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08/03/2013

Vendanges tardives - De Dominique

Un abécédaire - D comme Dominique

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Tout comme toi, Fred, il m'arrive souvent de vociférer contre les critiques de tous bords, cette intelligentsia de la pensée molle qui s'adapte avec habileté aux modes et aux auditoires, disposant dans ses colonnes les mêmes mots, à propos des mêmes livres, et au même moment! Mais, reconnais au moins que ces journalistes-là ou professionnels du sérail, on ne les lit jamais, et finalement, on perd notre temps à en parler... Je préfère quant à moi, raviver la flamme de ceux qui ont suivi leur musique intérieure, leur passion, leur curiosité et qui ont su, d'instinct semble-t-il, partager davantage que des écrivains: une manière de voir le monde, de s'ouvrir à lui. Je pense bien sûr à Alexandre Vialatte, Roger Nimier ou plus près de nous, Philippe Sollers et Jean-Louis Kuffer.

Parmi ces passeurs de culture et de savoir, capables de te faire voguer sur la mer au milieu des vignes ou remonter le temps derrière un bureau chaotique encombré de manuscrits et de photographies, je garde toujours une pensée émue pour Vladimir Dimitrijevic. Au cours de mes années d'apprentissage en librairie, je me souviens qu'à la fin de ses cours consacrés à la littérature russe, je me précipitais dans la librairie la plus proche pour acheter les oeuvres d'Anton Tchékhov, d'Alexandre Pouchkine ou de Vassili Grossman... Et pas plus tard que hier, comme au cours de nos rencontres des années précédentes, j'ai éprouvé ce même sentiment d'enthousiasme et de gratitude auprès de Dominique Bourgois, venue présenter à Lausanne, devant un parterre de libraires réjouis, les nouveautés de son catalogue.

Et c'est ainsi qu'à peine de retour à Genève, je me suis procuré Les fantômes de César Aira - traduit de l'argentin - et La nuit du loup de Javier Tomeo - traduit de l'espagnol - s'ajoutant à deux autres textes qui m'ont été offerts et que j'apprécie: La belle indifférence de Sarah Hall - nouvelles traduites de l'anglais - ainsi que le dernier roman - traduit de l'allemand - de mon compatriote Martin Suter, Le lemps, le temps, à paraître en mai de cette année. Je n'en dirai pas plus - n'insiste pas - car je consacrerai au moment voulu plusieurs Bloc-Notes à ces ouvrages.

J'ajoute que - actuellement - les quatre maisons d'édition les plus intéressantes à mes yeux reposent entre les mains de femmes. Outre Dominique Bourgois dont je viens de te parler, cette même vibration émotionnelle qui fait peu de compromis avec le climat ambiant, se retrouve aussi chez Anne-Marie Métailié, Fabienne Raphoz - éditions José Corti - et Liana Levi, produisant des écrits de qualité et un catalogue se démarquant des plus grandes usines à livres... La Journée de la Femme est donc aussi célébrée ici, à juste titre: symbole de qualité, de persévérance, de réussite. Et vois-tu, Fred, rien que de me remémorer ces rencontres au monde du livre et des idées - qui est aussi une insatiable quête de sens - voici que ma journée en est déjà toute embellie!

image 1: Dominique Bourgois (www.scuolalibraiuem.it)

image 2: Vladimir Dimitrijevic (www.zinoviev.ru)

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04/03/2013

Vendanges tardives - Des bombardements

Un abécédaire - B comme Bombardement

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Sur tes conseils, mon cher Fred, je relis ce document implacable de W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l'histoire naturelle, et qui traite du bombardement massif des villes allemandes - Dresde, Cologne, Hambourg, Darmstadt, Munich etc. - à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une page d'histoire peu souvent évoquée, encore taboue, voire vouée à l'oubli. W.G. Sebald note: Il se dégage des Strategic Bombing Surveys des Alliés, des enquêtes de l'Office fédéral de statistique ou d'autres sources officielles que la Royal Air Force, à elle seule, a largué au cours de quatre cent mille vols un million de tonnes de bombes sur le territoire ennemi; que sur les cent trente et une ville attaquées, une seule fois pour les unes, à de multiples reprises pour les autres, nombreuses sont celles qui ont été presque entièrement rayées de la carte; que les bombardements ont fait en Allemagne près de six cent mille victimes civiles; que trois millions et demi de logements ont été détruits; qu'à la fin de la guerre sept millions et demi de personnes étaient sans abri; qu'il y avait 31,4 mètres cubes de décombres par habitant à Cologne et 42,8 à Dresde. Mais nous ignorons ce que tout cela a signifié en réalité.

L'intérêt de cet ouvrage est de jeter une lumière crue sur une période largement occultée dans la littérature allemande - sauf chez Heinrich Böll, à peu de choses près le seul - comme une mémoire collective qui se concentrerait sur la grandeur passée de la nation, puis sa reconstruction. W.G. Sebald cite quelques réminiscences saisissantes, dont celle de Stig Dagerman, qui entre Hasselbrook et Landwehr, a traversé dans un train roulant à vitesse normale un paysage lunaire, et que dans cette contrée désolée, sans doute l'un des champs de ruines les plus affreux de toute l'Europe, il n'a pas aperçu âme qui vive. Le train, écrit-il, était bondé, comme tous les trains allemands, mais personne ne regardait par la fenêtre. Et l'on avait reconnu en lui l'étranger au fait que lui regardait dehors.

Deux autres exemples abondent dans le même sens, dont celui de Alexander Kluge, à Halberstadt mentionné dans ce livre, avec Madame Schrader, employée d'un cinéma et qui, aussitôt après que la bombe a explosé empoigne la pelle d'un poste de défense passive, espérant dégager les décombres avant la représentation de quatorze heures. Hans Erich Nossack, parle, lui, à son retour à Hambourg quelques jours après le raid, dans une maison isolée et intacte au milieu du désert de décombres, d'une femme en train de nettoyer les vitres.

Déni, espace blanc dans le temps, refus, choc, silence devant cette horreur, hélas en rappelant bien d'autres: Tandis que nous évoquons les brasiers nocturnes de Cologne et de Hambourg, il devrait aussi nous rester en mémoire la ville de Stalingrad, alors gonflée des flots de réfugiés comme le sera plus tard Dresde, bombardée par douze cent chasseurs. Et au cours de cette attaque suscitant les transports de joie des troupes allemandes cantonnées sur l'autre rive, quarante mille personnes étaient en train de trouver la mort...

W.G. Sebald, De la destruction comme élément de l'histoire naturelle (Actes Sud, 2004)

Heinrich Böll, Le silence de l'ange (Seuil, 1995)

Antony Beevor, Stalingrad (coll. Livre de poche/LGF, 2001)

image 1: La destruction de Dresde, 13-14 février 1945 (au-bout-de-la-route.blogspot.com)

image 2: W.G. Sebald (newyorker.com)

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02/03/2013

Maile Meloy

9782879294377.gifMaile Meloy, Pieux mensonges (Editions de l'Olivier, 2006)

 

Une heureuse surprise que cette première traduction en langue française, dans un style familier et attachant à la fois, narrant l’histoire de cette famille dans laquelle bien des Américains de sa génération se reconnaîtront. De page en page, on veut en savoir davantage et les personnages, très proches de nous, nous laissent l’agréable sensation que nous aurions pu les connaître en voisins ou amis. Comme avec Ann Packer et son roman magique Un amour de jeunesse, nous ne sommes pas au cœur d’une littérature de contestation, mais les humeurs qui la traversent sont bien agréables.


Egalement disponible en coll. Points (Seuil, 2007)

03:58 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

01/03/2013

Vendanges tardives - De l'amour 1a

Un abécédaire - A comme Amour

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Vois-tu, Fred, au bout du compte, l'amour - quand il ne se limite pas au désir, à la conquête, à la possession - est dangereux, toujours. Avec le recul, j'avoue. Ciel ou enfer quand il chahute les repères, abolit les frontières, brûle les habitudes les plus élémentaires, et, au plus obscur dépossède de soi, à la lisière de la félicité qui élargit ton horizon ou féconde tes rêves, mais risque de même, de te précipiter dans la folie la plus périlleuse ou le néant, si d'aventure le fil se romp et que tu te retrouves nu, sans armes et désespérément seul, abandonné. Oui, l'amour est dangereux, quand les mots sont impuissants à dire, à argumenter, à décrire le mystère qui t'envahit, te dépasse comme un territoire inconnu dont tu foules le sol pour la première fois.

Bien sûr, toutes tes rencontres amoureuses sont uniques, irremplaçables, et les souvenirs retenus, pour la plupart, aujourd'hui encore, n'entraînent ni regret ni amertume. Mais combien sont-elles, entre toutes, l'expression de l'amour, ce sentiment qui fait que non seulement tu te trouves aimable aux yeux de l'autre, mais indispensable, et que dans le reflet de l'être aimé, tu y lis le même émerveillement? 

Et cet amour - les exemples en littérature ne manquent pas, de Tristan et Yseult à Roméo et Juliette, de Dante Alighieri à Catherine Pozzi - ce sont souvent les auteurs mystiques qui en ont parlé le mieux, encore que Ibn Hazm, philosophe et poète andalou du Xe siècle, lui consacre quelques vers inoubliables: Un jour, par surprise, j’ai donné un baiser, un baiser furtif, à celle qui tient mon coeur. Si nombreux que doivent être mes jours, je ne compterai que ce court instant, car il a été vraiment toute ma vie.  

Jean de la Croix, dans une orientation spirituelle, ne dit pas autre chose: Voyez ce qui arrive quand le feu a pénétré le bois: il le transforme en lui-même et se l'unit.

Alors, franchement, Fred: ta moitié, où la situes-tu? Et ne réfléchis pas trop, tu serais tenté de tricher...

Catherine Pozzi, Journal 1913-1934 (coll. Libretto, Phébus, 2005)

Marie Eugène de l'Enfant Jésus, Je veux voir Dieu (Editions du Carmel, 1998) 

sources:  Amélie Neuve-Eglise, Leyla et Majnûn - L’amour fou à l’orientale (www.teheran.ir)

image: La Revue de Téhéran (www.teheran.ir)

27/02/2013

Morceaux choisis - Dino Buzzati

Dino Buzzati

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pour Eléona U, Olivier M et Pascal V

Des allusions voilées, des plaisanteries allusives, de prudentes périphrases, de vagues murmures ont fini par m'inciter à penser que, dans cette ville où je suis venu vivre depuis maintenant trois mois, il y a un mot que personne n'a le droit de prononcer. Lequel? Je n'en sais rien. C'est peut-être un mot curieux, inhabituel, insolite, mais il pourrait aussi bien faire partie du vocabulaire le plus courant. Auquel cas, pour quelqu'un exerçant un métier comme le mien, il risque de s'ensuivre certains désagréments.

Plus par curiosité que par inquiétude, je vais donc interroger Geronimo, le plus sage de tous mes amis et qui, dans la mesure où il habite ici depuis une bonne vingtaine d'années, en sait tout ce qu'il convient d'en savoir.

C'est exact, me répond-il aussitôt. C'est tout à fait exact. Nous avons ici un mot prohibé, dont nous nous tenons tous prudemment à l'écart.

Et quel est ce mot?

Vois-tu..., me dit-il, je sais que tu es une personne honnête, en laquelle je puis avoir une confiance absolue. En outre, j'éprouve pour toi des sentiments réellement amicaux. Eh bien, malgré tout, crois-moi, mieux vaut que je ne te réponde pas. Écoute-moi bien: je vis dans cette ville depuis plus de vingt ans, elle m'a accueilli, elle m'a donné du travail, elle me permet de mener une existence honorable, ne l'oublions pas. De mon côté j'en ai loyalement accepté toutes les règles et les lois, quelles qu'elles soient. Rien ni personne ne m'empêchait de m'en aller. C'est un fait que je suis resté. Je ne voudrais pas me donner des airs de philosophe et je n'entends sûrement pas singer Socrate quand on lui a proposé de s'évader de sa prison, mais il me répugnerait absolument de contrevenir aux normes d'une ville qui me tient pour un de ses enfants... même pour une broutille de ce genre. Et pourtant, Dieu sait que ce n'est réellement qu'une broutille...

Mais nous pouvons parler en toute          . Il n'y a ici personne pour nous entendre. Un bon mouvement, Geronimo! Tu peux bien me le dire, ce fichu mot. Qui pourrait te dénoncer? Moi peut-être?

Je constate, remarqua Geronimo avec un sourire plein d'ironie, je constate que tu vois les choses avec l'état d'esprit de nos arrière-grands-parents. La peur du gendarme ? Oui, c'est vrai, jadis on croyait que, sans punition à la clef, la loi ne pouvait être d'aucun effet contraignant. Ce n'était peut-être pas totalement faux. Mais ce n'est qu'un concept primitif, rustre. Même si aucun risque de sanction ne l'accompagne, un commandement peut conserver toute sa valeur; nous sommes des gens évolués...

Mais alors qu'est-ce qui te retient? Ta conscience? La peur d'avoir à t'en repentir?

Oh, la conscience! Ce misérable fourre-tout... Il est vrai que, pendant des siècles et des siècles, la conscience a rendu d'inestimables services à l'humanité; il lui a fallu toutefois s'adapter aux temps nouveaux; elle s'est désormais transformée en quelque chose qui ne lui ressemble plus que vaguement, très vaguement même, quelque chose de beaucoup moins compliqué, de plus standardisé, de plus tranquille, je dirais beaucoup, mais alors beaucoup moins astreignant et dramatique.

J'aimerais que tu t'expliques plus clairement...

Difficile d'en donner une stricte définition scientifique. En langage vulgaire nous l'appellerons: conformisme. C'est la paix trouvée par celui qui se trouve en conformité avec le monde qui l'entoure. Ou bien c'est le désagrément, la gène, l'inquiétude, le désarroi de celui qui sort de la norme.

Et cela suffit?

Et comment que cela suffit! C'est d'une puissance phénoménale, cent fois supérieure à celle de la bombe atomique. Evidemment elle n'est pas toujours égale. Il existe une géographie du conformisme. Dans les pays arriérés, il demeure sous-jacent. embryonnaire... ou alors il se déploie de façon désordonnée, anarchique, sans aucune réelle directive: la mode en est un exemple typique. En revanche, dans les pays les plus modernes, cette force s'est désormais étendue a tous les champs d'activité, elle s'est totalement ancrée, affermie, on peut même dire qu'elle fait partie intégrante de l'atmosphère générale. Et elle est entre les mains du pouvoir.

Et ici?

Ici, ce n'est pas trop mal. L'interdiction du mot, par exemple, a été une heureuse initiative des autorités, destinée justement à tester le degré de maturité conformiste de nos populations. Et le résultat a été de beaucoup supérieur à toutes les prévisions. Ce mot est désormais tabou. Tu peux toujours allumer ta lanterne pour essayer de le dénicher, je te garantis d'avance que tu ne le rencontreras plus jamais chez nous, absolument jamais, pas même dans les caves ou dans les débarras. Les gens se sont adaptés en moins de temps qu'il ne le faut pour le dire. Sans aucun besoin de recourir à la menace d'une amende ou d'une peine de prison.

Si tout ce que tu racontes était vrai, il devrait être parfaitement possible de rendre tout le monde honnête...

Evidemment. Il y faudra pourtant de nombreuses années, des décennies, peut-être, même des siècles. Diable! c'est qu'il est assez facile d'interdire un mot; et y renoncer ne demande pas un trop grand effort. Mais les combines, les médisances, les vices, les traîtrises, les lettres anonymes pèsent un peu plus lourd... Les gens s'y sont habitués, y ont pris goût: essaie voir de leur dire que tu y renonces! Il s'agit là de véritables sacrifices. En outre, cette immense vague de conformisme spontané, abandonnée à elle-même au début, s'est dirigée vers le mal, les compromissions, la lâcheté. Il faut faire marcher la machine à l'envers, et ce ne sera pas si facile. Oh, on y parviendra sans aucun doute, avec le temps, tu peux être assuré qu'on y parviendra!

Et tu trouves tout cela superbe! II n'en découle pas un nivelage par le bas ? Une épouvantable uniformité?

Superbe? Non, on ne peut pas le dire. En compensation c'est utile, extrêmement utile. C'est toute la collectivité qui en profite. Dans le fond — n'y as-tu pas réfléchi? — les grands caractères, les personnalités brillantes, les gros bonnets, tous ceux qu'hier encore nous aimions, nous adulions, n'étaient jamais que le premier germe de l'illégalité, de l'anarchie. Est-ce qu'ils ne représentaient pas une faille dans la structure même de notre société? D'un autre côté, n'as-tu jamais remarqué que c'est chez les peuples les plus forts qu'on trouve une phénoménale uniformité de types humains?

Bref, ce mot. tu as décidé de ne pas me le dire...

Allons, mon vieux, ne prends pas la mouche ! Rends-toi bien compte que ce n'est aucunement par méfiance de ma part. Simplement, si je le disais, je ne me sentirais plus du tout à mon aise.

Alors toi aussi? Toi aussi, un homme supérieur, nivelé, réduit à la bonne commune médiocrité?

Eh c'est ainsi, mon cher... (et je le vois qui secoue mélancoliquement la tête) il faudrait être un titan pour résister à la pression de l'environnement.

Et la           ? Le bien suprême! Jadis, tu l'aimais. Tu aurais fait n'importe quoi pour ne pas la perdre. Et maintenant?

N'importe quoi, n'importe quoi... c'est vite dit. Les héros de Plutarque... Il n'y a pas que cela au monde... Même les sentiments les plus nobles finissent par s'émousser, s'atrophier, se dissoudre peu à peu si plus personne autour de toi ne les prend en compte. C'est triste à reconnaître, mais on ne peut pas rester toujours seul à désirer un inaccessible paradis.

Donc tu ne veux pas me le dire ? C'est un mot scabreux ? Ou chargé d'une connotation délictueuse?

Pas du tout. C'est un mot tout ce qu'il y a de plus honnête et parfaitement limpide. C'est justement ce qui démontre l'extrême finesse du législateur: pour les mots indécents, abjects, nous pratiquions déjà un rejet tacite, même s'il restait voilé... La prudence, la bonne éducation. Dans ce cas l'expérience n'aurait pas été d'une très grande valeur.

Dis-moi quand même : c'est un substantif? un adjectif? un verbe? un adverbe?

Mais pourquoi insistes-tu? Si tu restes encore parmi nous, un beau matin tu l'identifieras de toi-même, ce mot prohibé, à l'improviste, presque sans t'en apercevoir. C'est ainsi, mon vieux, pas autrement. Tu l'absorberas avec l'air ambiant.

Fort bien, mon cher Geronimo, tu es têtu comme une mule. Patience, cela signifie seulement qu'il va me falloir, pour apaiser ma curiosité, aller consulter les textes officiels en bibliothèque. Il y aura bien eu une loi n'est-ce pas? Et il faudra bien qu'elle ait été publiée cette loi! Et dans ce texte de loi on ne pourra manquer de mentionner clairement ce qui est interdit!

Ah, ah, ce que tu peux être rétrograde! Tu raisonnes encore selon les vieux schémas. Et pas seulement rétrograde mais véritablement ingénu. Une loi qui pour interdire l'usage d'un mot nommerait ce mot, se contreviendrait automatiquement à elle-même, ce serait une aberration, une monstruosité juridique. Si tu veux aller en bibliothèque, tu y perdras ton temps.

Geronimo, cesse de te moquer de moi s'il te plaît! Tu ne me feras pas croire qu'il n'y a pas eu au moins quelqu'un pour déclarer: à compter de ce jour le mot x est interdit de circulation. Il lui aura bien fallu le prononcer, non? Sinon, comment les gens auraient-ils compris?

De fait, tu touches là à un point délicat et pas encore totalement élucidé. Il y a trois théories: certains disent que l'interdiction a été annoncée verbalement par des agents municipaux camouflés; d'autres assurent qu'ils ont trouvé dans leur boîte aux lettres une enveloppe fermée contenant le décret en question, avec injonction de tout brûler sitôt après en avoir pris connaissance. Enfin il y a les intégralistes — tu les nommerais, je pense: les pessimistes —, ceux-là soutiennent mordicus qu'il n'y a eu nul besoin de spécifier un ordre quelconque tant nos concitoyens sont des veaux. Il aurait donc suffi que les Autorités l'aient souhaité pour qu'aussitôt tout le monde en prit conscience, par une sorte de télépathie.

Ils ne peuvent quand même pas tous être devenus des carpettes! Même s'il n'en reste qu'une poignée, on doit bien trouver encore dans cette ville des personnes indépendantes qui raisonnent avec leur propre tête. Des opposants, des hétérodoxes, des déviants, des rebelles, des hors-la-loi, tu peux les nommer comme tu voudras. Il pourra bien arriver, non, que l'un d'eux, par défi, ose écrire ou prononcer le mot tabou ? Qu'est-ce qui se passera alors?

Rien, absolument rien. C'est justement la preuve de l'extraordinaire réussite de cette expérience: l'interdiction est à tel point ancrée désormais au plus profond des esprits qu'elle est parvenue à conditionner jusqu'à la perception sensorielle.

Ce qui signifie?

Ce qui signifie que, par un veto du subconscient — toujours prêt à intervenir en cas de danger —, si quelqu'un s'avisait de prononcer le mot ignominieux, les gens ne l'entendraient même pas, et s'ils le trouvaient écrit ils ne le verraient pas.

Et qu'est-ce qu'ils verraient à la place du mot?

Rien, un emplacement blanc sur le papier ou, si c'est écrit sur un mur, le mur tout nu.

Je tente un dernier assaut: 

Je t'en prie. Geronimo. Par simple curiosité: aujourd'hui, là, en te parlant, est-ce que je l'ai employé, ce mot mystérieux? Cela, du moins, tu peux me le dire: ça ne t'engage à rien.

Le vieux Geronimo sourit, cligne d'un oeil sans répondre.

Alors, je l'ai employé?

Il cligne de l'oeil à nouveau. Mais il ne sourit plus, une tristesse souveraine s'est soudain plaquée sur son visage.

Combien de fois? Ne fais pas de manières, je t'en prie, dis-le-moi. Combien de fois?

Combien de fois... Vraiment, je ne saurais te le dire, ma parole d'honneur. D'ailleurs, si tu l'as prononcé, je n'ai pas pu l'entendre. Toutefois il m'a semblé, oui je dis bien: semblé, qu'à un certain moment, mais je te jure que je ne me souviens pas quand, il y a eu comme une parenthèse dans ton discours, un bref espace vide, comme si tu avais effectivement parlé mais que le son de ta voix ne pouvait plus me parvenir. Au demeurant, c'était peut-être une simple pause de ta part, comme il peut en arriver dans toutes les conversations...

Une seule fois?

Cela suffit maintenant, n'insiste pas.

Alors, tu sais ce que je vais faire? Tout ce que nous venons de nous dire, à peine rentré chez moi je vais le coucher sur le papier, mot pour mot. Et puis je vais courir le faire imprimer.

Pour quoi faire?

Si ce que tu m'as dit est vrai, le typographe — dont nous pouvons raisonnablement présumer qu'il s'agit d'un bon citoyen — n'apercevra pas le mot incriminé. Il y aura donc deux possibilités: soit il va laisser un espace vide en composant mon texte, et je verrai immédiatement à quel endroit; soit il n'en laissera pas. et il me suffira de comparer l'imprimé avec mon original, dont je vais évidemment conserver un double, pour découvrir où se trouve et quel est ce mot.

Geronimo sourit à nouveau, apitoyé.

Mon pauvre ami. tu n'en seras pas plus avancé... Chez n'importe lequel de nos typographes que tu pourras contacter, le conformisme est devenu tel qu'il saura immédiatement ce qu'il convient de faire pour déjouer ton piège par trop puéril. En conséquence, pour une fois, il verra le mot que tu auras écrit — en admettant évidemment que tu l'aies écrit, que tu l'aies prononcé — et il se gardera de l'omettre en composant ton texte. Tu peux en être assuré. Les typographes de chez nous sont parfaitement bien dressés, parfaitement aguerris.

Peux-tu au moins me dire dans quel but toutes ces précautions? N'y aurait-il pas, pour la ville j'entends, un avantage certain à me laisser connaître de cette façon le mot prohibé, sans que personne n'ait à me l'écrire ou à me le dire?

Sans doute que non, pour l'instant du moins. Il semble évident, d'après les discours que tu viens de me tenir, que tu n'es pas encore mûr. Il te faut une initiation. Tu n'es pas encore digne — selon l'orthodoxie en vigueur dans notre ville — de respecter la loi...

Et mes lecteurs, quand ils prendront connaissance de ce dialogue, crois-tu vraiment qu'ils ne s'apercevront de rien?

Ils verront seulement qu'il y a un blanc quelque part. Et tout simplement, ils se diront: tiens, quels étourdis, ils ont sauté un mot!

Dinu Buzzati, Le mot prohibé, dans: Panique à la Scala (coll. 10-18/UGE, 2006)

traduit de l'italien par Michel Breitman

23/02/2013

Donna Leon

9782757819791_1_75.jpgDonna Leon, La femme au masque de chair (coll. Points/Seuil, 2013) 

Comme souvent dans les enquêtes de Brunetti, l'histoire démarre sur un rythme lent, celui du quotidien qui s'égrène de manière apparemment anodine, au fil d'une soirée chez les Falier, parents influents de son épouse Paola. Il y fait la connaissance de Franca Marinello, une femme bizarre au sourire défiguré et aux expressions indéchiffrables. Fascinante et cultivée - elle l'entretient des Géorgiques de Virgile et de Cicéron - elle est aussi l'épouse de Maurizio Cataldo, avec lequel le comte Orazio Falier hésite à s'associer. Tout naturellement, ce dernier demande à Guido de se renseigner discrètement sur ce personnage. Un travail routinier, sauf que Franca confie du bout des lèvres à notre commissaire quelques frayeurs liées aux affaires de son époux, et que dans la même semaine un transporteur routier est retrouvé assassiné!

Un lien existe-t-il entre les deux enquêtes? Vengeances, règlements de comptes, Mafia? La signorina Elettra et le sergent Vianello jouent à nouveau un rôle important dans cet épisode, mais en habile scénariste, Donna Leon y introduit de nouveaux protagonistes tels le major Guarino et Claudia Griffoni qui assiste Brunetti dans cette aventure. Enfin, Donatella Falier, par ses confidences, donne un éclairage particulier à cette plongée dans le monde de l'argent sale, du trafic des déchets et de la criminalité, suggérant à son beau-fils de ne pas se laisser égarer par les évidences... Et le sourire figé de Franca Marinello, quel secret y est donc enfoui? Vous le saurez dans les dernières pages de ce roman au dénouement tout à fait innatendu...

07:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; policier; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/02/2013

Morceaux choisis - José Saramago

José Saramago

The_Music_of_the_Night_by_Kaydence_.jpg

La mort assiste au concert dans la robe neuve achetée la veille dans un magasin du centre. Elle est assise seule dans la loge au premier balcon et elle regarde le violoncelliste comme elle l'avait fait pendant la répétition. Avant que les lumières dans la salle ne soient baissées, pendant que l'orchestre attendait l'entrée du maestro, le musicien avait remarqué cette femme. Il n'avait pas été le seul à s'apercevoir de sa présence. D'abord, parce qu'elle occupait seule la loge et que, même si ce n'est pas rare, ce n'est pas non plus fréquent. Ensuite, parce qu'elle était belle, peut-être pas la plus belle de toute l'assistance féminine, mais belle d'une façon indéfinissable, particulière, impossible à expliquer avec des mots, comme un vers dont le sens ultime, si pareille chose existe dans un vers, échappe continuellement au traducteur. Et enfin, parce que sa silhouette solitaire, là-bas dans la loge, entourée de vide et d'absence de toutes parts, comme si elle habitait le néant, semblait exprimer la solitude la plus absolue. La mort, qui avait souri si souvent et si dangereusement depuis qu'elle était sortie de son souterrain glacial, ne sourit plus à présent. Dans l'assistance, les hommes l'avaient observée avec une curiosité douteuse, les femmes avec une inquiétude jalouse, mais elle, tel un aigle fondant sur un agneau, n'a d'yeux que pour le violoncelliste.

Avec une différence, cependant. Dans le regard de cet autre aigle qui a toujours attrapé ses victimes, il y a comme un voile ténu de pitié, les aigles, nous le savons, sont obligés de tuer, leur nature le leur impose, mais en cet instant cet aigle-ci préférerait peut-être, devant cet agneau sans défense, éployer soudain ses ailes puissantes et s'envoler de nouveau vers les hauteurs, vers l'air glacé de l'espace, vers les troupeaux de nuages inaccessibles.

L'orchestre se tut. Le violoncelliste commença à jouer son solo comme s'il n'était venu au monde que pour cela. Il ne sait pas que cette femme dans la loge a dans son sac à main étrenné récemment une lettre de couleur violette dont il est le destinataire, non, il ne le sait pas, il ne pourrait pas le savoir, et cependant il joue comme s'il faisait ses adieux au monde, comme s'il disait enfin tout ce qu'il avait tu, les rêves tronqués, les désirs frustrés, bref, la vie. Les autres musiciens le regardent avec ébahissement, le chef d'orchestre avec surprise et respect, le public soupire, frissonne,le voile de pitié qui masquait le regard perçant de l'aigle s'est changé en larmes.

Déjà le solo est fini, l'orchestre, telle une puissante mer, s'est avancé lentement et a doucement submergé le chant du violoncelle, il l'a englouti et amplifié comme s'il voulait le conduire en un lieu où la musique se sublimerait dans le silence, dans l'ombre d'une vibration qui parcourrait la peau comme la dernière et inaudible résonance d'une timbale effleurée par un papillon. Le vol soyeux et sinistre de l'acherontia atropos traversa rapidement la mémoire de la mort, mais celle-ci l'écarta d'un geste de la main qui ressemblait autant à celui avec lequel elle faisait disparaître les lettres de la table dans la pièce souterraine qu'à un signe de gratitude destiné au musicien qui tournait à présent la tête dans sa direction, frayant un chemin à ses yeux dans la chaude obscurité de la salle.

La mort répéta son geste et ce fut comme si ses doigts effilés étaient allés se poser sur la main qui déplaçait l'archet. Bien que son coeur eût fait de son mieux pour que cela se produisit, le violoncelliste ne fit pas de fausse note. Les doigts de la mort ne le toucheraient plus, elle avait compris qu'il ne faut jamais distraire un artiste de son art. Quand le concert prit fin et que les applaudissements éclatèrent, quand les lumières se rallumèrent et que le chef d'orchestre ordonna aux musiciens de se lever, puis quand il fit signe au violoncelliste de s'avancer seul afin de recevoir la part d'applaudissements qui lui revenait de droit, la mort, debout dans la loge, souriant enfin, croisa les mains en silence sur sa poitrine et se borna à regarder, que les autres applaudissent, que les autres poussent des cris, que les autres réclament dix fois le chef d'orchestre, elle se contentait de regarder. Puis, lentement, comme à contrecoeur, le public commença à s'en aller, cependant que l'orchestre se retirait. Quand le violoncelliste se tourna vers la loge, elle, la mort, n'était déjà plus là. La vie est ainsi, murmura-t-il.

Il se trompait, la vie n'était pas toujours ainsi, la femme de la loge l'attendra à l'entrée des artistes... 

José Saramago, Les intermittences de la mort (coll. Points/Seuil, 2009)

traduit de l'espagnol par Geneviève Leibrich

image: www.all4myspace.com 

19/02/2013

John Banville

9782221105528.gifJohn Banville, La mer (Robert Laffont, 2007) 

 

A la mort de son épouse Anna, Max, le narrateur de cette histoire, se remémore un deuil antérieur qui remonte au temps de son enfance, dans un petit village au bord de la mer où il décide de se réfugier aujourd’hui. Tel un peintre impressionniste, il fait revivre sous nos yeux, sur un ton parfois acerbe mais toujours profondément humain Madame Grace, ses enfants jumeaux Chloé et Myles, qui ont bouleversé son existence, jadis. Un roman émouvant, intimiste et douloureux comme les battements du cœur. 


Egalement en coll. de poche (10/18, 2009)

05:35 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/02/2013

Morceaux choisis - Roberto Juarroz

Roberto Juarroz

20_Septembre_SemaineArbreForet.jpg

Un arbre est la forêt.
S'étendre sous son feuillage,
c'est écouter tout le son, 
connaître tous les vents
de l'hiver et de l'été,
recevoir toute l'ombre du monde.
 
S'arrêter sous ses branches sans feuille,
c'est réciter toutes les prières possibles, 
faire taire tous les silences,
avoir pitié de tous les oiseaux.
 
Rester debout à côté de son tronc,
c'est élever toute méditation,
réunir tout le détachement,
deviner la chaleur de tous les nids,
rassembler la solidité de tous les doutes.
 
Un arbre est la forêt.
Mais pour cela il faut
qu'un homme soit tous les hommes.
Ou aucun.
 

Roberto Juarroz, Dixième poésie verticale / édition bilingue (José Corti, 2012)

traduit de l'argentin par François-Michel Durazzo

image: www.petitgestevert.ca

16/02/2013

Ginevra Bompiani

Bloc-Notes, 16 février / Thonon-les-Bains

Ginevra Bompiani.jpg

La première scène du roman de Ginevra Bompiani, nous introduit par la voix de Lucy, une fillette accompagnant sa tante, dans l'hôtel d'une station thermale qui pourrait ressembler à n'importe quel autre, sauf que celui-ci se trouve être le plus laid de tous et ressemble à un hôpital pour personnes en bonne santé. Quatre personnes vont s'y côtoyer. Outre la petite qui s'ennuie et tante Emma joyeuse dès qu'elle voit quelqu'un, Lucy nous présente Lucia et Giuseppina, deux femmes dont l'une boite tandis que l'autre tangue!

Au cours de ce séjour dans la station, elles vont apprendre à se connaître toutes les quatre, livrant peu à peu quelques secrets de leur existence et - qui sait - en échafauderont d'autres... Présenté en quelques phrases ou extraits de dialogues, on serait tenté de décréter que nous sommes au coeur d'une sempiternelle comédie à l'italienne. Pas si sûr, car une fois le décor planté et les personnages fondus dans le quotidien, une gravité mélancolique les couvrira de son aile dans ce lieu de cures magiques où on soigne dans le corps ce qui est malade dans l'âme et qui donne l'impression de faire un petit pas en arrière pour que le présent trébuche de nouveau dans le futur.

Ginevra Bompiani cerne avec beaucoup d'acuité, dans Une station thermale, cet univers de bien-être qui consiste à s'enfermer dans un cocon et faire semblant que le monde n'existe pas: C'est bizarre que cette chose que tout le monde fait, une chose si commune, personne n'y arrive... Vieillir. Et, derrière les masques qui se lézardent, perce l'anxiété commune déclenchée par la solitude affective, la résistance au changement, la crainte de la maladie et pire, peut-être. Ce qui n'effleure pas Lucy qui, pour tromper la monotonie des jours, espère bien ne pas s'en aller sans avoir percé les secrets des unes et des autres - ce serait comme jeter un roman policier qu'on n'a lu qu'à moitié - et confié au lecteur les siens.  

Dans ce petit monde frivole en apparence, exclusivement féminin - à l'exception de quelques pages consacrées à l'autrefois séduisant Stefano - Ginevra Bompiani, comme seule une femme sait le faire, appréhende à merveille ce mystère du corps où, derrière la faiblesse, la fragilité et les fissures de la vie se nichent en révélateurs, ces signes qui peuvent, au-delà de la beauté formelle, dissoudre les blessures intimes et réserver des moments de fête, de tendresse - voire d'amour - innatendus.   

Et le désespoir, on s'en passe, conclut Lucia... 

Fille de l'éditeur Valentino Bompiani, Ginevra Bompiani, née en 1939 à Milan, est écrivain, éditrice chez Nottetempo à Rome, enseignante et traductrice: entre autres de Antonin Artaud, Louis-Ferdinand Céline, Marguerite Yourcenar et Gilles Deleuze. Parmi ses oeuvres traduites en langue française, mentionnons Les règles du sommeil (Verdier, 1986), Ciel ancien, terre nouvelle (L'Arpenteur, 1990) et Le grand ours (Stock, 1995). 

Ginevra Bompiani, La station thermale (Liana Levi, 2013)

23:05 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |