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19/12/2014

La citation du jour

Bernard Clavel

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L’homme blanc qui ne détient pas la sagesse vide notre terre de cette vie qui lui vient du fond des âges et que rien ne saurait remplacer. Ivre de richesses, il s’enfonce tout vivant dans le sein de la terre pour lui prendre son or. En fouillant ainsi dans la nuit, ce sont les os des ancêtres qu’il dérange et meurtrit.

Bernard Clavel, Le Royaume du Nord vol. 6: Maudits sauvages (Albin Michel, 1989)

00:06 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

17/12/2014

Le poème de la semaine

Maurice Fombeure

Sur la route couleur de sable,
En capuchon noir et pointu,
Le "moyen", le "bon", le "passable"
Vont à galoches que veux-tu
Vers leur école intarissable.
 
Ils ont dans leurs plumiers des gommes
Et des hannetons du matin,
Dans leurs poches du pain, des pommes,
Des billes, ô précieux butin
Gagné sur d'autres petits hommes.
 
Ils ont la ruse et la paresse
Mais l'innocence et la fraîcheur
Près d'eux les filles ont des tresses
Et des yeux bleus couleur de fleur,
Et des vraies fleurs pour leur maîtresse.
 
Puis les voilà tous à s'asseoir.
Dans l'école crépie de lune
On les enferme jusqu'au soir,
Jusqu'à ce qu'il leur pousse plume
Pour s'envoler. Après, bonsoir!
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:21 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

13/12/2014

Camille de Peretti

9782234061248.gifCamille de Peretti, Nous vieillirons ensemble (Stock, 2008)

Dimanche premier octobre. Une journée comme les autres aux Bégonias, une maison de retraite de la banlieue parisienne. Il est 9 h 15. Nini, la vieille excentrique, attend la visite de sa petite Camille, sous l'oeil attendri et bienveillant de Josy, l'auxiliaire de vie cartomancienne. Louise Alma ressasse quatre-vingt-douze années de souvenirs. Jocelyne Barbier, la bureautière, et Marthe Buissonette, la femme de pasteur, reprennent leur querelle quotidienne. Robert Leboeuf couvre Thérèse Leduc d'un regard plein d'espoir. Le capitaine Dreyfus prépare sa grande évasion... Et les familles des résidents accomplissent, bon gré mal gré, leur devoir dominical. La vie s'écoule doucement entre joie et souffrance, amitié et solitude, amour et ennui, maladie et envie.

Un bien joli coup de maître pour cette admiratrice de La vie, mode d’emploi de Georges Perec. Elle choisit de nous raconter un dimanche ordinaire de la pension Les Bégonias - une maison de retraite - microcosme des destinées d’un jour. Ses personnages sont attachants et nous ne pouvons les oublier ou nous en défaire, à la manière d’une sonate de Schubert…

Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2009)

01:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/12/2014

La citation du jour

Emile Zola

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Rien n’est plus douloureusement calme qu’un crépuscule d’automne. Les rayons pâlissent dans l’air frissonnant, les arbres vieillis jettent leurs feuilles. La campagne, brûlée par les rayons ardents de l’été, sent la mort venir avec les premiers vents froids. Et il y a, dans les cieux, des souffles plaintifs de désespérance. La nuit descend de haut, apportant des linceuls dans son ombre.

Emile Zola, Thérèse Raquin (coll. Folio/Gallimard, 2002)

image: http://auto.img.v4.skyrock.net

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10/12/2014

Le poème de la semaine

Jacques Chessex

Je venais de le rêver 
C'était peut-être celui que j'appelle 
"le rêve de Purcell" 
Ce matin-là je ne savais plus rien de la lumière 
Ni de son harmonie d'avant
 
Tout à coup survint l'oiseau des alarmes heureuses 
Et se posa à contre-jour
 
"Oiseau, dis-je 
Que me veux-tu dans ta sérénité 
Moi qui hésite toujours entre deux maîtres" 
Je vis que l'oiseau riait
 
"Sans doute as-tu raison de rire, dis-je 
Mais tu m'attristes, messager de l'aube 
En te moquant de ma candeur 
Ah détourne de moi le buisson de ta tête 
Regagne tes passerelles vers le vide"
 
"Je ne serais qu'une métaphore à ton regard
dit le sac de plumes 
Un mot entre les vivants et les morts?"
 
Il s'envola aussitôt
Et je demeurai tout le jour
Les heures vides qui m'attendaient
Avec le prophète persifleur
Le messager à la face fleurie de feu blanc
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

07/12/2014

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

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On a tant abusé du regard dans les romans d'amour qu'on a fini par le déconsidérer. C'est à peine si l'on ose dire maintenant que deux êtres se sont aimés parce qu'ils se sont regardés. C'est pourtant comme cela qu'on s'aime et uniquement comme cela. Le reste n'est que le reste, et vient après. Rien n'est plus réel que ces grandes secousses que deux âmes se donnent en échangeant cette étincelle. 

Victor Hugo, Les misérables (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 2000)

image: Robert Archibald Graafland, Young Love / 1912 (tumblr.com)

01:42 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/12/2014

Le poème de la semaine

Georges Perros

Les guerres n'est-ce pas
Ça éclate ça mobilise
Ça fait quitter son foyer
Les hommes trouvent normal 
D'aller à la guerre
Comme on va aux champignons
Les hommes ne sortiront jamais
De cette ornière
La guerre est un bail à renouveler
La guerre est devenue
La condition de la paix
La révolte de la sérénité.
 
Tant que les hommes sages
Diront oui
A la guerre
Où on les envoie
Sans qu'ils sachent très bien pourquoi
Tant que les hommes ne diront pas
Non
A ce goût qu'ils ont de l'aventure
Quand elle les rend plus amis
Qu'ils n'auraient jamais osé l'être
Dans la quotidienneté
Tant qu'on tuera des hommes
Comme on tue des puces, des moustiques,
En disant que c'est terrible, ces petites bêtes
De les tuer,
Tant que la passion d'être
Aura partie liée avec le meurtre
Tant qu'il y aura des comédiens
Qui joueront avec talent
Ce qui fut vécu
Ce qui le sera
Mais ce qui ne l'est jamais
Ce qui ne peut l'être
Pendant leur propre, leur pauvre existence
Tant que nous aurons besoin
De nous dédoubler, de nous divertir
D'apprendre avec émotion
Nostalgie
Culpabilité
Que des hommes meurent
Pour des raisons
Qui nous paraissent vraies
Incomparables
Et que nous en parlerons
Avec émotion
Frissons dans le dos
Un whisky-soda s'il vous plaît
Ce sera non.
 
La guerre entre les hommes
Est peut-être inévitable
Un mauvais rêve du bon Dieu
Tout le troupeau en uniforme
On y court tous comme des lapins
A la guerre.
 
Nous avons fini par comprendre
Que nous sommes tous colonisés
Que l'homme est une colonie
Apte à la liberté d'être
Qui commence
Par le partage du pain et du vin
Et si personne ne fait ce pain
N'écrase ce raisin
Eh bien nous apprendrons à faire
À écraser, à sulfater, à pétrir
Nous deviendrons des paysans
Ce que nous sommes tous
Malgré la citadineté
Qui nous enveloppe
comme des saucissons, des momies.
 
La terre n'en tournera pas moins
Comme une folle
Autour du fou par excellence
De ce sanglant dégoulinant
Qui sait si bien
Nous foutre mal au crâne
Et nous noircir la peau
De cet ivrogne dans l'azur
Qui fait mûrir
Qui fait pourrir
Qui dit le sec et le mouillé
Sur nos fronts partitions striés
Sans la moindre musique à l'intérieur
Rengaine où sanglote la source
Barques sur le dos
O nos révoltes grains de sable
Poussière dans le vent fané
Qui nous redira folle course
La joie farouche
Des chevaux du langage
Quand tout était encore tremblant
D'avoir liberté de mourir
Quand tout faisait encore semblant
De l'oublier dans un sourire
Les temps sont venus de la mort
De qui portes-tu le deuil, Terre,
Grosse de tant de cadavres
Que leur innocence a trompés
Mais dont l'âme flotte
En nos rêves
Nous ne pourrons jamais plus vivre
A marcher sur vos jeunes os
A piétiner votre colère
Nous ne pourrons jamais plus rire
Comme il faudrait de bas en haut
La glotte folle,
Avec cet ogre en nos poitrines
Qui nous ronge nous fend la peau
Allez
Car nous serons bientôt ensemble
Dans la bohème du caniveau
Nous fuirons en faisant la planche
Vers d'autres rêves d'autres feux
Autour desquels perdre nos rimes
Qui ne sont plus d'amour
Ni d'aise
Il est fondu, notre métal
Nous nous retrouverons bientôt.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

 

02/12/2014

La citation du jour

Irène Némirovsky

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Les événements graves, heureux ou malheureux ne changent pas l'âme d'un homme mais ils la précisent, comme un coup de vent en balayant les feuilles mortes révèle la forme d'un arbre.

Irène Némirovsky, Suite française (coll. Folio/Gallimard, 2006)

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01/12/2014

Morceaux choisis - Yves Bonnefoy

Yves Bonnefoy

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Et si demeure
Autre chose qu’un vent, un récif, une mer,
Je sais que tu seras, même de nuit,
L’ancre jetée, les pas titubants sur le sable,
Et le bois qu’on rassemble, et l’étincelle
Sous les branches mouillées, et, dans l’inquiète
Attente de la flamme qui hésite,
La première parole après le long silence,
Le premier feu à prendre au bas du monde mort.

Yves Bonnefoy, Les planches courbes / extrait (coll. Poésie/Gallimard, 2003)

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28/11/2014

Lire les classiques - Antoine de Chandieu

Antoine de Chandieu

littérature; poésie; anthologie; livres

Qu'as-tu? pauvre amoureux, dont l'âme demi-morte 
Soupire des sanglots au vent qui les emporte.
N'accuse rien que toi. Ton mal est ton désir, 
Et ce dont tu te plains, est ton propre plaisir. 
Tu n'as autre repos que ce qui te tourmente, 
Et t'éjouis au mal dont tu vas soupirant, 
Buvant ce doux-amer qui t'enivre et qui rend 
Ton plaisir douloureux et ta douleur plaisante.

Antoine de Chandieu, 1534-1591 (paradis-des-albatros.fr)

image: Frans van Mieris the Elder, A Young Woman feeding a Parrot (blog.kiwitan.com)

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