Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/05/2012

Morceaux choisis - Erri de Luca 1a

Erri de Luca

Sandro-Botticelli-Venus-et-les-Trois-Graces--D-tail--5222.jpg

"Io te vurria vasa", soupire la chanson
mais avant et plus que ça moi je voudrais te suffire,
"io te vurria abbasta",
comme la gorge au chant comme le couteau au pain
comme la foi au saint moi je voudrais te suffire.
Et qu'aucune autre étreinte tu ne puisses chercher
ni dans une autre odeur t'endormir,
moi je voudrais te suffire.
"io te vurria abbasta".
 
"Io te vurria vasa". insiste la chanson
mais un peu moins que ça moi je voudrais te manquer
"io te vurria manca",
plus que le souffle en montée
plus que le soleil en prioson
que la bande sur la plaie
plus qu'une fleur sur un balcon.

Et qu'aucune autre étreinte tu ne puisses chercher
ni dans aucune autre odeur t'endormir,
moi je voudrais te manquer
"io te vurria manca".

Erri de Luca, Aller simple - édition bilingue (Gallimard, 2012)

traduit de l'italien par Danièle Valin 

image: Sandro Botticelli, Vénus et les trois grâces (détail)

25/05/2012

Morceaux choisis - Jacques Prévert

Jacques Prévert

Mina Estevez .jpg

La fermeture éclair a glissé sur tes reins
Et tout l'orage heureux de ton corps amoureux
Au beau milieu de l'ombre
A éclaté soudain
Et sa robe en tombant sur le parquet ciré
N'a pas fait plus de bruit
Qu'une écorce d'orange tombant sur un tapis
Mais sous nos pieds
Ses petits boutons de nacre craquaient comme des pépins
Sanguine
Joli fruit
La pointe de ton sein
A tracé une nouvelle ligne de chance
Dans le creux de ma main
Sanguine
Joli fruit
Soleil de nuit
 

Jacques Prévert, dans: Eros émerveillé - Anthologie de la poésie érotique française (coll. Poésie/Gallimard, 2012) 

image: Metart Fine Photography (2009)

24/05/2012

Morceaux choisis - Ana Clavel

Anna Clavel

Violettes_Clavel.jpg 

Je suis enfin dans le bois. Ca sent l'humidité mais aussi un parfum doux et sauvage. Je m'y enfonce comme si je savais que je dois atteindre un lieu précis. Je franchis des ravins et des ruisseaux, des zones épineuses, des broussailles. Au moment où je me crois perdu, j'aperçois un arbre au tronc droit et vigoureux. Je m'approche et découvre une cavité de la taille de mon visage. Mais cette cavité n'est pas vide, à l'intérieur il y a un rayon, je ne sais si d'abeilles ou de guêpes, mais une chose est sûre: il en sort miel et cire, et cet arôme doux et sauvage que je perçois dès le début. Je plonge un doigt dans la coulée qui enduit déjà l'écorce de l'arbre et je sens un frémissement dans la cire qui commence à s'épaissir et forme rapidement le corps d'une fille ressemblant à Susana Garmendia. Elle fait corps avec l'arbre comme si on l'y avait attachée à cet effet. Elle est complètement à ma merci. Je la pénètre avec violence. Elle veut crier mais aucun son ne sort de sa bouche. Je pense alors qu'elle doit être muette. Subitement, je suis terrifié: elle peut tomber enceinte. Mais je réfléchis: elle ne pourra pas m'accuser, il n'y aura pas de conséquences. Je continue à la forcer et je découvre alors que son cri muet, ce cri qui s'étrangle dans sa gorge, est un gémissement de plaisir. 

"Seuls les rêves sont silencieux" me dit une voix sans voix, "Surtout ne te réveille pas." Et bien sûr, je me suis réveillé. J'ai enfin ouvert les yeux et vu que ce n'était pas un rêve: montée sur son plaisir, la chevauchant, mon amazone resplendissait de douceur. 

Ana Clavel, Les Violettes sont les fleurs du désir (Métailié, 2009)

illustration: Ana Clavel

22/05/2012

Morceaux choisis - Primo Levi 1b

Primo Levi

littérature; poésie; livres

Vous qui vivez en toute quiétude
Bien au chaud dans vos maisons,
Vous qui trouvez le soir en rentrant
La table mise et des visages amis,
Considérez si c'est un homme
Que celui qui peine dans la boue,
Qui ne connaît pas de repos,
Qui se bat pour un quignon de pain,
Qui meurt pour un oui pour un non. 

Considérez si c'est une femme
Que celle qui a perdu son nom et ses cheveux
Et jusqu'à la force de se souvenir,
Les yeux vides et le sein froid
Comme une grenouille en hiver.
N'oubliez pas que cela fut,
Non, ne l'oubliez pas:
Gravez ces mots dans votre coeur.

Pensez-y chez vous, dans la rue,
En vous couchant, en vous levant;
Répétez-les à vos enfants.
Ou que votre maison s'écroule,
Que la maladie vous accable,
Que vos enfants se détournent de vous.
 

Primo Levi, Si c'est un homme (Pocket, 1998)

image: La mémoire est une faille dans le temps présent (lemotdelasemaine.com)

21/05/2012

Morceaux choisis - Primo Levi 1a

Primo Levi

Primo Levi.jpg

Je suis, de naissance, assez optimiste. Et c'est en partie délibéré. C'est, me semble-t-il, un piètre service rendu au lecteur, à l'humanité, disons, à la communauté des gens qui lisent un même livre, que de lui administrer de fortes doses de pessimisme. Etre pessimiste, au fond, cela revient à baisser les bras et dire: que ce monde aille à sa perte. Comme le risque de cette perte est réel, il n'y a qu'une seule solution: se retrousser les manches; et quand on entreprend quelque chose, il faut aussi être optimiste, sinon on ne livre jamais bataille. Or la bataille fait rage. On ne peut pas partir en guerre si l'on est convaincu de la perdre, et en l'occurence, il s'agit bien de partir en guerre. Mon attitude a des causes qui ne sont ni préméditées ni délibérées, et qui doivent provenir d'une constitution plutôt optimiste. Mais je l'ai rationalisée ainsi, en considérant la transmission d'un message qui ne soit pas défaitiste comme un avantage collectif. Naturellement, il n'est pas toujours facile d'être optimiste. Il y faut beaucoup de mesure, mais je pense que, là où c'est possible en tous cas, c'est un devoir de l'être.

Primo Levi, Conversations et entretiens (Laffont, 1998)

19/05/2012

Morceaux choisis - Adam Biro

Adam Biro

Adam Biro.jpg

La Tisza a débordé. C'était au XIXe siècle. Une année de soleil, de belle moisson. Et soudain, la terreur. De cette masse d'eau immense; ce n'était que de l'eau, que la Tisza, mais elle balayait sur son passage le blé, le pain des gens, avec un bruit de destruction totale, de fin du monde. On fuyait. On savait. On en avait entendu parler. De la fureur du fleuve paisible. De la mort qu'elle sème. 

Tout le monde fuyait, sauf Izsak. L'eau boueuse a déjà inondé la cave de sa maison, le potager aussi était sous l'eau. Sa famille, sa femme et les enfants étaient allés rendre visite à ses beaux-parents dans une ville à trente kilomètres de là, loin de la Tisza, heureusement. Ils étaient à l'abri. Izsak, assis dans la belle chambre, priait. Autour de lui, l'affolement, des appels, des hurlements. Le tocsin à tout va. Beuglement et cris des bêtes. Izsak prie avec ferveur. 

Une barque, remplie de gens, s'approche de la fenêtre ouverte. Mozes et Samuel rament de toutes leurs forces. Ils appellent: "Izsak, viens. Qu'est-ce que tu fais? Le village est sous l'eau, nous avons tout perdu. Dieu nous punit durement pour nos péchés. Viens, il y a encore de la place pour toi. Qu'attends-tu?" Izsak, imperturbable, les toise avec dédain. "Je prie. Laissez-moi tranquille. Je prie mon Dieu. Il me sauvera." 

Les autres, dehors, dans la barque, se regardent, incrédules. Izsak a toujours eu un comportement étrange. A présent, il est devenu complètement fou. Enfin, ne voit-il pas l'eau tout submerger inexorablement? Il n'a aucune chance... Mais il leur dit de le laisser et de continuer leur chemin. Ils s'en vont. Après tout...

La Tisza ne se calme pas, bien au contraire. On voit le sommet des arbres dépasser des flots; des armoires, des berceaux, des portes arrachées, poussés les uns contre les autres par les vagues du fleuve, s'entrechoquer par une étrange loi du hasard. Des cadavres d'animaux déjà gonflés descendent immobiles le courant. Izsak doit monter à l'étage de sa maison, car le rez-de-chaussée est désormais inondé. Les meubles avec tous leurs vêtements et leur linge, fruits d'une vie de labeur, les beaux tapis reçus de sa belle-famille sont les proies de l'élément incontrôlé. Izsak n'en a cure.  

"Les affaires, dit-il. Il n'a que mépris pour les "affaires", les "choses". On lui a dit, on lui a enseigné de ne s'intéresser, de ne donner de la valeur qu'au spirituel. Quel intérêt, les vieilles chaises en bois? Quel prix? Qui s'en soucie? Il ne va tout de même pas sacrifier sa foi, sa confiance dans le Seigneur à quelques vieilles chemises? Que va-t-il emporter, le jour de sa mort, dans l'Au-Delà? Les chaises, ou son âme? Sa famille est en lieu sûr, ça, c'est important. Le reste... 

Une autre barque s'approche. Izsak en connaît tous les occupants. Les gens du village, des voisins. "Izsak, tu es encore là? Tu dois venir, c'est épouvantable ce qui se passe. Tout le village est emporté. Nous n'avons jamais vu cela. Une inondation d'une telle violence, jamais. Viens vite, nous ne pouvons pas t'attendre longtemps, nous devons aller en sauver d'autres."

Izsak les renvoie d'un revers de main. "Je prie mon Dieu, l'Eternel. Il ne m'a jamais abandonné. Vous, mauvais croyants, impies, faites ce que bon vous semble. Vous vous fiez à une méchante barque pourrie plutôt qu'au Seigneur. Vous croyez sauver votre peau tout seuls, plutôt que de vous adresser au Très-Haut. A votre guise. Allez, allez, laissez-moi prier." 

Et l'eau monte. Elle brise la fenêtre de la chambre à coucher, elle la remplit, hurlant, chuintant, elle dépose une boue gluante et verdâtre sur les draps, les oreillers, le couvre-lit blanc immaculé, avant de soulever l'immense lit de bois massif, de le faire tourner comme une toupie et de le plaquer contre le plafond. Et les flots, ayant accompli leur devoir dans la chambre, déferlent au grenier. A peine Izsak a-t-il le temps de se réfugier sur le toit. 

C'est alors, à cet instant précis, qu'une nouvelle embarcation passe. Elle s'approche avec difficulté d'Izsak. Du village, on ne voit plus que la cime de quelques arbres, quelques toits et le clocher de l'église. C'était un village. Il n'existe plus. Les réfugiés de la barque hurlent de loin: "Izsak, tu es complètement fou! Tu vas mourir, c'est sûr! Il n'y a plus personne au village, tu es le seul, le dernier! Viens avec nous, on arrive, saute dans la barque!" 

Izsak, accroché à la cheminée de ce qui fut sa maison, les injurie. "Moi, oui, moi et moi seul, je prie mon Dieu qui me regarde, me reconnaît et me sauvera. Sans vous. Je n'ai pas besoin de vous, hommes de petite foi, ça, c'est sûr." 

Les gens n'ont ni le temps ni l'envie de discuter avec un illuminé. Ils veulent sauver leur vie, quitter ce village funeste. Tant pis pour ce pauvre idiot. Advienne que pourra. Peut-être qu'il s'en sortira tout seul. Ils s'en vont au gré des flots, avec la barque où s'entassent hommes, femmes, enfants, animaux, matelas, ustensiles de cuisine, hardes, affaires utiles et inutiles. 

Et l'eau noire monte. Elle arrache Izsak à sa cheminée. Le pauvre homme essaie de nager désespérément, mais le courant est plus fort que lui. Il lutte, nage, disparaît, plonge, remonte, crache de l'eau, le souffle lui manque, il tâche de s'accrocher à des meubles qui tournoient en descendant le fleuve, replonge... et se noie. Aussitôt après... non, immédiatement, sans délai... il n'y a point de délai, de temps dans l'Au-Delà, Izsak est debout, sec et propre, devant la face du Seigneur. Il se souvient parfaitement mais avec une paix et un calme célestes de ses dernières minutes, de l'horreur de cette mort... et il s'adresse à son Dieu, comme les prophètes le faisaient, en ces termes: 

"Seigneur, je ne Te comprends pas. Tout le village a fui, sans attendre Ta volonté. La synagogue s'est vidée dès le début du sinistre. Moi seul, oui, j'ai prié, je me suis adressé à Toi, j'ai mis ma confiance en Toi et ma vie entre Tes mains. Je savais que Tu allais me sauver, que Toi seul pouvais me sauver... et voilà, Seigneur, ce que tu as fait du seul croyant du village: un noyé!" 

L'infinie sagesse de Dieu aurait été ébranlée si elle n'avait pas été divine et infinie. Le Seigneur a regardé Izsak avec pitié avant de lui dire:

"Izsak, mon pauvre petit, moi non plus, je ne te comprends pas. Pourquoi n'as-tu pas confiance en Moi? J'ai envoyé trois barques, en vain, pour te sauver!"

Adam Biro, Deux Juifs voyagent dans un train (Belfond, 2007)

16:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; spiritualité; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/05/2012

Morceaux choisis - Philippe Jaccottet

Philippe Jaccottet

littérature; prose; morceaux choisis; livres

... Je pourrais écrire une liste de prénoms et de noms comme on en trace sur des monuments de pierre ou de marbre après les guerres: note bien celui-ci, ne l'oublie pas, pour être équitable, pour que la liste soit constamment à jour, et encore celui-ci du mois dernier, et cet autre, du commencement de la semaine, écris plus vite, parce que tout semble s'accélérer, comme quand la pente se fait plus forte, mais quoi de plus beau qu'une cascade, de plus vivant, de plus lumineux quand le soleil la traverse? Alors que toutes ces chutes dans le noir...

On n'enterre plus guère, aujourd'hui; on brûle; non pas à la vue de tous comme en Inde et dans une sorte de fête, mais de façon cachée, furtive - il faut surtout ne pas choquer -, cela glisse sans aucun bruit sur des rails invisibles, l'affaire expédiée en quelques minutes et même la vue de la fumée qui ne peut pas ne pas s'élever de là épargnée aux survivants. Le plus souvent, des paroles embarrassées, mises ensemble tant bien que mal, des musiques empruntées ajoutent encore leurs ornements en toc, leurs oripeaux inutiles; comme on tirerait au plus vite un rideau hailloneux, dans un théâtre de fortune, sur une pièce ratée.

... Toutes ces chutes dans le noir, les unes après les autres, et pour nous qui vieillissons, de plus en plus fréquentes et de plus en plus proches. Pendant que les verdures s'accroissent encore, comme en chaque mois de mai qu'on aura vécu.

Qui signifie avoir vu cela, puis avoir dit, ou écrit, qu'on l'a vu? Et l'écrire alors que la glissade, serait-elle même presque indolore, continue, et que la perte s'aggrave; et quand, avant nous, le même mouvement - qui est celui du temps -, les mêmes successions d'épanouissement, d'usure et de disparition, n'avaient produit aucune parole, comme si tout, alors, pendant des millions d'années, s'était produit dans un monde fermé, alors qu'avec nous commencerait, aurait commencé un entrebâillement, tout de même, en fin de compte, prodigieux? Une espèce de souffrance, mais aussi de joie, une espèce de combat, d'odyssée inimaginables avant cela; toutes nos histoires, innombrables, à cause d'un regard enfin ouvert et d'une bouche enfin ouverte pour parler de ce qui commence à être vu.

Philippe Jaccottet, Des morts (Revue Europe no 955-956, novembre-décembre 2008)

image: Le débarcadère, Rolle (Suisse)

Morceaux choisis - Andrée Chédid

Andrée Chedid

Andrée Chedid.jpg

L'air est libre
 
Les chemins sentent l'orange
Le soleil s'allonge en robes de safran
 
C'est la saison du rire et des herbes
 
O mon amour aux cent patiences
Ce soir tout est une première fois
 

Andrée Chedid, Textes pour la terre aimée (Cahiers GLM, 1954)

07:35 Écrit par Claude Amstutz dans Andrée Chedid, Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

15/05/2012

Morceaux choisis - Guido Ceronetti

Guido Ceronetti

Florence.jpg

Aucune musique de grand compositeur (en dehors de l'orgue d'une église) ne peut avoir des effets psychologiques aussi forts, aussi tendres que, parfois, la plus pauvre des chansons, s'il y a la voix, la maison, la rue. La femme qui chante fait toujours partie du mystère érotique, le sien est un appel et une attente, c'est pourquoi il ensorcelle, il donne envie de monter les escaliers à la hâte et d'ouvrir la porte derrière laquelle la voix se cache. Mais nous parlons du passé, aussi bien en Orient qu'en Occident. Elles ont été assassinées et jetées dans des tas d'ordures, comme un butin invendable, les chansons...

Guido Ceronetti, La patience du brûlé (Albin Michel, 1995)

image: Florence (elisaorigami.blogspot.com)

13/05/2012

Morceaux choisis - Anna Akhmatova

Anna Akhmatova

littérature; poésie; livres

S'éveiller tôt le matin
Parce que la joie étouffe,
Et regarder l'eau verte
Par le hublot de la cabine,
Ou sur le pont dans la tempête,
Blottie dans une douce fourrure,
Ecouter battre les machines,
Et ne penser à rien.

Mais attendre la rencontre
Avec celui que j'aime
Sous le sel des embruns, et sous le vent
Rajeunir d'heure en heure.
 

Anna Akhmatova, L'églantier fleurit et autres poèmes (La Dogana, 2010)

image: sosduneterrienneendetresse.centerblog.net

08:07 Écrit par Claude Amstutz dans Anna Akhmatova, Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |