22/01/2015
Morceaux choisis - Messaour Boulanouar
Messaour Boulanouar
Quand la nuit se brise - Poésie algérienne, Anthologie sous la direction de Abdelmadjid Kaouah (coll. Points/Seuil, 2012)
image: stoirmdubh.unblog.fr
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21/01/2015
Le poème de la semaine
Philippe Soupault
Rien que cette lumière que sèment tes mains rien que cette flamme et tes yeux ces champs cette moisson sur ta peau rien que cette chaleur de ta voix rien que cet incendie rien que toi Car tu es l’eau qui rêve et qui persévère l’eau qui creuse et qui éclaire l’eau douce comme l’air l’eau qui chante celle de tes larmes et de ta joie Solitaire que les chansons poursuivent heureux du ciel et de la terre forte et secrète vivante ressuscitée Voici enfin ton heure tes saisons tes années L’automne sur le toit fait un bruit de pigeons l’or coule Il est midi Les arbres ont peur La mort vole L’odeur de l’agonie comme une trop longue musique sème des gouttes de sang une femme dort près d’une fleur gonflée d’eau. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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19/01/2015
La citation du jour
Montesquieu
Si on ne voulait qu'être heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile parce que nous croyons les autres plus heureux qu'ils ne le sont.
Montesquieu, Lettres persannes (coll. GF/Flammarion, 2003)
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11/01/2015
Morceaux choisis - Andrée Chedid
Andrée Chedid
Au bout de ce voyage, nos chemins se rejoignent, et j'évoque, une fois encore, ces deux fleuves que nous avons tant aimés. Je repense à ces eaux, tellement pétries de sens, qui charrient aussi l'image de nos vies divergentes et complices, de nos vies dissemblables et accordées.
Avec toi, je me glisse en cette terre d'Egypte, si stable et si continue, mais non dénuée de déchirures, d'où nous venons tous les deux. Avec toi, je pénètre en cette ville de Paris, si fascinante et si rebelle, vers où nous portaient nos désirs.
En leurs réalités, comme en leur mystère, l'une et l'autre, me semble-t-il, se sont gravées dans nos tempéraments faits à la fois de dissidences et de fortes retrouvailles, de différences et d'inusable harmonie.
Ainsi va le corps à la poursuite de l'existence, de l'ailleurs et de l'autre, puis vers sa progressive dissolution. Ainsi demeure le coeur, fidèle à ses visages et à ses lieux privilégiés. Ainsi coulent le Nil et la Seine, lointains et proches.
Ainsi s'écoulent nos vies, si diverses et si durablement reliées.
Andrée et Louis Antoine Chedid, Le coeur demeure (Stock, 1999)
image: Nicolas de Staël, Sicile (himalayalpes.wordpress.com)
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08/01/2015
Morceaux choisis - Blaise Cendrars
Blaise Cendrars
Je voulais indiquer aux jeunes gens d’aujourd’hui qu’on les trompe, que la vie n’est pas un dilemme et qu’entre les deux idéologies contraires entre lesquels on les somme d’opter, il y a la vie, la vie, avec ses contradictions bouleversantes et miraculeuses, la vie et ses possibilités illimitées, ses absurdités beaucoup plus réjouissantes que les idioties et les platitudes de la politique, et que c’est pour la vie qu’ils doivent opter, malgré l’attirance du suicide, individuel ou collectif, et de sa foudroyante logique scientifique. Il n’y a pas d’autres choix possibles. Vivre!
Blaise Cendrars, Le lotissement du ciel (coll. Folio/Gallimard, 2010)
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07/01/2015
Le poème de la semaine
Rosemonde Gérard
merci à Marie-Elisabeth C
L’autre matin, sous la feuillée,De soleil rose ensoleillée,Je rêvais à toi, - tu passas!Et je vis à ta boutonnière,Penchant ses graines de lumière,Une branche de mimosas. "Oh! donne-la moi, je t’en prie,Cette petite fleur flétrie…"Murmurai-je. Et tu refusas!D’un œil foncé qui me regarde,Tu refusas. Tu dis: "Je gardeCette branche de mimosas." Et, sans voir qu’à cette secondeJe ne voulais plus qu’elle au monde,De mon tourment tu t’amusas:"Il y en a sur la pelouse…- Non, je veux, car je suis jalouse,Cette branche de mimosas! Si tu l’aimes, toute fanée,C’est qu’alors on te l’a donnée,En te taisant, tu t’accusas.Parle! nomme-moi ma rivale!Regarde-moi… je suis plus pâleQue la branche de mimosas!" Mais toi, d’une voix attendrie,Tu t’écrias: "O ma chérie,A mes regards tu proposasCent visages: des fous, des sages,D’autres plus fins que les feuillagesDe la branche de mimosas. Mais, très curieux de nature,Je rêvais de voir la figure- Car je ne la connaissais pas –Que vous faites, alors qu’on oseVous refuser la moindre chose…Tiens, les voilà, les mimosas!" Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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28/12/2014
Morceaux choisis - Philippe Besson
Philippe Besson
Chez Phillies, il ne viendra plus de client, pour sûr. Les dimanches se suivent et se resemblent, en somme. C'est à se demander pourquoi on persiste à rester ouvert. Le vieux Carter a une explication: il prétend que le café est un phare et les phares ne ferment jamais, ils éclairent les nuits. Ben a un peu l'impression d'être un gardien de phare. Louise et Stephen ne songent pas à partir. Le silence du café les protège et personne ne les attend.
C'est cela qui leur est arrivé: plus personne pour les attendre. Ils sont seuls, comme ne le sont que les vieillards. Ils ont le regard hagard de solitude. Ils ont le souffle court des épuisés. Ils ont les gestes ralentis des plus démunis. Ils s'abritent dans un café improbable, à l'extrémité d'un continent. Ils égrènent leur vie comme d'autres des prières, en roulant des chapelets entre leurs doigts osseux. Ils sont parvenus au terme de quelque chose, sans être en mesure de discerner encore ce qui pourrait commencer pour eux. Ils se sont égarés.
Dans cet égarement qui les réunit, ils seraient presque capables enfin de se parler calmement, et de laisser venir entre eux une manière de douceur. Il fallait sans doute que les abcès crèvent, que la mauvaise mémoire soit expiée, que les aveux soient consentis, que la place soit nette pour qu'ils soient finalement aptes à s'adresser l'un à l'autre sans arrière-pensée, sans invective, sans remords ni rancune, sans aigreur. Et s'il suffisait désormais de se laisser aller, de ne plus se poser de questions, d'accepter le moment comme il se présente?
Ce serait comme une décontraction, une tension qui se relâche, un bras qui se détend, une main qui s'ouvre, comme lorsque les efforts ou les étreintes s'achèvent.
Tu es au moins aussi mal à l'aise que moi, c'est rassurant, mais nous avons fait le plus délicat, n'est-ce pas?
Le plus délicat, je ne sais pas. Le plus dur, certainement.
Philippe Besson, L'arrière-saison (Julliard, 2002)
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24/12/2014
Lire les classiques - François Coppée
François Coppée
merci à Hélène H
C'est l'heure exquise et matinaleQue rougit un soleil soudain. A travers la brume automnale Tombent les feuilles du jardin. Leur chute est lente. Ou peut les suivre Du regard en reconnaissantLe chêne à sa feuille de cuivre, L'érable à sa feuille de sang. Les dernières, les plus rouillées, Tombent des branches dépouillées : Mais ce n'est pas l'hiver encor. Une blonde lumière arrose La nature, et, dans l'air tout rose,On croirait qu'il neige de l'or.Francois Coppée, Matin d'octobre, dans: Promenades et intérieurs (poesie.webnet.fr)
image: http://ecrireagentilly.blogspot.ch
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22/12/2014
La citation du jour
Victor Hugo
Il est effrayant de penser que cette chose qu'on a en soi, le jugement, n'est pas la justice. Le jugement, c'est le relatif. La justice, c'est l'absolu. Réfléchissez à la différence entre un juge et un juste.
Victor Hugo, L'homme qui rit (coll. Folio/Gallimard, 2002)
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20/12/2014
Morceaux choisis - René Char
René Char
Il y a la beauté qui est la vérité réussie des choses, leur dimension harmonieuse, et le bonheur qui tombe comme la foudre d'un ciel qu'on croyait sans surprise, cerné de toutes parts par des étoiles, les mêmes qui troublent peut-être l'esprit de ceux qui habitent de l'autre côté de la nuit. Comment agir pour être heureux, toujours davantage, sans trébucher, sans vieillir et sans perdre courage? Sans courir trop vite devant son amour avec la crainte de ne plus l'apercevoir en se retournant? Nous abordons cette envie comme un mur de flammes mais sommes cendres avant de l'avoir franchi.
René Char, Trois coups sous les arbres - Claire (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1983)
image: John William Waterhouse (spleen-et-ideal.over-blog.fr)
00:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, René Char | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |
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