15/01/2014
Le poème de la semaine
Louise de Vilmorin
De ce temps si vite passéRien n’est resté à la patience. Je n’eus pas le temps d’y penserNi de faire un traité d’allianceJ’ai tout pris et tout dépensé. Chaque plaisir, chaque malaiseTrouvaient les mots qui font pâlir. Rimes du cœur sous les mélèzes,La forêt comprend le désirEt pleurait pour que mieux je plaise. J’ai pris le rire en sa saisonQuand il venait en avalanche. Quand parfumés de déraisonS’ouvraient les jasmins à peau blancheJ’acceptais la comparaison. Il faisait bon si j’étais bonneMeilleur si je faisais semblant. Les vœux qu’on ne dit à personneÉveillés par le cri des paonsChantaient au remords qui fredonne. La neige tombe, ohé! traîneauJe vais partir en promenade. La neige anoblit mon manteauJe suis la reine des nomadesDans mon lit à quatre chevaux. Je suis la reine sans coutumesQui connaît tous les jeux anciens. La parole était mon costumeEt la lune mon petit chienJaloux d’un astre qui s’allume. Une larme au bord de mes cilsJe dois poursuivre mon voyage. Beau château restez de profil,Pour rebroder vos personnagesJe prends mon aiguille et mon fil. Le bonheur est un invalideQui passe en boitant comme moi. Il n’a pas l’épaule solideMais je sais ce que je lui dois:Mon cœur est plein, j’ai les mains vides. Quelques traces de craie dans le ciel, Anthologie poétique francophone du XXe siècle
04:04 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature;poésie | | Imprimer | Facebook |
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