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24/08/2012

Au bar à Jules - De la traduction

Un abécédaire - T comme Traduction

Walter Benjamin.jpg

Tahar Ben Jelloun utilise une image amusante pour évoquer les problèmes de la traduction, quand il dit: Les traductions sont comme les femmes. Lorsqu'elles sont belles, elles ne sont pas fidèles, et lorsqu'elles sont fidèles elles ne sont pas belles. Et souvent, en tant que lecteur, j'ai éprouvé ce sentiment équivoque à propos d'oeuvres littéraires lues en traduction.

Grande fut ma déception à la lecture de Sur la plage de Chesil de Ian McEwan (Gallimard) lu dans les deux langues, qui reprend presque mot pour mot le texte anglais, mais sans la couleur, l'harmonie et l'étrangeté originale: toute la difficulté d'une langue trop cartésienne pour un sujet où la musique occupe une place primordiale. A l'inverse, Le poids du papillon de Erri de Luca (Gallimard) restitue à merveille la saveur de la langue, la profondeur des images, l'intériorité de l'écrivain. Cela dit, les bons traducteurs sont rares et coûtent très cher aux éditeurs. Dominique Bourgois explique ainsi pourquoi le prix de vente de ses romans est parfois élevé. A son catalogue - et cela devrait lui faire plaisir - je compte deux des plus belles traductions de ces dernières années: celle de Marc Amfreville pour Lark et Termite de Jayne Anne Phillips, et celle de Eric Chédaille pour Comment peindre un homme mort de Sarah Hall. Deux chefs-d'oeuvre!  

C'est chez Walter Benjamin que j'ai lu ce qui me semble le plus authentique dans l'approche de la traduction: La vraie traduction est transparente, elle ne cache pas l'original, elle ne se met pas devant sa lumière, mais c'est le pur langage que simplement, comme renforcé par son propre médium, elle fait d'autant plus pleinement tomber sur l'original. Un exercice difficile, mais passionnant. Umberto Eco résume bien cet état des lieux: Au cours de mes expériences d'auteur traduit, j'étais sans cesse déchiré entre le besoin que la version soit fidèle à ce que j'avais écrit et la découverte excitante de la façon dont mon texte pouvait se transformer au moment où il était redit dans une autre langue (...) et parfois amélioré.

Enfin, une traduction qui ne vieillit pas est-elle mauvaise? Oui, je le crois, car - contrairement à la musique, mais pas à ses enregistrements - elle est inscrite dans un temps obéissant à un langage, un goût de l'époque ou une sensibilité particulière dont le sens peut se diluer au fil du temps. Cela vaut pour nombreux ouvrages de ma bibliothèque, de Fédor Dostoïevski à Virginia Woolf. Pour William Shakespeare aussi dont les traductions de Pierre Messiaen m'ont enchanté dans ma jeunesse, mais qui ont vieilli et auxquelles je préfère aujourd'hui celles de Jean-Michel Desprats.

Pourtant, au-delà des affinités de langue, de discours, de culture ou de lien historique, l'appréciation d'une traduction reste essentiellement personnelle, subjective. Et qu'est-ce que j'y cherche, souvent, sinon un reflet de ce que je suis, ce que j'aime, ce que - inconsciemment la plupart du temps - je veux retrouver dans un texte? Et si je privilégie une traduction désormais ancienne, n'est-ce pas afin de laisser perdurer le souvenir heureux de la découverte première d'un texte qui m'a ébloui? Yves Bonnefoy parle de ce problème délicat du lecteur posé au traducteur, lui qui tente humblement de prendre la mesure du monde, avec discrétion et légèreté...

Umberto Eco, Dire presque la même chose - Expériences de traduction (Grasset, 2007)

Walter Benjamin, La tâche du traducteur, précédé de: Expérience et pauvreté - Le conteur  (coll. Petite Bibliothèque/Payot, 2011)

image: Walter Benjamin

21/08/2012

Morceaux choisis - Tamara Ganieva

Tamara Ganieva

Plage FB.jpg

J'ai cent ans
Je mesure en siècles
La tristesse de mes victoires et de mes défaites
Je n'interroge pas avec ma curiosité oiseuse
Le lointain encore invisible de mon destin...
 
L'année a passé
Est-ce un siècle?
La plaine des années est vaste...
Et leur compte est sans fin
 
Seule dans les ténèbres, fière et insoumise,
J'observe leur cours infini...
 
Je suis une femme
Je touche à l'éternité
J'ai vécu et lutté des centaines d'années
Dans les bras du Temps je fusionne avec lui
 
Viens, mon heure! Je t'ai tant attendue!
Prends-moi
Garde-moi! 
Donne-moi les brides d'un cheval invisible
Je ramènerai ma tresse en chignon
Et je m'envolerai
Sans qu'on puisse me retenir!
 

Tamara Ganieva, Voix de femmes - Anthologie / Poèmes et photographies du monde entier (Editions Turquoise, 2012)

image: sophieetlavie.over-blog.com

11:20 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/08/2012

Morceaux choisis - Marina Tsvetaeva

Marina Tsvetaeva

littérature; poésie; anthologie; livres

Il est une heure légère
comme un sac jeté à terre,
orgueil dompté en soi!
L'heure du disciple,
dans la vie de tous elle sonne,
retentit et puis s'en va.
 
Heure solennelle:
rendant les armes
devant celui que Sa main désigne,
nous échangeons la pourpre du guerrier,
contre la peau d'une bête fidèle.
 
O heure bénie qui nous appelle
et nous enlève au jeu des jours,
ô heure oû le fruit mûr et lourd,
gonflé de sève, fait ployer la branche.
 
L'épi grossit.
Sonne l'heure joyeuse,
les graines appellent le moissonneur.
La loi
- joug espéré, destin -
a retenti dès le sein de la mère!
 
Heure du disciple!
Déjà visible et pressentie
- vient à sa suite, bénie sois-tu -
l'heure sublime,
de solitude lumineuse.
 

Marina Tsvetaeva, Mon dernier livre / édition bilingue - 1940 (Cerf, 2012)

traduit du russe par Véronique Lossky

image: lewebpedagogique.com

09:29 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

13/08/2012

Lire les classiques - John Keats

John Keats

perronneau.jpg

Le jour s'est enfui - et toutes les douceurs avec lui!
Douce voix, douces lèvres, douce main, seins plus doux encore,
Souffle chaud, soupirs de transe, tendre chuchotement,
Oeil brillant, forme accomplie, taille langoureuse!
Enfuis la fleur et ses charmes rêvés
Enfuie de mes yeux la vue de la Beauté
Enfuie de mes bras la forme de la Beauté
Enfuies, la voix, la chaleur la blancheur paradisiaques
Disparues sans attendre, avec la lumière,
Quand le jour et la nuit ont commencé à tisser
La trame épaisse d'ombre du Plaisir secret.
Mais j'ai lu tout le jour le missel de l'Amour
Et il me laissera dormir, voyant que je jeûne et prie.
 

John Keats, Les Odes (Arfuyen, 2009)

traduit de l'anglais par Alain Suied

image: Jean-Baptiste Perronneau, Mademoiselle Huquier, 1747 (eurocles.com)

11:08 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

11/08/2012

Carson McCullers

9782253035893.gifCarson McCullers, La ballade du café triste (Coll. Livre de poche, 2000)

Amelia Evans inspire le respect de ses concitoyens : on apprécie autant l'alcool qu'elle distille clandestinement que ses talents de guérisseuse. Le mystère plane cependant autour d'elle... Cette aventure pleine de mystère et d'humour donne son titre à ce recueil de nouvelles très représentatives du talent de Carson McCullers.

Peu d’écrivains ont su, avec autant de simplicité et d’émotion contenue, évoquer ce besoin effréné d’amour, en contrepoint à la solitude, à l’injustice, à la fragilité intérieure des êtres. L’immense écrivain de Le cœur est un chasseur solitaire signe, avec ce livre, un chef-d’œuvre de la littérature américaine.

04:18 Écrit par Claude Amstutz dans Carson McCullers, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; nouvelles; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/08/2012

Morceaux choisis - Vincenzo Consolo

Vincenzo Consolo

littérature; récit; morceaux choisis; livres

Alors toi, les vains présents des hôtes moqueurs, la tromperie du viatique, la hantise du but (tu as enfermé tes remords dans la cage de l'eau, dans la volière du vent) et moi, voix rauque dans l'air retentissant, gauche rapporteur de ton long voyage, allons. Le navire laboure l'étendue plate, le courant blafard, il fait lentement voile vers le port sûr, le rivage certain, vers les spectres du temps. L'histoire est toujours la même.

La tempête s'est apaisée, dans la grotte la nappe de l'écume se fige sur la jarre enfouie. Tu espères que le cercle - stigmates, taches et mousses fiévreuses - se refermera dans le calme. Ignore le présage, le doute philologique, qu'il puisse t'arriver de loin ou de la mer. Tu ne sais à qui dévoiler le secret qui gît dans les racines, dans le tronc de cet arbre, ta maison est vide, ton appel se perd en traversant les chambres. Tu avances en des couloirs d'ombre, tu te retournes et ne vois que tes traces. Une poussière tomba sur tes yeux, un sommeil dans l'absence. Que la fumée du soufre serve à ta conscience. Que le calme t'aide à présent à retrouver ton nom d'antan, le point de départ.

In my beginning is my end.

Et pourtant, des sirènes hurlent dans cette anse, des carcasses remontent à la surface, des navires clandestins abordent, l'aube ouvre leur vol aux oiseaux de passage. Par deux, gendarmes et artificiers avancent, en groupes, les âmes dissoutes, parfois les voix, les visages, les rues, les portes d'entrée et de sortie se confondent.

Recherche dans le grenier catalogues et cartes, recommence à partir de pâles traces - le désert est angoisse - la piste que le sable a recouverte. Que l'ermite, l'exilé, le reclus t'assistent, que la flamme d'une lampe, les sonorités du soir te guident, que ta peine, ta détresse t'absolvent.  

Vincenzo Consolo, Le palmier de Palerme (Seuil, 2000) 

traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro

07/08/2012

Francesco Savio

Bloc-Notes, 7 août / Les Saules

littérature; roman; livres

Cherchez-vous une lecture agréable à emporter dans vos bagages? En voici une que je vous recommande avec enthousiasme, alternant légèreté et gravité: Mon père était très beau, écrit par Francesco Savio, auteur italien né à Brescia en 1974, libraire et lecteur aux éditions Feltrinelli, passionné de sport. Le cyclisme et le football tout particulièrement.

Il signe avec Mon père était très beau son premier récit. C'est l'histoire de Nicola, un garçon de neuf ans qui a perdu son père Guerrino, n'est pas très bon élève en classe, mais en revanche doué pour le sport qu'il pratique avec son copain Andrea; aussi pour épater Aurora, la plus jolie fille de l'école, aux yeux bleus aussi profonds que l'océan. 

Avec la mort de son père, il lui semble tout perdre, et pour commencer ses rêves: ne pas devenir matelassier comme ses parents Guerrino et Leonilde, mais un grand footballeur, à l'image de son idole Michel Platini. Ce maillot-là, un jour, ce serait le mien. Après quelques années passées dans l'équipe de ma ville, j'irais jouer à la Juventus. Certains supporters auraient du mal à digérer mon transfert chez les Bianconeri de Turin mais ensuite, l'idée qu'on ne pouvait refuser la Juventus l'emporterait, en particulier chez ceux qui comme moi avaient eu pour idole dans leur enfance Michel Platini.

Les souvenirs de cette famille unie et sans histoires s'entrechoquent dans sa mémoire: il revoit son père - qui lui fait penser à Fausto Coppi - avec sa bicyclette rouge posée contre un mur, dégustant des marrons chauds tirés de son cornet, ou assis sur le canapé du salon, grillant quelques cigarettes en regardant le Giro; Leonilde l'accompagnant dans une Fiat 127 gris métallisé au centre sportif de la Pendolina; le ballon de foot à l'intérieur de l'appartement que Nicola envoie voltiger au milieu des flacons de parfum de sa soeur Camilla; la tragédie du Heysel où trente-neuf personnes ont perdu la vie; le visage de sa mère enfin, avec, au fond de ses yeux - depuis la mort de Guerrino - des nuages prêts à pleuvoir. Et ce temps trop court qu'il n'a pas eu le temps de partager avec son père.

Ce qui rend ce livre particulièrement touchant, tient à ce qu'il se raconte sous le plume d'un enfant qui nous partage son quotidien dans les années 80, à la fois manque du père, mais de même plaisir de la vie, souvenir heureux et protection affectueuse sous les traits de Leonilde et des contours de sa ville. Une histoire simple comme je les aime:

Je voudrais emporter avec moi plus de choses que ce dont j'arrive à me souvenir. Une foule d'images me reviennent maintenant en mémoire, mais je suis trop pressé et j'en oublie. J'aimerais remplir une boîte avec tous les souvenirs que j'ai. Mais j'aurais alors besoin de plusieurs boîtes et puis d'autres encore où mettre chaque événement que je n'aurai jamais le temps de revivre. Les boîtes seraient si nombreuses qu'à la fin, j'aurais besoin de plus en plus de pièces puis de maisons pour les contenir. Toutes ces boîtes, je les scellerais ensuite avec une cire à cacheter qui pourrait se décoller quand tu seras grand, de sorte que chaque jour où je te manquerai, tu pourrais projeter ma vie dans ta chambre, avec un mur pour écran et photogramme, chacun de mes souvenirs.  

Francesco Savio - grand amoureux de la littérature - aux dires de son éditeur, regarde tous les dimanches un match de foot au stade ou à la télévision, ce qui n'étonnera personne. L'an dernier, avec Antonio Gurrado, il a publié Anticipi, posticipi, consacré... au football!    

Francesco Savio, Mon père était très beau (Le Dilettante, 2012)

image: Michel Platini (oldschoolpanini.com)

00:22 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

06/08/2012

William Faulkner

littérature: roman; livresWilliam Faulkner, Tandis que j'agonise (Coll. Folio/Gallimard, 2002)

Ce roman novateur se déroule dans le Mississippi et raconte le décès d'Addie Bundren, puis le transport de son corps par sa famille vers sa ville d'origine, Jefferson. Addie a fait promettre à son mari, Anse Bundren, de l'enterrer parmi les siens dans le but de lui imposer ce pénible voyage. Anse s'est depuis longtemps construit un personnage de malade ou d'invalide qui lui permet de se décharger de ses responsabilités. En dehors de la parole donnée à sa femme, il ne semble préoccupé que par l'achat d'un dentier... Dans un pays dur aux hommes de la terre, la mort de Addie Bundren, par la voix de tous les protagonistes  est un modèle de construction littéraire intégrant les thèmes chers à son auteur : Les réalités sociales, les angoisses de l’individu face à la vie et la mort. L'humour noir n'est pas exempt de cette histoire et n'en accentue que davantage la férocité et la détresse des hommes.

publié dans le supplément La bibliothèque idéale des vaudois / 24 Heures

07:24 Écrit par Claude Amstutz dans La bibliothèque idéale des vaudois, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/08/2012

Morceaux choisis - Gesualdo Bufalino

Gesualdo Bufalino

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Que l'automne vienne nous dire
que nous sommes vivants,
assis sur le talus roux
à regarder l'eau qui s'en va.
 
Et que reviennent
les chiffons bleus aux grilles,
les dieux chastes de craie,
les roses déchirées, 
les habits florissants des fiancés,
que le temps
rénove ses apprêts de douceur.
 
Tandis que l'air
ravit dans son sommeil
les feuilles de sang,
et que ce séduisant soleil exilé
caresse délicatement mon front,
il est si doux de m'arrêter ici
pour te dire adieu,
ô ma jeunesse,
ma jeunesse.
 

Gesualdo Bufalino, Le miel amer / édition bilingue (L'Amourier, 2006)

traduit de l'italien par Renato Corona

image: photoree.com

04/08/2012

Morceaux choisis - Claudio Magris

Claudio Magris

Claudio Magris.jpg

Il y a des gens qui se vantent d'avoir beaucoup aimé et d'autres qui s'accusent d'être incapables d'aimer. L'une et l'autre de ces déclarations, même si elles sont sincères, ont souvent quelque chose de théâtral qui les rend suspectes. Il y a beaucoup d'histoires d'amour de par le monde - passionnées, douloureuses, violentes, vulgaires -, mais peut-être peu de vrais amants. Ceux qu'il est le plus difficile de croire - bien qu'ils soient presque toujours de bonne foi, comme tous les bonimenteurs qui s'enflamment et s'identifient à leur rôle quand ils refilent une camelote de n'importe quelle espèce, sublime au besoin -, ce sont peut-être les coeurs toujours en proie à la passion qui les enivre et les déchire, ceux qui perçoivent intensément et poétiquement la séduction de toute la vie et sa fuite vertigineuse, qui tombent amoureux de chaque fleur dans son épanouissement fugace, de chaque visage enchanteur et de chaque sourire fugitif, comme on est séduit par la lumière de midi, le chant des cigales, les premiers perce-neige. 

Cet amour a quelque chose d'irrésistible mais il n'est jamais tourné vraiment vers une personne, son existence et son histoire, vers un être aimé et ressenti comme unique, irremplaçable et sans égal, parce que le souffle incessant et changeant de la vie emporte toujours ailleurs la fantaisie. Il se souvient avec une tendresse affectueuse et indifférente, comme on se souvient avec nostalgie de l'intense feu estival des lauriers-roses, si vite éteint, mais bientôt on confond cette floraison avec celle de l'été précédent ou de celui qui va venir et l'on ne sait plus très bien quelle fleur on a le plus aimée.

Claudio Magris, Les déficits de l'amour - Alphabets (L'Arpenteur, 2012)

traduit de l'italien par Jean et Marie-Noëlle Pastureau

image:  Claudio Magris

12:26 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |