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16/08/2013

Françoise Cloarec

9782752903648.gifFrançoise Cloarec, Séraphine - La vie rêvée de Séraphine de Senlis (Phébus, 2008)

 

Ce récit est un voyage au cœur de l’intériorité d’une peintre méconnue du grand public, décédée en 1942, dont l’itinéraire ne manque pas de rappeler le destin tragique de Camille Claudel. Illustré par des portraits de Séraphine, de ses tableaux ainsi que de quelques images tirées du film de Martin Provost réalisé en 2008, ce livre à l’écriture épurée lève le voile sur un personnage riche, à la frontière du mysticisme et de la folie. Il est aussi – et surtout – une méditation sur la création artistique, sa ferveur, l’incompréhension ou la moquerie qu’elle suscite chez les autres. Ce texte qui puise à toute la documentation disponible son contenu, est rendu extrêmement attachant par les réflexions de Séraphine elle-même, dont l’intimité semble se dévoiler sous nos yeux. Lumineux et bouleversant.

 

également en format de poche (coll. Libretto/Phébus, 2011)

09:36 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

14/08/2013

Le poème de la semaine

Catherine Pozzi

La grande amour que vous m'aviez donnée
Le vent des jours a rompu ses rayons -
Où fut la flamme, où fut la destinée
Où nous étions, où par la main serrée
Nous nous tenions
 
Notre soleil, dont l'ardeur fut pensée
L'orbe pour nous de l'être sans second
Le second ciel d'une âme divisée
Le double exil où le double se fond
 
Son lieu pour vous apparaît cendre et crainte,
Vos yeux vers lui ne l'ont pas reconnu
L'astre enchanté qui portait hors d'atteinte
L'extrême instant de votre seule étreinte
Vers l'inconnu.
 
Mais le futur dont vous attendez vivre
Est moins présent que le bien disparu.
Toute vendange à la fin qui vous livre
Vous la boirez sans pouvoir être qu'ivre
De vin perdu.
 
J'ai retrouvé le céleste et sauvage
Le paradis où l'angoisse est désir.
Le haut passé qui grandit d'âge en âge
Il est mon corps et sera mon partage
Après mourir.
 
Quand dans un corps ma délice oubliée
Où fut ton nom, prendra forme de cœur
Je revivrai notre grande journée,
Et cette amour que je t’avais donnée
Pour la douleur.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

00:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/08/2013

Morceaux choisis - Aurélia Lassaque

Aurélia Lassaque

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Nous creuserons de nouveaux sillons
que nous couvrirons de cendre.
Nous verrons mourir le vent qui charrie l'oubli.
J'aurai des pommes dans ma poche
volées à plus pauvre que moi.
Nous les pèlerons avec des épées.
Et avec les restes de nos rêves
nous en bâtirons d'autres
par-delà les feux
et la frontière du regard.
 

Aurélia Lassaque, dans: Pas d'ici, pas d'ailleurs - Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines / présentation et choix: Sabine Huynh, Andrée Lacelle, Angèle Paoli, Aurélie Tourniaire / préface: Déborah Heissler (Voix d'Encre, 2012)

image: Dace Liela, On the Beach / 2000 (regard-est.com)

07:44 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/08/2013

Le poème de la semaine

Philippe Jaccottet

Tournent les martinets dans les hauteurs de l'air:
plus haut encore tournent les astres invisibles.
Que le jour se retire aux extrêmités de la terre,
apparaîtront ces feux sur l'étendue de sombre sable...
 
Ainsi nous habitons un domaine
de mouvements et de distances:
ainsi le coeur va de l'arbre à l'oiseau,
de l'oiseau aux astres lointains,
de l'astre à son amour.
Ainsi l'amour dans la maison fermée s'accroît,
tourne et travaille,
serviteur des soucieux portant une lampe à la main.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

06/08/2013

Jean-Luc Coatelem

littérature; voyages; livresJean-Luc Coatelem, La consolation des voyages (Grasset, 2004)

Ile de Robinson, Bretagne hantée, improbable Patagonie, rêveuses Marquises ou dédale d'un Pékin mystérieux... Et si la géographie était la plus belle des consolations? Bagages en main, l'écrivain-voyageur Jean-Luc Coatalem nous embarque au gré des latitudes pour un périple dans le temps, l'imaginaire, mais aussi les souvenirs et les lectures. Et parce que, chez lui, la géographie n'est pas qu'une affaire de cartes mais aussi un millefeuille de noms et de saveurs, chacune de ses escales livre son lot de rencontres et d'échos. Drôles, inattendues ou insolites, elles ont toutes quelque chose en commun. Appelons ça l'émotion du Grand Dehors! Ici, une troublante Goanaise, un surfer à Nice, des mutins tatoués, un cargo en rade à Valparaiso, là un hôtel oublié à Terre-Neuve, une Italienne sur les rives d'un lac. Une fugue qui, par cent chemins, ressemble à des retrouvailles. L'Ailleurs y a décidément le goût épicé du monde.

Retrouvez Paul Gauguin, Pierre Loti, Victor Segalen, Arthur Rimbaud ou Blaise Cendrars au fil de ces récits captivants qui réservent quelques surprises. Une bouffée d’air pur!

Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2006)

08:37 Écrit par Claude Amstutz dans Documents et témoignages, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; voyages; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/08/2013

La citation du jour

Andrée Chedid

citation; livres

Il est vital pour le poète de lever des échos, et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde aux solitudes; mais aussi, nul n'a plus besoin que sa terre soit visitée.

Andrée Chedid, Terre et poésie (GLM, 1956)

18:20 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/08/2013

Morceaux choisis - René Char

René Char

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merci à Josette Simone A

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima? 

Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part. 

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse. 

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?



René Char, Allégeance, dans: Eloge d'une soupçonnée, précédé d'autres poèmes 1973-1987 (coll. Poésie/Gallimard, 2001)

Poème lu par René Char

image: meknessiiya.skyrock.com

11:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, René Char | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

02/08/2013

Lire les classiques - Gérard de Nerval

Gérard de Nerval

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Il est un air, pour qui je donnerais,
Tout Rossini, tout Mozart et tout Weber. 
Un air très vieux, languissant et funèbre,
Qui pour moi seul a des charmes secrets!
 
Or, chaque fois que je viens à l'entendre,
De deux cents ans mon âme rajeunit...
C'est sous Louis treize; et je crois voir s'étendre
Un coteau vert, que le couchant jaunit;
 
Puis un château de brique à coins de pierre,
Aux vitraux teints de rougeâtres couleurs,
Ceint de grands parcs, avec une rivière
Baignant ses pieds, qui coule entre les fleurs;
 
Puis une dame à sa haute fenêtre,
Blonde aux yeux noirs, en ses habits anciens,
Que dans une autre existence peut-être,
J'ai déjà vue...et dont je me souviens!
 

Gérard de Nerval, Fantaisie, dans: Claire Julliard, Petite anthologie des plus beaux poèmes du bonheur (L'Instant Cupcake, 2013)

image: Edmund Blair Leighton, The End of The Song (canvaspaintingforsale.com)

11:06 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

01/08/2013

Morceaux choisis - Charles Ferdinand Ramuz

Charles Ferdinand Ramuz

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Les Vaudois sont un peuple gâté, qu'ils le disent donc: ils le disent. Les Vaudois sont un peuple auquel il ne manque rien: l'opinion qu'ils expriment publiquement est en effet qu'il ne leur manque rien. D'où alors ce vide qu'ils ne peuvent pas ne pas ressentir quand ils descendent au fond d'eux-mêmes, comme il leur arrive de faire au moins une fois, vers vingt ans? Voyez aussi que, pour peu qu'ils s'en aillent et quand ils rentrent au pays, beaucoup n'y peuvent pas tenir et s'expatrient à nouveau. Nous sommes un pays où on ne revient pas. On n'y peut pas revenir; on y reste, parce que c'est seulement en y restant qu'on arrive à s'en contenter. Peu à peu les poumons s'habituent à un certain renfermé qui est insupportable à ceux qui ont connu l'espace. Songez à tous ces Suisses de Russie revenus, et puis repartis; car ils préféraient avoir faim. Et nous sommes quelques-uns quand même à en avoir fait l'expérience: quelques-uns qui sont sortis, et puis qui sont rentrés; mais qui n'y ont tenu qu'en constituant autour d'eux un coin de territoire à eux, une zone de protection, mise tacitement au bénéfice du principe d'exterritorialité; - c'est-à-dire qu'ils ne se sont pas conformés. Ils vivent à une autre échelle. Ils sont dans ce pays comme s'ils n'y étaient pas. Là est leur risque, car ils ont au moins besoin d'un risque; et c'est précisément l'existence même du risque que le conformisme n'admet pas. (...)

Le conformisme n'admet pas d'état net, il n'a de rien autant horreur que des genres tranchés. Il s'est fait un cocon d'idées, où il est au chaud, d'autant plus au chaud qu'elles sont plus confuses, plus duveteuses, plus molletonnées. Il s'y tient renfermé avec ce qu'il aime, avec ceux qu'il aime, ceux qu'il a une fois admis, qui sont toujours un peu les mêmes et, parce qu'ils lui ressemblent, se ressemblent entre eux. Et tout ce qui ne lui ressemble pas exactement, il l'ignore, tout ce qui n'est pas exactement conforme. Il peut lui naître tous les grands peintres, tous les grands écrivains, tous les grands savants qu'on voudra: il ne pourra pas les ignorer sans doute, il ne les accueillera pas. Il ne faut pas que rien ne puisse changer au sein d'un petit univers où depuis longtemps tout est à sa place, ni dans cet état de demi-torpeur où le conformisme se complaît. Et pour combien de temps encore? Là est justement la question; mais ce peuple entend y rester le plus longtemps possible, et c'est son droit.

Il défend son bien, quel qu'il soit. Un bien où il y a, en effet, de très bonnes choses (car les idées, pour lui, et l'art et l'expression, s'il ne juge pas qu'il peut s'en passer, ne sont que choses très accessoires, et du dehors, et mises là pour faire beau), - qui est son vin que j'aime, de la saucisse aux choux, du pain de ménage, que j'aime. Je redeviens sur ces points-là conformiste, moi aussi. De sorte que j'aime ce pays, qui est le mien, et j'y participe, puis m'en évade; je ne peux pas ne pas y vivre, et j'y vis, mais je n'y suis pas.  

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Charles Ferdinand Ramuz, Conformisme (Séquences, 1996)

image 1: Blason du Canton de Vaud / Suisse (arcinfo.ch)

image 2: Charles Ferdinand Ramuz (lecippe.ch)

image 3: François Bocion, Le Château de Glérolles (repro-tableaux.com)

31/07/2013

Le poème de la semaine

Jean-Pierre Schlunegger

Je dis: lumière,
et je vois bouger de tremblantes verdures.
Je dis: lac,
et les vagues dansent à l'unisson.
Je dis: feuille,
et je sens tes lèvres sur ma bouche.
Je dis: flamme, 
et tu viens, ardente comme un buisson.
 
Je dis: rose,
et je vois la nuit qui s'ouvre à l'aube.
Je dis: terre,
un sommeil aveugle, un chant profond.
Je dis: amour,
comme on dit tendre giroflée.
Je dis: femme,
et déjà c'est l'écho de ton nom.
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle