10/08/2013
Lire les classiques - John Keats
John Keats
Tout objet de beauté est une joie éternelle:Le charme en croît sans cesse;jamais Il ne glissera dans le néant,mais il gardera toujours pour nous une paisible retraite,un sommeil habité de doux songes,plein de santé, et qui paisiblement respire. Aussi, chaque matin, tressons-nous des guirlandes de fleurspour mieux nous lier à la terre,malgré les désespoirs et la cruelle disettede nobles natures, malgré les sombres journéeset tous les sentiers malsains et enténébrésouverts à notre quête;oui, malgré tout cela, une forme de beautéécarte le suaire de nos âmes endeuillées. Tels sont le soleil, la lune, les arbres vieux ou jeunesqui offrent le bienfait de leurs printaniers ombragesaux humbles brebis;tels sont encore les narcisses et le monde verdoyant où ils se logent,les ruisseaux limpides qui se bâtissent un frais couverten vue de l'ardente saison.
John Keats, Endymion / extrait, dans: Poèmes choisis - édition bilingue (Aubier, 1968)
traduit de l'anglais par Albert Laffay
image: Antonio Corradini, Endymion (theartnewspaper.com)
02:11 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
09/08/2013
Seth Greenland
Seth Greenland, Un patron modèle (Liana Levi, 2008)
Jusque-là sa vie était routinière, prévisible et rassurante. Un bon job, un modeste pavillon de banlieue, une gentille famille. Mais la mondialisation frappe à Los Angeles comme ailleurs et Marcus refuse d'assumer la direction de Wazoo Toys en Chine. Son compte en banque vire au rouge cramoisi tandis que la bar mitsvah de son fils approche. Sans compter les petits bobos d'une belle-mère à demeure. C'est alors que la mort de son frère mal-aimé semble le tirer d'affaire : Marcus hérite d'un pressing qui pourrait lui permettre de redresser la barre. Avec ce legs inespéré, il ne va pourtant pas retrouver la tranquillité, loin de là, car cette petite entreprise s'avère n'être qu'une façade pour une activité extrêmement lucrative mais tout à fait illégale...
Depuis Vous descendez de Nick Hornby je n’ai lu de roman plus drôle et original que celui-ci. Un vrai plaisir que de suivre les tribulations de Nathan, Jan et Marcus - devenu souteneur malgré lui - qui, d’une vie ordinaire et terne, basculent dans un univers inattendu et répréhensible… Quelques frayeurs nous font craindre le pire, mais cette histoire reste une comédie de mœurs suscitant le rire et la sympathie. La scène de la bar mitsvah est un morceau d’anthologie, de même que certaines trouvailles – les poules futées par exemple – fruits d’un humour décapant et légèrement décalé.
également disponible en en format de poche (coll. Piccolo/Liana Levi, 2011)
21:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
Musica présente - 77 Ian Bostridge
Ian Bostridge
ténor anglais, né en 1964
*
Franz Schubert
Lieder - with Julius Drake, piano
(Lied Eines Schiffers An Die Dioskuren, D.360; Nachtstück, D 672; Auf Der Donau, D 553; Abendstern, D 806; Auflösung, D 807; Geheimes, D 719; Versunken, D 715; Schäfers Klagelied, D 121;An Die Entfernte, D 765; Am Flusse; Willkommen Und Abschied, D 767; Die Götter Griechenlands, D. 677; An Die Leier, D 746; Am See, D 746; Alinde, D 904; Wehmut, D 772; Uber Wildemann, D 884; Auf Der Riesenkoppe, D 611; Sei Mir Gegrüsst, D 741; Dass Sie Hier Gewesen, D 775; Der Geistertanz, D 494)
pour Jean-Luc L et Claude T
07:46 Écrit par Claude Amstutz dans Franz Schubert, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
08/08/2013
Morceaux choisis - Aurélia Lassaque
Aurélia Lassaque
Nous creuserons de nouveaux sillonsque nous couvrirons de cendre.Nous verrons mourir le vent qui charrie l'oubli.J'aurai des pommes dans ma pochevolées à plus pauvre que moi.Nous les pèlerons avec des épées.Et avec les restes de nos rêvesnous en bâtirons d'autrespar-delà les feuxet la frontière du regard.
Aurélia Lassaque, dans: Pas d'ici, pas d'ailleurs - Anthologie poétique francophone de voix féminines contemporaines / présentation et choix: Sabine Huynh, Andrée Lacelle, Angèle Paoli, Aurélie Tourniaire / préface: Déborah Heissler (Voix d'Encre, 2012)
image: Dace Liela, On the Beach / 2000 (regard-est.com)
07:44 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
07/08/2013
Vendanges tardives - De Schubert
Un abécédaire: S comme Schubert
Ca ne prévient pas quand ça arrive, ça vient de loin... Comme un grain de sable qui s'est glissé dans l'enveloppe d'une nuit trop parfaite, trop sereine, trop claire; ou un objet familier qui n'est plus à sa juste place, comme un mauvais père; ou encore un souffle court qui t'étreint, non pas celui de l'angoisse ou de la désespérance, mais celui d'une appréhension accompagnant ce sentiment de déjà vu et qui semble fragiliser la petite cage de verre qui fait tinter ta petite horloge interne, comme aux jours maudits de ta jeunesse. Et là, d'un seul coup, tout ce qui t'entoure semble si loin, insupportable, étranger, sur le point de basculer dans le néant, de rejoindre le paradis des pierres, sans même que tu y comprennes quelque chose. Le mal de vivre?
Alors, dans ces moments-là, fugaces et imprévisibles, tu te retires dans ta chambre et plonges dans les sonates de Franz Schubert, ou mieux encore, dans ses Lieder, où tu retrouves à la fois l'obscurité et la lumière de ce que tu ne saurais exprimer ici, et qui te rapproche de ta propre énigme, de tes sensations vraies, de ton intériorité. C'est l'heure des larmes invisibles qui te permettent de retrouver - ni vu ni connu - le chemin juste, l'escalier sans contrefaçon, le désaveu de l'encre noire, le tremblement d'un horizon approximatif...
Et vois-tu Fred, à chacun ses fatigues incertaines, ses envols transitoires, ses pages blanches de mots - que nulle ombre n'envahit - sinon pour dire cet incroyable amour d'une terre peuplée de signes qui habitent ton coeur, incapable de les contenir ou les lire, derrière les volets clos...
image: Pascal Giroud, L'horiron (pgiroud.fr)
illustration musicale 1: Barbara, Le mal de vivre
illustration musicale 2: Franz Schubert, Winterreise, D 911: Ian Bostridge, Julius Drake
00:28 Écrit par Claude Amstutz dans Barbara, Chansons inoubliables, Franz Schubert, Le monde comme il va, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; variété | | Imprimer | Facebook |
Le poème de la semaine
Philippe Jaccottet
Tournent les martinets dans les hauteurs de l'air:plus haut encore tournent les astres invisibles.Que le jour se retire aux extrêmités de la terre,apparaîtront ces feux sur l'étendue de sombre sable... Ainsi nous habitons un domainede mouvements et de distances:ainsi le coeur va de l'arbre à l'oiseau,de l'oiseau aux astres lointains,de l'astre à son amour.Ainsi l'amour dans la maison fermée s'accroît,tourne et travaille,serviteur des soucieux portant une lampe à la main. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Philippe Jaccottet, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
06/08/2013
Jean-Luc Coatelem
Jean-Luc Coatelem, La consolation des voyages (Grasset, 2004)
Ile de Robinson, Bretagne hantée, improbable Patagonie, rêveuses Marquises ou dédale d'un Pékin mystérieux... Et si la géographie était la plus belle des consolations? Bagages en main, l'écrivain-voyageur Jean-Luc Coatalem nous embarque au gré des latitudes pour un périple dans le temps, l'imaginaire, mais aussi les souvenirs et les lectures. Et parce que, chez lui, la géographie n'est pas qu'une affaire de cartes mais aussi un millefeuille de noms et de saveurs, chacune de ses escales livre son lot de rencontres et d'échos. Drôles, inattendues ou insolites, elles ont toutes quelque chose en commun. Appelons ça l'émotion du Grand Dehors! Ici, une troublante Goanaise, un surfer à Nice, des mutins tatoués, un cargo en rade à Valparaiso, là un hôtel oublié à Terre-Neuve, une Italienne sur les rives d'un lac. Une fugue qui, par cent chemins, ressemble à des retrouvailles. L'Ailleurs y a décidément le goût épicé du monde.
Retrouvez Paul Gauguin, Pierre Loti, Victor Segalen, Arthur Rimbaud ou Blaise Cendrars au fil de ces récits captivants qui réservent quelques surprises. Une bouffée d’air pur!
Egalement disponible en coll. Livre de poche (LGF, 2006)
08:37 Écrit par Claude Amstutz dans Documents et témoignages, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; voyages; livres | | Imprimer | Facebook |
05/08/2013
La citation du jour
Andrée Chedid
Il est vital pour le poète de lever des échos, et de le savoir. Nul mieux que lui ne s'accorde aux solitudes; mais aussi, nul n'a plus besoin que sa terre soit visitée.
Andrée Chedid, Terre et poésie (GLM, 1956)
18:20 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
Rosetta Loy
Rosetta Loy, Noir est l'arbre des souvenirs (Albin Michel 2005)
Là-haut, ils devaient se sentir les maîtres du monde. Personne ne pouvait les voir, entendre leurs voix et le grincement des planches sous l'étreinte des corps. Les mots qu'on murmure, et les autres, criés fort dans l'amour. Et leurs rires. Parce qu'ils étaient très jeunes, et ils ont bien dû rire aussi : peut-être comme ça, pour rien, juste pour le bonheur d'être ensemble.
Au cours de l’été 41, trois adolescents en vacances à Venise, savourent le bonheur de s’amuser, de rire, d’aimer et d’être ensemble, tout simplement. Rosetta Loy dépeint avec réalisme mais sans outrances le climat particulier d’une Italie qui bascule dans la guerre et se cherche de nouveaux repères. Un récit poignant.
Egalement disponible au format de poche (Livre de poche/LGF, 2007)
07:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
03/08/2013
Morceaux choisis - René Char
René Char
merci à Josette Simone A
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima?
Il cherche son pareil dans le voeu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas?
René Char, Allégeance, dans: Eloge d'une soupçonnée, précédé d'autres poèmes 1973-1987 (coll. Poésie/Gallimard, 2001)
Poème lu par René Char
image: meknessiiya.skyrock.com
11:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, René Char | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |