03/04/2014
La citation du jour
Stefan Zweig
Chaque jour nous constatons encore que, dans le jeu ambigu et souvent criminel de la politique, auquel les peuples confient toujours avec crédulité leurs enfants et leur avenir, ce ne sont pas de hommes aux idées larges et morales, aux convictions inébranlables qui l’emportent, mais ces joueurs professionnels que nous appelons diplomates, ces artistes aux mains prestes, aux mots vides et aux nerfs glacés.
Stefan Zweig, Joseph Fouché (coll. Livre de Poche/LGF, 2000)
image: Honoré Daumier, Le soulèvement (fr.wahooart.com)
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29/03/2014
La citation du jour
John Donne
Nul homme n'est une île, complète en elle-même; chaque homme est un morceau du continent, une part de l'ensemble; si un bout de terre est emporté par la mer, l'Europe en est amoindrie, comme si un promontoire l'était, comme si le manoir de tes amis ou le tien l'était. La mort de chaque homme me diminue, car je suis impliqué dans l'humanité. N'envoie donc jamais demander pour qui la cloche sonne: elle sonne pour toi.
John Donne, Méditations en temps de crise (coll. Poche/Rivages, 2002)
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27/03/2014
Morceaux choisis - Sandro Penna
Sandro Penna
I. Le monde qui vous semble de chaînesest tout tissé d’harmonies profondes. II. Petite pluie sans ennui,petite pluie qui inspire.Qui ne croit pas à cecidit mal ce qu’il a à dire. III. Flammes du cimetière, ne me dites pasque le soir d’été n’est pas beau.Et beaux sont les buveursau loin dans les auberges. Ils vont comme des frisesantiques sous le cielrenouvelés d’étoiles. Flammes du cimetière, calmes doigts quicomptent les lents soirs. Ne me dites pasque la nuit d’été n’est pas belle. IV. Songe de l’employé romantiqueSonne le vent et la nuit sur la gloiredu Ministère oublié sur la montagne. Vient l’heure d’amour. Et c’est l’histoire,Julien, de ta main à l’horizon. V. Vivre je voudrais endormidans la douce rumeur de la vie.
Sandro Penna, Cinq poèmes, dans: Poésies (coll. Cahiers Rouges/Grasset, 1999)
traduit de l'italien par Dominique Fernandez
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23/03/2014
Silvia Avallone
Silvia Avallone, D'acier (Liana Levi, 2011)
Ca veut dire quoi, grandir dans un ensemble de quatre barres d'immeubles d'où tombent des morceaux de balcon et d'amiante, dans une cour où les enfants jouent à côté des jeunes qui dealent et des vieilles qui puent? Quel genre d'idée tu te fais de la vie, dans un endroit où il est normal de ne pas partir en vacances, de ne pas aller au cinéma, de ne rien savoir du monde, de ne pas feuilleter les journaux, de ne pas lire de livres, où la question ne se pose même pas?
C'est pourtant là qu'elles se sont connues, choisies, aimées, Francesca la blonde et Anna la brune, quatorze ans à peine, belles et insouciantes, conscientes de leur pouvoir sur les hommes et pourtant rebelles contre certains d'entre eux, leurs pères respectifs, surtout: Enrico le père de Francesca qui bosse aux aciéries Lucchini, brutalisant sa femme Rose et sa fille qu'il mate avec ses jumelles de malade; Arturo le père d'Anna, un bon à rien, escroc séducteur et mari de Sandra - une réminiscence de Anna Magnani? - qui disparaît quand ça lui chante. Elle ne désirait qu'une chose: La mort de son père. La mort de tous ces vieux dégueulasses, qui sentaient mauvais et voulaient une femme pour leur laver le cul, une petite ukrainienne arrachée à son foyer, parole d'Anna. Plus loin, elle ajoute: C'est pas juste que notre vie soit bousillée par ces deux salauds qui savent faire que des conneries, et qui valent pas un clou!
Anna s'est juré de ne ressembler ni à Sandra, ni à Rose dans vingt ans, toutes deux à trimer comme des détraquées avec leurs illusions perdues, auxquelles il n'arrive plus rien et dont personne, à leur mort, ne se souviendra. Heureusement, il y a Francesca, avec ce curieux incendie noir dans les yeux, et son frère protecteur Alessio - lui aussi employé des aciéries - qui partage avec son copain Cristiano les sorties en boîte, la coke, le marché noir du cuivre, les rêves de bolides, dont le coeur généreux atténue ses violences et masque ses blessures.
Dans ce roman tout conduit à la Lucchini SPA, emblème de cette ville toscane de Piombino près de Livourne, qui employait vingt mille hommes voici trente ans - mais n'en compte plus que deux mille aujourd'hui, délocalisations à l'Est oblige - et qui cristallise dans ses haut-fourneaux tous les conflits, les fatigues et les injustices de cette terre ingrate. De magnifiques pages lui sont consacrées par Silvia Avallone, soucieuse de prêter sa voix à ces cabossés de la vie oubliés de tous, dont pourtant les péripéties au quotidien, basculant du rire à la colère ou aux larmes avec la vivacité de l'éclair, ne laissent pas indifférent. Bien au contraire.
La crudité du ton qui déborde de ce trop plein de gâchis, d'espoirs et de misère confondus dont l'histoire s'avère captivante de la première ligne à la dernière, déjoue tous les pièges de la vulgarité gratuite. Paradoxalement, c'est peut-être à travers les non-dits, que les personnages féminins de Silvia Avallone explosent le plus d'une humanité insoupçonnée et bouleversante. Les hommes, quant à eux, pour la plupart - exception faite d'Alessio - n'y tiennent pas le beau rôle...
Malgré l'horizon rétréci d'une plage douteuse où le sable se mêle à la rouille et aux ordures, avec les égouts au milieu, face à l'île d'Elbe, berceau de tous les rêves, ce roman n'est pas désespéré. Il évoque bien sûr ce néoréalisme à l'italienne, chaleureux, fort, cruel parfois dans un univers provincial dont les contours sociaux ou économiques reflètent bien les malaises d'une époque paumant ses repères, mais il est aussi un discret signe d'espoir qui se disperse dans le sillage d'Anna et de Francesca, déterminées sous leurs faux airs peau de vache à changer les règles du jeu, touchantes au point de faire chavirer le coeur.
Si le temps pouvait se glisser dans les maisons, sous les portes, sans que personne le sache. Si tout pouvait se terminer avec cette position de la tête renversée contre le dossier du canapé, mains sur les cuisses, oublieuses de ce qu'elles ont fait, n'en portant plus trace, comme si jamais elles n'avaient construit de maison, fabriqué de rails d'acier, roué de coups des corps humains, marqué leur descendance au plus profond.
Un autre rêve de Francesca? Peut-être, mais l'un d'entre eux se réalisera: le voyage à l'île d'Elbe où, passés les premiers émois et mauvais coups portés à l'adolescence, avec son amie Anna, parfaitement accordées l'une à l'autre, elles plongeront dans la mer comme les touristes de Milan ou de Florence, heureuses, inséparables, réconciliées avec la vie.
Le monde, c'est quand on a quatorze ans...
également disponible en format de poche (coll. Piccolo/Liana Lévi 2012)
23:14 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Silvia Avallone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
17/03/2014
Giuseppe Tomasi di Lampedusa
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, Shakespeare (Allia, 2007)
Deux fois par semaine, l'auteur de ce chef d'oeuvre, le Guépard - en coll. Points/Seuil - prononçait chez lui, devant un public composé de jeunes gens, des leçons, principalement consacrées à la littérature anglaise. Cet opuscule relate celles consacrées à William Shakespeare. Elles fourmillent d'informations, d'angles de vue, de mises en perspective intéressantes. Le contraire d'une biographie classique ou d'une thèse universitaire. Le regard de l'écrivain y est accessible, plein d'humour, passionné. Il donne au grand dramaturge anglais un relief particulier, dans son effort à restituer une atmosphère et une matérialité du théâtre de cette époque. Bref, un compagnon idéal - il tient dans la poche intérieure d'un veston ou d'un sac à main - pour vous accompagner au spectacle d'une pièce de... Shakespeare, bien sûr!
00:38 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, William Shakespeare | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; essai; livres | | Imprimer | Facebook |
15/03/2014
Morceaux choisis - Gesualdo Bufalino
Gesualdo Bufalino
Toi l'unique, toi vivante, toi l'eauet l'air de mon existenceet toi complice véhémente de mort;toi mon poing et mon étendardcontre les procédures obscures du destin;toi mon grain, mon sein, mon sommeil,feu d'hiver qui évente le nuage de nuit obliqueoù habite l'Ourse;toi l'unique et vivante,toi le chant de l'orgue graveet toi le cri de la chair lenteet toi la fleur et la nourriture,toi ma pierre de touche et ma tiède tanière,ma femme, ma femme,toi l'unique, toi vivante...
Gesualdo Bufalino, Le miel amer / édition bilingue (L'Amourier, 2006)
traduit de l'italien par Renato Corona
image: Nicolas de Staël, Paysage de Sicile / 1952 (laregledujeu.org)
08:56 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
13/03/2014
Sarah Hall
Sarah Hall, Comment peindre un homme mort (Bourgois, 2010)
Les moments de vrai bonheur en littérature, sans arrière-pensées ni idées préconçues, sont rares. Dominique Bourgois nous avait fait découvrir l’un des plus lumineux romans de l’année 2009 avec Lark et Termite de Jayne Ann Phillips, objet d’une critique dans le Passe Muraille no 79, en octobre dernier.
Aujourd’hui, avec Comment peindre un homme mort de Sarah Hall, elle peut se réjouir d’être une nouvelle fois à l’origine de l’une des publications les plus époustouflantes de la présente rentrée littéraire, car c’est bien d’un chef d’œuvre dont il est question ici.
Quatre personnages interviennent au cours de cette histoire qui s’étend sur trente ou quarante ans, construite avec beaucoup d’habileté et d’élégance, autour d’un thème central, l’art : son fragile équilibre entre la création et la – souvent – banalité du quotidien, puis son glissement progressif vers l’autre face des êtres ou des choses, la réalité intérieure.
Le récit de Giorgio, Le journal aux bouteilles, situé en Italie dans les années 70 – inspiré par le peintre Giorgio Morandi, selon l’auteur – est raconté à la première personne. Dans son atelier, proche de la mort, il se souvient de ses débuts difficiles dans la période ambiguë des années de guerre, des bouteilles qui représentent son thème artistique favori, ainsi que d’une de ses élèves, la fleuriste Annette Tambroni, atteinte d’une cécité irrémédiable. Il aspire à la paix intérieure, partagée avec les autres, visiteurs ou familiers : Otez votre main de votre poignet, votre tension n’a rien d’anormal, vous n’êtes pas au bord de l’accident. Prêtez donc l’oreille à ce pouls plus vaste, au mugissement du bétail, aux battements d’ailes contre le vent. La terre fait entendre des bruits sourds en se déplaçant et des bourgeons éclatent. Est-ce que vous les entendez ? Cette pulsation vous attend aussi là où vous vivez …
A son tour, aujourd’hui totalement aveugle, capable de voir l’invisible, de déceler ce qui véhicule les corps et les âmes – les sources d’épanouissement ou les terreurs – mieux que ce que les yeux peuvent cerner, cette fleuriste intervient dans l’histoire en Italie et son récit, La vision divine d’AnnetteTambroni, se décline à la troisième personne. De même que Le fou sur lacolline, celui de Peter Caldicutt, sculpteur désormais célèbre, qui a entretenu dans sa jeunesse une brève correspondance avec Giorgio, qu’il admirait. Tombé dans l’interstice de deux blocs de pierre, de nos jours en Angleterre cette fois-ci, il croit sa dernière heure venue et se remémore les failles de sa vie. Il scrute l’obscurité mais ne voit rien. Il ne distingue pas même la silhouette des rochers ni le bord de la falaise. Il ne parvient pas à détecter les moindres petits mouvements dans les tunnels de roche, ceux que feraient des charognards en train de se rassembler. Il ne discerne ni ses mains, ni son corps, ni sa foutue jambe. Peut-être n’est-il plus là. Peter, Peter, où es-tu passé ?
Enfin, en Angleterre également, résonne la voix de Suzie, la fille de Peter, dans La crise du miroir. Photographe de talent, elle vit un terrible traumatisme depuis la mort accidentelle de son frère jumeau Danny, et recherche dans une sexualité sans fard ni tabous, à refaire surface. Parfois tu avais l’impression d’être là où il se trouvait plutôt que là où tu te trouvais ou encore: Vivre magnifiquement et complètement, certaine d‘avoir triomphé dans cette vie ne t’intéresse pas. Tout ce que tu veux, c’est être toi-même, car l’identité qui jadis était tienne, a disparu.
Son récit à la seconde personne est une invention de l’auteur vraiment originale qui se prête à merveille au personnage le plus bouleversant de ce livre, avec celui d’Annette Tamborini. Annette voit, à travers la pesante substance des maisons et le corps des arbres, qu’il y a derrière chacun une petite lueur, un tison qui palpite. Une émeraude brille à côté du cyprès, les nuages miroitent d’une luminescence de nacre. Les spirales de fer du portail renferment l’esprit orange de la fonderie. (…) ses frères possèdent chacun un cœur dans lequel l’amour s’épanouit comme une fleur écarlate.
Roman choral, il capte l’attention dès les premières lignes, joue avec les apparences, la profondeur et l’interrogation du regard sur l’amour, le désir, la violence, la passion, le désespoir, la perte ou la mort, thèmes universels auxquels Sarah Hall a l’intelligence de ne pas imposer une (trop) juste réponse, mais au contraire suggère indirectement une réflexion chez le lecteur, la possible modification de son angle de vue sur le miroir, sur les autres.
Au centre de Comment peindre un homme mort, la quête identitaire et la douleur de la perte réunissent ces quatre personnages dont la destinée, progressivement, s’expose sous nos yeux à la vie, à la lumière, comme une nature morte en cours d’élaboration.
A l’art revient le dernier mot de ce récit, avec un texte deCennino d’Andrea Cennini, peintre du Moyen Age, extrait du Livre de l’art, livrant la dernière clef de ce roman exceptionnel : Son titre !
publié dans Le Passe Muraille no 81 - mars 2010
00:16 Écrit par Claude Amstutz dans Le Passe Muraille, Littérature étrangère, Sarah Hall | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
08/03/2014
La citation du jour
Virginia Woolf
Tous ces siècles, les femmes ont servi de miroirs, dotés du pouvoir magique et délicieux de refléter la figure de l'homme en doublant ses dimensions naturelles.
Virginia Woolf, Une chambre à soi (Stock, 2008)
14:36 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | | Imprimer | Facebook |
04/03/2014
Lawrence Block
Lawrence Block, L'amour du métier (coll. Points/Seuil, 2001)
Keller nous revient après une longue absence. Qui donc s'en plaindrait? Tueur à gages, il aime le travail bien fait, cherchant avant toute chose que son client soit satisfait. Avec minutie, il scrute les lieux favorisant le passage à l'acte, rencontre - incognito - ses victimes afin de savoir à qui il apportera une forme de délivrance... Car il est attendu, quelque part au bout d'un irréparable délit. Tôt ou tard, on reconnaît en lui le messager des mauvaises nouvelles, ce qui ne manque pas d'attrister Keller qui, la plupart du temps, éprouve une empathie certaine pour sa cible du jour. Alors, il explique à la manière d'un confesseur, qu'il pourrait épargner ses victimes, mais que cela entraînerait un tas de complications pour tout le monde, l'envoi d'un autre tueur et l'angoisse de leur arrêt de mort qui s'éterniserait... Or il veut leur apporter la paix, définitivement! Pourtant, avec l'âge, Keller sent monter en lui la lassitude. L'amour passerait-il par là? L'heure de la retraite et de la reconversion auraient-elles sonné? Un roman policier - vous l'aurez compris - à l'humour noir qui déclenche des fous rires, et quelques frayeurs aussi... Très original!
06:37 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; policier; livres | | Imprimer | Facebook |
28/02/2014
Truman Capote
Truman Capote, La traversée de l'été (Grasset, 2006)
Grady McNeil a dix-sept ans et l'âme passionnée. Alors que ses riches parents vont passer l'été en Europe, elle se retrouve seule dans un New York vibrant sous la canicule. Délaissant le luxe de la Cinquième Avenue, elle tombe amoureuse de Clyde, gardien de parking à Broadway. Ils s'aiment, mais de façon différente. La fierté provocante de Grady et la nonchalance de Clyde vont peu à peu les entraîner vers de dangereux précipices. Cette saison sera toute leur vie.
Inédit en français – voir l’intéressante préface de Charles Dantzig – ce court roman de jeunesse, par l’auteur du célèbre De sang froid et de Déjeuner chez Tiffany a, dans sa langue originale, suscité bien des réserves. Fallait-il exhumer ce manuscrit de ses cendres? La réponse est oui, car malgré quelques maladresses, l’immense talent de Truman Capote transpire déjà dans ce récit. Crépusculaire, ce texte en quelques coups de pinceau, évoque les émotions croisées, rarement à l’unisson, dans leur surabondance, impossibles à exprimer, à canaliser, à surmonter, révélant tour à tour à chacun de ces adolescents – peu préparés à cette réalité – la complexité des relations amoureuses ou familiales. Le sujet peut sembler banal, mais la vision des êtres l’est moins et l’écriture, pas du tout.
Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2008)
14:09 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |