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15/07/2014

Antoine Blondin

Antoine_Blondin.jpgAntoine Blondin, Mes petits papiers (La Table Ronde, 2006)

Qu'il est agréable de découvrir les textes inédits de ce marginal mélancolique, célèbre pour ses chroniques du Tour de France, mais surtout pour deux de ses romans: Un singe en hiver et Monsieur Jadis. Du premier il raconte avec beaucoup d'humour qu'il fut injustement objet de réprobation pour publicité scandaleuse de l'ivresse, alors que le propos de l'auteur soulignait simplement que l'alcool permet de recréer un passé enseveli, de rendre la vie acceptable et, dans la solitude, de mieux comprendre autrui... Il y a aussi des pages admirables sur Verlaine et Rimbaud, ses amis Marcel Aymé - une critique saisissante d'Uranus -, René Fallet, Roger Nimier, Kléber Haedens et Albert Vidalie. Critique aussi au vitriol des anniversaires: Verdun, la Libération et le regret des foules pour les graciés... Bien sûr il y a aussi quelques pages sublimes sur Jacques Anquetil et Eddy Merckx, sans oublier un certain match de football de 1954 entre la France et l'Italie, où ce qui fit défaut aux Bleus n'était pas la technique, mais le caractère... Un régal !

07:19 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

29/04/2013

Jean d'Ormesson

9782350870588.gifJean d'Ormesson, Odeurs du temps - Chroniques du temps qui passe (Héloïse d'Ormesson, 2007)

 

Enfin sont éditées ces Chroniques du temps qui passe parues autrefois dans le Figaro Littéraire et qui n’ont pas pris une seule ride ! Qu’il nous parle de Venise, de Mauriac, de Chateaubriand, de Raphaël ou de langue française ou de tennis, à chaque fois il nous invite à un voyage dans le temps sans carte ni boussole et, mon Dieu, comme c’est agréable de se laisser mener par le bout du nez, en compagnie d’un conteur si attachant.


également disponible en coll. de poche (Pocket, 2008)

08:16 Écrit par Claude Amstutz dans Jean d'Ormesson, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

30/05/2012

Morceaux choisis - Henri Roorda

Henri Roorda

littérature; chroniques; livres

C'est incontestable: je suis un roseau pensotant. Le lecteur ne s'en apercevra peut-être pas; car aujourd'hui, ceux qui lisent pensotent aussi rarement que ceux qui écrivent. Il y a beaucoup de personnes qui lisent des pages entières en somnolant. Eh bien, que ces personnes le sachent: mon éditeur n'a pas l'habitude de rendre l'argent. Au lecteur mécontent qui n'aura trouvé dans mon livre aucun aliment sapide, je demanderai: Aux endroits où je pensotais, pensotiez-vous aussi? 

Dans les phénomènes de télépathie sans fil, il importe que l'appareil récepteur soit réglé sur l'autre. Pour qu'un livre ait de l'efficacité, il faut que l'auteur et le lecteur pensotent simultanément. Cela dit, je ne crains plus aucune critique. 

Henri Roorda, Le roseau pensotant (Ed. Mille et une Nuits, 2011) 

image: deco-design.biz

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/10/2011

Alexandre Vialatte 1a

Bloc-Notes, 27 octobre / Les Saules

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Alexandre Vialatte nous revient - et c'est tant mieux! - car outre ses admirateurs les plus inconditionnels qui suivent ses écrits depuis des lustres et ne sont manifestement plus en âge d'affronter leur service militaire, la fleur au fusil, voici que les plus jeunes, sans doute un peu agacés par le conformisme ambiant, affirment haut et fort leur ferveur pour cet éternel jeune homme.

J'avais treize ans - nous confie dans sa préface Jean-Pierre Caillard, P.D.G. du Groupe La Montagne -, je croyais déjà à la littérature. L'illumination m'était venue à la lecture des chroniques, rituellement programmées par La Montagne, de cet homme, un écrivain, qui savait sublimer la quintessence imaginaire de la vie, aux yeux éblouis de l'adolescent que j'étais. (...) Jamais nous ne laisserons dire que treize ans est le plus bel âge de la vie. Pourtant, Vialatte, Nizan, Nimier, Blondin et quelques autres encore, auront préparé pour nous des confitures et des goûters littéraires somptueux, qui surpassaient sans peine ceux que nous accordaient les jeux trop attendus de nos âges.

Ainsi, dans le présent volume qui vient de paraître - Vialatte à La Montagne - 25 de ses chroniques sont présentées et choisies par des auteurs actuels, parmi lesquels Amélie Nothomb, Laurence Cossé, Pierre Jourde, Marie-Hélène Lafon, Philippe Meyer, Pascal Ory, Philippe Vandel et la rédaction de La Montagne.

Quel délice de mordre ces textes comme une pomme qui a ce goût d'enfance, cette curiosité de l'instant présent ou cette poésie de la mémoire qui fait notre enchantement et notre légèreté dans un huis-clos de la pensée où souvent les professeurs se prennent pour des innovateurs, les politiques pour des marabout et les écrivains pour des chantres du réel. Mazette, tout un programme! Ni célébration insolente de la vie, ni confrontation audacieuse avec la mort, avec cet entre-deux stations qui bourgeonne, tremble et séduit le lecteur. Mieux encore: l'homme...

Rien de tel chez Alexandre Vialatte, toujours passionnant, respectueux, instructif à la manière d'un instituteur qui distribue des billes de toutes les couleurs dans une cour de récréation à des gosses au sourire désarmant. Qu'il nous parle de grammaire, de ses admirations - Mauriac c'est la fièvre, Chardonne c'est la lumière, Pourrat c'est la chaleur - de nains de jardin, de vacances ou de chiens, il surprend, aiguise le regard et ranime en nous les braises chaque jour prêtes à s'éteindre. Lisez son portrait de l'homme d'aujourd'hui, étrangement contemporain: L'homme d'aujourd'hui entend se comporter comme un adulte responsable. Il se méfie des idées preconçues. Ou imposées. Il recherche les faits. Il dispute, il juge, il décide par lui-même. Il veut connaître le dossier des affaires sur lesquelles il doit s'engager. (...) Le prospectus général l'assure qu'il ne cesse de devenir plus libre, plus intelligent et plus fort. Que les siècles se superposent et qu'il y voit, par conséquent, de plus en plus loin. Mais il en va de ce socle hautain comme de celui de ce procureur auquel un avocat disait: Monsieur l'avocat général, votre position supérieure est une erreur de menuisier.

Parmi d'autres sujets, citons encore son approche piquante du roman: On a tout essayé pour trouver du nouveau: le roman sans histoire, le roman sans personnages, le roman ennuyeux, le roman sans talent, peut-être même le roman sans texte. La bonne volonté a fait rage. Peine perdue, on n'est parvenu qu'à créer le roman sans lecteur. (...) A lire tant de romans de penseurs qui demandent à bénéficier de l'irresponsabilité de l'enfance, on se demande s'il y a encore des pères de famille dans les lettres, j'entends des hommes qui, arrivés à un certain âge, admettent qu'on ne peut rien faire sans une règle du jeu. La spécialité de notre époque est de la refuser en tout domaine. Notre civilisation en crève. Par peur de vivre. On ne peut avoir de raisons de vivre que si on a des raisons de mourir. Or on ne meurt pas pour le bloc-évier ou l'appareillage électrique. Et pour quoi donc? Demandez au caporal, demandez au romancier de service, c'est le moment ou jamais, notre civilisation vide ses dernières cartouches. Le caporal cherche dans ses poches. Il a égaré la consigne.

Et c'est ainsi - pour paraphraser l'auteur - que Vialatte est grand!   

Alexandre Vialatte, Vialatte à La Montagne (Julliard, 2011)

Alexandre Vialatte,  Chroniques de La Montagne, 1952-1971, 2 vols. (coll. Bouquins/Laffont, 2000)

02:16 Écrit par Claude Amstutz dans Alexandre Vialatte, Bloc-Notes, François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |