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11/01/2015

Morceaux choisis - Andrée Chedid

Andrée Chedid

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Au bout de ce voyage, nos chemins se rejoignent, et j'évoque, une fois encore, ces deux fleuves que nous avons tant aimés. Je repense à ces eaux, tellement pétries de sens, qui charrient aussi l'image de nos vies divergentes et complices, de nos vies dissemblables et accordées.

Avec toi, je me glisse en cette terre d'Egypte, si stable et si continue, mais non dénuée de déchirures, d'où nous venons tous les deux. Avec toi, je pénètre en cette ville de Paris, si fascinante et si rebelle, vers où nous portaient nos désirs.

En leurs réalités, comme en leur mystère, l'une et l'autre, me semble-t-il, se sont gravées dans nos tempéraments faits à la fois de dissidences et de fortes retrouvailles, de différences et d'inusable harmonie.

Ainsi va le corps à la poursuite de l'existence, de l'ailleurs et de l'autre, puis vers sa progressive dissolution. Ainsi demeure le coeur, fidèle à ses visages et à ses lieux privilégiés. Ainsi coulent le Nil et la Seine, lointains et proches.

Ainsi s'écoulent nos vies, si diverses et si durablement reliées.

Andrée et Louis Antoine Chedid, Le coeur demeure (Stock, 1999)

image: Nicolas de Staël, Sicile (himalayalpes.wordpress.com)

20/02/2014

Antoine Blondin

9782710331148.gifAntoine Blondin : A mes prochains – Lettres 1943-1984 (La Table Ronde, 2009)

 

Antoine Blondin n'écrivait pas à la légère. L'auteur de Un singe en hiver pesait ses mots - ses bons mots - jusque dans ses cartes postales. Inédites, ces lettres sont adressées à des proches: ses parents; ses éditeurs Catherine et Roland Laudenbach avec lesquels il se montre aussi angoissé que fraternel; son grand complice Roger Nimier, amateur comme lui de plaisanteries et de grivoiseries; son ami Michel Déon; Kléber et Caroline Haedens, à qui il manifeste une déférente affection: Nous avons dû nous croiser de peu à travers la Charente. Votre souvenir est tapi dans ces grottes, comme un bernard-l'hermite... Dégoûté d'écrire, mais non de vous aimer, je m'arrête là pour vous embrasser. 

 

Il ne faut pas enterrer Antoine Blondin, l’auteur de Monsieur Jadis, Un singe en hiver, Mes petits papiers sans oublier ses mémorables chroniques du Tour de France! Heureusement est exhumée cette correspondance inédite auprès de ses amis de toujours, et restitue les différentes facettes de cet écrivain terriblement attachant. Sa plume facétieuse, mélancolique et libre manque cruellement dans le monde des lettres, aujourd’hui.

09:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; correspondance; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

30/11/2013

Joë Bousquet

littérature; correspondance; livresJoë Bousquet, Lettres à une jeune fille (Grasset, 2008)

Quelle chance extraordinaire que celle de Jacqueline Gourbeyre d’avoir reçu d’aussi bouleversantes lettres, empreintes d’émotion, de confiance en la vie et l’homme, malgré les affres que traverse son auteur depuis sa blessure de guerre. Amoureux fou comme un jeune homme – il est alors âgé de 49 ans - de sa correspondante qu’il appelle sa grande rose lointaine, Joë Bousquet l’ouvre à elle-même, à la culture, aux arts, à la littérature, sans aucune forfanterie ni regret ou amertume. Aussi confidentiel après sa mort qu’il fut discret de son vivant, ce poète merveilleux enchante par la beauté de son style, son sens de l’observation et sa faculté de transposer les sentiments que son corps lui refuse à tout jamais. Quel dommage tout de même que les lettres de Jacqueline, elle-même disparue en 1999, n’aient pas survécu au décès de Joë Bousquet … Cette correspondance – parmi les plus beaux textes de ces dernières années, surgis des limbes grâce aux enfants de Jacqueline – fait oublier heureusement cet écho absent, et entraîne vers un parcours d’ombre et de lumière avec une infinie délicatesse.

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; correspondance; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/04/2010

John Keats - 1a

9782743620981.jpgJohn Keats, Lettres à Fanny (Coll. Rivages poche, 2010)

Considéré par certains comme le plus romantique des poètes anglais, le jeune John Keats renonce à la carrière de chirurgien afin de se consacrer totalement à l'écriture. Alors qu'il entreprend une de ses oeuvres maîtresses, Hyperion, il rencontre une jeune fille gracieuse, féminine qui se nomme Fanny Brawne. Les 37 lettres qui composent ce recueil attestent de son amour incandescent pour cette adolescente qui, contrairement à lui, aimait danser et briller en société. Déjà affaibli par la maladie - il sera terrassé par la tuberculose, trois ans après cette rencontre - sa correspondance est intéressante à plus d'un titre: par la fascination qu'exerce sur lui la beauté de Fanny, la résistance du créateur qui voudrait se consacrer tout entier à son art, la sublimation dans une mystique de l'amour qu'il hésite à confronter à une réalité qu'il pressent impossible pour lui. Qui donc pourtant, ne rêverait de recevoir un jour une si belle lettre? Je n'existe pas sans vous; je suis oublieux de tout sauf du moment où je vous retrouverai; ma vie semble s'interrompre net à cet endroit; je ne vois pas plus loin. Vous m'occupez tout entier.

Fiancé mais jamais époux, John Keats meurt le 24 février 1821, à l'âge de 26 ans.

00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; correspondance; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |