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25/02/2014

Morceaux choisis - Leftèris Poùlios

Leftèris Poùlios

littérature; poésie; anthologie; livres

A présent je retourne au silence.
Ma voix naturelle prend sa place
parmi les éléments.
Silence vaste comme la mer,
tel un fleuve je retourne vers toi.
Je verse mon écume à tes pieds.
Aujourd'hui je viens à ta bouche
aujourd'hui entre tes bras immenses.
 
Ni la grenouille gluante, ni l'étoile brûlée,
ni le vent bavard n'ont su par moi
ton secret vénérable.
J'ai passé toute terre, emporté tout obstacle,
gardant ma pierre angulaire enfouie
et ta voix en elle, vibrante.
 
Le sel et la truite se séparant de toi
distribuent ta bannière océanique
aux humains.
Je retourne à toi jusqu'à la nouvelle récolte
des fruits mûrs de la terre. 
 

Leftèris Poùlios, Le finale, dans: Michel Volkovitch, Anthologie de la poésie grecque contemporaine / 1945-2000 (coll. Poésie/Gallimard, 2000)

image: www.pinterest.com 

11:42 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

24/02/2014

Lire les classiques - Friedrich Schiller

Friedrich Schiller

Alexei Alexeivich Harlamoff.jpg

Sois le bienvenu, doux enfant, délices de la nature; avec ta corbeille de fleurs, sois le bienvenu dans la campagne. Ah! te voilà! que tu es doux et beau à voir! ton aspect nous réjouit et nous courons au-devant de toi. Penses-tu encore à la jeune fille que j’aime? Oh! oui, pense à elle! c’est là qu’elle m’a aimé et qu’elle m’aime encore. Je te demandais bien des fleurs pour elle, je reviens t’en demander encore, et tu me les donneras. Sois le bienvenu, doux enfant, délices de la nature; avec ta corbeille de fleurs, sois le bienvenu dans la campagne.

Friedrich Schiller, Au printemps (L'Harmattan, 2011)

image: Alexei Harlamoff, Faraway Thoughts (pinterest.com)

00:11 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

23/02/2014

La citation du jour

Stefan Zweig

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Je sais à nouveau que dans ce vaste monde, le jour et la nuit ne résultent pas du seul flux des heures, mais qu'il y a des hommes qui sont tels le soleil, et devant qui les autres ne sont rien que des ombres.

Stefan Zweig, Thersitte, dans: Romans, nouvelles et théâtre vol. 2 (La Pochothèque/LG, 2001)

09:37 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère, Stefan Zweig | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

14/02/2014

Hernan Ronsino

v_auteur_195.jpgHernan Ronsino, Dernier train pour Buenos Aires (Liana Levi, 2010)

D’abord il y a un salon de coiffure. C’est de là que Vicente, le taciturne, observe. Il observe les ouvriers qui démontent les rails. Des rails qui ne conduiront plus à ce bourg perdu, loin de Buenos Aires. Des rails qui laisseront une balafre dans la terre comme dans les têtes. Ensuite il y a le Don Pedrín, ce bistrot où l’on commente. On commente le film projeté dans l’unique cinéma, et le passé… Pourquoi la Negra a-t-elle pris un jour le train pour Buenos Aires et n’est jamais revenue? Elle avait des jambes sublimes, la Negra Miranda, de quoi faire tourner la tête des jeunes hommes, de quoi rendre fou de jalousie un mari policier… À soi-même ou à d’autres, chacun dit ce qu’il sait, les souvenirs estompés, l’abandon, la vengeance. Et c’est seulement à la dernière ligne que tout prend sens.

En quatre lieux – l’usine, le chemin de fer, le salon de coiffure, le cinéma – dans la périphérie de Buenos Aires, résonnent les voix de la mémoire fragmentée de quatre personnages – en 1973, 1984, 1966 et 1959 – qui, sur fond de châtiment, de trahison, de mort, reconstituent 50 ans de l’histoire collective argentine. Captivant sans verser dans le mélodrame, ce court roman adopte un style volontairement sec, concis, pour décrire un monde hanté par ses fantômes et qui se désagrège face au progrès. Un récit subtilement construit, à la manière d'un puzzle, dont la tension demeure constante jusqu'au dernier mot, chacun des protagonistes ne maîtrisant qu'une part de vérité ou de mémoire - dont Miranda est le centre de gravité - qui ne prend un relief, une signification que par les confidences anecdotiques des uns et des autres. Réunies, elles constituent un regard historique sur les événements. La petite histoire rejoint enfin la grande...

Une voix nouvelle, originale et fascinante, à ranger auprès de Norma Huidobro - Le lieu perdu, paru en 2009 chez le même éditeur - qui, sur un autre registre, signe le renouvellement d'une littérature argentine révélatrice de si grands écrivains par le passé.

Hernán Ronsino est né en 1975 à Chivilcoy, quelques mois avant le coup d’État. Sociologue, il enseigne aujourd’hui à l’Université de Buenos Aires. Il est l’auteur de nouvelles et d’un premier roman remarqué: La Descomposición

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature sud-américaine | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/02/2014

Morceaux choisis - Carson Mc Cullers

Carson Mc Cullers

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L'amour est avant tout une expérience commune à deux êtres. Mais le fait qu'elle leur soit commune ne signifie pas que cette expérience ait la même nature pour chacun des deux êtres concernés. Il y a celui qui aime et celui qui est aimé, et ce sont deux univers différents. Celui qui est aimé ne sert souvent qu'à réveiller une immense force d'amour qui dormait jusque-là au fond du coeur de celui qui aime. En général, celui qui aime en est conscient. Il sait que son amour restera solitaire. Qu'il l'entraînera peu à peu vers une solitude nouvelle, plus étrange encore, et de le savoir le déchire. Aussi celui qui aime n'a-t-il qu'une chose à faire: dissimuler son amour aussi complètement et profondément que possible. Se construire un univers intérieur totalement neuf. Un univers de passion et de folie, qui se suffira à lui-même. Il faut d'ailleurs ajouter que celui dont nous parlons, celui qui aime, n'est pas nécessairement un jeune homme qui a mis de l'argent de côté pour acheter une alliance. Celui qui aime peut être un homme, une femme, un enfant, n'importe quelle créature du monde.

Mais voici que celui qui est aimé peut avoir lui aussi n'importe quel visage. Cet aiguillon de l'amour se trouve chez les créatures les plus surprenantes. Un vieillard peut être déjà arrière-grand-père, avec un cerveau embrumé, et continuer d'aimer une bizarre jeune fille qu'il n'a vue qu'une fois, il y a plus de vingt ans, dans une rue de Cheehaw, en fin d'après-midi. Un homme d'Eglise peut aimer une fille perdue. Celui qui est aimé peut vivre dans le mensonge, avoir une intelligence médiocre, s'enfoncer dans les vices les plus atroces - mai oui - et celui qui aime peut en être aussi conscient que les autres, cela n'entravera pas l'évolution de son amour. Un être profondément bas peut donner naissance à l'amour le plus sauvage, le plus extravagant, extravagant et beau comme un lis vénéneux des marais. Un être au coeur pur peut donner naissance à l'amour le plus violent et le plus dégradant. Les bégaiements d'un simple d'esprit peuvent faire germer dans un autre coeur l'amour le plus franc et le plus simple. La valeur, la qualité de l'amour, quel qu'il soit, dépend uniquement de celui qui aime.

C'est pourquoi la plupart d'entre nous préfèrent aimer plutôt qu'être aimés. La plupart d'entre nous préfèrent être celui qui aime. Car, s'il faut avouer toute vérité, la plus cruelle, la plus secrète, pour la plupart d'entre nous, être aimé est insupportable. Celui qui est aimé a toutes les raisons de craindre et de haïr celui qui aime. Car celui qui aime est tellement affamé du moindre contact avec celui qu'il aime qu'il n'a cesse de l'avoir dépouillé, dût-il n'y trouver que douleur.

Carson Mc Cullers, La ballade du café triste (Stock, 1974)

traduit de l'américain par Jacques Tournier

09:28 Écrit par Claude Amstutz dans Carson McCullers, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/02/2014

Khaled Al Khamissi

9782742785414.gifKhaled Al Khamissi, Taxi (Actes Sud, 2009)

Portant chacune sur un aspect particulier de la vie sociale, économique ou politique en Egypte, ces cinquante-huit conversations avec des chauffeurs de taxi du Caire composent un tableau fascinant de ce pays à un moment clé - d'avril 2005 à mars 2006 - du règne du président Hosni Moubarak, qui sollicitait alors un cinquième mandat. Tout y est: les difficultés quotidiennes de la grande majorité de la population, la corruption qui sévit à tous les échelons de l'administration, l'omniprésence et la brutalité des services de sécurité, le blocage du système politique, les humiliations sans fin que la population subit en silence, les ravages du capitalisme sauvage...

S’il vous arrive de prendre le taxi chez nous autres, vous pouvez imaginer que ce livre pourrait être écrit avec la même curiosité et le même éclat à Milan, Paris ou Lausanne. Mais ici, nous sommes bien au Caire, sous le regard parfois mélancolique, amusé ou grave des petites gens dont les réparties mises en commun dressent un tableau complexe et attachant de la réalité égyptienne.

également disponible au format de poche (coll. Babel/Actes Sud, 2011)

00:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

31/01/2014

La citation du jour

Czeslaw Milosz

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De la matière friable que peut-on retenir? Rien, si ce n’est la beauté. Aussi doivent nous suffire les fleurs des cerisiers et les chrysanthèmes et la pleine lune.

Czeslaw Milocz, Rien de plus , dans: Poèmes 1934-1982 (Luneau Ascot,1984)

image: chantouvivelavie.centerblog.net 

09:16 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/01/2014

Morceaux choisis - Erri de Luca

Erri de Luca

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Vis en aventureux comme font les saints, les cigognes,
vis en desséché comme fait l'herbe en cas de sécheresse,
elle se blottit sous terre pour renaître sous l'averse.
Vis en pollen gaspillé un million de fois
sur les trottoirs, les cailloux
et une seule par hasard dans l'ovaire.
Vis en déserteur d'une guerre,
proclame les vaincus non pas le vainqueur,
trinque à l'insurrection des cibles.
Prends par le bras petite soeur la mort
qui a déjà dû te chercher plusieurs fois,
dis-lui que tu l'invites au cinéma, qu'on donne ta vie,
assise à ta droite,
dis-lui de se préparer,
c'est toi qui passeras la prendre à cette heure-là.
 

Erri de Luca, Aller simple  - édition bilingue (Gallimard, 2012)

traduit de l'italien par Danièle Valin

image: Giuseppe Tornatore, Cinema Paradiso - film (1989)

21/01/2014

Carlos Liscano

9782264052575.jpgCarlos Liscano, L'écrivain et l'autre (coll. 10-18/UGE, 2011)

Avec cet essai, Carlos Liscano, en proie à la paralysie de la plume, à l’impossibilité de donner corps à un nouveau roman, s’interroge sur le métier d’écrivain, son lien à la littérature, de même que son rapport à la liberté, à la vie réelle, à la solitude, à la création.

De l’écriture, il nous dit qu'elle est : Une petite goutte à peine tombée du compte-gouttes. La faire couler, la pousser avec la pointe de la plume. Trouver une forme qui rappelle quelque chose, un visage, une situation. Puis la perdre parce qu’une autre ligne la traverse. Et repartir à la recherche, essayer à nouveau de trouver dans le noir sur le blanc autre chose que le hasard ou l’ennui.

Plus loin, sur le métier, il ajoute: Nous, les petits écrivains, nous savons que nous avons les mêmes inquiétudes et les mêmes souffrances que les grands. Cela ne fera pas de nous des grands, jamais. Mais nous ne pouvons que le reconnaître et continuer.

Même chez nous autres, qui nous essayons - maladroitement la plupart du temps - à la correspondance, aux papiers d’opinion ou aux passions partagées, le miroir qui nous est tendu prête à réfléchir: Ecrire sur l’écrivain et sur la littérature, est-ce de la littérature? Ce n’est peut-être qu’un prétexte, raconter pour se raconter. Parce que c’est aussi de cette façon qu’on peut prétendre à devenir un autre, qu’on peut prétendre à dire: Je suis là, j’essaie de raconter la seule chose qui ait vraiment du sens, à savoir le combat contre la mort, le désir ardent de tout voir avant de disparaître, de laisser un témoignage de ce que j’ai vu.

L’écrivain et l’autre respire d’une sincérité, d’une recherche, d’une lucidité dont bien des auteurs actuels – francophones, surtout! – enfermés dans un système d’écriture ou une construction littéraire privée de sens, pourraient s'inspirer, eux qui n’ont bien souvent plus rien à nous dire. Ce qu’on pourrait désigner comme le mensonge en littérature, à soi-même pour commencer, envers le lecteur ensuite...

07:30 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature sud-américaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

14/01/2014

Goran Petrovic

9782268057897.gifGoran Petrovic, Soixante-neuf tiroirs (Coll. Motifs/Serpent à plumes, 2006)

Adam, étudiant en lettres et correcteur intérimaire, se voit confier un travail singulier : remanier, pour le compte d'obscurs clients et pour des raisons qu'il lui faudra élucider, un vieux livre mystérieux. Se plongeant littéralement dans ce texte, il s'aperçoit vite qu'il n'est pas seul. D'autres lecteurs le hantent, parmi lesquels une vieille dame excentrique, un ancien agent d'une section très spéciale des services secrets, une jeune fille au parfum câlin... 

Avec ses portes ouvertes sur l’imaginaire, le livre est-il dangereux, subversif ou au contraire salutaire? Pas innocent, c’est sûr, et capable de faire perdre pied à son lecteur… Ce que tentent d'élucider les personnages de ce roman habités par une réalité - ou un fantasme - qui les dépasse. Fantaisie de la mémoire collective, des amours secrètes et des destinées imprévues, ce texte très original - qui rappelle J.L. Borges – se laisse respirer comme un parfum d’exception.

Goran Petrovic est né en 1961 à Kraljevo, en Serbie, aujourd'hui bibliothécaire au monastère de Zicà.  Soixante-neuf tiroirs est son premier livre traduit en français.

00:10 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |