04/09/2013
Le poème de la semaine
Marie Noël
Au mois de mai j’avais le cœur si grandQue pour l’emplir je me suis en alléeCherchant l’amour sans savoir quelle allée,Pour le rencontrer, quel chemin on prend… Rouge-gorge, au fond du bois incolore,Au bout des sentiers dont il te souvient,Du printemps, sais-tu s’il en reste encore?L’hiver vient… J’allais, j’allais. Où trouver de l’amour?Au bas de la côte, au faîte, derrière?Au fond du bois, au bout de la rivière?Ici, là-bas, à ce prochain détour?... Rouge-gorge, au fond du bois incolore,Au bout des sentiers dont il te souvient,De l’été, sais-tu s’il en reste encore?L’hiver vient… Quand je le vis, je n’osai pas à tempsM’en approcher ou lui faire une avance;Je l’attendais ouvrant mon cœur immense…Il n’est tombé qu’une goutte dedans… Rouge-gorge, au fond du bois incolore,Au bout des sentiers dont il te souvient,Du soleil, sais-tu s’il en reste encore?L’hiver vient… Est-ce là tout, cette goutte, est-ce tout?Je voudrais bien recommencer l’année,La goutte d’eau qui m’était destinée,Je voudrais bien la boire encore un coup… Rouge-gorge, au fond du bois incolore,Au bout des sentiers dont il te souvient,Des feuilles, sais-tu s’il en reste encore?L’hiver vient… Est-ce bien tout?... Peut-être, dans un coinQue j’oubliai, peut-être avant la neige,Un peu d’amour encor le trouverai-je,Peut-être ici, peut-être un peu plus loin… Rouge-gorge, au fond du bois incolore,Au bout des sentiers dont il te souvient,Du bonheur, sais-tu s’il en reste encore?L’hiver vient... Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
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