18/04/2013
La citation du jour
Johann Wolfgang von Goethe
Aie confiance en toi-même, et tu sauras vivre.
Johann Wolfgang von Goethe, Faust (Bartillat, 2009)
image: Eugène Delacroix, Faust and Méphistopheles / 1826-1827 (rodoni.ch)
18:38 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
Vendanges tardives - Du jardinier
Un abécédaire: J comme Jardinier
Tu te souviens de Dialogue avec mon jardinier, le livre ou le film? J'y avais retenu cette phrase merveilleuse: Ton jardin, eh bien il est beau quand il me remercie d'avoir bien fait mon travail. Et le jardin, c'est un peu un lieu sacré pour moi où, comme en amour, je refais indéfiniment les mêmes gestes, avec prévenance, avec obstination et douceur. Tout à coup, j'interromps le mouvement, lève les yeux au ciel pour deviner ce que te disent les nuages d'un rose tendre en hiver, d'un bleu profond au printemps et, dès les premiers jours de beau temps, je m'immobilise pour écouter le chant des oiseaux: corbeaux, merles, moineaux, geais, mésanges, pics, rouges-gorges... Le bonheur?
Je ne saurais le dire, Fred, mais à coup sûr, avec ma pioche de jardinier du dimanche, mon balai de sorcière, mon sécateur usé par d'autres que moi et ce pas lent qui est devenu le mien, il me semble laisser une empreinte d'éternité, imprécise peut-être, fugace mais si belle, dans cette terre courtisée qui ne sera jamais tout à fait mienne. Et là, au moment où je te parle, refermant le portail sur la nuit qui s'achève, un peu à l'écart des rumeurs du monde, je les sens étonnement présents au coeur, ces hôtes de passage, amis ou artisans de ma banale histoire, qui semblent respirer entre les graviers, le lierre et les fleurs sauvages, qui font de ces quatre saisons une fête qui sans eux, ne sauraient ordonner les choses, leur donner sens et vie.
Un sentiment de bien-être qui, comme au théâtre, n'est jamais immobile, n'a pas vocation de durer, change et se renouvelle chaque jour, enfin puise sa beauté dans un silence pour s'achever en lui...
Le bonheur?
Henri Cueco, Dialogue avec mon jardinier (coll. Points/Seuil, 2004)
image: Les Saules / Cologny (2013)
01:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |
17/04/2013
Le poème de la semaine
Jean Genêt
Le vent qui roule un coeur sur le pavé des cours,Un ange qui sanglote accroché dans un arbre,La colonne d’azur qu’entortille le marbreFont ouvrir dans ma nuit des portes de secours.Un pauvre oiseau qui meurt et le goût de la cendre,Le souvenir d’un oeil endormi sur le mur,Et ce poing douloureux qui menace l’azurFont au creux de ma main ton visage descendre.
Ce visage plus dur et plus léger qu’un masque,Et plus lourd à ma main qu’aux doigts du receleurLe joyau qu’il empoche; il est noyé de pleurs.Il est sombre et féroce, un bouquet vert le casque.
Ton visage est sévère: il est d’un pâtre grec.Il reste frémissant aux creux de mes mains closes.Ta bouche est d’une morte et tes yeux sont des roses,Et ton nez d’un archange est peut-être le bec.
Le gel étincelant d’une pudeur méchanteQui poudrait tes cheveux de clairs astres d’acier,Qui couronnait ton front d’épines du rosierQuel haut-mal l’a fondu si ton visage chante?
Dis-moi quel malheur fou fait éclater ton oeilD’un désespoir si haut que la douleur farouche,Affolée, en personne, orne ta ronde boucheMalgré tes pleurs glacés, d’un sourire de deuil?
Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
16:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
Musica présente - 61 Janet Baker
Janet Baker
cantatrice britannique, née en 1933
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Gustav Mahler
Das Lied von der Erde
(James King, Royal Concertgebouw Orchestra, Bernard Haitink)
14:14 Écrit par Claude Amstutz dans Gustav Mahler, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
Le poème de la semaine
Blaise Cendrars
Je suis couché dans un plaidBarioléComme ma vieEt ma vie ne me tient pas plus chaud que ce châle écossaisEt l’Europe toute entière aperçue au coupe-vent d’un express à toute vapeurN’est pas plus riche que ma vieMa pauvre vieCe châleEffiloché sur des coffres remplis d’orAvec lesquels je rouleQue je rêveQue je fumeEt la seule flamme de l’universEst une pauvre pensée...Du fond de mon cœur des larmes me viennentSi je pense, Amour, à ma maîtresse;Elle n’est qu’une enfant, que je trouvai ainsiPâle, immaculée, au fond d’un bordel.
Ce n’est qu’une enfant, blonde, rieuse et triste,Elle ne sourit pas et ne pleure jamais;Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse boire,Tremble un doux lys d’argent, la fleur du poète.
Elle est douce et muette, sans aucun reproche,Avec un long tressaillement à votre approche;Mais quand moi je lui viens, de ci, de là, de fête,Elle fait un pas, puis ferme les yeux — et fait un pas.
Car elle est mon amour, et les autres femmesN’ont que des robes d’or sur de grands corps de flammes,Ma pauvre amie est si esseulée,Elle est toute nue, n’a pas de corps — elle est trop pauvre.
Elle n’est qu’une fleur candide, fluette,La fleur du poète, un pauvre lys d’argent,Tout froid, tout seul, et déjà si fanéQue les larmes me viennent si je pense à son cœur.
Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
00:22 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | | Imprimer | Facebook |
Elizabeth George
Elizabeth George, Anatomie d'un crime (Presses de la Cité, 2007)
Une fois de plus, Elizabeth George prend le lecteur par surprise et l’entraîne où il ne voudrait peut-être pas aller.Elle en décevra plus d’un – à tort ! - dans ce drame dont les héros de la série, Thomas Lynley et Barbara Havers sont absents, sauf cette dernière, dans les dernières pages de l’histoire. Le fil conducteur de son nouveau roman est l’image finale, terrible et déconcertante de Sans l’ombre d’un témoin - il est indispensable de le lire avant de découvrir ce nouvel opus – qui nous a laissé sous l’emprise d’une terrible tristesse. Vu de l’intérieur, sous l’angle du coupable cette fois-ci, nous suivons le parcours de Joel Campbell depuis l’âge de douze ans jusqu’au jour de ce meurtre inexpliqué à la fin du précédent roman. Moins policier sans doute que tous ses autres livres, Anatomie d’un crime est davantage une radiographie sombre et désenchantée sur l’inégalité des chances, les comportements de survie face à la violence ou au mal, les compromis et les dérives de destins brisés qui, immanquablement, conduisent à la perte de la dignité et à la tragédie. La plus subtile et profonde analyse psychologique d’Elizabeth George à ce jour !
Egalement disponible en coll. de poche (Pocket, 2008)
00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
16/04/2013
Lire les classiques - Arthur Rimbaud
Arthur Rimbaud
Oisive jeunesseA tout asservie,Par délicatesseJ'ai perdu ma vie.Ah! Que le temps vienneOù les coeurs s'éprennent. Je me suis dit: laisse,Et qu'on ne te voie:Et sans la promesseDe plus hautes joies.Que rien ne t'arrête,Auguste retraite. J'ai tant fait patienceQu'à jamais j'oublie;Craintes et souffrancesAux cieux sont parties.Et la soif malsaineObscurcit mes veines. Ainsi la prairieA l'oubli livrée,Grandie, et fleurieD'encens et d'ivraiesAu bourdon faroucheDe cent sales mouches. Ah! Mille veuvagesDe la si pauvre âmeQui n'a que l'imageDe la Notre-Dame!Est-ce que l'on prieLa Vierge Marie? Oisive jeunesseA tout asservie,Par délicatesseJ'ai perdu ma vie.Ah! Que le temps vienneOù les coeurs s'éprennent!
Arthur Rimbaud, Oeuvres complètes (coll. GF/Flammarion, 2010)
image: Caspar David Friedrich, Chalk Cliffs on Rügen / 1830 (bartongalleries.com)
23:17 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Elizabeth George
Elizabeth George, Sans l'ombre d'un témoin (Presses de la Cité, 2005)
Lynley et Barbara Havers doivent résoudre une enquête particulièrement délicate, avec l’aide de Saint James, dont un souci – non des moindres – est une nouvelle fois un conflit ouvert avec les instances dirigeantes de la police. Comme toujours chez Elizabeth George, ce roman met en scène les implications politiques ambiguës du Yard en la personne du lieutenant Nkata, censé servir de bouclier face à l’opinion publique. Conduite de main de maître, cette intrigue joue avec les nerfs du lecteur jusqu’au bout et s’achève par un coup de théâtre. Du grand art!
Egalement disponible en coll. de poche (Pocket, 2010)
07:42 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | | Imprimer | Facebook |
15/04/2013
Morceaux choisis - Rainer-Maria Rilke
Rainer-Maria Rilke
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles, et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
Rainer-Maria Rilke, Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (coll. Points/Seuil, 2001)
image: cathou24.centerblog.net
07:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis, Rainer-Maria Rilke | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
Jean-Noël Blanc
Jean-Noël Blanc, Le nez à la fenêtre (Joëlle Losfeld, 2009)
Mettre le nez à la fenêtre, en termes cyclistes, c'est se porter en tête du peloton en vue de s'échapper. Voilà précisément ce que fait Maurice, dit Momo, dans une grande étape de montagne du Tour de France. Trop présomptueux? La gloire n'a jamais été à son programme. Et s'il gagnait... Si cette course était pour lui une manière de régler ses comptes avec une enfance âpre et solitaire, qui l'a convaincu que la lutte est la seule porte de sortie? Faut-il toujours s'échapper pour exister? Les quelques heures de cette étape, où tout un destin se joue, le lecteur les vit dans la peau de ce coureur avec ses espoirs, ses efforts, sa détresse, son courage. On sue, on vibre, on souffre, on exulte avec lui, dans ce roman qui alterne le présent de la course, avec son rythme vif et haché, et le passé de l'enfance, avec ses lenteurs, ses doutes et sa solitude.
Récit à deux voix – les fêlures de l’enfance et une étape du Tour de France – Le nez à la fenêtre nous partage les émotions, les frustrations et les rêves d’un gamin solitaire qui va peut-être, vingt ans plus tard, à force de ténacité, vivre le plus beau moment de sa vie. L’histoire de ce héros d’un jour, Momo, est attachante, racontée avec beaucoup de simplicité, de poésie, de sincérité.
06:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |