27/09/2014
Morceaux choisis - Yehuda Amichaï
Yehuda Amichaï
Et après tout ça - la pluie.Alors que nous savions déjà lire le livre du séjour et le livre des adieux,alors que nos cheveuxconnaissaient déjà tous les ventset que nos heures douces, libres,couraient, domptées,autour de l'arène du temps. Après tout ça - la pluie.Une grande mer saléeest venue à nous, balbutianten gouttes douces et lourdes. Et après tout ça - la pluie.Regarde: comme ellenous sommes déversés ensemblesur celle qui nous accueilleet ne se souvient pas,la terre printanière.
Yehuda Amichaï, Perdu dans la grâce - Poèmes choisis (Gallimard, 2006)
traduit de l'hébreu par Emmanuel Moses
image: http://travel.pboog.com
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26/09/2014
La citation du jour
Hermann Hesse
L'éphémère possède un charme merveilleux, un charme d'une brûlante tristesse. Mais il y a plus de beauté encore dans le passé qui n'est pas révolu, qui ne s'éteint pas, se perpétue secrètement, dans le passé qui recèle une éternité cachée, refait surface dans la mémoire et se tapit dans les mots qu'il faut sans cesse invoquer!
Hermann Hesse, Eloge de la vieillesse (coll. Livre de Poche/LGF, 2003)
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25/09/2014
Morceaux choisis - Nathan Katz
Nathan Katz
Et quand nous serons mortsnous revivrons peut-êtredans tout ce qui est beau. Nous serons peut-êtrela vie qui monte dans le jeune blédans cette immense multitudede petites poussesqui germent au loin par les champs. Nous serons peut-êtrela force du vent qui va par les boisen courbant les chênesou les simples et saines fleursde quelque jardin paysan. Nous revivrons peut-êtredans tout ce qui est beaudans tout ce qui vit.
Nathan Katz, Nous revivrons peut-être, dans: Sundgäu (Arfuyen, 1987)
traduit par Jean-Paul de Dadelsen, Guillevic et Nathan Katz
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19/09/2014
Dennis Lehane
Dennis Lehane, Prières pour la pluie (Rivages, 2004)
Patrick Kenzie ne travaille plus avec Angela Gennaro, mais il n'a pas quitté le vieux quartier de Boston où il opère, secondé à l'occasion par son redoutable acolyte Bubba Rogowski. Il vient d'être engagé par une jeune femme resplendissante nommée Karen Nichols qui est victime de harcèlement. Le problème est rapidement réglé et tout rentre dans l'ordre. Jusqu'à ce que Karen Nichols devienne le sujet d'un triste fait divers: elle se jette du vingt-sixième étage d'une tour...
Dennis Lehane est certainement l'un des auteurs les plus personnels de la scène du polar. L’auteur de Shutter Island dans une atmosphère très différente de ce dernier, déroute une nouvelle fois ses lecteurs avec la poursuite d’un criminel promis à l’impunité, réduisant ses victimes à se laisser détruire de l’intérieur. Intrigue originale, valeurs décalées, rythme d’enfer et personnages complexes: L'atypique détective Patrick Kenzie et son redoutable acolyte Bubba Rogowski prolongent encore, si besoin est, notre enchantement qui résonne d'un humour noir ravageur.
Egalement disponible en format de poche (coll. Rivages/Noir, 2006)
00:10 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
07/09/2014
La citation du jour
Samuel Taylor Coleridge
Le bonheur humain est comme l'aloès: une Fleur à la lente croissance.
Samuel Taylor Coleridge, Notebooks (Allia, 1999)
image: http://aloe-vera-bio.org
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05/09/2014
Lire les classiques - Elizabeth Browning
Elizabeth Browning
Pourtant, l'amour, le pur amour est beauEt digne d'acceptation.Le feu est vif,Que brûle le temple ou le lin.Un même éclat bondit dans la flammeDu cèdre ou du foin. Et l'amour est feu;Et lorsque je dis "Je t'aime"...Note! "Je t'aime"... en ton regard! Je me tiens transfigurée, glorifiée,Consciente des rayons qui irradientDe mon visage vers le tien.Rien n'est bas dans l'amour le plus bas.Dieu accepte l'amourDes plus humbles créatures. Et ce que "je sens", parmi les moindres traitsDe ce que "je suis", brille en soi,Et montre comme l'oeuvre d'Amourparfait la Nature...
Elizabeth Browning, Sonnets portugais et autres poèmes (coll. Poésie/Gallimard, 1994)
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03/09/2014
Le poème de la semaine
Alain Bosquet
Janvier pour dire à l'année " bonjour".Février pour dire à la neige " il faut fondre".Mars pour dire à l'oiseau migrateur " reviens".Avril pour dire à la fleur " ouvre-toi ".Mai pour dire " ouvriers nos amis".Juin pour dire à la mer " emporte-nous très loin ".Juillet pour dire au soleil " c'est ta saison ".Août pour dire " l'homme est heureux d'être homme ".Septembre pour dire au blé " change-toi en or ".Octobre pour dire " camarades, la liberté ".Novembre pour dire aux arbres " déshabillez-vous ".Décembre pour dire à l'année " adieu et bonne chance ".Et douze mois de plus par an,Mon fils,Pour te dire que je t'aime. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
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01/09/2014
La citation du jour
Stig Dagerman
En ce qui me concerne, je traque la consolation comme le chasseur traque le gibier. Partout où je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire. Souvent je n’atteins que le vide mais, une fois de temps en temps, une proie tombe à mes pieds. Et, comme je sais que la consolation ne dure que le temps d’une souffle de vent dans la cime d’un arbre, je me dépêche de m’emparer de ma victime.
Stig Dagerman, Notre besoin de consolation est impossible à rassasier (Actes Sud, 1989)
image: http://www.premieregalerie.com
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31/08/2014
Morceaux choisis - Dino Buzzati
Dino Buzzati
Dès que j'arrivai à Paris - c'était pour moi la première fois - je filai directement au théâtre La Bruyère, ou l'on s'apprêtait à mettre en scène une de mes pièces. Au théâtre, désert à cette heure-là, assis dans le fond du parterre, m'attendaient Camus, qui avait écrit l'adaptation, le metteur en scène Georges Vitaly et un journaliste de la radio. Le visage de Camus n'était pas, Dieu soit loué, celui d'un intellectuel puant, c'était plutôt celui d'un sportif: le visage d'un homme du peuple, franc, solide, affichant une ironie débonnaire, une tête de garagiste, ai-je entendu quelqu'un dire, et c'était bien trouvé. Lorsqu'il se mit à parler, je pus constater, avec un extrême soulagement, que l'intérieur était identique à l'extérieur. Quel enfer pour moi, s'il n'en avait pas été ainsi!
Après s'être débarrassé du journaliste infernal envoyé par la radio, Camus nous amena, Vitaly et moi, manger dans un petit restaurant tout proche; tout se passa comme s'il me connaissait depuis des années, comme s'il trouvait ma maladresse tout à fait naturelle. Plus encore: quoiqu'il fût plus jeune que moi, il se comportait avec moi comme un grand frère, attentif à ce que tout me paraisse simple et familier. A vrai dire, nous mangeâmes très mal, mais à la fin du repas, grâce à l'intelligence de Camus, je me sentais un peu moins lamentable.
Il ne s'étonnait même pas que je vienne à Paris pour la première fois. Demain, je passerai vous prendre, et je vous ferai faire un tour de la ville, me dit-il. Dans quel hôtel êtes-vous? Deux heures et demie, cela vous va? Il vint me chercher à l'hôtel. Ce jour-là, il faisait un froid de canard et il soufflait un vent glacial. Mais lui, il se promenait sans chapeau et il n'avait même pas boutonné son manteau.
Il se montra d'une bonté, d'une compréhension, d'une délicatesse qui valaient bien un de ses livres. C'était simplement un jeune, et non pas l'un des plus brillants cerveaux de l'intelligentsia mondiale. Il eut pour moi la compassion d'un grand seigneur. Lorsque je tentai, je ne me souviens plus à quel propos, une allusion à son roman, L'étranger, il coupa court avec une extrême élégance en me montrant une maison où avait vécu un homme célèbre, je ne me rappelle plus lequel.
Le soir de la première, il fut aussi émouvant tant il fut humain et courtois. Il me traitait comme un collègue, et nullement comme un débile mental; et je lui en serai éternellement reconnaissant. A une certaine heure, quand les gens importants et les critiques eurent pris congé, seuls restèrent les acteurs, quelques jeunes gens et quelques gracieuses jeunes filles. On mit de la musique pour danser. Camus ne resta pas une seconde en place. Il enchaîna les danses les unes après les autres, avec l'enthousiasme d'un gamin de vingt ans. La philosophie? Le drame des communautés modernes? Notre éternelle condamnation à la solitude? Ce soir-là, au moins, Camus fut heureux d'être au monde. Il portait un costume bleu.
Dino Buzzati, Camus - Un homme très simple / extrait, dans: Chroniques terrestres (Laffont, 2014)
image 1: Albert Camus (voiceseducation.org)
image 2: Dino Buzzati (lefigaro.fr)
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
29/08/2014
La citation du jour
Anaïs Nin
A la racine du mensonge se trouve l'image idéalisée que nous avons de nous-mêmes et que nous souhaitons imposer à autrui.
Anaïs Nin, Journal 1931-1934 (coll. Livre de Poche/LGF, 2002)
03:12 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |