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09/09/2013

Jean-Pierre Otte

9782260017622.gifLa vie amoureuse des fleurs dont on fait les parfums (Julliard, 2009)

 

Sur les bancs de mon école, j’aurais bien voulu connaître un instituteur qui ressemble à Jean-Pierre Otte, car il raconte l’amour dans la nature comme d’autres la mythologie, avec une érudition impressionnante et une curiosité communicative. Ses livres se dévorent comme un roman – lisez L’épopée amoureuse du papillon chez le même éditeur – alliant la subtilité de ses observations à un style fluide, poétique, léger qui m’enchante et se prête à merveille aux langages de l’amour, omniprésent dans tous ses textes. Entre la violette, le papillon et la femme qui fascine l’auteur au propre comme au figuré, mon cœur balance avec allégresse !

00:00 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

08/09/2013

Isabelle Stibbe

Bloc-Notes, 8 septembre / Curio - Cologny

littérature; roman; livres

1934. Bérénice, adolescente juive, entre au Conservatoire contre la volonté familiale. La jeune fille, au prénom prédestiné, entame sa formation théâtrale dans la classe de Louis Jouvet. Sa vie est désormais rythmée par l’apprentissage des plus grands rôles du répertoire; elle croise Jean Gabin, Jacques Copeau, Jean-Louis Barrault… Admise à la Comédie-Française, Bérénice de Lignières devient une comédienne de renom. La montée du fascisme en Europe, les tensions politiques en France, les rivalités professionnelles, les intrigues amoureuses, rien n’entache le bonheur de Bérénice. Mais au tout début de l’Occupation, avant même la promulgation des lois raciales, la maison de Molière exclut les Juifs de sa troupe. La brillante sociétaire, qui avait dissimulé ses origines, est alors rattrapée par son passé. Sous les ors et les velours de la Comédie-Française, au cœur du Paris de l’Occupation, vont se jouer les actes d’un drame inédit: celui d’une actrice célèbre prise au piège d’une impitoyable réalité. Une trajectoire captivante de femme et d’artiste qui rend justice, à sa façon, aux destins brisés par la folie meurtrière de la Seconde Guerre mondiale...

Une bien heureuse surprise que ce premier roman dont le titre, à lui seul, Bérénice 34-44, résume bien le destin tragique de Bérénice de Lignières, une rebelle face aux siens, puis aux règles érigées par le pouvoir en place de cette triste époque. Au nom de quoi donc? De l'art et du théâtre en particulier ici, défi permanent à la folie des hommes et arme indispensable capable d'exalter la vie: sa beauté, son sens, sa raison d'être, même si le bruit des bottes est tout proche. Jusqu'à quel point? Isabelle Stibbe restitue avec beaucoup de finesse, dans ce contexte historique précis, la confrontation inévitable entre la culture qui revendique sa liberté d'expression et la barbarie qui l'étouffe. Ainsi le camp choisi par son héroïne, prolongeant sa passion et ses convictions, quelles qu'en soient les conséquences sur sa destinée.

A ce portrait bouleversant - parachevé avec soin par ceux de Alain Baron et de Nathan Adelman, ses proches - il faut ajouter qu'on ne boude pas le plaisir de pénétrer en compagnie de Isabelle Stibbe dans les coulisses de la Comédie-Française, dont elle maîtrise parfaitement le sujet, ayant été responsable de ses publications, avant de rejoindre le Grand Palais, puis en qualité de secrétaire générale, l'Athénée Théâtre Louis Jouvet.

Malgré la gravité du sujet - si souvent abordé en littérature - l'auteur évite avec sa sensibilité délicate les clichés et les accents mélodramatiques. Tout au contraire, son récit est pudique, passionné, généreux, et nous fait chavirer - d'exultation en tristesse - du premier mot au dernier avec un incomparable bonheur.

Bérénice, ma femme de musique, j'arrête d'attendre. Un cargo part dans deux mois pour l'Amérique. C'est largement le temps que tu reçoives cette lettre et que tu fasses le voyage pour me rejoindre. Un mot de toi et nous partirons ensemble comme nous aurions dû le faire dès le début. Après il sera trop tard... (...) Nous ferons le trajet plein d'espoir comme les pionniers des temps passés. La statue de la Liberté nous ouvrira généreusement ses bras. L'apercevoir du bateau fera couler nos larmes de joie. Nous habiterons New York ou Los Angeles, nous fréquenterons les artistes qui ont déjà gagné l'Amérique: Darius Milhaud, Lion Feuchtwanger, Pierre Monteux, Otto Klemperer, Bruno Walter. Nous reconstituerons le Paris que nous aimons, celui d'avant la guerre où chaque café était la promesse de rencontrer un frère, où l'on pouvait partager entre artistes un beau soleil, une idée poétique au lieu de parler restrictions, bombardements et abris...

Un grand roman, un vrai!

Isabelle Stibbe, Bérénice 34-44 (Serge Safran, 2013)

18:35 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Morceaux choisis - Kurt Tucholsky

Kurt Tucholsky

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Pose les grandes lignes de ton voyage, et laisse-toi porter, pour le détail, par les reflets de l'heure. La plus grandiose curiosité qui soit, c'est le monde, regarde-le. Personne ne saurait en avoir une assez parfaite connaissance pour tout comprendre et tout estimer à sa juste valeur: aie le courage de dire que tu ne comprends rien à ceci ou cela.

Ne prends pas au tragique les petites difficultés du voyage; si restes coincé à une étape sans intérêt, sois heureux d'être en vie, regarde un peu les poules et les chèvres à l'air grave, et fais une petite causette avec le marchand de tabac. Détends-toi. Lâche les commandes. Et tombe en vrille dans le monde.Il est si beau: donne-toi à lui, il se donnera à toi.

Kurt Tucholsky, L'art de bien voyager, dans: Moments d'angoisse chez les riches - Chroniques allemandes (Héros-Limite, 2012)

traduit de l'allemand par Claude Porcell

08:20 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/09/2013

Jules Grasset

9782350870847.gifJules Grasset, Minuit à Sain-Germain (Héloïse d'Ormesson, 2008)

Démodé, le roman policier à la Simenon? Pas vraiment! Pour preuve ce petit bijou de Jules Grasset, avec une intrigue (jeune femme légère assassinée dans un palace, un mystérieux carnet de notes et des collections fétichistes!) captivante dès les premières lignes et qui tient en haleine jusqu’au bout. Les personnages sont crédibles, originaux, et on retrouve avec plaisir le très sympathique et sagace commissaire Mercier, déjà présent dans le titre précédent de cet auteur, Les violons du diable qui a obtenu le Prix du Quai des Orfèvres 2004 – une distinction rare pour un auteur qui est d’abord… médecin!

06:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

06/09/2013

Lire les classiques - Alphonse de Lamartine

Alphonse de Lamartine

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O terre, vil monceau de boue
Où germent d'épineuses fleurs,
Rendons grâce à Dieu, qui secoue
Sur ton sein ses fraîches couleurs!
 
Sans ces urnes où goutte à goutte
Le ciel rend la force à nos pas,
Tout serait désert, et la route
Au ciel ne s'achèverait pas.
 
Nous dirions: A quoi bon poursuivre
Ce sentier qui mène au cercueil?
Puisqu'on se lasse en vain à vivre,
Mieux vaut s'arrêter sur le seuil.
 
Mais pour nous cacher les distances,
Sur le chemin de nos douleurs
Tu sèmes le sol d'espérances,
Comme on borde un linceul de fleurs!
 
Et toi, mon cœur, cœur triste et tendre,
Où chantaient de si fraîches voix;
Toi qui n'es plus qu'un bloc de cendre
Couvert de charbons noirs et froids,
 
Ah!laisse refleurir encore
Ces lueurs d'arrière-saison!
Le soir d'été qui s'évapore
Laisse une pourpre à l'horizon.
 
Oui, meurs en brûlant, ô mon âme,
Sur ton bûcher d'illusions,
Comme l'astre éteignant sa flamme
S'ensevelit dans ses rayons!

Alphonse de Lamartine, Les fleurs, dans: Poésies diverses, précédé de: Méditations poétiques et Nouvelles méditations poétiques (coll. Poésie/Gallimard, 2000)

image: Schynige Platte, Oberland Bernois / Suisse (2007)

23:02 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Musica présente - 73 André Navarra

André Navarra

violoncelliste français, 1911 - 1988

*

Camille Saint-Saëns

Mélodies du Japon

(avec Annie d'Arco / arrang. André Navarra)


03:12 Écrit par Claude Amstutz dans Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/09/2013

Lire les classiques - Emily Brontë

Emily Brontë

Emily Brontë.jpg

C’était l’un de ces sombres jours ennuagés
Qui traversent parfois la flambée de l’été,
Où du ciel rien ne tombe, où la terre est tranquille
Et d’un vert plus profond se revêt la colline.
 
Deux arbres dans un champ désert
Me chuchotent un sortilège:
Lugubre est le secret que leur sombre ramure
Agite avec solennité.
 
Qu’est-ce que la fumée sans relâche qui roule
Là-bas sur la pente fauve de la colline?
 
Comme elle regardait, les nuages de fer
S’écartant, le soleil brilla dans l’intervalle,
Mais lugubrement étrange, et pâle et froid.
 
Il ne jettera plus d’éclat,
Sa triste course est achevée:
J’ai vu, du froid soleil brillant,
S’abîmer la lueur dernière.
 
Ancien manoir d’Elbë, maintenant en ruine, solitaire,
Maison où la voix de la vie jamais plus ne s’en reviendra,
Salles sans couvert, désolées, où croissent la ronce et le lierre,
Fenêtres aux cintres brisés où les vents de nuit mènent deuil,
Demeure des défunts, des défunts d’un temps révolu.
 

Emily Brontë, Poèmes - édition bilingue (coll. Poésie/Gallimard, 1999)

traduit de l'anglais par Pierre Leyris 

08:54 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/09/2013

La citation du jour

Lyonel Trouillot

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J'ai marché si longtemps à côté de moi-même, en peau de lièvre ou de lézard. Un soir, dans une rue, j'ai croisé une femme, et j'ai voulu lui dire: tu es la beauté même. Mais j'ai pris peur. Il n'y a pas de mérite à aimer la beauté. Pour ne pas l'effrayer, j'ai continué loin d'elle ma dérive ordinaire et vécu avec son image. Si je la croise de nouveau, oserai-je lui dire: C'est comme si toute ma vie je t'avais attendue, non pour te posséder (qui peut prétendre te posséder? La lumière du jour n'appartient à personne...) mais pour nourrir mon chant de ta présence au monde?

Lyonel Trouillot, Parabole du failli (Actes Sud, 2013)

image: lapetitehaiti.files.wordpress.com

11:35 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Le poème de la semaine

Marie Noël

Au mois de mai j’avais le cœur si grand
Que pour l’emplir je me suis en allée
Cherchant l’amour sans savoir quelle allée,
Pour le rencontrer, quel chemin on prend…
 
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Du printemps, sais-tu s’il en reste encore?
L’hiver vient…
 
J’allais, j’allais. Où trouver de l’amour?
Au bas de la côte, au faîte, derrière?
Au fond du bois, au bout de la rivière?
Ici, là-bas, à ce prochain détour?...
 
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
De l’été, sais-tu s’il en reste encore?
L’hiver vient…
 
Quand je le vis, je n’osai pas à temps
M’en approcher ou lui faire une avance;
Je l’attendais ouvrant mon cœur immense…
Il n’est tombé qu’une goutte dedans…
 
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Du soleil, sais-tu s’il en reste encore?
L’hiver vient…
 
Est-ce là tout, cette goutte, est-ce tout?
Je voudrais bien recommencer l’année,
La goutte d’eau qui m’était destinée,
Je voudrais bien la boire encore un coup…
 
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Des feuilles, sais-tu s’il en reste encore?
L’hiver vient…
 
Est-ce bien tout?... Peut-être, dans un coin
Que j’oubliai, peut-être avant la neige,
Un peu d’amour encor le trouverai-je,
Peut-être ici, peut-être un peu plus loin…
 
Rouge-gorge, au fond du bois incolore,
Au bout des sentiers dont il te souvient,
Du bonheur, sais-tu s’il en reste encore?
L’hiver vient...
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

00:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/09/2013

Laurence Tardieu

images.jpgLaurence Tardieu, Un temps fou (Stock, 2009)

 

Assurément, ce roman pourrait difficilement être écrit par un homme. Et de quoi nous parle-t-il ? De la pudeur des sentiments, du temps qui s’étire ou se contracte, du désir et de l’amour, alors que les années passent … Les émotions délicates tout au long du récit, avec des mots justes, déclinent la passion, mais aussi la liberté. L’histoire de Maud – la narratrice - et de Vincent, est touchante comme une vague inattendue de l’océan, réveillant notre intense joie de vivre et d’aspiration au bonheur.


Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2010)

07:51 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |