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25/05/2014

Elsa Osorio

9782864246251.gifElsa Osorio, Tango (Métailié, 2007)

L'histoire d'une ville et d'une musique à travers la saga de deux familles socialement opposées. A Paris, au Latina, Luis invite Ana à danser le tango. Elle est française et elle aime la danse autant qu'elle déteste la patrie de ses parents, l'Argentine. Il est argentin de passage à Paris pour tenter d'échapper à une crise économique et psychologique. Un projet de film sur le tango va les réunir...

Amours, joies et peines, sur fond de rivalités sociales, peuplent ce roman dont le tango, emblème poétique et politique, est le cœur. Beaucoup de charme émane de ce récit dont on prend plaisir à découvrir la destinée des nombreux protagonistes, chaleureux, parfois extrêmes, mais toujours passionnés. Une myriade de personnages, de désirs et de sentiments qui rappellent furieusement… le tango !

Egalement disponible en coll. Points (Seuil, 2008)

00:09 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature sud-américaine | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livresé | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/12/2013

Conrad Ferdinand Meyer

images.jpegConrad-Ferdinand Meyer, Jürg Jenatsch (Coll. Poche Suisse/L'Age d'Homme, 1989)

Un pasteur réformé du canton de Suisse « Les Grisons », devenu chef de bande, assassin, puis héros national, colonel dans l’armée du Duc de Rohan, rénégat et négociateur de traités internationaux entre l’Espagne et la France de Richelieu, traître à la foi par amour exclusif de sa petite patrie et qui meurt assassiné par des voyous au soir de sa plus grande victoire, voilà un personnage de l’histoire suisse, troublant et difficilement compréhensible qui bouleverse toutes les idées reçues.

Un épisode de l'histoire des Grisons et en même temps une tragique histoire d'amour qui n'est pas sans rappeler les romans de cape et d'épée d'Alexandre Dumas. D'une écriture vive et éloquente, un chef d'oeuvre des lettres alémaniques du XIXe siècle.

publié dans le supplément La bibliothèque idéale des vaudois / 24 Heures

15/10/2013

Pierre Magnan

9782221116586.gifPierre Magnan, Elégie pour Laviolette (Robert Laffont, 2010)

Je l’aime décidément beaucoup, ce commissaire Laviolette: émouvant, drôle, érudit, malicieux, fin limier de surcroît. Aucune de ses enquêtes tortueuses à souhait - situées au pays de Giono en Provence – ne m’a déçu à ce jour et cette dernière pas davantage, dans laquelle un cimetière joue une nouvelle fois un rôle déterminant… Laissé pour mort dans un précédent roman - Le parme convient à Laviolette - le nez dans une touffe de thym, et baignant dans une mare de sang, guéri de ses sept impacts de chevrotine dans le dos, il est chargé d’une nouvelle enquête: la routine, soi-disant, comme l’affirme le conseiller Honnoraty. Presque rien, en somme : un homme vient de mourir à l’hôpital de Gap, et les neveux spoliés portent plainte pour captation d’héritage. Le coup classique, quoi! Pas de quoi fouetter un chat. On a même demandé une autopsie et ça n’a rien donné: la mort est naturelle. Deux détails pourtant: la veuve avait célébré ses noces avec le mourant quatre jours auparavant en évinçant la maîtresse en titre, et on avait trouvé sur les mains de la victime d’abondantes traces de talc… C’est ainsi que Laviolette et le juge Chabrand se retrouvent pour l’enterrement à  La Roque-du-Champsaur...

Pierre Magnan est l'auteur de plusieurs romans - tous disponibles en coll. Folio policier/Gallimard - qui mettent en scène son personnage fétiche: Les secrets de Laviolette, Le tombeau d'Hélios, Le commissaire dans la truffière, Le secret des Andrônes, Les charbonniers de la mort, Le parme convient à Laviolette. Cinq titres - dont Les courriers de la mort et Le sang des Atrides - ont été fidèlement adaptés à la télévision, avec un Victor Lanoux convaincant dans le rôle du commissaire Laviolette.

Pierre Magnan compte parmi les plus belles plumes de France, usant d’un langage poétique ancré dans la terre pour déchiffrer le secret des âmes. Aucun auteur n’a fait mieux depuis Simenon! Découvrez vite les autres livres de cet écrivain talentueux - qui nous a quittés en avril 2012 à lâge de 89 ans - parmi lesquels Laura du bout du monde, La folie Forcalquier, Périple d'un cachalot, La maison assassinée et Pour saluer Giono (coll. Folio/Gallimard) ou encore l'album illustré Les romans de ma Provence (Editions du Chêne), sans oublier un très beau texte autobiographique, Apprenti (coll. Folio/Gallimard).

Elégie pour Laviolette est également disponible en format de poche (coll. Folio Policier/Gallimard, 2012).

09:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature policière | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature: roman; livresé | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/02/2013

Anne Bragance

 

9782742756315.gifAnne Bragance, Danseuse en rouge (Actes Sud, 2005)

Trois voix alternent ici, qui tantôt se tressent et s'entrelacent, tantôt s'opposent et se démentent, déroulant l'histoire d'un trio infernal : un homme, deux femmes. Tandis que la danseuse et le champion vivent une relation charnelle intense, vingt ans après leur première rencontre, l'épouse bafouée assiste au pas de cieux des amants et endure les affres de la jalousie. Danseuse en rouge explore les dédales du fantasme amoureux et propose une réflexion sur les infinies perversions de la relation triangulaire quand seuls les corps disent la vérité.

Ce pourrait être un classique vaudeville à trois : la femme, le mari et l’amant. Mais détrompez-vous, car sous la plume d’Anne Bragance, vive, drôle ou acide, il en va tout autrement… On songe à Colette – sur la fin du roman, surtout - et le personnage masculin n’est pas le plus exemplaire des acteurs de cette histoire !

Disponible également en coll. Babel (Actes Sud, 2008)

07:21 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature: roman; livresé | |  Imprimer |  Facebook | | |

31/05/2010

Erri de Luca

Bloc-Notes, 30 mai / Les Saules

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Il m'arrive de dire, parfois - tant pis si je me répète - que je viens de connaître un moment de bonheur absolu à la lecture d'un roman au charme et à la qualité d'écriture hors du commun. Tel est le cas du dernier roman de Erri de Luca, l'auteur de Trois chevaux et Montedio (Gallimard) parmi d'autres.

Il nous raconte ici dans le Naples de l'après-guerre, l'histoire d'un orphelin qui, sous la protection généreuse et attentive du concierge de l'immeuble - Don Gaetano, orphelin lui aussi - distille ses souvenirs d'enfance, puis, adulte, deviendra le narrateur de cette histoire troublante. Il se remémore ses années d'école où il y avait les pauvres et les autres, ceux dont on rasait la tête à cause des poux et les autres - enfants de familles aisées - qui gardaient leurs cheveux tout au long de l'année. Deux évenements, au cours de cette période, vont bouleverser sa vie: La première, quand par curiosité il pénètrera dans une grotte, en réalité un entrepôt de contrebande avec un lit de camp et des livres où Don Gaetana avait caché un juif pendant la guerre. Dans ce lieu naîtra sa passion pour les livres, avec la complicité du libraire du village, Don Raimondo, qui lui en prêtera gratuitement, à condition qu'il lui partage ses impressions de lecture.

Le second événement surgira lors d'une partie de football, quand il apercevra, derrière un balcon, une fillette de huit ans, Anna, aux yeux écarquillés et dont la pensée ne le quittera jamais: Devant les buts à défendre s'étalait une mare, due à une fuite d'eau. Au début du jeu, elle était limpide, je pouvais y voir le reflet de la petite fille à la fenêtre, pendant que mon équipe attaquait. Je ne la croisais jamais, je ne savais pas comment était fait le reste de son corps, sous son visage appuyé sur ses mains.

Dix ans plus tard, il la retrouvera mais, fréquentant un jeune de la Camorra en prison, Don Gaetano tentera bien de l'avertir du danger, mais l'adolescent passera outre. Ainsi, réunis une seule fois pour le meilleur et pour le pire, nos deux tourtereaux connaîtront leur premier acte d'amour, comme une dette payée au désir de leur enfance, mais aux conséquences irréversibles. Je n'en dis pas davantage: Vous les apprendrez en chemin! Le jour après le bonheur, j'étais un alpiniste qui titubait dans la descente, dira notre amoureux...

En marge de cette délicate musique du coeur, ce roman, par la voix de Don Gaetano, témoigne de la douleur et de la dureté des temps de guerre à Naples - où moururent davantage de civils que de soldats - dont le narrateur, par son écoute attentive, fidèle, admirative, deviendra le témoin indirect. C'est aussi l'histoire d'une ville, d'une appartenance, d'un code d'honneur qui peu à peu deviendront un reflet unique de l'âme de notre héros. A Naples, le soleil aime ceux qui vivent en bas, là où il n'arrive pas. Plus que tous, il aime les aveugles et leur fait une caresse spéciale sur les yeux. Le soleil n'aime pas les adorateurs qui se mettent à nu sous son abondance et s'en servent pour colorer leur peau. Lui veut réchauffer ceux qui n'ont pas de manteau, ceux qui claquent des dents dans les ruelles étroites. Il les appelle dehors, les fait sortir de leurs petites pièces froides et les frictionne jusqu'à ce qu'ils sourient sous la chatouille. (...) Les vitres sont ses marches d'escalier, la lumière les descend par amour pour toi. C'est signe que le soleil te protège... parole de Don Gaetano!

Et de protection, justement - un couteau offert par le vieil homme - notre héros en aura besoin pour grandir dans la douleur et laver son honneur, à la napolitaine...

Ce livre enchanteur rappelle beaucoup son chef d'oeuvre - à mon sens - Tu mio (Rivages) , l'histoire d'un adolescent de seize ans qui découvre l'amour, la guerre et la mer auprès d'un pêcheur et qui sera prochainement évoqué sur ce site.

Erri de Luca, Le jour avant le bonheur (Gallimard, 2010)

publié dans Le Passe Muraille no 83 - mars 2010