17/04/2013
Le poème de la semaine
Jean Genêt
Le vent qui roule un coeur sur le pavé des cours,Un ange qui sanglote accroché dans un arbre,La colonne d’azur qu’entortille le marbreFont ouvrir dans ma nuit des portes de secours.Un pauvre oiseau qui meurt et le goût de la cendre,Le souvenir d’un oeil endormi sur le mur,Et ce poing douloureux qui menace l’azurFont au creux de ma main ton visage descendre.
Ce visage plus dur et plus léger qu’un masque,Et plus lourd à ma main qu’aux doigts du receleurLe joyau qu’il empoche; il est noyé de pleurs.Il est sombre et féroce, un bouquet vert le casque.
Ton visage est sévère: il est d’un pâtre grec.Il reste frémissant aux creux de mes mains closes.Ta bouche est d’une morte et tes yeux sont des roses,Et ton nez d’un archange est peut-être le bec.
Le gel étincelant d’une pudeur méchanteQui poudrait tes cheveux de clairs astres d’acier,Qui couronnait ton front d’épines du rosierQuel haut-mal l’a fondu si ton visage chante?
Dis-moi quel malheur fou fait éclater ton oeilD’un désespoir si haut que la douleur farouche,Affolée, en personne, orne ta ronde boucheMalgré tes pleurs glacés, d’un sourire de deuil?
Quelques traces de craie dans le ciel,Anthologie poétique francophone du XXe siècle
16:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | | Imprimer | Facebook |
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