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09/11/2014

Véronique Olmi

9782246668619.gifVéronique Olmi, La pluie ne change rien au désir (Grasset, 2005)

Un homme et une femme ont rendez-vous place Saint Sulpice, à Paris. Ils ne sont ni jeunes ni beaux, malmenés par la vie et un peu méfiants. Ils vont passer une après-midi entière dans une chambre d'hôtel et s'offrir un peu d'insouciance. Ce couple retrouvera pour un temps le goût de l'innocence, de l'indulgence et du pardon. Une histoire d’amour comme chacun ou chacune voudrait en vivre au moins une fois dans sa vie ! Une écriture poétique et lyrique pour ce récit passionné qui réchauffe le cœur.

Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2007)

00:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/11/2014

Morceaux choisis - Anne Sylvestre

Bois flotté 

littérature; essai; morceaux choisis; livres

Il y a des jours, des jours en creux, des jours sans, à peine des jours, des jours où on se sent flotter, où on est comme un bois flotté, lavé, délavé, blanchi, nervuré, à peine l'âme d'un bout de branche, à peine le coeur d'un bout de bois, un souvenir d'arbre mis en pièces par la douceur obstinée de l'eau... flotté, frotté, usé, poncé, malmené, chaviré mais dispensé: pas besoin de flotter, on est flotté. On finira dans le limon banal d'une arrière-plage de galets, ignoré, ou bien exposé telle une oeuvre d'art au mur d'un salon raffiné.

L'un comme l'autre me plairait bien. Les jours en creux, les jours sans rien.

Anne Sylvestre, Bois flotté, dans:Coquelicot et autres mots que j'aime (coll. Points/Seuil, 2014)

image: Anne Sylvestre (culture-en-limousin.fr)

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/11/2014

Le poème de la semaine

Charles Vildrac

Elle était venue sur les marches tièdes
Et s’était assise.
 
Sa tête gentille était inclinée
Un peu de côté;
 
Ses mains réunies étaient endormies
Au creux de la jupe;
 
Et elle croisait ses jambes devant elle,
L’un des pieds menus pointant vers le ciel.
 
Il dut le frôler, ce pied, pour passer
Et il dut la voir.
 
Il vit son poignet qui donnait envie
D’être à côté d’elle dans les farandoles
Où l’on est tiré, où il faut qu’on tire
Plus qu’on n’oserait…
 
Et il vit la ligne de son épaule
Qui donnait envie de l’envelopper
Dans un tendre châle.
 
Mais le désir lui vint de regarder sa bouche
Et ce fut le départ de tout.
Mais le besoin lui vint de rencontrer ses yeux
Et ce fut la cause de tout.
 
Quelques traces de craie dans le ciel, 
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

02:20 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

31/10/2014

Morceaux choisis - George Steiner

George Steiner 

5.jpg

Dans les yeux d’un animal qui vous aime, il y a une compréhension, que nous n’avons pas, de la mort. Il y a dans les yeux de mon chien quelque chose qu’il comprend très bien; peut-être ce qu’il va m’arriver… Et quand je fais ma petite valise de voyage, il se met sous la table et il me regarde avec un regard de reproche inénarrable. C’est si beau de vivre avec un animal…

Je sais qu’il faudrait beaucoup aimer les êtres humains. Parfois je trouve ça très difficile.

George Steiner, Un long samedi – Entretiens avec Laure Adler, Flammarion, 2014)

29/10/2014

Le poème de la semaine

Jean-Pierre Siméon

La vie donc
n'est jamais au centre
et c'est dans les banlieues de la pensée
que s'invente le monde.
Le désir que voulez-vous
défait les draps,
ce qui n'est pas comblé
bouge comme l'amour
et ne demandez pas au vent
de se tenir dans la cage.
 
Voyez vos villes
leurs banlieues sont brutales
comme la soif
au bord du puits.
 
Voyez le matin
comme il brise l'ombre
pour gagner sa clarté.
 
Voyez vos mains
comme elles tremblent
autour de vos chagrins.
 
Ne cherchez pas la beauté
dans la colère
mais la vérité
que vos gestes
longuement
ont bâtie.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/10/2014

La citation du jour

Charles Ferdinand Ramuz

citations; livres

Derborence, le mot chante doux; il vous chante doux et un peu triste dans la tête. Il commence assez dur et marqué, puis hésite et retombe, pendant qu'on se le chante encore, Derborence, et finit à vide, comme s'il voulait signifier par là la ruine, l'isolement, l'oubli.

Charles Ferdinand Ramuz, Derborence (Plaisir de Lire, 1996)

image: Derborence, Valais / Suisse (derborence.ch)

25/10/2014

Morceaux choisis - Georges Haldas

Georges Haldas

littérature; essai; morceaux choisis; livres

Parvenu au Rond-Point, impossible de ne pas se diriger vers cet espace inattendu, baptisé en l'occurrence Plaine de Plainpalais. Et qui est au coeur de cette ville, une respiration plus que bienvenue. Providentielle. Enfin un espace où il n'y a rien. C'est-à-dire tout. Un vide salvateur. Une trêve à l'activisme. Grands ciels. Un terrain laissé libre. Avec une alternance de gravier et de gazon un peu pelé. Providence des chiens. Et où jadis de petites équipes de football venaient disputer, le dimanche matin, des matchs comptant pour le championnat ouvrier. Maigre public. Mais donnant de la voix. Un rendez-vous, en ces parties, du zèle sportif et de comiques maladresses. Je ne sais, en attendant, quel décret administratif, téléguidé par les dieux, empêche les urbanistes de remplir cet espace, et, par là même, de nous asphyxier. 

Toujours est-il que chaque année, début septembre, vient rituellement s'installer sur cette Plaine le cirque Knie. Dont la seule arrivée, toujours attendue, toujours surprenante, semble convoquer les constellations de l'automne: rentrée des classes; adieu les vacances. Mais au-dessus de la grande tente, dressée en une nuit, et des roulottes multicolores, il y a le ciel de septembre d'une ineffable délicatesse en son bleu voilé à peine. Avec cette pointe de mélancolie dont Hugo disait si bien qu'elle est le bonheur de la tristesse.

Mais sur cette Plaine, que tous les matins, vers les cinq heures, je traverse pour me rendre dans mon petit café où, Scribe de notre ville intime, j'en consigne les particularités - les longues pluies ou la neige, l'hiver; dure lumière au printemps; soleil, dès les premiers jours de juin, radieux à la fois et écrasant - c'est un léger choc de voir, soudain, quand le cirque est arrivé, se détacher le profil sombre, sur un fond non moins sombre, en leur enclos, de deux chameaux. Immobiles. Et comme figés par ce que nous croyons être, en eux, la nostalgie du désert, alors qu'il s'agit assurément de tout autre chose, que nous sommes bien incapables de deviner et même de concevoir. Tandis que des relents tièdes, venus de la ménagerie, donnent une saveur âcre à l'air ambiant. Ou c'est encore un remuement de chaînes et de soupirs, des appels rauques ou de longs gémissements; comme la plainte de ces bêtes captives dans leurs boxes, mais plus encore, peut-être, celle même de leur condition de bêtes. Et, à travers elle, de la Création tout entière. Prisonnière de l'espace et du temps. Cependant qu'à Noël, alors, et durant les fêtes de fin d'année, en cette même heure, les baraques des forains, figées elles aussi comme par une muette catastrophe, ont l'air d'un village construit en vue d'un décor de film qui ne s'est pas fait et jamais ne se fera.

Mais voilà que tout à coup un merle, égaré dans la saison, et caché dans ce fouillis de toiles et de balançoires, esquisse quelques notes de son tendre chant annonciateur d'un lointain printemps à venir. Mais je m'arrête. Trop de choses qu'il y aurait encore, sur cette Plaine, à dire.

Georges Haldas, Traversée de la Plaine, dans: La légende de Genève (L'Age d'Homme, 1996)

image: Plaine de Plainpalais, Genève / Suisse (arpc167.epfl.ch)

22/10/2014

Le poème de la semaine

Boris Vian

Pourquoi que je vis
Pourquoi que je vis
Pour la jambe jaune
D'une femme blonde
Appuyée au mur
Sous le plein soleil
Pour la voile ronde
D'un pointu du port
Pour l'ombre des stores
Le café glacé
Qu'on boit dans un tube
Pour toucher le sable
Voir le fond de l'eau
Qui devient si bleu
Qui descend si bas
Avec les poissons
Les calmes poissons
Ils paissent le fond
Volent au-dessus
Des algues cheveux
Comme zoizeaux lents
Comme zoizeaux bleus
Pourquoi que je vis
Parce que c'est joli.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

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21/10/2014

Philippe Sollers

9782070449002.jpgPhilippe Sollers, Trésor d'amour (Coll. Folio/Gallimard, 2012)

Chez Philippe Sollers, le pire côtoie souvent le meilleur! Or Trésor d'amour est l'un de ses plus beaux livres de ces dernières années. Fermez les yeux... Vous êtes à Venise, la ville où Philippe Sollers achète quatre roses rouges qu'il dépose sur le sol aux Gesuati, à San Vio, à San Agnese, à San Trovaso, endroits où il a connu les plus grands bonheurs de sa vie. Un trésor de mémoire. Dans cette Venise dérobée et secrète, il y retrouve Minna Viscontini, 35 ans, professeur de littérature comparée, spécialisée dans le domaine français qu'elle consacre à un seul auteur: Stendhal.

Et comme entre Sollers et Stendhal c'est une histoire d'amour - celle de Sollers et Venise aussi - nous voici embarqués dans un théâtre d'ombres où apparaissent, derrière une improbable glycine violette débordant d'un balcon, Mathilde Dembowska; sous un soleil de feu, Fabrice Del Dongo, Julien Sorel, Madame de Chasteller, fiction et réalité de Stendhal mêlées sans autre souci que de les ressusciter sous le signe de l'Amour, clef de voûte de ce roman du bonheur. 

On ne sort pas, on ne voit personne, l'eau, les livres, les oiseaux, les arbres, les bateaux, les cloches, le silence, la musique, on est d'accord sur tout ça. Jamais assez de temps encore, encore. Tard dans la nuit, une grande marche maritime, et retour, quand tout dort. Je me lève tôt, soleil sur la gauche, et voilà du temps, encore, et encore du temps. On se tait beaucoup, preuve qu'on s'entend. L'amour, c'est comme retrouver un parent perdu, son regard traverse la mort. Et plus loin: Je reste sur les quais rougis de soleil jusqu'à ce que la nuit tombe. Au bord des escaliers de marbre plongeant dans l'eau, les algues deviennent de plus en plus noires, et les piquets de bois du canal mercuriel ont l'air de s'élancer vers le ciel. Encore une fois, la grande certitude m'enveloppe. Je suis assis, à l'écart, dans ce quartier isolé de Venise , je vais rentrer dans un appartement où Minna m'attend, penchée sur son ordinateur. Bateaux illuminés dans l'ombre, barques amarrées tirant sur leurs cordes, derniers passants, bruits sourds, fermeture des volets. Neuf coups au clocher des Gesuati, là-bas, pour dire l'heure. Dîner de friture de poissons avec bouteille de bordeaux. Encore quelques lignes à la main, velours et silence, et puis sommeil, et puis soleil, et puis bonheur.

Et puis le temps s'arrête, on ouvre à nouveau les yeux, revenus d'un incroyable voyage à travers les siècles où se croisent et se découvrent - comme les lignes de la main où se forge le destin - ces mouvements du coeur qui sont de tous les temps, sous le regard de Stendhal, le personnage central du livre, derrière lequel Philippe Sollers - une fois n'est pas coutume! - s'efface ou se confond.

Un vrai bonheur! 

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15/10/2014

Le poème de la semaine

Madeleine Riffaud

merci à Monique D

Je te donne mon souffle
Et la dernière flamme.
Et je prends ta chaleur
Pour oublier le noir, l’inconnu et la peur.
Je te donne
La course de mon cœur,
Le dessin des cheveux sur la plage des draps.
 
Je veux prendre ta vie dans mon sang.
Je veux perdre ma vie dans tes mains.
Je m’en vais poignardée
Dérivant dans tes veines
Et je renais en flamme
Et te ferme les yeux.
 
Tu es aveugle. Pour mieux voir
Quand tu chavires avec nous un soleil éclaté:
Je suis plus près que tu ne crois.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |