Lire les classiques - Arthur Rimbaud (16/04/2013)
Arthur Rimbaud
Oisive jeunesseA tout asservie,Par délicatesseJ'ai perdu ma vie.Ah! Que le temps vienneOù les coeurs s'éprennent. Je me suis dit: laisse,Et qu'on ne te voie:Et sans la promesseDe plus hautes joies.Que rien ne t'arrête,Auguste retraite. J'ai tant fait patienceQu'à jamais j'oublie;Craintes et souffrancesAux cieux sont parties.Et la soif malsaineObscurcit mes veines. Ainsi la prairieA l'oubli livrée,Grandie, et fleurieD'encens et d'ivraiesAu bourdon faroucheDe cent sales mouches. Ah! Mille veuvagesDe la si pauvre âmeQui n'a que l'imageDe la Notre-Dame!Est-ce que l'on prieLa Vierge Marie? Oisive jeunesseA tout asservie,Par délicatesseJ'ai perdu ma vie.Ah! Que le temps vienneOù les coeurs s'éprennent!
Arthur Rimbaud, Oeuvres complètes (coll. GF/Flammarion, 2010)
image: Caspar David Friedrich, Chalk Cliffs on Rügen / 1830 (bartongalleries.com)
23:17 Écrit par Claude Amstutz | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Commentaires
RIMBAUD, son nom déjà provoque en moi une belle émotion. Que ces vers sont beaux. Il ne se passe pas une semaine, où je n'ouvre un si beau livre de poésie. Vous nous en offrez une très belle ici, et je vous dis un grand merci.
Écrit par : ATTUEL Josette | 19/04/2013