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04/10/2012

Morceaux choisis - Hermann Hesse

Hermann Hesse

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pour Catherine P et Judith S

Certaines années, notre été tessinois ne peut se décider à prendre fin. Si, assez souvent, après de fortes chaleurs, il se déchaîne soudain vers la fin d'août ou au début de septembre en un brutal orage et en plusieurs jours de pluies torrentielles, puis se retrouve busquement vieilli, brisé et s'éclipse, l'air morne et tout honteux, les autres fois il se maintient semaine après semaine sans orages, sans pluie, aimable et paisible comme ces étés finissants que décrit Stifter, tout azur et or, tout de paix et de douceur, interrompu seulement parfois par le foehn qui, un jour ou deux, secoue les arbres et fait tomber prématurément les châtaignes prisonnières de leurs bogues vertes, rend le bleu encore un peu plus bleu, le mauve tendre et chaud des montagnes encore un peu plus clair et ajoute un degré de limpidité à l'air cristallin. Lentement, au fil de nombreuses semaines, les feuilles se colorent, la vigne devient jaune, marron ou pourpre, le cerisier d'un rouge écarlate, la ronce dorée, tandis que les petites feuilles ovales prématurément jaunies des acacias scintillent comme autant d'étoiles dispersées dans le bleu sombre de leur feuillage.

Depuis bien des années, douze déjà, j'ai vécu ici ces étés finissants et ces automnes, promeneur sans but, spectateur recueilli, peintre; et lorsque commençaient les vendanges et que flamboyaient, entre la vigne d'un brun doré et les grappes d'un bleu noir, les fichus des femmes et que retentissaient les cris de joie des jeunes gens, ou que, par jours sans vent et légèrement couverts, je voyais s'élever partout dans le vaste paysage de notre vallée lacustre les petites colonnes de fumée bleue des feux d'automne campagnards enveloppant dans leurs volutes le proche comme le lointain, il n'était pas rare que je ressentisse un désir et une mélancolie tels que l'errant les éprouve en automne ou lorsque, vieillissant, il jette un regard par-delà les clôtures vers les autres, les sédentaires, ceux qui récoltent leurs grappes, les pressurent, engrangent leurs pommes de terre, marient leurs filles, font brûler leurs petits feux capricieux et griller les premières châtaignes ramassées à l'orée des bois.

Hermann Hesse, Tessin - textes de prose et poèmes / avec 16 aquarelles hors texte (Metropolis, 2000)

traduit de l'allemand par Jacques Duvernet

image: Hermann Hesse, Blick gegen Porlezza (1933)

16:21 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis, Rosebud | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; voyages; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

29/09/2012

Morceaux choisis - Alberto Savinio

Alberto Savinio

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Les routes de Capri sont toutes les mêmes: abouliques, sans résistance, de véritables bévues. Au moment crucial, elles vous abandonnent, pour vous reprendre peut-être un peu plus loin, par intermittence, par saccades. Des routes erratiques, comme les coups d'archet des violonistes magyars. En effet, peu après, le sentier disparaît lui aussi, et mon chemin n'est plus marqué que par la lisière des champs, les cailloux disposés en ligne qui entament parfois une brusque descente tels des lits de torrents asséchés.

Le profond silence n'est parcouru que par le bruissement léger des feuilles, brisé par le bruit sourd des coups de bêche d'un paysan solitaire que son oeil tente en vain de découvrir parmi les feuilles touffues des orangers, des citronniers, et les ramages sombres, plombés des oliviers.

Rapide comme l'éclair, un lézard traverse le sentier, s'arrête un instant, le coeur battant, me fixe du haut d'un rocher, puis file et disparaît dans une fente entre les pierres. Des aloès pointus, des figuiers de barbarie bordent le chemin. Cependant, là-haut, leurs feuilles larges et épaisses ne portent pas les stigmates des défoulements enthousiastes de visiteurs passionnés. La vague des touristes n'a pas déferlé jusqu'ici. Les étrangers sont rares sur ces hauteurs et ceux que l'on rencontre ont acquis un caractère paysan, local.

Je laisse derrière moi les maisons de Caprile qui descendent par degrés jusque dans les champs. La résidence où la reine de Suède est en villégiature brille entre toutes, plus blanche, plus haute, plus voyante derrière son parc touffu et obscur.

Les grandes fenêtres qui donnent sur les terrasses sont ouvertes. Le vent joue dans les rideaux blancs, sur le fond sombre et mystérieux des chambres. Sur le bord de la première terrasse, une toile tendue pour protéger du soleil vibre, gonflée par le vent. A l'ombre de la toile, un fauteuil d'osier couvert de coussins. Jadis, la reine attendait, installée dans ce fauteuil, que son époux revienne de la mer. Mais à présent, le fauteuil est vide, la toile claque au vent, solitaire. Je songe à ma lointaine enfance...

Alberto Savinio, Capri (Le Promeneur, 1989)

traduit de l'italien par Christian Paoloni

image: Jean-Jacques Henner, Maisons à Capri (culture.gouv.fr)

08:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; voyages; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/09/2012

Thomas Sanchez

9782070760299.gifThomas Sanchez, Le jour des abeilles (Gallimard, 2001)

 

Thomas Sanchez s’était fait remarquer il y a plusieurs années par Boulevard des trahisons et plus récemment avec King Bongo, deux romans qui peuvent figurer dans une bibliothèque de polars, même si leur caractère politique ou sociologique les intègre dans un champ beaucoup plus vaste. Avec Le jour des abeilles, il signe son chef d’œuvre avec une romance apparemment banale, sur fond de Seconde Guerre mondiale. Un Américain, professeur d'histoire de l'art, se rend en Europe afin de découvrir pourquoi un célèbre peintre espagnol a abandonné en Provence, pendant la Seconde Guerre mondiale, cette belle Française qui n'était autre que sa muse. La réalité – trompeuse – met en lumière un amour absolu, caché au nom des événements qui le contrarient et dont rien ne parvient à défaire les liens. Deux personnages bouleversants pour une histoire conduite avec beaucoup de pudeur et de sentiments, à la manière d’une enquête policière. Une révélation et... l'un de mes romans préférés!


Egalement disponible en coll. Folio (Gallimard, 2002)



06:20 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature sud-américaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

11/09/2012

La citation du jour

Husayn-Mansûr Hallaj

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J'ai à moi un Ami, je Le visite dans les solitudes. Présent, même quand Il échappe aux regards. Tu ne me verras pas Lui prêter l'oreille pour percevoir Son langage par bruit de paroles. Ses paroles n'ont ni voyelles, ni élocution, ni rien de la mélodie des voix. Présent, absent, proche, éloigné, Il est plus proche que la conscience pour l'imagination et plus intime que l'étincelle des inspirations. 

Husayn-Mansûr Hallaj, Dîwân - dans: Daniel-Ange, Les feux du désert, vol. 1/Solitudes (Rémy Magermans, 1973)

image: Le désert de Negev, Israël (123rf.com)

09/09/2012

Claudio Magris

Bloc-Notes, 9 septembre / Les Saules

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Né à Trieste en 1939, Claudio Magris est une figure incontournable de la littérature italienne actuelle - essayiste, romancier, journaliste, spécialiste des cultures germaniques - et pourtant, c'est avec près de dix ans de retard que les éditeurs français se sont intéressés à lui et ont publié - parmi d'autres ouvrages qui ont suivi - deux de ses oeuvres marquantes: Trieste - une identité de frontière (Seuil, 1982) et Danube (coll. Folio/Gallimard 1990). Plus récemment, un de ses textes très courts - Vous comprendrez donc (L'Arpenteur, 2008) - a connu un succès assez inattendu, grâce au soutien de nombreux libraires francophones.

Il nous revient aujourd'hui avec Alphabets, regroupant environ 80 chroniques parues pour la plupart dans le Corriere della Sera consacrées aux livres qui, pour lui, ont marqué l'histoire de l'humanité, le carrefour des civilisations, la charnière entre deux périodes de l'histoire. L'originalité de cet ouvrage tient à ce que ses lectures inventoriées en quelques coups de crayon, dirait-on, s'accompagnent d'une réflexion plus universelle sur des thèmes qui, de tous temps, ont préoccupé les hommes de lettres, les philosophes ou les historiens. Il aborde ainsi l'amour avec Goethe, le courage avec Kipling, la famille avec Tolstoï, le bonheur avec Hérodote, les fins dernières avec Epicure ou le premier livre entraînant tous les autres. Pour lui Les mystères de la jungle noire de Emilio Salgari. qu'il parcourt pour la première fois à l'age de six ans: Avec lui j'étais convaincu que les histoires se racontaient toutes seules et que les hommes, écrivains ou pas, avaient pour seule tâche de les répéter et de les transmettre. Depuis lors, j'ai toujours d'une certaine manière pensé que la littérature, dans son essense, est un récit oral et anonyme; il vaudrait mieux que les auteurs n'existent pas ou du moins ne soient pas identifiés, qu'ils soient toujours morts ou contraints à l'incognito et à la clandestinité.

S'il évoque à maintes reprises Novalis, Schiller et Kafka - il consacre un article conséquent à la culture pragoise - c'est dans la présentation des résistants de la pensée qu'il se montre à la fois passionnant et personnel, de Benjamin à Semprun, de Canetti à Jancar, de Konrad à Achebe. Au fil de ses déambulations, vous pouvez découvrir aussi un portrait saisissant de Robert Walser et de Muschg, qui est capable de saisir magistralement l'intensité, la passion, le désarroi avec lesquels les hommes vivent ce jeu imprévisible, déplaçant la réalité, au moindre léger changement de perpective qui modifie ou inverse l'image et le sens du monde.

Enfin, deux articles méritent une mention particulière: celui à propos du livre Le Stechlin de Fontane, écrivain allemand de la fin du XIXe siècle - s'inscrivant dans une de ces périodes où les valeurs classiques s'estompent et préparent celles de la modernité - et le double visage de Ernesto Sabato, auteur argentin du XXe siècle à l'honnêteté rigoureuse développée à travers ses romans et écrits autobiographiques.

Pour conclure, je ne résiste pas au plaisir d'ajouter ce que Claudio Magris dit à propos de la Bible, dépassant - et de loin - la question des croyances, appartenances religieuses ou non: La Bible est le grand code de la civilisation, non seulement par le répertoire de symboles, figures, images et histoires qu'elle a offert et continue à offrir aux siècles successifs, mais aussi parce qu'elle aborde, en les insérant dans le récit épique et sensuel, des vicissitudes concrètes vécues par des hommes et par un peuple, les thèmes fondamentaux de toute vie, individuelle et collective: naître, désirer, errer, fonder, détruire et perdre des patries, aimer et haïr son frère, vivre intensément et sensuellement l'existence, sa gloire et sa vanité, s'élever jusqu'à l'intuition et à la révélation de ce qui transcende le temps, la vie, les choses créées...

Ne vous laissez pas effrayer par tous les auteurs que Claudio Magris met en lumière et que vous et moi souvent ignorons. Comme les vins d'exception, Alphabets se boit à petites gorgées, sans précipitation et à chaque page, sans que cela soit délibéré chez l'auteur, on apprend quelque chose qui nous interpelle, avec intelligence et sans pesanteur.

Claudio Magris - plus de vingt-cinq ouvrages en langue italienne - futur prix Nobel? Il le mériterait, sans nul doute, en ce qui me concerne!

Sur La scie rêveuse - dans catégories / Morceaux choisis - vous pouvez découvrir un extrait de ce livre.

Claudio Magris. Alphabets (L'Arpenteur 2012) 


07/09/2012

Cormac McCarthy

9782879295916.gifCormac McCarthy, La route (Editions de l'Olivier, 2008)

 

Un homme et son fils, au milieu de nulle part, dans un pays dévasté par une tragédie dont on ne sait rien. Et ils marchent, vers le Sud, pour conjurer l’horreur humaine, le froid, la maladie et la mort, en poussant un caddie contenant le strict nécessaire à la survie… Tel est le propos du dernier opus de ce géant de la littérature américaine contemporaine, à ranger aux côtés de Stewart O’Nan et de Jay Mc Inerney. Dans ce décor apocalyptique jonché de ruines, de cadavres et de cendres, nos héros porteurs d’un feu intérieur – la mémoire du temps d’avant, peut-être – avancent sous un ciel vide et figé, comme les derniers témoins d’une époque révolue. Une oeuvre extrêmement originale dans son propos, empreinte d’une humanité bouleversante.


Egalement disponible en coll. Points (Seuil, 2009)

15:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Au bar à Jules - De l'usure

Un abécédaire: U comme usure

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Dans un livre autrefois célèbre - La pratique du bonheur - Marcelle Auclair écrit ces quelques mots dans les années 60 qui résument bien ce que j'ai longtemps redouté dans la vie: L'habitude est une forme de l'usure, elle efface les contours de nos plus chères amours, les recouvre d'une poussière sous laquelle nous ne les voyons plus.

J'ai souvent évoqué le danger d'être submergé par la tiédeur progressive, la banalité ordinaire, tout ce qui au fil des jours étouffe ou avilit et de la beauté d'origine prépare à l'agonie inéluctable: celle du corps, de la passion, des sentiments. Davantage peut-être - rétrospectivement - l'aveu d'un parfait alibi pour ne pas m'engager, jamais. Et voici que plus de quarante ans après ces années de jeunesse - l'âge idiot que chante Jacques Brel - je fais mienne cette exclamation de Pablo Neruda: Il meurt lentement, celui qui ne prend pas de risques pour réaliser ses rêves. Vis maintenant! Risque-toi! Agis tout de suite! Ne te laisse pas mourir lentement! Ne te prive pas d'être heureux!

Et qu'importe le fil parfois discordant de la vie, les sensations inoubliables, les questions qui remplacent les réponses, le corps qui vacille, la mémoire qui se fait plus imprécise. Aujourd'hui est une fête! Selon un ordre invisible des choses, chaque saison ressemble à la précédente et pourtant distille d'imperceptibles différences qui donnent un prix à l'existence: dans la beauté de la nature environnante, le rythme des heures choisies, les amitiés rares qui survivent au désastre, la musique de l'âme qui peu à peu - sans même y réfléchir - se fait plus accueillante, silencieuse et douce au fil du temps, reconnaissante pour ce jour éphémère et changeant qui demain encore sera capable de m'émerveiller.

Et Paul Claudel le dit si bien: L’automne aussi est quelque chose qui commence...

Marcelle Auclair, Le bonheur est en vous , suivi de: La pratique du bonheur (seuil, 1959)

image: sherazade.centerblog.net

02/09/2012

La citation du jour

Henry Miller

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Plus l'homme est créateur, plus il est certain de reconnaître son créateur. Ceux qui résistent le plus fortement ne font que prouver plus fortement son existence. Etre pour est aussi courageux que d'être contre; la différence est que celui qui lutte contre a le dos tourné à la lumière. Il combat sa propre ombre. C'est seulement quand ce jeu d'ombres l'épuise, quand il tombe à plat que la lumière, en passant sur lui, lui révèle les splendeurs qu'il avait prises pour des fantômes. 

Henry Miller, Le temps des assassins - Essai sur Rimbaud (Denoël, 2000)

09:44 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Jack London

9782859407018.gifJack London, La route... Les vagabonds du rail (Coll. Libretto/Phébus, 2001)

La route en question, c'est le libre et dur chemin du hobo, ce vagabond sans feu ni lieu qui voyage sur l'essieu des wagons, dort au creux des fossés, mange ce qu'il chaparde, ou ce que lui offrent les bonnes âmes, et ne connaît bien souvent d'autre toit que celui de la prison. Pendant l'année 1893-94, l'auteur - il a alors 18 ans - parcourt de la sorte quelque 20 000 km à travers les États-Unis, à la barbe de la police. Malgré la faim, les dangers, les humiliations. Il en tire un récit à la Chaplin : soulevé de bout en bout par un formidable appétit de vivre, un humour et un culot également désarmants. L'un des plus beaux hymnes jamais dédiés à la jeunesse et à la liberté. Farouche pourfendeur de la monotonie, Jack London se mêle au fil de ces récits aux miséreux, clochards, mendiants et vagabonds qui sillonnent les Etats-Unis. Leçon de vie d’un voyageur sans billet, ces célébrations du moment présent demeurent très actuelles.

publié dans le supplément La bibliothèque idéale des vaudois / 24 Heures

06:26 Écrit par Claude Amstutz dans La bibliothèque idéale des vaudois, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/08/2012

Antonio Munoz Molina

9782020693554.gifAntonio Munoz Molina, Fenêtres de Manhattan (Seuil, 2005)

 

Si ce n’est déjà fait, découvrez vite cet incontournable écrivain espagnol, auteur d'une oeuvre extrêmement personnelle, dont Le vent de la lune, En l'absence de Bianca, Séfarade et Pleine Lune! Sa puissance suggestive et la beauté de sa langue sont telles que, même si vous n’êtes pas attiré par le Nouveau Monde, à la fin de ses déambulations empreintes de sensualité, de contrastes saisissants, d’évocations culturelles, son envoûtement contagieux ne vous inspirera qu’une seule envie : Filer à New York et découvrir ses multiples visages, rues, cafés, salles de concerts, théâtres ou librairies !


Egalement disponible en coll. Points (Seuil, 2008)

07:22 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature espagnole, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essais; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |