08/04/2013
Colleen Curran
Colleen Curran, Bad girls (Editions de l'Olivier, 2007)
Sœur St Joe était la religieuse la plus cool du Sacred Heart Holy Angels. Elle roulait vitres baissées, son voile noir balayé par le vent, Fleetwood Mac à plein tube dans la stéréo. Le Sacred Heart Holy Angels est le dernier lycée de filles du Wisconsin. Thisbe, Astrid et Juli y forment un fameux trio. Innocentes, futiles, touchantes, ces trois anges en jupe écossaise et chemisier blanc attendent la fin des cours pour revêtir un uniforme moins sage. Leur devise ? Sex, drugs and rock'n roll, bien sûr. Bad Girls raconte l'histoire de ces jeunes filles d'une Amérique dite profonde, au milieu des années 80. Une Amérique qui ne reconnaît plus ses enfants, et ne rend que plus visible l'absurdité des adultes.
Dans cet étonnant premier roman, Colleen Curran nous raconte La fureur de vivre, trente ans plus tard. La soif de changer ou de brûler le monde, les rites de passage de ce trio insoumis – Thisbe, Astrid et Juli - tout cela n’a pas changé, pas davantage que l’incompréhension entre les générations. A rapprocher du Pays des ténèbres de Stewart O’Nan, paru chez le même éditeur. Un début prometteur!
02:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
07/04/2013
Petite bibliothèque de poésie 1b
Lire les classiques - François Villon
Frères humains, qui après nous vivez,N'ayez les coeurs contre nous endurcis,Car, si pitié de nous pauvres avez,Dieu en aura plus tôt de vous mercis.Vous nous voyez ci attachés, cinq, six:Quand de la chair, que trop avons nourrie,Elle est piéça dévorée et pourrie,Et nous, les os, devenons cendre et poudre. De notre mal personne ne s'en rie;Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! Se frères vous clamons, pas n'en devezAvoir dédain, quoique fûmes occisPar justice. Toutefois, vous savezQue tous hommes n'ont pas bon sens rassis.Excusez-nous, puisque sommes transis,Envers le fils de la Vierge Marie,Que sa grâce ne soit pour nous tarie,Nous préservant de l'infernale foudre.Nous sommes morts, âme ne nous harie,Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! La pluie nous a débués et lavés,Et le soleil desséchés et noircis.Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,Et arraché la barbe et les sourcils.Jamais nul temps nous ne sommes assisPuis çà, puis là, comme le vent varie,A son plaisir sans cesser nous charrie,Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre. Ne soyez donc de notre confrérie;Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre! Prince Jésus, qui sur tous a maîtrie,Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie:A lui n'ayons que faire ne que soudre.Hommes, ici n'a point de moquerie;Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre!
François Villon, Epitaphe en forme de ballade, dans: Petite bibliothèque de poésie, coffret hors série de 12 volumes - Choix de André Velter (coll. Poésie/Gallimard et Télérama, 2013)
image: Ludwig Rollmann, Portrait de François Villon (galerie-creation.com)
16:36 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Petite bibliothèque de poésie 1a
Bloc-Notes, 7 avril / Les Saules
pour Marie-Louise A
Les anthologies poétiques abondent dans la production littéraire. Aux incontournables, disponibles en librairie - Georges Pompidou, André Gide, Philippe Jaccottet, ou Pierre Seghers - se sont ajoutées de plus récentes, parfois avec bonheur - Jean Orizet, par exemple - ou bien, tout au contraire, avec une fâcheuse tendance à présenter des auteurs inconnus - à juste titre? - ou des célèbres dont le présentateur a choisi volontairement des textes rarement cités, souvent mineurs et peu représentatifs de leurs auteurs - Zéno Bianu, dans une récente anthologie - afin de se démarquer de ses prédécesseurs, à tout prix.
Toute autre est l'approche de André Velter, qui choisit de nous proposer douze poètes classiques - François Villon, Charles d'Orléans, Maurice Scève, Pierre de Ronsard, Théophile de Viau, Jean de La Fontaine, Marceline Desbordes-Valmore, Victor Hugo, Gérard de Nerval, Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud et Paul Verlaine - en consacrant à chacun d'entre eux, un petit livre d'une quarantaine de pages dont les poèmes sont précédés d'une biographie succincte, introduisant l'auteur. L'essentiel, pour planter le décor, à l'attention du lecteur.
Chaque volume de surcroît - très soigné dans sa mise en page - porte le titre d'une phrase représentant bien l'écrivain choisi: Paul Verlaine, Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant; François Villon, Frères humains qui après nous vivez; Victor Hugo, Car le mot, qu'on le sache, est un être vivant, parmi d'autres.
La Petite bibliothèque de poésie - nous dit André Velter - est un parcours, du XVe au XIXe siècle, en compagnie de ceux qui ont inventé, transformé, célébré, bousculé la langue et le chant poétiques. Choix bien sûr non exhaustif, mais à coup sûr dynamique, éclairant, qui s'en tient à une suite d'auteurs essentiels, en consacrant à chacun un livret particulier afin de mieux respecter son génie propre. C'est une polyphonie de voix singulières qui se fait entendre; c'est l'expression d'une langue commune qui, pourtant, conjugue des tonalités différentes, des accents inédits, des pensées souvent contraires.
Au prix de vente modeste - moins de 29 euros - cette belle anthologie mérite de figurer en bonne place dans la bibliothèque des amis de la poésie!
Petite bibliothèque de poésie, coffret hors série de 12 volumes - Choix de André Velter (coll. Poésie/Gallimard et Télérama, 2013)
Jean Orizet, Anthologie de la poésie française (Larousse, 2010)
Zéno Bianu, Poèmes à dire - Une anthologie de poésie contemporaine francophone (coll. Poésie/Gallimard, 2013)
15:39 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Charles Baudelaire, Littérature francophone, Philippe Jaccottet | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | | Imprimer | Facebook |
06/04/2013
La citation du jour
Paul Valéry
La politique est l'art d'empêcher les gens de se mêler de ce qui les regarde.
Paul Valéry, Tel Quel (coll. Folio Essais/Gallimard, 1996)
00:21 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone, Paul Valéry | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
Loriano Macchiavelli
Loriano Macchiavelli, Les souterrains de Bologne (Métailié, 2004)
Attention à cette première traduction de Loriano Macchiavelli qui met en scène le sergent Sarti Antonio. Sur les talons du meurtrier de Mainardi Zodiaco, au coeur d'un vrai labyrinthe souterrain abritant bien des secrets de l'Histoire, il va se heurter à l'Eglise et à la magistrature, aidé dans son enquête par des personnages plutôt innatendus. Violence politique, immigration incontrôlée, bureaucratie étouffante et manipulations sordides constituent ce parfait cocktail policier à l’italienne, dérisoire et attachant.
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livres | | Imprimer | Facebook |
05/04/2013
Morceaux choisis - Xavier Grall
Xavier Grall
Ah quand je mourraienterrez-moi à Ouessantavec mes épagneulset mes goélandsah quand je mourraimettez-moi en ce jardin de gravier. Je te salue cantate de pierreet de haute maréeje te salue psaume du littoralje te salue chorale des noyés millénairesperdus dans les vaisseauxcouronnés de mystèresqui s'en venaient des Guadeloupes milliardairesen creusant des prières dans les entrailles des eaux. Je te célèbre pavois des princes boucanierstannés au rhum brun des ventsJe te célèbre Ouest, havre vertdes butins et des songes.Il faut chaque jour gagner sa légendeil faut chaque jour célébrer la messe de l'univers. Notre-Dame des printempsquand dans l'aubier descendent les griveset les ramiers dans les aulnesdes oiseaux du Levant et des Antillesheureux,s'en viennent aimer dans la rédemptionde tes îles. Sous le ventles marins parlent des Canariessous le ventles terriens rêvent de Baliles barques souquent leurs chaîneset les cargos ont de gros yeux de buffle affaméà l'écubier.On va partirgood bye, kénavo. Je vous célèbre matelots des errancesje vous célèbre piratesgrands amoureux des terresje vous célèbre anarchistes de l'universpêcheurs de lunes et de trésorsô vous les escrocs des ansesô vous les ducs de la mer! Et l'on s'en reviendrade l'Ohio ou bien de Portodisant la geste et la Sagaaux filles de Lorientet de port Navalo. Good bye, kénavonous allons respirer tous les parfumsnous allons danser la pavane de la merDieu et le vent pour suzerainsnous allons fonder l'empire des paladins. Ah quand je mourraienterrez-moi à Ouessantavec mes épagneulset mes goélandsah quand je mourraimettez-moi en ce jardin de gravier.
Xavier Grall, Le rituel breton / extrait, dans: Oeuvre poétique (Rougerie, 2011)
05:52 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Musica présente - 59 Thierry de Brunhoff
Thierry de Brunhoff
pianiste français, né en 1937
*
Frédéric Chopin
Ballade No 1 in G minor, Op 23
Fantaisie Impromptu in C minor, Op 66
Berceuse in D major, Op 57
05:18 Écrit par Claude Amstutz dans Frédéric Chopin, Musica présente, Musique classique, Thierry de Brunhoff | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
04/04/2013
François Mauriac
François Mauriac, Le noeud de vipères (Coll. Livre de poche, 2006)
Vieil avare qui veut se venger des siens en les déshéritant, Louis se justifie dans une sorte de confession qu'il destine à sa femme: elle le précède dans la mort. Dépossédé de sa haine et détaché de ses biens, cet anti-clérical sera touché, par la lumière, in articulo mortis.
Outre une peinture au vitriol de la bourgeoisie, ce roman est le journal d’un homme à la fin de sa vie. Respecté – à peine – pour sa réussite sociale, même des siens et détesté par les autres, il se révèle peu à peu attachant, libéré, humain. Un chef d’œuvre de Mauriac qui résiste à plusieurs lectures, au fil des années.
00:02 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
Le questionnaire Marcel Proust - 3/3
Mes peintres favoris?
Sandro Botticelli, Amedeo Modigliani, Vincent Van Gogh, J.M.W. Turner, Johannes Vermeer, Nicolas de Staël.
Mes héros dans la vie réelle?
Jésus-Christ, les anonymes, les justes, mes proches.
Mes noms favoris?
Catherine, puis les prénoms féminins qui se terminent en "a"...
Ce que je déteste par-dessus tout?
L'asservissement, la médiocrité, l'hypocrisie, la lâcheté, la trahison, l'indifférence.
Caractères historiques que je méprise le plus?
Toutes les formes de totalitarisme au nom du pouvoir, de l'ordre, de l'argent ou des croyances.
Le fait militaire que j'admire le plus?
Toutes les formes de résistance au mal.
La réforme que j'estime le plus?
La lutte pour l'indépendance et l'égalité des femmes.
Le don de la nature que je voudrais avoir?
La tempérance, la sociabilité, la patience.
Comment j'aimerais mourir?
De préférence sans trop souffrir, et vite...
Etat présent de mon esprit?
Comme une fleur épanouie, enraçinée dans la terre humide et fertile, inondée de soleil, auprès de mes amis visibles ou invisibles, sur ou sous la terre.
Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence?
Celles commises par amour.
Ma devise?
"Je n'ai pas peur, j'ai seulement le vertige." (René Char)
00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Le questionnaire Marcel Proust, Marcel Proust, René Char | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : autobiographie | | Imprimer | Facebook |
03/04/2013
Morceaux choisis - Hâfez de Chiraz
Hâfez de Chiraz
Ma Maîtresse tout à mon gré,Rose au col, verre en main,Le sultan du monde aujourd'hui,Non, n'est pas mon cousin. Point de flambeaux pour éclairerCe soir notre assemblée,Quand déjà rayonne en son pleinL'Astre de mes pensées. Et quant au Vin, s'il est, bien sûr,Licite en notre rite,Il ne l'est que si Ton sourire,Belle, nous y invite. Point n'est besoin dans cette salleD'aucune cassolette,Quand l'odeur de Ta ChevelureVient nous tourner la tête. L'oreille est captive du chantDes flûtes et des harpes, L'oeil pris aux lèvres de rubis,Au circuit du hanap. Qu'on ne me vante plus jamaisLes sucres les plus tendres,Lorsque s'offrent Tes douces lèvresA mes lèvres gourmandes. Trésor est en mon coeur en ruineChagrin qui vient de Toi,Refuge un cabaret ruiné,Seul lieu digne de moi. Ma honte est toute en mon honneur,Mais honte je n'ai guère;Mon honneur est tout en ma honte,Mais d'honneur qu'ai-je à faire? Je suis égaré, libertin,Buveur, sans foi ni loi,Mais quel est l'homme en cette villeQui ne soit comme moi? Et vous, d'un mot dit au CenseurEspérez-vous me nuire?En vain! Il n'est pas différentEt cherche son plaisir! Ne demeurons jamais, Hâfez,Sans Vin et sans brunette,Quand fleurissent Rose et JasminEt lorsque c'est la Fête!
Hâfez de Chiraz, Cent et un ghazals amoureux (coll. Connaissance de l'Orient/Gallimard, 2010)
traduit du persan par Gilbert Lazard
image: siminkhakpour.com
17:43 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |