Le poème de la semaine (22/01/2014)
Maurice Chappaz
Notre vie avec ses oeuvresne dure pas plus qu'un paquet de tabac,y compris le pays où j'attends;telle la petite fumée qui s'échappecomme si j'étais cette petite fuméeau moment où la pipe reste chaude dans la mainaprès avoir été expirée. Les années s'éteignent. Le savoure la dernière braise. Je trébuche après avoir fuméentre un "Pater" et un "Ave".J'ouvre, je ferme les yeux.Tout se mélange,et dans ma mémoire qui s'effaceje me retrouve avec les petits lacsqui bougent dans les montagnestelles des paupières. Le soleil à peine disparu,il y eut une giclée de lune:le croissant s'infléchit très jaunedans une échancrure de la montagne,une gorge l'avale. Elle surgit,brille de plus en plus,m'éblouit. D'un instant à l'autre,je vois deux lunesqui voisinent puis s'enfoncent. De nouveau une seule lèche les ténèbres.Un brasier de feu remue,enfin quelques tisons se dissipent dans les rochers. Mes pensées me dépassent,filent en moi, obscures, tronquées,s'évanouissent en traits plus noirs que la nuit.Elle limpidement obscure. Il y a des traits noirs. Ces traits noirs sont de petits oiseaux inconnus,leurs ailes cernent en allées et venuesles parois du chalet,à peine ai-je le temps de les apercevoir. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:09 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |