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13/06/2014

La citation du jour

William Blake

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Voir un univers dans un grain de sable, et le ciel dans une fleur des champs. Tenir l'infini dans sa paume, mettre l'éternité dans une heure. 

William Blake, dans: Marguerite Yourcenar, La voix des choses (Gallimard, 1992)

 

00:26 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

10/06/2014

Pietro Citati

9782070762767.gifPietro Citati, Le mal absolu (L'Arpenteur, 2009)

 

Le mal absolu est sans doute l’un des essais littéraires les plus passionnants de ces dernières années. L’écriture de Pietro Citati y contribue largement de par son style lyrique, précis, convoquant écrivains et personnages avec un sens raffiné de la mise en scène. Quant au sujet, rarement il a été évoqué avec autant d’érudition et de simplicité que dans cet ouvrage qui se lit – sauf peut-être les chapitres consacrés à Goethe, Manzoni ou Freud - comme un roman ! Au-delà de nombreux héros du siècle dernier, vous découvrirez certains visages méconnus de leurs auteurs, tels Jane Austen, Charles Dickens ou Alexandre Dumas. Enfin, après cette lecture, vous aurez une toute autre vision de Robinson Crusoë qui a hanté sans doute l’imagination de vos 15 ans. Bref, un chef d’œuvre à lire, puis à offrir !

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

06/06/2014

La citation du jour

Erich-Maria Remarque

citations; livres

Nous nous sommes étourdis et nous avons cherché; nous nous sommes endurcis et nous nous sommes laissés aller; nous nous sommes baissés et nous avons bondi; nous nous sommes égarés et nous avons continué à marcher; mais nous sentions toujours peser sur nos épaules l'ombre à laquelle nous voulions échapper. Nous croyions qu'elle nous poursuivait, ignorant que nous la traînions avec nous; qu'elle était là, muette, partout où nous étions; qu'elle n'était pas derrière, mais qu'au contraire nous la portions en nous, en nous-mêmes. Nous avons voulu construire des maisons, nous avons eu des désirs ardents de jardins et de terrasses, car nous voulions voir la mer et sentir le vent; mais nous avions oublié que les bâtiments ont besoin de fondation.

Erich-Maria Remarque, Après (coll. Folio/Gallimard, 2014)

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02/06/2014

Erri de Luca

9782070449583.jpgErri de Luca, Le poids du papillon (coll. Folio/Gallimard, 2012)

Sa mère avait été abattue par un chasseur. Dans ses narines de petit animal se grava l'odeur de l'homme et de la poudre à fusil. Lui, c'est un chamois qui a grandi tout seul, sans règles, a rejoint un troupeau et s'y est imposé. Devenu le roi des chamois, un matin de novembre, vieillissant, il sent que l'heure de la fin de sa suprématie est proche, malgré son instinct de survie. Il sait, au crépuscule de sa vie, qu'il va devoir affronter cet autre roi, le chasseur braconnier, cet ermite des montagnes, dont le temps lui semble aussi compté et qui n'accepte pas l'idée de mourir: Les voix continueront quand son harmonica se taira. La vie sans lui est déjà en chemin. (...) Sa canne en cerisier est munie d'une pointe en fer pour goûter le sol, elle a le son ami des pas d'un aveugle.

Entre l'homme et l'animal - deux créatures libres, solitaires et justes - le face à face aura bel et bien lieu, après tant d'années de ruses, d'observations silencieuses, de stratégies déjouées dans l'air raréfié de la haute montagne...

Métaphore de la vie, ce court récit de 70 pages pourrait être lu en une heure, mais telle une pierre brute qui prend du temps à épouser les contours de la main et se joue des jeux d'ombre ou de lumière sur le fil mystérieux des saisons, l'intensité et la signification de chaque mot impose la patience, la respiration, la lenteur. Plaisir rare de lecture, d'amour et de poésie mêlés, cernant - d'une écriture aussi ascétique que le physique de l'écrivain - avec une infinie douceur la montagne, le coeur et l'âme, plus facétieuse que la volonté de l'homme, sous la forme d'un papillon blanc qui passant de l'arme de l'homme à la corne du chamois donne un sens au récit dans tout ce qu'il effleure. Aussi mordante et douce que le vent qui nous pousse à travers les sentiers escarpés, l'histoire s'achève sur une victoire - que j'éprouve beaucoup de peine à ne pas vous révéler - qui ressemble à une défaite... Lisez Le poids du papillon, et vous comprendrez!

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Erri de Luca, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

30/05/2014

Morceaux choisis - Virginia Woolf

Virginia Woolf

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Le soleil ne s’était pas encore levé. La mer ne se distinguait pas du ciel, sauf que la mer se plissait légèrement comme si une étoffe avait des rides. Progressivement à mesure que le ciel blanchissait une ligne sombre marqua l'horizon qui séparait le ciel de la mer et l’étoffe grise se barra de traits épais qui se déplaçaient, les uns après les autres, sous la surface, se suivaient, se poursuivaient, perpétuellement. 

À mesure qu’elles approchaient du rivage chaque barre se soulevait, s’enflait, se brisait et balayait un fin voile d’eau blanche sur le sable. La vague s’arrêtait, et puis se retirait à nouveau, soupirant comme un dormeur dont le souffle va et vient inconsciemment. Progressivement la barre sombre sur l’horizon se fit claire comme si au fond d’une veille bouteille de vin les sédiments s’étaient déposés et avaient laissé du vert sur les parois. Derrière elle, aussi, le ciel s’éclaircissait comme ci là-bas les sédiments blancs s’étaient déposés, ou comme si le bras d’une femme allongée sous l’horizon avait levé une lampe et des barres plates de blancs, de vert et de jaune s’étalaient sur le ciel comme les lames d’un éventail. Puis elle leva sa lampe un peu plus haut et l’air sembla devenir fibreux et s’arracher à la verte surface voltigeant et flambant  en fibres jaunes et rouges comme les flammes fumantes qui s’échappent d’un feu de joie. Progressivement les fibres enflammées du feu de joie se fondirent en une cule nuée, une seule incandescence qui souleva la laine lourde et grise du ciel au-dessus d'elle et la transforma en un million d'atomes d'un bleu tendre. La surface de la mer devint lentement transparente et s'étendit ondulante et étincelante jusqu'à ce que les raies sombres fussent presque effacées. Lentement le bras qui tenait la lampe la souleva plus haut et puis plus haut encore jusqu'à ce qu'une large flamme devînt visible; un arc de feu brûla au bord de l'horizon, et tout autour la mer se mit à flamboyer d'or.

La lumière frappa les arbres du jardin, une feuille devint transparente et puis une autre. Un oiseau gazouilla très haut; il y eut une pause; un autre gazouilla un peu plus bas. Le soleil avivait les murs de la maison, et se posait comme la pointe d’un éventail sur le store blanc et laissait l’empreinte d’un doigt d’ombre bleue sous la feuille près de la fenêtre de la chambre. Le store frémissait légèrement, mais à l’intérieur tout était obscur et insubstantiel. Les oiseaux chantaient leur vide mélodie au-dehors.

Virginia Woolf, Les vagues, dans: Romans - Essais (coll. Quarto/Gallimard, 2014)

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28/05/2014

La citation du jour

Heinrich Heine

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J'aime la mer comme mon âme. Souvent même je pense que la mer est vraiment mon âme: des plantes cachées y poussent qui seulement au moment de l'épanouissement montent en surface, puis se fanant, s'enfoncent à nouveau; de même des profondeurs de mon âme montent de merveilleuses floraisons d'images, et elles embaument, et elles éclairent, et elles disparaissent.

Heinrich Heine, Tableaux de voyage (Cerf, 2000)

image: http://poemes-provence.fr

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25/05/2014

Elsa Osorio

9782864246251.gifElsa Osorio, Tango (Métailié, 2007)

L'histoire d'une ville et d'une musique à travers la saga de deux familles socialement opposées. A Paris, au Latina, Luis invite Ana à danser le tango. Elle est française et elle aime la danse autant qu'elle déteste la patrie de ses parents, l'Argentine. Il est argentin de passage à Paris pour tenter d'échapper à une crise économique et psychologique. Un projet de film sur le tango va les réunir...

Amours, joies et peines, sur fond de rivalités sociales, peuplent ce roman dont le tango, emblème poétique et politique, est le cœur. Beaucoup de charme émane de ce récit dont on prend plaisir à découvrir la destinée des nombreux protagonistes, chaleureux, parfois extrêmes, mais toujours passionnés. Une myriade de personnages, de désirs et de sentiments qui rappellent furieusement… le tango !

Egalement disponible en coll. Points (Seuil, 2008)

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19/05/2014

Thomas Sanchez

9782070770540.gifThomas Sanchez, King Bongo (Coll. Série Noire/Gallimard, 2005)

Cuba, 1957. L'île, tenue par les américains, exhibe scandaleusement ses hôtels de luxe et ses boîtes de nuit. La police politique traque la rébellion menée par Castro. Des bombes explosent. La fête est partout. Des gens disparaissent. N'importe qui peut être un autre et des mendiants dirigent la ville tandis que de faux puissants ne sont que des façades. Cuba reste un mystère. King Bongo, qui croyait tout connaître de son île, la redécouvre brutalement. Sa soeur aussi noire de peau qu'il est blanc, a disparu lors d'un attentat d'une violence rare. Tout le monde la cherche. Personne ne semble avoir la moindre idée et cela sent le vaudou. Elle qui dansait à rendre fous les hommes s'est évanouie dans les odeurs de poudre et les tables brisées. King Bongo le sait, elle est tout près de lui. Il a grandi avec elle. Elle est sa soeur. Il ne la lâchera pas...

On se croirait dans une fête qui n’en finit pas, avec ses casinos, ses danseuses – dont la Panthère , qui joue un rôle clé dans l’histoire – et ses voitures de luxe. Mais aussi avec ses complots politiques, ses relents de corruption et ses bains de sang… Une atmosphère troublante, servie par une intrigue envoûtante à souhait !

Disponible également en coll. Folio Policier (Gallimard, 2007)

Par l'auteur de Le jour des abeilles (coll. Folio/Gallimard, 2002), son chef d'oeuvre.

16/05/2014

Ernest Hemingway

EH.jpgErnest Hemingway, Le soleil se lève aussi (Coll. Folio/Gallimard, 1972)

 

Elle détourna les yeux. Je crus qu’elle cherchait une autre cigarette. Puis je vis qu’elle pleurait, qu’elle tremblait et qu’elle pleurait. Elle évitait de me regarder. Je la pris dans mes bras.

 

Ce roman est le portrait du Paris des écrivains de l'entre-deux-guerres, de ces êtres à la dérive, désabusés au cœur de nuits sans fin, passionnés de tauromachie, à la recherche d’intimités improbables. Entre Jack Barnes blessé dans son coeur et son corps, Lady Ashley - Brett - qui exerce une fascination sur tous les hommes qui l'entourent et Michael le vétéran écossais au comportement excessif, tout l’univers d’Hemingway y trouve sa place avec ses joies frivoles, ses ombres du passé, ses ivresses et ses désenchantements. Un texte plutôt méconnu qui se déroule dans une ambiance de fête étourdissante et mélancolique.

 

En 1957, Henry King réalise une adaptation cinématographique avec pour interprètes principaux Tyrone Power, Erroll Flynn et Ava Gardner.

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11/05/2014

Lire les classiques - Rainer-Maria Rilke

Rainer-Maria Rilke

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 merci à Vasil Q

Éteins mes yeux: je te verrai encore
Bouche-moi les oreilles: je t’entendrai encore
Sans pieds, je marcherai vers toi
Sans bouche,  je t’invoquerai encore
Coupe-moi les bras: je te saisirai
Avec mon cœur comme avec une main
Arrache-moi le cœur et mon cerveau battra
Et si tu mets aussi le feu à mon cerveau
Je te porterai dans mon sang.

Rainer-Maria Rilke, Le Livre des images, dans: Oeuvres poétiques et théâtrales (Bibliothèque de la Pléiade, 1997)

image: http://arbrealettres.files.wordpress.com