Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/10/2011

Gilberte Favre 1a

Bloc-Notes, 30 octobre / Nyon

littérature; récit; livres

Certains livres portent bien leur titre. Ainsi en est-il du récit de Gilberte Favre, Des étoiles sur mes chemins, car davantage que le film d'une vie, c'est d'un chant de reconnaissance qu'il s'agit: hommage à son père de sang trop tôt disparu, un orphelin inconsolable, préférant les grands espaces aux murs de l'école qui, malgré ses lacunes intellectuelles, avait un regard lucide sur la vie, le monde et la nature: ruisseaux, rivières de montagnes, arbres, oiseaux en liberté, couchers de soleil... Surtout, mon père aimait le Silence, et j'ai hérité de ce besoin. Depuis qu'il a disparu, des chants d'oiseaux m'accompagnent. J'essaie de les identifier, hésitant entre le rouge-gorge et la mésange charbonnière, ou serait-ce la fauvette? Mon père qui les aurait tous reconnus avec précision, aurait ri de mes doutes, de mon ignorance. Au fil de ces pages, j'ai pris congé de lui - le vrai, le taiseux, celui que j'ai cherché à découvrir rétrospectivement - tout en pensant à l'Autre, le Père-Poète.

Le Père-Poète, cette rencontre déterminante dans sa vie - il en est d'autres telles Andrée Chedid, Eleni Kazantzaki, J.M.G. Le Clézio ou Ghassan Tueni - a pour nom l'écrivain Maurice Chappaz. Il l'appelle l'hirondelle de vie et irradie tout le chemin de Gilberte Favre de sa présence douce, de ses réflexions marquées par la poésie naturelle et le bons sens, tout particulièrement quand son époux N. - Noureddine Zaza, écrivain et homme politique kurde - se trouve frappé par un cancer: Soyez sûre que ce que vous ferez, direz, il le comprend, mais le côté désespoir crée ce sentiment terrible d'échec, de culpabilité, de rétorsion. En même temps que l'homme est infiniment touché par la bonté de l'autre et emportera pour vous votre bonté dans l'autre monde et vous protégera dans celui-ci. A vous, à tout ce que vous guidez avec le plus grand et le plus constant amour.

Si ce livre peut ressembler parfois à un office des morts - titre d'un ouvrage de Maurice Chappaz - en l'honneur de ceux qui, pour la plupart, ont aujourd'hui quitté ce monde - N., Maurice Chappaz ou Andrée Chedid - il est aussi pétri de cette gratitude qui ne console pas de l'absence, et de la reconnaissance vouée au pouvoir des livres qui ont inspiré son chant du monde, au-delà des épreuves que l'existence a pu lui réserver: J'aime les mots pour leur présence, leur musique, leur signification, leur mémoire. Tout ce qu'ils évoquent et qu'ils cachent, parce qu'ils chantent. Je les aime parce qu'ils sont fidèles, parce qu'ils sont toujours près de nous, en nous. Ils sont la vie et s'ils savent dire la mort, ils sont - de par nature - la négation de la mort.

De la Suisse ou Kurdistan, de la Grèce au Liban, de Chypre au Hoggar, la plume de cette grande voyageuse observe, décrit et intègre à son appréhension du temps de la fracture et du souvenir tout ce qu'elle y découvre d'oppression, de peine ou d'injustice dont elle a déjà rendu compte dans ses écrits antérieurs: J'étais lasse de notre monde civilisé que je voyais peuplé de prétentieux avides et cyniques, de blasés ignorant la caresse fraternelle du soleil comme le frémissement des feuilles sous la chaussure. Et c'est sans doute dans les livres - lus ou écrits - qu'elle a puisé l'énergie et la conviction nécessaires pour réduire les angles discordants.

De nombreux auteurs ont habité Gilberte Favre au fil de son récit Des Etoiles sur mes chemins et, plutôt que de les énumérer tous, vous trouverez en annexe quelques-unes de ces citations qui forgent ses traits ou son vécu et constituent une terre ferme dont elle n'est pas prête à se détourner...

Une note d'Oiseau vaut mieux qu'un million de mots. (Emily Dickinson) 

Journaliste, critique littéraire et écrivain, on doit à Gilberte Favre un livre consacré à la première épouse de Maurice Chappaz, Corinna Bille, le vrai conte de sa vie aux éditions 24 Heures. Elle signe également L'hirondelle de vie - Chronique des enfants du Liban, aux éditions de L'Aire. Suivent deux romans chez le même éditeur: Comme un acte de mémoire et Survivre.

Son blog, consacré pour l'essentiel aux rumeurs du monde et à la poésie, mérite davantage qu'une simple visite de courtoisie: http://itineraires.blog.24heures.ch/ 

Gilberte Favre, Des Etoiles sur mes chemins (Editions de L'Aire, 2011)

27/10/2011

Alexandre Vialatte 1b

Bloc-Notes, 27 octobre / Les Saules

Pour le plaisir, voici un dernier extrait de Vialatte à La Montagne, avec une des plus belles chroniques, consacrée ici à Huit et demi, le film de Federico Fellini, l'un de mes dix films préférés: L'art se satisfait du spectacle. Au lieu de résoudre ses contraires, de les harmoniser, d'en biffer, de mutiler un peu les branches basses pour faire pousser l'arbre plus haut, il s'accepte en bloc, décousu, et il fait danser tout ensemble, le blanc et le noir, le bien et le mal, l'atroce et le comique, le tragique, le fantastique, le fascinant. C'est le portrait de la sarabande que danse le monde dans le grenier de l'homme, dans le cerveau du créateur. Il n'a pas peur d'en montrer les ficelles, car elles font partie du tableau. C'est le portrait de ses marionnettes. Et de quelles tailles! De ses problèmes, de sa vie, de l'angoisse, du gâchis, de ses plaisirs, de son foie malade, il a fait un ballet. Il est porté par l'enthousiasme de la chose. C'est l'artiste.  

Et c'est ainsi que Vialatte est grand!



Alexandre Vialatte, Vialatte à La Montagne (Julliard, 2011)

Alexandre Vialatte,  Chroniques de La Montagne, 1952-1971, 2 vols. (coll. Bouquins/Laffont, 2000)

Alexandre Vialatte 1a

Bloc-Notes, 27 octobre / Les Saules

443029422.jpg

Alexandre Vialatte nous revient - et c'est tant mieux! - car outre ses admirateurs les plus inconditionnels qui suivent ses écrits depuis des lustres et ne sont manifestement plus en âge d'affronter leur service militaire, la fleur au fusil, voici que les plus jeunes, sans doute un peu agacés par le conformisme ambiant, affirment haut et fort leur ferveur pour cet éternel jeune homme.

J'avais treize ans - nous confie dans sa préface Jean-Pierre Caillard, P.D.G. du Groupe La Montagne -, je croyais déjà à la littérature. L'illumination m'était venue à la lecture des chroniques, rituellement programmées par La Montagne, de cet homme, un écrivain, qui savait sublimer la quintessence imaginaire de la vie, aux yeux éblouis de l'adolescent que j'étais. (...) Jamais nous ne laisserons dire que treize ans est le plus bel âge de la vie. Pourtant, Vialatte, Nizan, Nimier, Blondin et quelques autres encore, auront préparé pour nous des confitures et des goûters littéraires somptueux, qui surpassaient sans peine ceux que nous accordaient les jeux trop attendus de nos âges.

Ainsi, dans le présent volume qui vient de paraître - Vialatte à La Montagne - 25 de ses chroniques sont présentées et choisies par des auteurs actuels, parmi lesquels Amélie Nothomb, Laurence Cossé, Pierre Jourde, Marie-Hélène Lafon, Philippe Meyer, Pascal Ory, Philippe Vandel et la rédaction de La Montagne.

Quel délice de mordre ces textes comme une pomme qui a ce goût d'enfance, cette curiosité de l'instant présent ou cette poésie de la mémoire qui fait notre enchantement et notre légèreté dans un huis-clos de la pensée où souvent les professeurs se prennent pour des innovateurs, les politiques pour des marabout et les écrivains pour des chantres du réel. Mazette, tout un programme! Ni célébration insolente de la vie, ni confrontation audacieuse avec la mort, avec cet entre-deux stations qui bourgeonne, tremble et séduit le lecteur. Mieux encore: l'homme...

Rien de tel chez Alexandre Vialatte, toujours passionnant, respectueux, instructif à la manière d'un instituteur qui distribue des billes de toutes les couleurs dans une cour de récréation à des gosses au sourire désarmant. Qu'il nous parle de grammaire, de ses admirations - Mauriac c'est la fièvre, Chardonne c'est la lumière, Pourrat c'est la chaleur - de nains de jardin, de vacances ou de chiens, il surprend, aiguise le regard et ranime en nous les braises chaque jour prêtes à s'éteindre. Lisez son portrait de l'homme d'aujourd'hui, étrangement contemporain: L'homme d'aujourd'hui entend se comporter comme un adulte responsable. Il se méfie des idées preconçues. Ou imposées. Il recherche les faits. Il dispute, il juge, il décide par lui-même. Il veut connaître le dossier des affaires sur lesquelles il doit s'engager. (...) Le prospectus général l'assure qu'il ne cesse de devenir plus libre, plus intelligent et plus fort. Que les siècles se superposent et qu'il y voit, par conséquent, de plus en plus loin. Mais il en va de ce socle hautain comme de celui de ce procureur auquel un avocat disait: Monsieur l'avocat général, votre position supérieure est une erreur de menuisier.

Parmi d'autres sujets, citons encore son approche piquante du roman: On a tout essayé pour trouver du nouveau: le roman sans histoire, le roman sans personnages, le roman ennuyeux, le roman sans talent, peut-être même le roman sans texte. La bonne volonté a fait rage. Peine perdue, on n'est parvenu qu'à créer le roman sans lecteur. (...) A lire tant de romans de penseurs qui demandent à bénéficier de l'irresponsabilité de l'enfance, on se demande s'il y a encore des pères de famille dans les lettres, j'entends des hommes qui, arrivés à un certain âge, admettent qu'on ne peut rien faire sans une règle du jeu. La spécialité de notre époque est de la refuser en tout domaine. Notre civilisation en crève. Par peur de vivre. On ne peut avoir de raisons de vivre que si on a des raisons de mourir. Or on ne meurt pas pour le bloc-évier ou l'appareillage électrique. Et pour quoi donc? Demandez au caporal, demandez au romancier de service, c'est le moment ou jamais, notre civilisation vide ses dernières cartouches. Le caporal cherche dans ses poches. Il a égaré la consigne.

Et c'est ainsi - pour paraphraser l'auteur - que Vialatte est grand!   

Alexandre Vialatte, Vialatte à La Montagne (Julliard, 2011)

Alexandre Vialatte,  Chroniques de La Montagne, 1952-1971, 2 vols. (coll. Bouquins/Laffont, 2000)

02:16 Écrit par Claude Amstutz dans Alexandre Vialatte, Bloc-Notes, François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/10/2011

Du bon usage des maladies 1b

Bloc-Notes, 21 octobre / Les Saules

Ci-dessous, l'un des remèdes à la maladie, à consommer sans modération. Il s'agit du Rondo - Allegro de la Sonate pour piano no 15, K 533/494, de Wolfgang Amadeus Mozart, interprétée par Emil Gilels. 



 

01:04 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Emil Gilels, Musique classique, Wolfgang Amadeus Mozart | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

Du bon usage des maladies 1a

Bloc-Notes, 21 octobre / Les Saules

littérature; livres

Ca vous tombe dessus, comme ça: D'abord le nez qui coule, puis la toux qui vous secoue comme un prunelier, enfin la fièvre et les douleurs thoraciques. Vous êtes cloué au lit: cela s'appelle une grippe, saisonnière ou non. Quand, de surcroît elle surgit pendant les vacances - c'est mon cas - on pourrait se dire que c'est la faute à pas de chance, que le billet tiré à la loterie n'est décidément pas le bon. Vraiment?

Réfléchissez un peu: alité, vous voilà emmitouflé sous votre couette, bien au chaud, sans horaire et surtout sans devoir, si ce n'est celui de vous soigner. D'un oeil amusé, acteur passif sur toute la ligne, vous suivez distraitement sur votre chaîne TV préférée Inspecteur Barnaby, Scènes de ménage ou Monk. Le téléphone peut carillonner, vous ne vous sentez pas obligé de répondre. Deux fois sur trois, d'ailleurs, l'appel correspond à un sondage sur les caisses-maladie, un opérateur internet ou une erreur de numéro. Et si, par hasard, il s'agit de l'un de vos proches, vous lui expliquerez un peu plus tard que vous n'étiez pas en état de lui répondre ou de le retrouver au café du coin. On est toujours meilleur comédien qu'on ne l'imagine. La plupart de vos amis admettrons sans peine votre attitude singulière, avec cette gravité dans le geste ou la voix qui accompagne les grands malades. Vous ficher la paix sera pour eux un signe de compassion, alors que vous - avouez-le - aurez obtenu ce que vous vouliez: le vide autour de vous, la déconnection salvatrice, la grève générale.

Au droit d'être malade s'ajoute, comme par enchantement, celui d'envoyer tout balader sous prétexte d'une erreur d'aiguillage sans gravité: au diable la conversation, les tâches domestiques, le courrier, les raseurs, les projets, même les livres... Là où dans toute autre situation dite normale il vous faudrait ménager les autres, justifier et leur expliquer patiemment votre soudain ras-le-bol - auquel ils trouveraient sans doute de multiples raisons toutes plus éloignées de la vérité les unes que les autres - en cet instant précis, la maladie fait figure de parfait alibi pour prendre un bol d'air frais, en toute liberté et sans aucun remord.

Dans un silence propice au repos qu'une solitude choisie amplifie délicieusement, seule la musique peut-être, y trouvera un espace bienvenu, et tandis que vous verrez défiler sous vos yeux les malades célèbres, de Frédéric Chopin à Rainer-Maria Rilke, de Marcel Proust à Franz Kafka, de Thérèse de Lisieux à Thomas Bernhard, à la faveur d'une fièvre en berne tout à coup, votre coeur après quelques jours s'ouvrira à nouveau aux rythmes du monde, à la douce folie de ces êtres chers - dont certains n'ont vraiment pas de chance - auxquels vous brûlez déjà de murmurer à l'oreille ces mots magiques et inoxydables: Je vous aime...

Requinqué par une semaine de paresse aussi égoïste que salutaire - un peu comme Philippe Noiret dans le film Alexandre le bienheureux de Yves Robert - vos accus rechargés, vous retrouverez alors, comme un habit rajeuni retiré du pressing, votre détermination, votre audace, votre tendresse et ce sens de l'ironie ou de la résistance qui fait de votre vie un tout petit univers, mais lourd de sens: Quand je ferme les yeux, c'est pour mieux ouvrir les cieux. (Grand Corps Malade)

Reconnaissons toutefois que sans le diagnostic de la maladie - nous procurant la plus belle des lettres d'excuses - cette pause bénéfique est difficile à s'octroyer en toute impunité: la relation aux autres est parfois bien compliquée, à moins que ce soient nous autres, qui manquons de simplicité!

image: Charles Schulz - Peanuts/Linus  

  

01:03 Écrit par Claude Amstutz dans Alain, Bloc-Notes, Frédéric Chopin, Le monde comme il va, Marcel Proust, Rainer-Maria Rilke | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/10/2011

La musique sur FB

Bloc-Notes, 18 octobre / Les Saules

musique classique; facebook

Le domaine musical de La scie rêveuse, capricieux ou fantaisiste à ses débuts, a pris - avec le concours de mes amis sur Facebook - une place aussi importante que la littérature, avec à ce jour 256 extraits classiques. Aussi, le moteur de recherche Hautetfort n'étant pas le plus performant du monde (!) vous pouvez dorénavant trouver sous la rubrique catégories, les principaux compositeurs, soit, à ce jour: Jean-Sébastien Bach, Ludwig van Beethoven, Hector Berlioz, Johannes Brahms, Frédéric ChopinGabriel Fauré, Franz Liszt, Gustav Mahler, Félix Mendelssohn, Wolfgang Amadeus Mozart, Henry Purcell, Serge Rachmaninov, Franz Schubert, Robert Schumann, Dmitri Shostakovitch, Piotr Ilitch Tchaikovski et Antonio Vivaldi. C'est donc plus simple... D'autres noms seront ajoutés par la suite.

L'autre moyen, pour suivre l'actualité dans ce domaine - voir le message précédent du 25 septembre dernier - consiste à recopier le lien suivant, puis d'afficher toutes les notes en bas de page: http://lasciereveuse.hautetfort.com/la-musique-sur-facebook/

La musique, ainsi que la littérature, m'ont à plusieurs reprises sauvé la vie. Ainsi, ce sont ces moments fugaces de bonheur, de communion dans la joie comme dans la peine, que je vous partage tel un éclair lumineux franchissant avec allégresse toutes les frontières de la géographie et du coeur. Belle promenade musicale à vous tous !

Il y a de la musique dans le soupir du roseau ; Il y a de la musique dans le bouillonnement du ruisseau ; Il y a de la musique en toutes choses, si les hommes pouvaient l'entendre. Lord Byron

photographie: Gustav Mahler

19:41 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/10/2011

Michel Crépu

Bloc-Notes, 16 octobre / Les Saules

littérature; essai; livres

Certains auteurs ont le privilège de vous emmener au septième ciel, même s'ils ne choisissent pas la voie de la facilité. Prenez Michel Crépu, par exemple: oser parler de Chateaubriand n'est déjà un sujet particulièrement engageant pour bon nombre de lecteurs potentiels soudain convoqués aux souvenirs de leurs années scolaires, à propos de l'homme des Mémoires d'outre-tombe, dont les 3'600 pages font frémir rien que d'y penser, autant que les 2'400 pages de A la recherche du temps perdu de Marcel Proust. Et le passé - ce XIXe siècle qui ressemble si peu à ce début de XXIe - est souvent jugé assez lointain pour qu'il ressemble à un livre refermé une fois pour toutes, avec sa fine pellicule de poussière qui le recouvre à la manière d'un 1er cru classé auquel manquent les grandes occasions de le déguster!

Alors, pourquoi ne parvient-on pas à lâcher Le souvenir du monde - Essai sur Chateaubriand, le dernier livre de Michel Crépu? Peut-être tout simplement, parce qu'il est un grand écrivain, qu'il joint à son impressionnante érudition sur l'auteur et son époque, un ton chaleureux, vif, percutant, parfois drôle ou léger qui fait mouche à chaque page.

Vous croyez connaître Chateaubriand? Alors, préparez-vous à quelques surprises, car l'intérêt de cet essai consiste à démontrer ce qui se cache derrière l'image tant de fois rabâchée - entre autres par Chateaubriand lui-même - d'un incorrigible séducteur romantique. Michel Crépu note: Chateaubriand s'est trouvé pris dans le piège de la légèreté inadmissible. Au fond, ce qu'on appellerait aujourd'hui un délit de sale gueule. La sale gueule, ici? Trop d'élégance, trop d'intelligence bien-fondée, trop de succès de librairie et avec les femmes, trop de qualités en somme pour qu'on les supporte à l'échelle d'une haute fonction. Au portrait de ce lyrique aux grandes orgues, il ajoute: Il est perçu comme l'était le jeune Proust, avant de s'enfermer: un dilettante, un faiseur de phrases ayant des idées sur tout, complètement irresponsable, développant des obscénités sur l'honneur et la liberté de l'esprit.

Figure emblématique d'un monde qui change - avec son langage, ses valeurs, son art de vivre - ce dernier catholique heureux, comme le mentionne Michel Crépu, n'est-il pas celui qui fustige son propre temps, avec sa lente et irrémédiable désagrégation de l'antique substance allégorique française qui reposait sur le sens de l'honneur, la charité et le don de soi? Le parallèle avec le Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline, pour audacieux qu'il soit, s'avère pertinent: Il n'y a pas si loin des dernières pages des Mémoires au Bardamu de Céline, c'est la même route, le même voyage qui continue, droit dans les ténèbres. Entre-temps, les choses n'ont pas fini de se déliter, de se défaire à mesure, le faux n'a pas cessé non plus de gagner en puissance persuasive. Qui pour voir cela, après le vicomte? Céline relit les Mémoires d'outre-tombe pendant sa détention au Danemark, après la guerre, en pleine écriture de Féerie pour une autre fois, testament d'outre-tombe pour un autre siècle. Chateaubriand voulait conduire les Français par la voie des songes, comme de Gaulle lui empruntera plus tard la formule, en pleine nuit de juin 40, Céline en aura choisi une autre, non moins porteuse de vérité. Tout cela se tient, on a tort d'ignorer les uns comme les autres.

Le passionnant, dans Le souvenir du monde, est dans la puissance d'identification de l'auteur avec son sujet: l'impression qu'il est Chateaubriand, qu'il est Napoléon Bonaparte, qu'il est Juliette Récamier: à la manière d'un Henri Guillemin dans les années 70, d'un Jean d'Ormesson ou d'un Pietro Citati aujourd'hui. Débordant de visions savoureuses, il souligne l'admiration irrésistible et l'incompréhension dégoûtée pour Bonaparte, alors que de Madame Récamier il retient l'art de transformer le mois d'avril en une fournaise d'août et la maison qui console des errances... On ne saurait mieux le dire! 

Alors, moderne, finalement ou visionnaire, Chateaubriand? Un dernier signe de la main puisé dans Le génie du christianisme est cité par Michel Crépu: Détruisez le culte évangélique, et il vous faudra dans chaque village une police, des prisons, des bourreaux.

L'agaçant avec les génies, c'est qu'ils ont souvent raison...

Michel Crépu, Le souvenir du monde - Essai sur Chateaubriand (Grasset, 2011)

Henri Guillemin, L'homme des mémoires d'outre-tombe (Gallimard, 1965)

Jean d'Ormesson, Mon dernier rêve sera pour vous (coll. Livre de poche/LGF, 2010)

13/10/2011

Michael Lonsdale

Bloc-Notes, 13 octobre / Les Saules

CVCI.jpg

Quand j'écris le nom de Michael Lonsdale, je pense en premier lieu à l'acteur de quelques grands moments de cinéma: Le procès d'Orson Welles, La mariée était en noir de François Truffaut, Monsieur Klein de Joseph Losey, Nelly et Monsieur Arnaud de Claude Sautet, Le nom de la rose de Jean-Jacques Annaud, sans oublier, plus récemment, Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois et Les hommes libres d'Ismaêl Ferroukhi; sa lecture aussi du Très-bas de Christian Bobin, avec son timbre de voix si personnel, comme perméable et attentif à tout ce qui nous interpelle et nous interroge. Mais ce qui m'a surpris et enchanté demeure un tout petit livre intitulé Oraisons, publié dans la collection Souffle de l'esprit chez Actes Sud en 2000, et réédité en 2011. On y retrouve, avec la discrétion qui le caractérise, un homme en prière, avec des mots qui sont les siens et n'appartiennent à nul autre, comme autant de sarments fertiles jaillis d'une solitude aimante.

Cet homme de théâtre - il interprète Samuel Beckett, Marguerite Duras, Friedrich Dürrenmatt - est en effet aussi, peut-être avant toutes choses, un chrétien pratiquant et engagé. Il nous revient aujourd'hui avec L'amour sauvera le monde - Mes plus belles pages chrétiennes, une anthologie de textes choisis, illustrés avec une beauté fervente par Olivier Martel. Si j'ai choisi de partager mes plus belles pages chrétiennes, nous dit Michael Lonsdale, c'est une manière pour moi de rendre hommage à ces hommes et ces femmes - saints, moines, religieuses, prêtres, écrivains, personnes ordinaires - pétris de la parole du Christ, qui m'ont accompagné au long de ma vie. Plus loin il ajoute: Travailler avec le coeur, c'est laisser place à l'inconnu. Si l'on cessait, ne serait-ce que le temps d'une journée, de se noyer dans le bruit, si l'on avait cette patience et ce courage, on obtiendrait, en se mettant à l'écoute, de petites indications pour atteindre à de grandes richesses.

Chaque extrait éclaire un aspect de ses mouvements de l'âme, tels les différents motifs d'un vitrail qui ne prennent corps et sens que dans la réverbération les uns dans les autres et dont la respiration méditative guide nos pas. D'Augustin d'Hippone à Jean Grosjean, de Thérèse d'Avila à Paul Claudel, de Martin Luther à Maurice Zundel, du Curé d'Ars à Sylvie Germain, son choix témoigne de la lumière du monde, délivre de tous les artifices et de toutes les extravagances du temps.

Davantage qu'une simple anthologie personnelle, tous ces textes - une cinquantaine environ - sont aussi, littérairement parlant, des chefs d'oeuvres. Pour le plaisir, je vous citerai un extrait de mon préféré, celui de Bernard de Clairvaux: Avec quelle sûreté la prière monte dans la nuit, quand Dieu seul en est témoin, et l'Ange qui la reçoit pour aller la présenter à l'Autel céleste! Elle est agréable et lumineuse, teinte du rouge de la pudeur. Elle est calme, paisible, lorsqu'aucun bruit, aucun cri ne viennent l'interrompre. Elle est pure et sincère, quand la poussière des soucis terrestres ne peut la salir. Il n'y a pas de spectateur qui puisse l'exposer à la tentation par ses éloges ou ses flatteries. C'est pourquoi l'Epouse agit avec autant de sagesse que de pudeur lorsqu'elle choisit la solitude nocturne de sa chambre pour prier, c'est-à-dire pour chercher le Verbe, car c'est tout un. Vous priez mal, si en priant vous cherchez autre chose que le Verbe, ou si vous ne demandez pas l'objet de votre prière par rapport au Verbe. Car tout est en lui: les remèdes à vos blessures, les secours dont vous avez besoin, l'amendement de vos défauts, la source de vos progrès, bref, tout ce qu'un homme peut et doit souhaiter. 

Une présentation soignée pour ce livre qui peut ravir non seulement les croyants, mais aussi les poètes, les amoureux de notre terre et de tout ce qu'elle contient de beau ou de louable, au-delà d'un présent qui parfois s'essouffle en nos murs autant que les caprices du vent. A lire ou relire ces textes d'une profondeur aussi ardente qu'intemporelle, me revient en mémoire la devise de l'Ordre des Chartreux: Stat Crux dum volvitur orbis / La terre tourne, mais la Croix demeure immobile ... 

Michael Lonsdale, L'amour sauvera le monde - Mes plus belles pages chrétiennes (Philippe Rey, 2011)

07/10/2011

Mes prix littéraires

Bloc-Notes, 7 octobre / Thonon-les-Bains

001005706.jpg

Les prix littéraires font décidément partie d'un cérémonial annuel et incontournable du monde des livres tel qu'en aucun autre pays du monde. Songez qu'avant même l'attribution des traditionnels Goncourt, Renaudot, Femina ou Médicis, 510 prix - je les ai comptés, sur www.prix-littéraires.net - ont déjà décernés en 2011! Pour la plupart d'entre eux, le public se moque éperdument de ces distinctions: sa seule revendication reste un bon livre. Les éditeurs quant à eux, comptent les couronnes de lauriers. Certains auteurs aussi. Pour la majorité d'entre eux pourtant, l'aspect financier de la récompense compte autant que leur notoriété. Elle leur permet de vivre un peu mieux de leur plume, car si tout travail mérite salaire, ce dernier est l'un des plus mal rétribués qui soit - si l'écriture d'un roman par exemple requiert une ou deux années d'écriture - dans une profession où si peu d'auteurs peuvent vivre de leur métier: le seul mérite de cette multiplicité des prix, mais en rien leur justificaion. 

Au milieu de ce spectacle de cirque automnal où l'attention de la plupart des journalistes se focalise au même instant précis sur les mêmes titres, remarquables ou non mais au détriment de tous les autres, comme dans une Coupe de France de football avec ses favoris, ses outsiders, ses perdants magnifiques, il est délicieusement agréable de plier son journal, d'éteindre la télévision et de se plonger dans le livre du regretté Thomas Bernhard, Mes prix littéraires, paru en 2009 aux éditions Suhrkamp.

Cet enfant terrible des lettres autrichiennes nous partage les circonstances qui ont entouré plusieurs distinctions reçues dans sa jeunesse. Chacun de ces événements ressemble à une mise en scène théâtrale, souvent féroce, parfois drôle, rarement affable envers ce milieu littéraire ou politique qu'il a côtoyé en diverses rencontres protocolaires. Lors de la remise du prix Grillparzer, il écrit avec amusement qu'après quelques phrases élogieuses consacrées à son travail, furent citées des pièces dont il était censé être l'auteur, mais qu'il n'avait jamais écrites! A l'occasion du prix Anton-Wilgans, il note que chez le poète et dramaturge Wilgans, ce qu'il a le plus admiré, c'est son fils tromboniste, un musicien absolument génial qui faisait partie des compositeurs les plus prometteurs de son époque. Une autre perle enfin, à propos du prix d'Etat autrichien de littérature: Au Sénat des Arts ne siègent que des trous du cul, à savoir des trous du cul catholiques et nationaux-socialistes, flanqués de quelques juifs-alibis. Et ces trous du cul font tous les ans élire de nouveaux trous du cul au sein de leur assemblée en leur conférant le Grand Prix d'Etat

Et Thomas Bernhard, dans ce microcosme qu'il déteste, quelle est sa place? Il s'en explique assez bien, tordant le cou aux ambiguïtés qu'on lui prête: Les prix ne sont jamais un honneur. L'honneur lui-même est une perversion, dans le monde entier il n'existe pas d'honneur. (...) J'accepte l'argent car il faut accepter tout argent provenant de l'Etat, qui chaque année jette, de façon tout à fait absurde, des millions et même des milliards par la fenêtre. Je ne pense pas que cela témoigne d'un manque de caractère, que d'accepter de l'argent des mains de ceux que j'exècre et méprise du fond de mon être, bien au contraire. Si je n'accepte pas l'argent pour moi et pour le consacrer à un voyage, on le balancera à un nullard dont les productions calamiteuses ne font qu'empuantir l'atmosphère... 

Ces petits tableaux de la société littéraire sont aussi prétextes pour Thomas Bernhard à parler d'autre chose: de sa tante - avec ses quatre-vingt-un ans, resplandissante, élégante, intelligente - et de son grand-père, avec une évocation très émouvante des retrouvailles avec son professeur de l'Ecole de Commerce, ou avec Monsieur Haidenthaler, un proche de sa famille qui peu après leur rencontre décéda d'un cancer. Enfin, dans son discours à Brême, on retrouve toute la verve qui émane de ses grands textes: Tout est clair, d'une clarté de plus en plus haute et de plus en plus profonde, et tout sera froid, d'un froid de plus en plus effroyable. Nous aurons à l'avenir la sensation d'un jour toujours plus clair et toujours plus froid.

Pour en finir avec les prix littéraires, signalons tout de même - pour l'ensemble de son oeuvre - Le Grand Prix de la Francophonie de l'Académie Française, decerné à l'écrivain, poète et traducteur marocain Abdellatif Laâbi! Cette parenthèse fermée, lisez vite Thomas Bernhard: une bouffée d'air pur qui fait le plus grand bien...

Thomas Bernhard, Mes prix littéraires (coll. Folio/Gallimard, 2011)

00:31 Écrit par Claude Amstutz dans Abdellatif Laâbi, Bloc-Notes, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

02/10/2011

Marco Lodoli

Bloc-Notes, 2 octobre / Les Saules

littérature; roman; conte; livres

Il est bien triste que Marco Lodoli, l'une des plumes les plus atypiques et originales d'Italie, demeure si peu connu dans les pays francophones. Pourtant cet écrivain, avant la parution de Les prétendants, a déjà été traduit à sept reprises: Chronique d'un siècle qui s'enfuit (P.O.L., 1987), Le clocher brun (P.O.L., 1991), Les fainéants (P.O.L., 1992), Courir mourir (P.O.L., 1994), Boccacce (L'Arbre vengeur, 2007), Snack-Bar Budapest (Les Allusifs, 2010), sans oublier le merveilleux Iles - Guide vagabond de Rome (La Fosse aux Ours, 2009) déjà évoqué dans ces colonnes. 

Les prétendants rassemble trois courts romans dont les histoires, fort différentes les unes des autres, ressemblent néanmoins à un tableau de famille: La ville de Rome tout d'abord, fascinante et onirique dans La nuit, déjantée et inquiétante dans Le vent, étouffante et mortifère dans Les Fleurs. Ensuite, ces héros des temps modernes - Constantino, Luca et Tito - sont en quête d'un destin capable de les soustraire à une réalité injuste ou brutale, voire d'un lieu où être bien, heureux, en paix avec soi-même et les autres leur semble impossible. Avec une énergie sauvage et désespérée, ils veulent conjurer la mort - omniprésente dans chacun des récits - avec les pouvoirs redoutables mais fragiles qui leur sont propres: l'imagination, les songes, la compassion: Je ne sais pourquoi j'ai songé aux poissons du fleuve, combien ils doivent lutter face au courant pour ne pas être précipités dans l'eau salée de la mer. Le fleuve les entraîne sans relâche vers l'embouchure, et eux, si petits soient-ils, doivent pousser dans l'autre sens. S'ils s'assoupissent, s'ils rêvent à la paix dormante des lacs entre les montagnes, le fleuve les emporte avec lui, pont après pont, vers la mort salée. L'eau n'offre aucune prise et les poissons n'ont pas de mains pour s'agripper aux rochers, ils n'ont pas de pieds pour se camper solidement dans le sol, ni de maison avec une porte où se barricader, ils doivent nager jour et nuit à contre-courant, et pendant ce temps manger, déposer leurs oeufs et les protéger, essayer de déjouer le fleuve, les bateaux, les pêcheurs, et puis tâcher d'être heureux

Dans La nuit, Constantino est le dépositaire de messages reçus d'un homme mystérieux - puissant, riche, inquiétant - appelé le Fou, qui veut lui offrir rien de moins que le bonheur, au travers de rites de passages, tels la livraison d'étranges colis, les soins à prodiguer à un vieux cheval, l'entretien d'un jardin au coeur d'un territoire inhabité où une sirène le séduit et l'entraîne au pire: Nous pouvons comprendre les paroles des arbres en fleurs et des animaux blessés, le silence des pierres et la profondeur des sources, aimer sans avoir peur de l'ombre qui soutient la vie puis l'enveloppe, mais c'est déjà la fin. Sur le thème du paradis perdu, une fable cruelle au lyrisme profond, qui parle de la beauté, du plaisir et de la grâce, comme la traversée d'un songe qui se dissout dans l'eau qui lave la nuit sur le visage (...) comme si rien n'avait jamais été

Changement de cap avec Le vent: Luca conduit un taxi et assiste, au cours d'une nuit, à une rixe entre trois malfrats et un personnage - homme, femme, travesti? - surnommé le martien, qu'il embarque dans sa voiture tel une pantin désarticulé qui perd son sang et dont la vie semble se retirer. Il sait qu'il doit, avec l'aide de ses proches, agir vite pour le sauver. Une course à la montre pour cette histoire aux situations parfois fantasques - dignes d'une cour des miracles - s'emparant de ces protagonistes qui malgré le sentiment d'injustice ou de tristesse qui les taraude découvrent qu'ils ne sont finalement rien de plus, rien de moins que du vent sur une page.

Tito enfin, dans Les Fleurs, quitte son village pour devenir poète. Arrivé à Rome, il attend d'être reçu par le directeur d'une revue littéraire, La Tanière. Il attend avec les poésies dans sa besace, au pied de la bâtisse, longtemps, pendant plusieurs années, accompagné par deux marginaux, Aurelio et Morella: Nous étions tous les trois, nous jetions dans l'abîme d'infinies espérances, pareils aux gamins qui dans une pièce gelée inventent un feu, et qui brûlent des montagnes de désirs pour le maintenir vivant. Devenu directeur à son tour, il observe de sa fenêtre le jeune homme qui a pris sa place sur le banc et attend son tour d'être reçu.

Ces trois récits ressemblent à un théâtre de marionnettes dont d'obscurs sages tirent les ficelles: Le Fou dans La nuit, Le Directeur dans Les Fleurs, L'Ecrivain - Marco Lodoli lui-même - dans Le vent, ce dernier pratiquant une autodérision réjouissante: Au bar, j'ai lu quelques-unes de ses histoires à dormir debout, qui vont de l'avant en clopinant.

De très belles pages sur le temps qui passe, le pouvoir créateur, les fables ou l'importance de la poésie jalonnent ces textes qui s'apparentent aux contes, dont on n'a jamais dit qu'ils étaient réservés aux enfants sages: A quoi ça sert, les poésies? A maintenir en vie ce que la vie nous promet en vain. 

Davantage qu'une consolation: une promesse...

Marco Lodoli, Les prétendants: La Nuit - Le Vent - Les Fleurs (P.O.L., 2011)