13/04/2013
Adam Biro
Adam Biro, Deux juifs voyagent dans un train (Belfond, 2007)
Suffit-il de manger des têtes de poisson pour devenir intelligent? Comment faire fortune quand on est idiot? Dieu est-il mauvais physionomiste? Peut-on donner sa fille à marier à quelqu'un qui n'a pas de montre? Deux Juifs voyagent dans un train... Beaucoup de vieilles histoires juives d'Europe de l'Est commencent ainsi. Si chacune est singulière, toutes ont pourtant des points communs: celui de refléter une époque révolue dans laquelle tout le monde peut se reconnaître, encore et toujours, et celui de mettre l'homme à nu face à ses défauts, à ses vices, à ses qualités, à son destin... à sa condition de... mortel.
D’accord, les histoires juives, tout le monde en connaît! Pas celles-ci, sans doute! Et racontées avec tant d’humour et de poésie à la fois, elles entraînent forcément des moments de fous rires successifs, agréables à toute heure pour le moral! Un plaisir de lecture communicatif, jubilatoire!
10:03 Écrit par Claude Amstutz dans Contes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: récits; contes; livres | | Imprimer | Facebook |
12/04/2013
Morceaux choisis - Louis Aragon
Louis Aragon
Il y a des choses que je ne dis à Personne AlorsElles ne font de mal à personne MaisLe malheur c’estQue moiLe malheur le malheur c’estQue moi ces choses je les sais Il y a des choses qui me rongent La nuitPar exemple des choses commeComment dire comment des choses comme des songesEt le malheur c’est que ce ne sont pas du tout des songes Il y a des choses qui me sont tout à faitMais tout à fait insupportables même siJe n’en dis rien même si je n’enDis rien comprenez comprenez-moi bien Alors ça vous parfois ça vous étouffeRegardez regardez-moi bienRegardez ma boucheQui s’ouvre et ferme et ne dit rien Penser seulement d’autre choseSonger à voix haute et de moiMots sortent de quoi je m’étonneQui ne font de mal à personne Au lieu de quoi j’ai peur de moiDe cette chose en moi qui parle Je sais bien qu’il ne le faut pasMais que voulez-vous que j’y fasseMa bouche s’ouvre et l’âme est làQui palpite oiseau sur ma lèvre O tout ce que je ne dis pasCe que je ne dis à personneLe malheur c’est que cela sonneEt cogne obstinément en moiLe malheur c’est que c’est en moiMême si n’en sait rien personneNon laissez-moi non laissez-moiParfois je me le dis parfoisIl vaut mieux parler que se taire Et puis je sens se dessécherCes mots de moi dans ma saliveC’est là le malheur pas le mienLe malheur qui nous est communÉpouvantes des autres hommesEt qui donc t’eut donné la mainÉtant donné ce que nous sommes Pour peu pour peu que tu l’aies ditCela qui ne peut prendre formeCela qui t’habite et prend formeTout au moins qui est sur le pointQu’écrase ton poingEt les gens Que voulez-vous direTu te sens comme tu te sensBête en face des gens Qu’étais-jeQu’étais-je à dire Ah oui peut-êtreQu’il fait beau qu’il va pleuvoir qu’il faut qu’on ailleOù donc Même cela c’est tropEt je les garde dans les dentsCes mots de peur qu’ils signifient Ne me regardez pas dedansQu’il fait beau cela vous suffitJe peux bien dire qu’il fait beauMême s’il pleut sur mon visageCroire au soleil quand tombe l’eauLes mots dans moi meurent si fortQui si fortement me meurtrissentLes mots que je ne forme pasEst-ce leur mort en moi qui mord Le malheur c’est savoir de quoiJe ne parle pas à la foisEt de quoi cependant je parle C’est en nous qu’il nous faut nous taire
Louis Aragon, Le fou d'Elsa (coll. Poésie/Gallimard, 2002)
image: www.lexpress.fr
22:27 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Louis Aragon, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
La citation du jour
L. Vahira
Assieds-toi au bord de l'aurore: pour toi se lève le soleil. Assieds-toi au bord de la nuit: pour toi s'avivent les étoiles. Assieds-toi au bord des torrents: pour toi les trilles du rossignol. Assieds-toi au bord du silence: Dieu même est à l'écoute dans ton coeur!
Collectif, Petit guide des haltes de prière (CNPL, 1973)
image: akamaihd.net
07:50 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; spiritualité; anthologie; citation; livres | | Imprimer | Facebook |
11/04/2013
Morceaux choisis - Daniel Barenboim 1b
Daniel Barenboim
L'orchestre West-Eastern Divan Orchestra a été créé en 1999 à Weimar à l'occasion du 250e anniversaire de la naissance de Johann Wolfgang von Goethe. Il a la particularité de réunir chaque été environ 80 jeunes instrumentistes d'Israël, des États arabes voisins - Syrie, Liban, Égypte, Jordanie - et des Territoires palestiniens, qui viennent en Europe se former et jouer ensemble.
Ci-dessous, retrouvez le magnifique documentaire de Paul Smaczny, Les voix de la musique, diffusé sur la chaîne de télévision Arte, avec Daniel Barenboim et le West-Eastern Divan Orchestra.
34 minutes pour attester que tout espoir n'est pas perdu...
16:16 Écrit par Claude Amstutz dans Daniel Barenboim, Le monde comme il va, Morceaux choisis, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
Morceaux choisis - Daniel Barenboim 1a
Daniel Barenboim
Vingt-quatre heures seulement. Pour changer le monde, il faut agir vite. Dans mon rêve, je suis Premier ministre d'Israël. Ma baguette dirige une nouvelle et magnifique symphonie: le traité marquant la coexistence amicale d'Israël et de la Palestine. Avec cette oeuvre, je réalise ce qui, ici et maintenant, semble impossible: l'égalité des droits de ces deux peuples du Proche-Orient. L'ouverture indique que Jésusalem est la capitale commune. Cette ville sainte doit être la demeure partagée des chrétiens, musulmans et juifs, Jérusalem a pour moi les résonances polyphoniques d'une ville qui, plus encore que Rome ou Athènes, renvoie à l'époque mythique de l'histoire de l'humanité.
Jeudi matin, huit heures. Le temps est ensoleillé, l'air est doux. C'est une belle journée d'automne, qui promet de devenir historique. Le philosophe Baruch Spinoza frappe à la porte de ma résidence, en face du mur des Lamentations de Jérusalem. Je l'ai choisi comme conseiller, bien qu'il soit mort depuis plus de trois cents ans. Il a apporté du hoummous, mon plat préféré. A quoi s'ajoutent du jus d'orange fraîchement pressé et du café fort.
Nous avons à peine fini de nous sustenter que le téléphone sonne. C'est mon ami Edward Said. Dans la vie, il est professeur de littérature à Columbia University, mais dans mon rêve il a été choisi par les Palestiniens pour signer le traité. Hé, lui dis-je, Où es-tu? Nous voulons conclure la paix aujourd'hui, et tu es en retard? Lorsqu'il finit par arriver, nous savons tous trois, Spinoza, Said et moi, qu'il n'y aura pas de retour en arrière. Pour commencer, nous décidons que le traité d'amitié prendra effet le 15 mai; car ce jour-là, cinquante et un ans auparavant, nos deux peuples combattaient l'un contre l'autre. Pour les Juifs, c'était la guerre d'indépendance; pour les Palestiniens, c'était le al-Nakhab, la catastrophe. Cet anniversaire de la guerre d'hier doit désormais n'être plus que le jour de la paix.
Trois conditions doivent être réunies, sinon le traité ne vaudra pas le papier sur lequel il est écrit. Premièrement, les deux nations sont obligées de collaborer. Cette coopération sera si étroite que nos avenirs économiques, mais aussi culturels et scientifiques, seront imbriqués. Cela veut dire que la Palestine et Israël seront aussi proches qu'une famille. Et cela implique qu'ils soient solidaires. Par exemple, que faire de l'argent que les banques européennes ont volé aux Juifs à l'époque nazie? Mon rêve, s'il n'y a pas de survivants à qui donner l'argent, est qu'Israël consacre ces millions de dollars aux réfugiés palestiniens.
Deuxièmement, je suis partisan d'armer les deux nations. Israël doit rester vigilant face au monde arabe, mais la Palestine aussi, ne serait-ce que pour des raisons psychologiques. Pour les Juifs ultra-religieux, ce sera très difficile à accepter. Je prévois une option dans mon traité pour séparer l'Eglise de l'Etat, comme dans le reste du monde occidental. Je ferai tout pour les religieux et l'étude de la religion. Après tout, le judaïsme est presque une science, et le Talmud est bien plus qu'un texte qu'on déclame. Mais que faire du spectre des groupes religieux extrémistes?
Enfin, le traité prévoira la création de nouveaux services secrets, intégrés à un ministère comprenant l'armée et la police. Pourquoi ne pas le baptiser ministère de la paix? C'est un juge, et non un militaire, qui sera à sa tête. Il sera garant d'une transparence et d'une conduite qui seraient impossibles avec les faucons de l'armée. Dans mon rêve, cela ouvrira pour beaucoup de nouveaux horizons. Ce sera une époque mouvementée, avec peut-être des débordements d'émotion. Quiconque attenterait à la paix serait condamné à cinq années dans une espèce de goulag. On y enverrait également les Palestiniens. Ce type de châtiment les amènerait à se repentir. Les fauteurs de troubles n'auront plus qu'à se regarder droit dans les yeux?
Tandis que nous finissons de définir les trois axes du traité, les invités commencent à arriver: intellectuels, musiciens, écrivains et philosophes israéliens et palestiniens. Leurs opinions sont la pierre de touche pour la paix. La fumée de cigare imprègne l'air. On discute beaucoup. Soudain, on entend frapper. La salle se tait et, comme un seul homme, tous mes invités se tournent vers la porte. David Ben Gourion arrive avec Gamal Abdul Nasser. Dans mon rêve, ils ont formé une alliance et sont contre mon traité. Ils déversent leur mépris sur Said et moi-même, agitant leur index, psalmodiant des mots comme trahison d'Israël, et trahison du nationalisme arabe.
Imperturbable, je leur explique que le moment est venu d'abandonner le contrôle sur un million et demi de Palestiniens. Nous avons le devoir d'avancer. C'est impératif non seulement pour des raisons morales, mais également pour l'avenir du judaïsme. Si l'Etat d'Israël n'apprend pas à s'engager dans la voie de la paix et à ouvrir ses frontières, il risque de devenir un ghetto. Il est crucial que mon peuple comprenne qu'il ne s'agit pas de faire plaisir aux Palestiniens, et que c'est l'unique occasion que nous, Juifs, avons pour évoluer. Ceux qui s'épuisent à faire la guerre n'auront plus aucune force pour un avenir de paix. Ben Gourion et Nasser sont impressionnés.
Puis je leur raconte une histoire drôle juive qui illustre les luttes internes de mon peuple. Cinq Juifs se rencontrent pour décider de ce qui est important pour la race humaine. Moïse se gratte la tête et dit: La faculté de penser. Jésus met la main sur son coeur et dit: La compassion. Marx se frotte l'estomac et dit: La nourriture. Freud, la main à l'entrejambe, dit: Le sexe. Einstein se touche les genoux et dit: Tout est relatif. L'histoire explique pourquoi nous, Juifs, sommes si souvent consumés par le doute.
La journée se termine par une fête. C'est l'heure de dîner. Le festin est généreux: des plats casher à côté de mets arabes. Albert Einstein est là, un peu grognon car il est persuadé que les champs gravitationnels entre les deux camps vont mettre mes projets en lambeaux. Il est assis à côté de Spinoza, qui explique comment la foi en une seule idée peut totalement saper les forces. Bien sûr, l'auteur dramatique Heiner Müller est également présent. Il fume un long et luxueux cigare, et fait des déclarations comme Shakespeare utilise Hamlet comme alter ego pour changer le monde. Le chancelier allemand Gerhard Schröder est toléré parce qu'il offre une boîte de Cohibas. Ludwig van Beethoven préside, la tête penchée, esquissant des notes tout en imaginant un fabuleux hymne pour les deux nouveaux Etats. Richard von Weizsäcker, toujours aussi élégant, grand homme d'Etat et ami d'Israël, parle des similitudes entre Berlin et Jérusalem. Je suis en train de me demander s'il doit être le premier maire de la nouvelle capitale, Jérusalem, lorsque Martin Luther King entre et s'écrie: Tu fais un rêve? C'est Barenboim, n'est-ce pas? Il me prend par les épaules, me passe la main sur la tête en disant: Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Tu es vivant et je suis mort.
Est-ce vraiment un rêve? En réalité, j'ai déjà réalisé mon rêve à une petite échelle. J'ai créé cet été un orchestre dans lequel de jeunes musiciens juifs et palestiniens jouent ensemble, comme ils l'avaient toujours fait. Grâce à la musique, nous avons chassé l'hostilité. Il est intolérable de penser qu'au moment d'entrer dans le nouveau millénaire, le Moyen-Orient reste ce qu'il a été tout au long de ce siècle: une poudrière, une région de haine avec des peuples en quête de suprématie nationale. Dans mon rêve, il ne faut que vingt-quatre heures pour faire la paix. La politique peut demander plus de temps, mais non un temps infini.
Daniel Barenboim, I have a dream / Octobre 1999, dans: La musique éveille le temps (Fayard, 2009)
image: Daniel Barenboim et Edward Said (gregmitchellwriter.blogspot.com)
16:15 Écrit par Claude Amstutz dans Daniel Barenboim, Le monde comme il va, Littérature étrangère, Morceaux choisis, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; musique classique; livres | | Imprimer | Facebook |
Assia Djebar
Assia Djebar, Ombre sultane (Albin Michel, 2006)
Hajila et Isma se sont retrouvées épouses du même homme. Tout les oppose : La première, instinctive, venue d’un bidonville d’Alger et mariée sans son accord, voit son plaisir dans la transgression, quand elle retire son voile dans un jardin public ; la seconde, intellectuelle, refuse de perpétuer des traditions conservatrices et revient au pays pour obtenir la garde de sa fille. Pourtant aucune des deux ne parvient à déchirer le voile qui les étouffe. Une évocation de deux univers, avec sensibilité et sans jugement.
également disponible en livre de poche (LGF, 2008)
08:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
Morceaux choisis - Renée Vivien
Renée Vivien
Dans mon âme a fleuri le miracle des roses.Pour le mettre à l’abri, tenons les portes closes. Je défends mon bonheur, comme on fait des trésors,Contre les regards durs et les bruits du dehors. Les rideaux sont tirés sur l’odorant silence,Où l’heure au cours égal coule avec nonchalance. Aucun souffle ne fait trembler le mimosaSur lequel, en chantant, un vol d’oiseaux pesa. Notre chambre paraît un jardin immobileOù des parfums errants viennent trouver asile. Mon existence est comme un voyage accompli.C’est le calme, c’est le refuge, c’est l’oubli. Pour garder cette paix faite de lueurs roses,O ma Sérénité! tenons les portes closes. La lampe veille sur les livres endormis,Et le feu danse, et les meubles sont nos amis. Je ne sais plus l’aspect glacial de la rueOù chacun passe, avec une hâte recrue. Je ne sais plus si l’on médit de nous, ni siL’on parle encor… Les mots ne font plus mal ici. Tes cheveux sont plus beaux qu’une forêt d’automne,Et ton art soucieux les tresse et les ordonne. Oui, les chuchotements ont perdu leur venin,Et la haine d’autrui n’est plus qu’un mal bénin. Ta robe verte a des frissons d’herbes sauvages,Mon amie, et tes yeux sont pleins de paysages. Qui viendrait nous troubler, nous qui sommes si loinDes hommes? Deux enfants oubliés dans un coin? Loin des pavés houleux où se fanent les roses,Où s’éraillent les chants, tenons les portes closes…
Renée Vivien, Intérieur / A l'heure des mains jointes, dans: Poèmes 1901-1910 (ErosOnyx, 2009)
01:07 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
10/04/2013
Le poème de la semaine
Jean Malrieu
Aimer s'invente à chaque jour.Je viens au monde dans tes bras.Mes yeux s'ouvrentEt je te vois pour la première fois.Qu'ils s'étonnent ou se moquentCeux pour qui le ciel est fermé!Dans le mienTon corps illumine.Il n'y a pas eu de jours ou de soleilsPareils à celui-là. Je n'ai plus de visage.Je ne suis que lumière de visage.Ma vie s'est oubliée.Viens, désir!Apprends-moi l'alphabet.Mes mains sont neuvesEt vont découvrirLe relief de la terre. Je n'ai jamais marché.Je n'ai jamais parlé.Je n'ai jamais aimé que toi. Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
10:41 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
09/04/2013
Vendanges tardives - De l'invisible
Un abécédaire: I comme Invisible
Non, rassure-toi, je ne vais pas te parler de mystique ce matin. Encore que... mais vois-tu Fred, je me suis toujours méfié des sentiers trop bien balisés, et dans la plupart de mes rencontres heureuses - comme de mes lectures - l'étonnement m'est toujours venu de ce qui est caché en chacun, invisible aux yeux et qui raconte une autre histoire que celle communément entendue, inaudible dans la conversation courante, joyau indéfinissable soustrait au regard de l'inattentif: tissu de contradictions assumées ou non, fragilités sauvées d'un improbable naufrage, ombres et lumières de secrets trop longtemps protégés.
C'est alors, à qui prend le temps de faire halte - de se laisser habiter par le silence d'autrui - que tout ce charme voit le jour, débarrassé de la gravité incertaine des mots, comme l'âme d'un violon: bienheureuse imprégnation de ces lames de fond déjouant les apparences et te heurtent de plein fouet, avec un indicible bonheur.
Et quand je vois la danseuse Alessandra Ferri - accompagnée par Sting - interpréter cet aria de Bach, je pense à cette part cachée qui prélude à tout le reste, qui fait qu'un pas en entraîne un autre, et je me dis que le talent, la technique, la grâce ne suffisent à envahir l'espace, et que, comme réveillée d'un sommeil de pierre, l'artiste soulève le voile de ce sortilège de l'invisible qui lui est propre, aux hiéroglyphes indéchiffrables, dont je ne connaîtrai jamais l'énigme, qui pourtant m'éblouit et s'estompe, lueur éphémère d'une plénitude partagée...
Alessandra Ferri et Sting, Jean-Sébastien Bach, Cello Suite No 1 in G - Prelude (YouTube/misterilex)
23:07 Écrit par Claude Amstutz dans Musique classique, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique classique; danse | | Imprimer | Facebook |
Pascal Fioretto
Pascal Fioretto, Et si c'était niais ? (Chiflet & Cie, 2007)
Alors que la rentrée littéraire approche, Christine Anxiot n'a toujours pas remis son manuscrit annuel. Son éditeur déclenche une enquête sur l'inexplicable disparition, mais les enlèvements d'écrivains continuent. Dans les milieux feutrés de l'édition s'engage alors une impitoyable chasse à l'homme de lettres... Pour résoudre l'enquête, il a été fait appel aux plus grandes plumes de la littérature française : Denis-Henri Lévy, Christine Anxiot, Fred Wargas, Marc Levis, Mélanie Notlong, Pascal Servan, Bernard Werbeux, Jean d'Ormissemon (de la française Académie), Jean-Christophe Rangé, Frédéric Beisbéger et Anna Galvauda.
Pascal Fioretto a dû bien s’amuser en écrivant ce livre. Construit sous forme de roman policier – la chasse aux hommes de lettres qui disparaissent – ce récit est le prétexte idéal pour pasticher les célébrités de la littérature française. Les portraits de Denis-Henri Lévy, de Pascal Servan, de Christine Anxiot sont particulièrement réussis et vous en rirez de bon cœur!
Egalement disponible en format de poche (Pocket, 2008)
07:32 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; livres | | Imprimer | Facebook |