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09/08/2013

Seth Greenland

 9782867464911.jpgSeth Greenland, Un patron modèle (Liana Levi, 2008)

Jusque-là sa vie était routinière, prévisible et rassurante. Un bon job, un modeste pavillon de banlieue, une gentille famille. Mais la mondialisation frappe à Los Angeles comme ailleurs et Marcus refuse d'assumer la direction de Wazoo Toys en Chine. Son compte en banque vire au rouge cramoisi tandis que la bar mitsvah de son fils approche. Sans compter les petits bobos d'une belle-mère à demeure. C'est alors que la mort de son frère mal-aimé semble le tirer d'affaire : Marcus hérite d'un pressing qui pourrait lui permettre de redresser la barre. Avec ce legs inespéré, il ne va pourtant pas retrouver la tranquillité, loin de là, car cette petite entreprise s'avère n'être qu'une façade pour une activité extrêmement lucrative mais tout à fait illégale...

Depuis Vous descendez de Nick Hornby je n’ai lu de roman plus drôle et original que celui-ci. Un vrai plaisir que de suivre les tribulations de Nathan, Jan et Marcus - devenu souteneur malgré lui - qui, d’une vie ordinaire et terne, basculent dans un univers inattendu et répréhensible… Quelques frayeurs nous font craindre le pire, mais cette histoire reste une comédie de mœurs suscitant le rire et la sympathie. La scène de la bar mitsvah est un morceau d’anthologie, de même que certaines trouvailles – les poules futées par exemple – fruits d’un humour décapant et légèrement décalé.

également disponible en en format de poche (coll. Piccolo/Liana Levi, 2011)

21:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/08/2013

Rosetta Loy

9782226167286.gifRosetta Loy, Noir est l'arbre des souvenirs (Albin Michel 2005)

Là-haut, ils devaient se sentir les maîtres du monde. Personne ne pouvait les voir, entendre leurs voix et le grincement des planches sous l'étreinte des corps. Les mots qu'on murmure, et les autres, criés fort dans l'amour. Et leurs rires. Parce qu'ils étaient très jeunes, et ils ont bien dû rire aussi : peut-être comme ça, pour rien, juste pour le bonheur d'être ensemble.

Au cours de l’été 41, trois adolescents en vacances à Venise, savourent le bonheur de s’amuser, de rire, d’aimer et d’être ensemble, tout simplement. Rosetta Loy dépeint avec réalisme mais sans outrances le climat particulier d’une Italie qui bascule dans la guerre et se cherche de nouveaux repères. Un récit poignant.

 Egalement disponible au format de poche (Livre de poche/LGF, 2007)

07:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/08/2013

Javier Tomeo

31603_1.jpgJavier Tomeo, La nuit du loup (Bourgois, 2013)

S'aventurer de nuit dans la lande espagnole peut se révéler dangereux. Macario a beau connaître le terrain, il a vite fait de se fouler une cheville et se retrouve bloqué dans un abribus, au bord d'un chemin désert, par un soir de pleine lune. Cependant, depuis la route s'élève une autre voix. Celle d'Ismael, confronté aux mêmes difficultés cinquante mètres plus loin: désarroi en miroir, blessure, tout est semblable et différent à la fois. Au milieu de cette nuit improbable, une discussion insolite et décalée se tisse peu à peu entre ces deux êtres égarés.

Ce roman à deux personnages - auxquels il faut ajouter un corbeau qui les observe et les interpelle avec ses croa, croa, croa! - ferait une excellente pièce de théâtre en un acte pour dévoiler l'univers absurde, un brin kafkaïen qui nous entoure ou nous habite, et si le propos semble parfois léger ou superficiel, ce n'est que pour mieux souligner l'isolement, l'indifférence, la solitude qui, à la faveur de circonstances baroques, occupe tout l'espace de nos (anti-) héros, emportés par un fou-rire qui ressemble à un grincement de dents. Un moment dans la vie de Macario et d'Ismael qui préfigure un peu le nôtre, moderne et vide de sens - moral, social, politique - qu'un flot ininterrompu de paroles, de cruautés ordinaires et de pirouettes voudraient bien faire oublier. La nuit du loup mérite d'être lu, et en dépit de ce qui précède, distille tous les ingrédients d'une comédie qui prête à sourire, comme un bouquet de fleurs incongru dont ne subsistera sans doute pas, une fois les choses revenues à leur place, le moindre souvenir...

07:32 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature espagnole, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

30/07/2013

Morceaux choisis - Chimamanda Ngozi Adichie

Chimamanda Ngozi Adichie

1822080_3_e0c0_chimamanda-ngozi-adichie-publie-autour-de-ton_23acda23dc8a7391ab49a03de88d2704.jpg

Mon mari tout neuf a sorti la valise du taxi et il est entré le premier dans le brownstone, me guidant par une volée de marches maussades puis le long d'un couloir sans air, à la moquette élimée, pour s'arrêter devant une porte. Le numéro 2 B, en caractères de métal jaunâtre irréguliers, y était fixé.

On est arrivés, a-t-il dit.

Il avait utilisé le mot maison pour me parler de notre futur foyer. Je m'étais imaginé une allée bien lisse serpentant entre des pelouses vert concombre, une porte s'ouvrant sur un vestibule, des murs ornés de tableaux paisibles. Une maison comme celle des jeunes mariés blancs dans les films américains qui passaient le samedi soir sur NTA.

Il a allumé la lumière du salon, au milieu duquel trônait un canapé beige, seul et de travers, comme tombé du ciel. Il faisait très chaud; de vieilles odeurs de renfermé flottaient lourdement dans l'air.

Je te fais visiter, a-t-il dit. 

La petite chambre avait un matelas nu à même le sol dans un coin. Le grande chambre avait un lit et une commode, ainsi qu'un téléphone par terre sur la moquette. Malgré cela, ni l'une ni l'autre ne donnaient une sensation d'espace, comme si les murs avaient fini par être gênés d'avoir si peu d'objets entre eux.

Maintenant que tu es là, on va acheter d'autres meubles. Je n'avais pas besoin de grand-chose tant que j'étais seul, a-t-il dit.

D'accord, ai-je répondu.

J'étais sonnée. Les dix heures de vol de Lagos à New York et l'attente interminable pendant que la douanière passait ma valise au peigne fin m'avaient laissée sur les rotules, et la tête dans le coton. La douanière avait examiné mes aliments comme si c'étaient des araignées. Elle avait enfoncé ses doigts gantés dans les sacs étanches d'egusi pilé, de feuilles d'onugbu séchées et de graines d'uziza, et fini par confisquer mes graines d'uziza. Elle avait peur que je les fasse pousser dans le sol américain. Peu importe si les graines avaient séché des semaines au soleil, si elles étaient dures comme un casque de vélo.

Ike agwum, ai-je dit en posant mon sac à main par terre dans la chambre.

Oui, mais aussi je suis épuisé, a-t-il dit. On devrait se coucher.

Dans le lit les draps étaient doux et je me suis roulée en boule, contractée comme le poing d'oncle Ike quand il est en colère, en espérant qu'aucun devoir conjugal n'était attendu de moi. Quelques instants plus tard, je me suis détendue en entendant les ronflements cadencés de mon mari tout neuf.

Chimamanda Ngozi Adichie, Les marieuses / extrait, dans: Autour de ton cou (Gallimard, 2013)

traduit de l'anglais (Nigeria) par Mona de Pracontal

image: Chimamanda Ngozi Adichie (lemonde.fr)

07:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/07/2013

Ramon Gomez de la Serna

Bloc-Notes, 27 juillet / Les Saules

littérature; pensées; livres

Je vous ai déjà présenté dans ces colonnes Ramon Gomez de la Serna, en deux extraits - voir Morceaux choisis - tirés de ses Lettres aux hirondelles et à moi-même. Aujourd'hui, avec autant de plaisir, je vous propose Greguerias de ce même auteur, dont la démarche singulière mérite que je cite l'introduction: Dans l'immense production littéraire de Ramon Gomez de la Serna, la "gregueria" est un genre qu'il n'a cessé de cultiver. De 1910 à 1962, les "greguerias" seront publiées dans la presse, citées dans d'autres livres, maintes fois réunies, inédites pour certaines; elles sont de véritables petits chefs-d'oeuvre, des notations délicates, de purs joyaux ciselés dans le laboratoire génial de l'auteur. La "gregueria" est née vers 1910, explique-t-il, un jour de fatigue et de scepticisme où je pris tous les ingrédients qui se trouvaient dans mon laboratoire, flacon après flacon, et les mélangeai. De leur précipité, de leur dissolution radicale, surgit la "gregueria", qui est humour, métaphore ou encore l'urne de mes cendres quotidiennes, un oeillet sur le mur.

Ci-dessous, voici donc, parmi plusieurs centaines d'autres, quelques perles de ces Greguerias:

La lune est un petit miroir impertinent avec lequel la voisine facétieuse renvoie le soleil dans les yeux de son voisin accoudé au balcon. (p. 15)
*
Lorsqu'une étoile tombe, on dirait que le ciel a filé ses bas. (p. 20)
*
Les bancs publics sont les portées musicales des initiales de l'amour. (p. 22) 
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L'hirondelle est une flèche mystique à la recherche d'un coeur. (p.23)
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La chenille est le plus petit chemin de fer du monde. (p. 24)
*
Qu'est-ce qu'une illusion? Un soupir de la fantaisie. (p.24)
*
La vie, c'est se dire adieu dans un miroir. (p. 34)
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Les feuilles mortes sont les billets de loterie offerts par l'automne. (p. 38)
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L'horloge est le médaillon du temps. (p. 44)
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L'eau n'a pas de mémoire, c'est pour cela qu'elle est si propre. (p. 50)
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L'arc-en-ciel est l'écharpe du ciel. (p. 50)
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La girafe est un périscope pour scruter l'horizon du désert. (p. 50)
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Grâce aux gouttes de rosée, la fleur a des yeux pour voir la beauté du ciel. (p. 51)
*
Les grêlons sont des grains de riz lancés pour célébrer les noces de l'été. (p. 53)
*
L'ennui est un baiser donné à la mort. (p. 54)
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Il ne faut pas dire la vérité toute nue. Il faut au moins la couvrir d'un voile léger. (p. 58)
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Le rêve est un dépôt d'objets perdus. (p. 67)
*
L'archet du violon a les cheveux blancs de l'expérience. (p. 68)
*
La queue de l'écureuil est un plumeau avec lequel il nettoie l'endroit où il s'assied. (p. 69)
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C'est dans la vague que se trouve le miroir des abîmes. (p. 72)
*
Le hibou est la lampe de chevet du bois. (p. 74)
*
La plus élégante du bal s'était fait une robe dans cette dentelle que tisse sur le sol l'ombre des arbres. (p. 74)
*
L'éléphant est la gigantesque théière de la forêt. (p. 75)
*
La mer passe son temps à doucher la terre pour essayer de lui faire entendre raison. (p. 80)
*
L'hélice est le trèfle de la vitesse. (p. 82)
*
Lorsque le marteau perd la tête, les clous éclatent de rire. (p. 82)
*
Au petit matin, l'aube glisse une pièce dans la cage de l'oiseau pour qu'il commence à chanter. (p. 84)
*
La femme qui dans son mouchoir se taille un chemisier est d'une grande frivolité. (p. 89)
*
L'ombre est le vivant écrin de la silhouette. (p. 98)
*
Les touches noires du piano portent le deuil des pianistes disparus. (p. 127)
*
Les chardons sont les croque-mitaines des marguerites. (p. 146)
*
Il est des femmes qui croient que la seule chose importante chez elles est ce rien d'ombre qui ourle leur décolleté. (p. 148) 

Des pirouettes qui font la part belle à l'imagination, à la poésie, à l'humour, servies par le regard pénétrant et tout en finesse de Ramon Gomez de la Serna, qui ne ressemble à celui de personne...

Ramon Gomez de la Serna, Greguerias (Cent Pages, 2005)

traduit de l'espagnol par Jean-François Carcelen et Georges Tyras

préface de Valery Larbaud

Ramon Gomez de la Serna, Lettres aux hirondelles et à moi-même (André Dimanche, 2006)

traduit de l'espagnol par Jacques Ancet

04:07 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature espagnole, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; pensées; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/07/2013

Morceaux choisis - Nicolas Machiavel

Nicolas Machiavel

machiavel.jpg

On peut dire généralement des hommes qu'ils sont ingrats, inconstants, dissimulés, tremblants devant les dangers et avides de gain; que, tant que vous leur faites du bien, ils sont à vous, qu'ils vous offrent leur sang, leurs biens, leur vie, leurs enfants, tant, comme je l'ai déjà dit, que le péril ne s'offre que dans l'éloignement; mais que, lorsqu'il s'approche, ils se détournent bien vite. Le prince qui se serait entièrement reposé sur leur parole, et qui, dans cette confiance, n'aurait point pris d'autres mesures, serait bientôt perdu; car toutes ces amitiés, achetées par des largesses, et non accordées par générosité et grandeur d'âme, sont quelquefois, il est vrai, bien méritées, mais on ne les possède pas effectivement; et, au moment de les employer, elles manquent toujours. Ajoutons qu'on appréhende beaucoup moins d'offenser celui qui se fait aimer que celui qui se fait craindre; car l'amour tient par un lien de reconnaissance bien faible pour la perversité humaine, et qui cède au moindre motif d'intérêt personnel; au lieu que la crainte résulte de la menace du châtiment, et cette peur ne s'évanouit jamais.

Nicolas Machiavel, Le prince  (coll. Livre de poche/LGF, 2000)

05:24 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; philosophie; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

23/07/2013

Mary Wesley

la-resquilleuse-4407393-250-400.jpgMary Wesley, La resquilleuse (coll. J'ai lu/Flammarion, 2013)

Matilda, la cinquantaine, a soigneusement préparé son coup. Elle a arrosé une dernière fois son jardin, laissé un intérieur propre et bien rangé, réduit en cendres la correspondance qu'elle entretenait avec son mari. Sans regrets envers sa progéniture: Louise vit à Paris, Marc à Paris, Claud aux Etats-Unis et Anabel toujours par monts et par vaux. Sur le pont dominant l'endroit du village où le fleuve se précipite dans la mer, elle s'apprête donc à se bourrer les poches de pierres avant de se jeter à l'eau comme Virginia Woolf, mais sur le point de tirer sa révérence en beauté, son destin est contrarié par la rencontre de Hugh sur la falaise, un trentenaire recherché par la police après avoir bousillé sa mère avec un plateau à thé. 

Entre notre morte en sursis et Hugh vont se nouer des liens doux-amers, servis par des dialogues truffés d'une délicieuse malice à l'anglaise. Baissant peu à peu sa garde, Matilda avouera à Hugh bien des secrets gardés tout au long de ces années, dont celui d'un meurtre commis autrefois, en toute impunité: une oeuvre de salubrité publique dit-elle, envers toutes les femmes trompées, écornant l'image de son premier et unique amour, Tom. 

Outre une évocation subtile de la vieillesse, cette bonne dame indigne réglant ses comptes avec le passé, laisse s'épanouir un savoureux parfum de liberté, de tendresse et d'insoumission que même la fin de l'histoire - que je vous laisse découvrir - ne ternit pas. On prendrait bien la place de Gus, le jard: un esprit drôle, fidèle, indépendant, voué à sa maîtresse qui lui témoigne en retour une affection dont aucun humain n'aura été - sans déception aucune - l'heureux bénéficiaire...   

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Mary Wesley | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/07/2013

Morceaux choisis - Nazim Hikmet

Nazim Hikmet

Nazim Hikmet.jpg

merci à Monique D

Si j'étais platane si je me reposais à son ombre 
si j'étais livre 
que je lirais sans ennui dans mes nuits d'insomnie 
crayon, je ne voudrais pas l'être 
même pas entre mes propres doigts 
si j'étais porte 
je m'ouvrirais aux bons je me fermerais aux méchants 
si j'étais fenêtre 
une fenêtre sans rideaux grande ouverte 
si j'étais verbe 
si je vous appelais au beau au juste au vrai 
si j'étais parole 
je dirais mon amour doucement, tout doucement

Nazim Hikmet, cité par John Berger (bleublancturc.com)

09:48 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/07/2013

Morceaux choisis - Carlo Carretto

Carlo Carretto

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O Eglise, combien tu m'apparais contestable, et cependant combien je t'aime! Combien tu m'as fait souffrir et cependant combien je te dois! Je voudrais te voir détruite, et cependant j'ai besoin de ta présence. Par toi, me sont venus tant de scandales, et cependant tu m'as fait comprendre la sainteté. Je n'ai rien vu au monde de plus obscurantiste, de plus compromis, de plus faux, et je n'ai rien touché de plus pur, de plus généreux, de plus beau. Que de fois j'ai eu le désir de te fermer au nez la porte de mon âme, et que de fois j'ai prié pour mourir entre tes bras qui offrent toute sécurité.

Carlo Carretto, le Dieu qui vient (Apostolat des Editions, 1972)

14/07/2013

Lire les classiques - Emily Dickinson

Emily Dickinson

littérature; poésie; anthologie; livres

Sous la lumière, très en dessous,
Sous l'herbe et la boue,
Sous la cave du scarabée
Sous la racine du trèfle,
 
Plus loin que ne s'étend un bras
Même celui d'un géant,
Plus loin que ne pourrait le soleil
Si le jour durait une année,
 
Par-dessus la lumière, très au-dessus,
Par-dessus l'arc que décrit l'oiseau -
Par-dessus la cheminée de la comète -
Par-dessus la tête de cent coudées,
 
Plus loin que ne peut galoper la conjecture
Plus loin que ne peut chevaucher l'énigme -
Comment calculer la courbe de la distance
Entre nous et les morts!
 

Emily Dickinson, "Poésies complètes, 1865", édition bilingue (Flammarion, 2009)

Traduction: Françoise Delphy

image: Gabriel Joseph Ferrier,  Evening (1911)

09:31 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |