Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

29/12/2008

La chronique du libraire

Vous avez dit Shakespeare?

 

Ma mère était attirée par la littérature, mais aussi par le cinéma et les acteurs. Le beau Laurence Olivier par exemple – son préféré - dont elle regrettait qu’il soit blond dans Hamlet, ou difforme dans Richard III ! Très jeune donc, j’ai côtoyé Shakespeare, proche de la mélancolie du premier, fasciné par la noirceur séductrice du second. Ce tableau, il est vrai, pas très réjouissant de ma vision du monde allait s’étendre à une autre de ses tragédies, Le Roi Lear pour son évocation poignante de l’ingratitude humaine.

 

Plus tard, alors que je vivais à Londres, j’ai rêvé devant les affiches de la Royal Shakespeare Company et les noms prestigieux qui les habillaient - John Gielgud, Michael Hordern, Derek Jacobi ou encore Helen Mirren – avant de les retrouver, dans l’intégralité des pièces de théâtre diffusées sur une chaîne de la télévision française dans les années 80, en V.O. sous-titrée.

 

Shakespeare, un ami ? Sans aucun doute et le seul, inépuisable, qui ne m’a jamais déçu, tant l’ambivalence de ses personnages ou des situations livrent un visage farouchement moderne. C’est le cas de Coriolan – l’histoire d’un héros poussé par sa famille à faire de la politique et qui, désavoué, s’allie à son pire ennemi pour reconquérir son statut à Rome – interdit en France sous l‘Occupation, tant les réflexions sur le pouvoir, la démocratie ou la trahison apparaissent dans toute leur troublante crudité, quatre siècles plus tard !

 

Aujourd’hui – privilège de la maturité ? – mes préférences vont à une perception plus ironique de la vie, avec Comme il vous plaira, Un conte d’hiver, Le songe d’une nuit d’été ou La tempête. Autant de textes qui, au-delà de la folie des hommes, privilégient les facéties du destin, la truculence, la dérision, la malice, la fragilité des sentiments, le pouvoir rédempteur du temps.

 

Un dernier mot, enfin : si vous voulez découvrir Shakespeare ailleurs qu’au théâtre ou dans les livres, dénichez vite le film Le château de l’araignée réalisé par Akira Kurosawa en 1957 d’après Macbeth, la plus exceptionnelle adaptation de Shakespeare au cinéma !

 

Icône Payot 3.jpg

05:43 Écrit par Claude Amstutz dans La chronique du libraire, William Shakespeare | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |

31/10/2005

La chronique du libraire

L'éternelle jeunesse du coeur

 

Ma rencontre avec le monde du livre n’a pas commencé comme un conte de fées, car, aussi loin qu’il m’en souvienne, j’aspirais à… ne rien faire ! En désespoir de cause, mes parents m’ont orienté vers le métier de libraire, car j’étais attiré par la littérature. Mais après avoir été le cauchemar de ma famille, je devins celui de mon premier patron – un penchant accentué pour la contestation et la vie nocturne ! – bien patient quand j’y pense, avec le recul du temps. Très vite, au contact de certains libraires exceptionnels, dévorés par ce métier, j’ai réalisé à quel point il m’était impossible, dans une autre activité, de développer autant ma soif de découvrir, de transmettre, d’échanger des connaissances, des émotions ou des idées. Jamais depuis je n’ai regretté d’avoir choisi la librairie, baignant aujourd’hui comme hier dans une ambiance marquée par des personnalités sensibles, d’une pensée souvent originale et indépendante.

 

Véritable fenêtre ouverte sur le monde, le livre m’aura appris, au fil des années, l’art des nuances : Qu’un titre qui connaît le succès n’est pas nécessairement un mauvais livre ; qu’une vente conséquente n’est pas uniquement une opération commerciale ; que « qualité » peut aussi rimer avec « légèreté » ! Musique intérieure plus forte que tous les bruits du monde, la passion de l’écrit m’aura souvent, tel un ami cher, sauvé du découragement, de l’inertie ou de l’ennui, source d’émerveillement constamment renouvelée. Quotidienne remise en question des acquis, le métier de libraire est bien le contraire de l’uniformité. A lui seul, il est, pour qui sait l’entendre, le meilleur garant de la jeunesse du cœur. 

 

Icône Payot 3.jpg

 

 

 

 

 

 

 

05:10 Écrit par Claude Amstutz dans La chronique du libraire | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |