant C’est un cri de bouche morte le trou béant d’une porte près d’un palais effondré Je fus Peut-être Ou serai Un songe interroge un songe C’est le rat du Rien qui ronge et ne peut ronger que rien Qu’est ce présent ancien un vin vieux dans une cave ou bien le jeune demain qui rit au bout du chemin Un chariot dans le ciel roule vers la Voie Lactée Cette galaxie est-elle une poussière éclatée Quand mon front ne sera plus qu’une écorce où seras-tu ruche où bourdonne l’idée Et toi l’amour Où fuira ton sang source au fond des bois tambour du coeur Toi qui passes comme un battement de cil. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:23 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
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22/07/2014
La citation du jour
Albert Camus
J'aime les chiens d'une très vieille et très fidèle tendresse. Je les aime parce qu'ils pardonnent toujours.
Albert Camus, La chute (coll. Folio/Gallimard, 2007)
image: Les Saules , Cologny / Suisse (2006)
04:14 Écrit par Claude Amstutz dans Albert Camus, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |
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19/07/2014
Lire les classiques - Honoré de Balzac
Honoré de Balzac
Si vous voulez voir la nature belle et vierge comme une fiancée, allez là par un jour de printemps; si vous voulez calmer les plaies saignantes de votre cœur, revenez-y par les derniers jours de l’automne; au printemps, l’amour y bat des ailes à plein ciel, en automne on y songe à ceux qui ne sont plus. Le poumon malade y respire une bienfaisante fraîcheur, la vue s’y repose sur des touffes dorées qui communiquent à l’âme leurs paisibles douceurs. En ce moment, les moulins situés sur les chutes de l’Indre donnaient une voix à cette vallée frémissante, les peupliers se balançaient en riant, pas un nuage au ciel, les oiseaux chantaient, les cigales criaient, tout y était mélodie. Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine. Je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert; je l’aime comme un artiste aime l’art ; je l’aime moins que je ne vous aime, mais sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus.
Honoré de Balzac, Le lys dans la vallée (coll. Livre de Poche/LGF, 2008)
image: Moulins du Breuil et des Fleuriaux, Indre-et-Loire / France (nicole.fond-ecran-image.com)
00:31 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |
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16/07/2014
Le poème de la semaine
Jean Grosjean
Le jour se lève au fond de l’abreuvoir, les peupliers dans la fraîcheur frémissent, les iris ont hissé leurs étendards et j’entends par-dessus la palissade des voix d’enfants inventer l’aujourd’hui. Je suis très loin des autrefois, tant pis, mais peut-être encor loin de l’avenir comme une orée l’est des forêts profondes. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
05:28 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
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