19/09/2013
Morceaux choisis - Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire
Guillaume Apollinaire, Vitam impendere amori, dans: Poèmes à Lou, précédé de: Il y a (coll. Poésie/Gallimard, 2007)
image: Louise de Coligny-Châtillon, dite Lou (angelomainardi.it)
16:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |
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Katherine Pancol
Katherine Pancol, Un homme à distance (Albin Michel, 2002)
Ceci est l'histoire de Kay Bartholdi. Un jour, Kay est entrée dans mon restaurant. Elle a posé une grosse liasse de lettres sur la table. Elle m'a dit : Tu en fais ce que tu veux, je ne veux plus les garder. Ainsi commence ce roman par lettres comme on en écrivait au XVIIIe siècle. Il raconte la liaison épistolaire de Kay Bartholdi, libraire à Fécamp, et d'un inconnu qui lui écrit pour commander des livres. Au fil des lettres, le ton devient moins officiel, plus inquisiteur, plus tendre aussi. Kay et Jonathan parlent de leurs lectures, certes, mais entament un vrai dialogue amoureux. Ils se font des scènes, ils se font des confidences, ils se tendent des pièges, s'engagent dans une relation que Kay, hantée par le souvenir d'une déchirure ancienne, s'efforce de repousser. Mais qui pourrait prédire vers quelle révélation l'emmène ce nouveau lien noué à travers des livres dont chacun des correspondants se sert comme de masques pour cacher ses vrais sentiments ?
Correspondance attachante entre une libraire et un mystérieux client qui l’entraîne dans un rapport plus personnel, non exempt de danger, qui la confronte à des réminiscences douloureuses. Kay est un très émouvant portrait de femme, fragile et volontaire à la fois. De plus, ce récit est un hommage au pouvoir émotionnel des livres.
également disponible en coll. de poche (Livre de poche, 2004)
00:16 Écrit par Claude Amstutz dans Katherine Pancol, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |
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18/09/2013
Le poème de la semaine
Philippe Jaccottet
A l'heure où la lumière enfouit son visage dans notre cou,on crie les nouvelles du soir, on nous écorche. L'air est doux. Gens de passagedans cette ville, on pourra juste un peu s'asseoirau bord du fleuve où bouge un arbre à peine vert,après avoir mangé en hâte;aurais-je même le temps de faire ce voyage avant l'hiver,de t'embrasser avant de partir? Si tu m'aimes retiens-moi, le temps de reprendre souffle,au moins juste pour le printemps,qu'on nous laisse tranquilleslonger la tremblante paix du fleuve,très loin jusqu'où s'allument les fabriques immobiles... Mais pas moyen.Il ne faut pas que l'étranger qui marche se retourne,ou il serait changé en statue: on ne peut qu'avancer. Et les villes qui sont encore debout brûleront. Une chance que j'aie au moins visité Rome, l'an passé,que nous nous soyons vite aimés, avant l'absence,regardés encore une fois, vite embrassés,avant que l'on crie "Le Monde" à notre dernier mondeou "Ce soir" au dernier beau soir qui nous confonde... Tu partiras.Déjà ton corps est moins réelque le courant qui l'use,et ses fumées au cielont plus de racines que nous.C'est inutile de nous forcer.Regarde l'eau,comme elle file par la faille entre nos deux ombres. C'est la fin,qui nous passe le goût de jouer au plus fin. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Philippe Jaccottet, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
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17/09/2013
Robert Walser
Robert Walser, Vie de poète (Zoé, 2006)
Je me sentis alors l'esprit divinement libre et le coeur content. J'allais d'un pas hardi, dégagé en même temps que vif, passant devant toutes sortes de gens qui me saluaient parfois aimablement, moi, jeune fringant voyageur, vagabond vagabondant: ces vingt-cinq "petites proses racontent des souvenirs éclatés et chantants. Les aventures de jeunesse, les longues promenades, le premier émoi amoureux laissent deviner la nature exaltée et facétieuse de ce poète mélancolique.
Toute l’originalité de l’auteur est condensée dans ces récits qui parlent des poètes et dont Marie - l’une des histoires - est la plus belle illustration: Fascination de l’imaginaire, solitude du créateur, mais aussi instants de bonheur qui surprennent chez cet auteur réputé austère. Son style unique admiré par Franz Kafka et Walter Benjamin, tient dans ce que son regard voit du monde et des êtres sans se fixer dans l’espace ou le temps, comme un passage vers un éternel ailleurs qui attire au cœur de ses ancrages éphémères.
Egalement disponible en livre de poche (coll. Points/Seuil, 2010)
06:33 Écrit par Claude Amstutz dans Franz Kafka, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; livres | |
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14/09/2013
Lire les classiques - Charles Baudelaire
Charles Baudelaire
merci à Raymonde SP
Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;Adieu, vive clarté de nos étés trop courts!J'entends déjà tomber avec des chocs funèbresLe bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère,Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,Et, comme le soleil dans son enfer polaire,Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe;L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.Mon esprit est pareil à la tour qui succombeSous les coups du bélier infatigable et lourd. Il me semble, bercé par ce choc monotone,Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.Pour qui? - C'était hier l'été; voici l'automne!Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre coeur! soyez mère,Même pour un ingrat, même pour un méchant;Amante ou soeur, soyez la douceur éphémèreD'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche! La tombe attend; elle est avide!Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,De l'arrière-saison le rayon jaune et doux!Charles Baudelaire, Chant d'automne - Les fleurs du mal , dans: Oeuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1961)
image: Cologny, Genève / Suisse (2011)
lu par Janico, sur une musique de Samuel Barber: Adagio for Strings and Orchestra
21:18 Écrit par Claude Amstutz dans Charles Baudelaire, Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |
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12/09/2013
Pierre Péju
Pierre Péju, La diagonale du vide (Gallimard, 2009)
Pierre Péju sait dépeindre les atmosphères, paysages ou rapports humains avec une qualité de langue et de style devenus rares en littérature. Aussi, il n’est pas étonnant que le sujet de son dernier roman – un homme brillant qui plaque tout à la suite du décès d’un collègue et ami – lui convienne si bien. Sur ces terres sauvages de l’Ardèche, Marc Travenne va faire une rencontre qui bouleversera sa vie et l’empêchera peut-être de fuir la diagonale du vide … Peu importe si l’intrigue, alternant les sensations intimistes avec une sale affaire de services secrets demeure somme toute assez prévisible, car de même que dans ses précédents textes – La petite chartreuse surtout, chez le même éditeur – le désert intérieur traversé par des fulgurances imprévisibles, se trouve confronté à la vacuité de l’existence, à la mémoire douloureuse, mais aussi au glissement du temps qui peut préfigurer une réconciliation avec soi-même et avec les premiers battements d’un amour insoupçonné.
également disponible en format de poche (coll. Folio/Gallimard, 2011)
06:40 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |
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11/09/2013
Le poème de la semaine
Philipe Jaccottet
Dis encore cela patiemment, plus patiemmentou avec fureur, mais dis encore,en défi aux bourreaux, dis cela, essaie,sous l'étrivière du temps. Espère encore que le dernier cridu fuyard avant de s'abattre soit tel,n'étant pas entendu, étant faible, inutile,qu'il échappe, au moins lui sinon sa nuque,à l'espace où la balle de la mort ne dévie jamais,et par une autre oreille que la terre grande ouvertesoit recueilli, plus haut, non pas plus haut,ailleurs, pas même ailleurs: soit recueillipeut-être plus bas, comme une eauqui s'enfonce dans la poussière du jardin,comme le sang qui se disperse, fourvoyé,dans l'inconnu. Dernière chance pour toute victime sans nom:qu'il y ait, non pas au-delà des collinesou des nuages, non pas au-dessus du cielni derrière les beaux yeux clairs, ni cachédans les seins nus, mais on ne sait commentmêlé au monde que nous traversons,qu'il y ait, imprégnant ses moindres parcelles,de cela que la voix ne peut nommer, de celaque rien ne mesure, afin qu'encoreil soit possible d'aimer la lumièreou seulement de la comprendre,ou simplement, encore, de la voirelle, comme la terre la recueille,et non pas rien que sa trace de cendre. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
07:09 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Philippe Jaccottet, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |
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09/09/2013
Jean-Pierre Otte
La vie amoureuse des fleurs dont on fait les parfums (Julliard, 2009)
Sur les bancs de mon école, j’aurais bien voulu connaître un instituteur qui ressemble à Jean-Pierre Otte, car il raconte l’amour dans la nature comme d’autres la mythologie, avec une érudition impressionnante et une curiosité communicative. Ses livres se dévorent comme un roman – lisez L’épopée amoureuse du papillon chez le même éditeur – alliant la subtilité de ses observations à un style fluide, poétique, léger qui m’enchante et se prête à merveille aux langages de l’amour, omniprésent dans tous ses textes. Entre la violette, le papillon et la femme qui fascine l’auteur au propre comme au figuré, mon cœur balance avec allégresse !
00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |
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08/09/2013
Isabelle Stibbe
Bloc-Notes, 8 septembre / Curio - Cologny
1934. Bérénice, adolescente juive, entre au Conservatoire contre la volonté familiale. La jeune fille, au prénom prédestiné, entame sa formation théâtrale dans la classe de Louis Jouvet. Sa vie est désormais rythmée par l’apprentissage des plus grands rôles du répertoire; elle croise Jean Gabin, Jacques Copeau, Jean-Louis Barrault… Admise à la Comédie-Française, Bérénice de Lignières devient une comédienne de renom. La montée du fascisme en Europe, les tensions politiques en France, les rivalités professionnelles, les intrigues amoureuses, rien n’entache le bonheur de Bérénice. Mais au tout début de l’Occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la maison de Molière exclut les Juifs de sa troupe. La brillante sociétaire, qui avait dissimulé ses origines, est alors rattrapée par son passé. Sous les ors et les velours de la Comédie-Française, au cœur du Paris de l’Occupation, vont se jouer les actes d’un drame inédit: celui d’une actrice célèbre prise au piège d’une impitoyable réalité. Une trajectoire captivante de femme et d’artiste qui rend justice, à sa façon, aux destins brisés par la folie meurtrière de la Seconde Guerre mondiale...
Une bien heureuse surprise que ce premier roman dont le titre, à lui seul, Bérénice 34-44, résume bien le destin tragique de Bérénice de Lignières, une rebelle face aux siens, puis aux règles érigées par le pouvoir en place de cette triste époque. Au nom de quoi donc? De l'art et du théâtre en particulier ici, défi permanent à la folie des hommes et arme indispensable capable d'exalter la vie: sa beauté, son sens, sa raison d'être, même si le bruit des bottes est tout proche. Jusqu'à quel point? Isabelle Stibbe restitue avec beaucoup de finesse, dans ce contexte historique précis, la confrontation inévitable entre la culture qui revendique sa liberté d'expression et la barbarie qui l'étouffe. Ainsi le camp choisi par son héroïne, prolongeant sa passion et ses convictions, quelles qu'en soient les conséquences sur sa destinée.
A ce portrait bouleversant - parachevé avec soin par ceux de Alain Baron et de Nathan Adelman, ses proches - il faut ajouter qu'on ne boude pas le plaisir de pénétrer en compagnie de Isabelle Stibbe dans les coulisses de la Comédie-Française, dont elle maîtrise parfaitement le sujet, ayant été responsable de ses publications, avant de rejoindre le Grand Palais, puis en qualité de secrétaire générale, l'Athénée Théâtre Louis Jouvet.
Malgré la gravité du sujet - si souvent abordé en littérature - l'auteur évite avec sa sensibilité délicate les clichés et les accents mélodramatiques. Tout au contraire, son récit est pudique, passionné, généreux, et nous fait chavirer - d'exultation en tristesse - du premier mot au dernier avec un incomparable bonheur.
Bérénice, ma femme de musique, j'arrête d'attendre. Un cargo part dans deux mois pour l'Amérique. C'est largement le temps que tu reçoives cette lettre et que tu fasses le voyage pour me rejoindre. Un mot de toi et nous partirons ensemble comme nous aurions dû le faire dès le début. Après il sera trop tard... (...) Nous ferons le trajet plein d'espoir comme les pionniers des temps passés. La statue de la Liberté nous ouvrira généreusement ses bras. L'apercevoir du bateau fera couler nos larmes de joie. Nous habiterons New York ou Los Angeles, nous fréquenterons les artistes qui ont déjà gagné l'Amérique: Darius Milhaud, Lion Feuchtwanger, Pierre Monteux, Otto Klemperer, Bruno Walter. Nous reconstituerons le Paris que nous aimons, celui d'avant la guerre où chaque café était la promesse de rencontrer un frère, où l'on pouvait partager entre artistes un beau soleil, une idée poétique au lieu de parler restrictions, bombardements et abris...
Un grand roman, un vrai!
Isabelle Stibbe, Bérénice 34-44 (Serge Safran, 2013)
18:35 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |
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07/09/2013
Jules Grasset
Jules Grasset, Minuit à Sain-Germain (Héloïse d'Ormesson, 2008)
Démodé, le roman policier à la Simenon? Pas vraiment! Pour preuve ce petit bijou de Jules Grasset, avec une intrigue (jeune femme légère assassinée dans un palace, un mystérieux carnet de notes et des collections fétichistes!) captivante dès les premières lignes et qui tient en haleine jusqu’au bout. Les personnages sont crédibles, originaux, et on retrouve avec plaisir le très sympathique et sagace commissaire Mercier, déjà présent dans le titre précédent de cet auteur, Les violons du diable qui a obtenu le Prix du Quai des Orfèvres 2004 – une distinction rare pour un auteur qui est d’abord… médecin!
06:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |
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