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26/09/2012

Douna Loup 1a

Bloc-Notes, 17-26 septembre / Curio

Douna Loup 3.jpg

Tu as quatre-vingt-cinq ans et tu trouves encore l'énergie d'exister si fort que ton appartement est entièrement empli de tes quelques quatre mille tableaux et innombrables sculptures. Il y en a partout, dans la cuisine, le salon, la chambre, et tes oeuvres, même serrées, emballées de plastique, restent criantes.

Ainsi commence l'étonnant récit de Douna Loup, celui d'une vieille dame un peu fantasque, qui a traversé le siècle de Bagnolet à Genève, en passant par Porrentruy et Pully, capte l'attention d'une jeune fille et se confie à elle: Je veux que tu écrives ma vie. Que tu la poses. La déroules, la dérides, la fasse divaguer dans les lignes. Je veux que tu écrives pour moi ces kilos de souvenirs calés dans mes veines. Que tu éclates ces veines lourdes d'années.

De cette musique intime à deux voix, Les lignes de ta paume, se dessine sous nos yeux le portrait d'une femme nomade aux sourdes colères, solitaire, indépendante: Nelly Machat la voyageuse immobile, devenue Linda Breuse la dame aux chocolats. Et pourquoi donc? L'un des secrets de sa vie, abrités par son art qui lui permet de façonner désormais son propre monde: Quand je peins, je suis un voilier à l'abri du vent. Ca ne dure pas. Mais avec mes pinceaux j'accoste. Je m'apaise. (...) Et puis, lorsque autour de moi le vent reprend son souffle de plus belle, j'ai des bateaux de papiers colorés, des visages ahuris, des mains de terre et des bouches vociférantes pour m'accompagner dans la houle.  

De cet effort de mémoire, quand les pinceaux se sont tus et qu'elle livre à son interlocutrice les fragments de sa vie, Nelly dévoile le visage de sa mère suicidaire, les leçons de solfège auprès d'un instituteur qui lui fait perdre l'adresse du beau temps, ses talents de coiffeuse, la rencontre de son mari dans un bal, et la rupture sur le tard - avec tous: époux et enfants - qui lui permet d'éviter l'asphyxie et de s'épanouir dans l'espace de la peinture et de la sculpture. Libre enfin, transfigurée: Je déguise mes peines en rires, maquille mes blessures à la bombe, je tague ma vie comme une jeune blonde.

L'écriture de Douna Loup est aussi personnelle que dans son premier roman, L'embrasure, et se hisse même, peut-être, à un niveau plus élaboré sur le plan poétique ici, par un éclairage qui n'est pas sans rappeler celui de Jean-Michel Maulpoix, un autre orfèvre de la langue: J'aime les fleurs. Celles qui sont belles de n'avoir rien à prouver. Ou encore: Le corps de l'été te subjugue. Tu es amoureuse de ses mains d'herbe. (...) Tu aimes le ciel qui te surprend, celui qui tombe comme un duvet d'enfant qu'un rêve trop violent a percé. 

Ce récit est une fantaisie romanesque appuyée sur un personnage bien réel, Linda Naeff, que vous pouvez découvrir par le lien ci-dessous. Des éclats de vie entre Douna Loup et cette artiste a surgi ce fil tendu, né doucement d'abord, comme un flot souterrain, puis qui a trouvé tout à coup son point de jaillissement

Même si quelques snobs ou esprits chagrins se croient obligés de remarquer chez cette jeune romancière quelques fragilités de débutante, je n'ai pour ma part décelé ni préciosité, ni artifice. Sa narration est captivante, avec un sens du récit aussi envoûtant que L'embrasure. Un très beau livre tout simplement...

Les lignes de ta paume est à ce jour, sans conteste, mon livre préféré de cette rentrée littéraire! 

Douna Loup, Les lignes de ta paume (Mercure de France, 2012)

Douna Loup, L'embrasure (Mercure de France, 2010)

Linda Naeff: http://lindanaeff.populus.org/rub/2

22/09/2012

Lucile Bordes

Bloc-Notes, 15-22 septembre / Curio

littérature; récit; livres

Une lecture réjouissante que ce premier récit de Lucile Bordes, partie à la recherche de ses racines familiales, avec pour tout bagage un cliché datant de 1936, des livres de comptes, des partitions pour films muets, des disques, un piano. En fait, l'histoire commence en 1850 avec son ancêtre Auguste, garçon d'épicerie, rêvant d'un ailleurs qui se matérialise sous la forme d'une roulotte de forains et de son propriétaire, Chok, auprès duquel il veut apprendre où mènent les routes, et prêter vie à ses marionnettes, ces gisants de bois.

Il se montre doué, apprend, peint les décors, confectionne les costumes, habille les marionnettes, en sculpte de nouvelles, manie les fils. Chok prend conscience qu'à sa mort, celui-ci assurera la relève et pour lui prouver sa gratitude, lui offre sa marionnette préférée, Crasmagne, le fil conducteur de cette histoire, à l'enseigne du Grand Théâtre Pitou et plus tard du Palace: Auguste reçoit Crasmagne avec dévotion. Il le prend des mains de Chok comme un paquet précieux. Son poids, sa taille, le troublent. Il tient l'enfant de bois comme tout à l'heure son fils endormi. Il est à peine un peu plus grand et un peu plus léger. Mais le même sourire vague dans le sommeil, les mêmes yeux doux du rêve sous les cheveux blonds en bataille, quand on les couche pour de bon le spectacle fini, une fois remis en caisse les costumes et accessoires.

Lucile Bordes nous fait découvrir cette dynastie - la sienne - qui illumine pendant cent cinquante ans les salles de spectacle, traverse les affres de la guerre, les débuts du cinéma, muet puis parlant, signant la fin des saltimbanques auxquels le grand écran est préféré. Avec une plume légère, elle trouve les mots magiques pour parler de cet art proche de l'univers des poètes, dont la nostalgie nous gagne avec un insidieux serrement de coeur: La vie se ramasse et s'embuissonne au coeur des marionnettes, quelque part sous les veines du bois en un endroit que protègent les fibres toujours tièdes, leur coque de peau lisse comme un bonbon sucé lisse sous la langue.(...) Les marionnettes te feront toujours vivre. Ce sont elles qui tirent les ficelles.

Reconstitution d'une généalogie sous une forme romanesque, le récit de Lucile Bordes cerne avec beaucoup de douceur et d'émotion ces faiseurs de rêve dont la vie n'a pas épargné les tribulations, imperceptiblement devenus les marionnettes de leurs créations, sous l'oeil amusé de Crasmagne. Au bout de ce voyage dans le temps, Lucile Bordes - impregnée de la fantaisie familiale - s'ouvre à l'éclairage du jour présent sans rancoeur, avec une infinie gratitude...

Lucile Bordes est née en 1971 dans le Var et vit à La Seyne-sur-mer. Maître de conférences à l'université de Nice, elle anime également des ateliers d'écriture. Je suis la marquise de Carabas est sa première oeuvre littéraire. 

Sur le site des Musées Gadagne de Lyon - lien ci-dessous - vous pouvez retrouver la saga des Pitou et de Crasmagne. Enfin, sur ce blog - dans Morceaux choisis - un extrait de ce très beau livre est présenté.

Lucile Bordes, Je suis la marquise de Carabas (Liana Levi, 2012)

www.gadagne.musees.lyon.fr/index.../thema_pitou.pdf

23:07 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/09/2012

Claudio Magris

Bloc-Notes, 9 septembre / Les Saules

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Né à Trieste en 1939, Claudio Magris est une figure incontournable de la littérature italienne actuelle - essayiste, romancier, journaliste, spécialiste des cultures germaniques - et pourtant, c'est avec près de dix ans de retard que les éditeurs français se sont intéressés à lui et ont publié - parmi d'autres ouvrages qui ont suivi - deux de ses oeuvres marquantes: Trieste - une identité de frontière (Seuil, 1982) et Danube (coll. Folio/Gallimard 1990). Plus récemment, un de ses textes très courts - Vous comprendrez donc (L'Arpenteur, 2008) - a connu un succès assez inattendu, grâce au soutien de nombreux libraires francophones.

Il nous revient aujourd'hui avec Alphabets, regroupant environ 80 chroniques parues pour la plupart dans le Corriere della Sera consacrées aux livres qui, pour lui, ont marqué l'histoire de l'humanité, le carrefour des civilisations, la charnière entre deux périodes de l'histoire. L'originalité de cet ouvrage tient à ce que ses lectures inventoriées en quelques coups de crayon, dirait-on, s'accompagnent d'une réflexion plus universelle sur des thèmes qui, de tous temps, ont préoccupé les hommes de lettres, les philosophes ou les historiens. Il aborde ainsi l'amour avec Goethe, le courage avec Kipling, la famille avec Tolstoï, le bonheur avec Hérodote, les fins dernières avec Epicure ou le premier livre entraînant tous les autres. Pour lui Les mystères de la jungle noire de Emilio Salgari. qu'il parcourt pour la première fois à l'age de six ans: Avec lui j'étais convaincu que les histoires se racontaient toutes seules et que les hommes, écrivains ou pas, avaient pour seule tâche de les répéter et de les transmettre. Depuis lors, j'ai toujours d'une certaine manière pensé que la littérature, dans son essense, est un récit oral et anonyme; il vaudrait mieux que les auteurs n'existent pas ou du moins ne soient pas identifiés, qu'ils soient toujours morts ou contraints à l'incognito et à la clandestinité.

S'il évoque à maintes reprises Novalis, Schiller et Kafka - il consacre un article conséquent à la culture pragoise - c'est dans la présentation des résistants de la pensée qu'il se montre à la fois passionnant et personnel, de Benjamin à Semprun, de Canetti à Jancar, de Konrad à Achebe. Au fil de ses déambulations, vous pouvez découvrir aussi un portrait saisissant de Robert Walser et de Muschg, qui est capable de saisir magistralement l'intensité, la passion, le désarroi avec lesquels les hommes vivent ce jeu imprévisible, déplaçant la réalité, au moindre léger changement de perpective qui modifie ou inverse l'image et le sens du monde.

Enfin, deux articles méritent une mention particulière: celui à propos du livre Le Stechlin de Fontane, écrivain allemand de la fin du XIXe siècle - s'inscrivant dans une de ces périodes où les valeurs classiques s'estompent et préparent celles de la modernité - et le double visage de Ernesto Sabato, auteur argentin du XXe siècle à l'honnêteté rigoureuse développée à travers ses romans et écrits autobiographiques.

Pour conclure, je ne résiste pas au plaisir d'ajouter ce que Claudio Magris dit à propos de la Bible, dépassant - et de loin - la question des croyances, appartenances religieuses ou non: La Bible est le grand code de la civilisation, non seulement par le répertoire de symboles, figures, images et histoires qu'elle a offert et continue à offrir aux siècles successifs, mais aussi parce qu'elle aborde, en les insérant dans le récit épique et sensuel, des vicissitudes concrètes vécues par des hommes et par un peuple, les thèmes fondamentaux de toute vie, individuelle et collective: naître, désirer, errer, fonder, détruire et perdre des patries, aimer et haïr son frère, vivre intensément et sensuellement l'existence, sa gloire et sa vanité, s'élever jusqu'à l'intuition et à la révélation de ce qui transcende le temps, la vie, les choses créées...

Ne vous laissez pas effrayer par tous les auteurs que Claudio Magris met en lumière et que vous et moi souvent ignorons. Comme les vins d'exception, Alphabets se boit à petites gorgées, sans précipitation et à chaque page, sans que cela soit délibéré chez l'auteur, on apprend quelque chose qui nous interpelle, avec intelligence et sans pesanteur.

Claudio Magris - plus de vingt-cinq ouvrages en langue italienne - futur prix Nobel? Il le mériterait, sans nul doute, en ce qui me concerne!

Sur La scie rêveuse - dans catégories / Morceaux choisis - vous pouvez découvrir un extrait de ce livre.

Claudio Magris. Alphabets (L'Arpenteur 2012) 


20/08/2012

Quentin Mouron 1b

Bloc-Notes, 20 août / Cologny

En marge de ce très beau roman, voici une interview - en deux parties - accordée par Quentin Mouron qui mérite bien tout l'intérêt que suscitent ses textes...





Quentin Mouron, Notre-Dame-de-la-Merci (OlivierMorattel, 2012)

Quentin Mouron, Au point d'effusion des égouts (Olivier Morattel, 2011)

09:11 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; entretiens; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

07/08/2012

Francesco Savio

Bloc-Notes, 7 août / Les Saules

littérature; roman; livres

Cherchez-vous une lecture agréable à emporter dans vos bagages? En voici une que je vous recommande avec enthousiasme, alternant légèreté et gravité: Mon père était très beau, écrit par Francesco Savio, auteur italien né à Brescia en 1974, libraire et lecteur aux éditions Feltrinelli, passionné de sport. Le cyclisme et le football tout particulièrement.

Il signe avec Mon père était très beau son premier récit. C'est l'histoire de Nicola, un garçon de neuf ans qui a perdu son père Guerrino, n'est pas très bon élève en classe, mais en revanche doué pour le sport qu'il pratique avec son copain Andrea; aussi pour épater Aurora, la plus jolie fille de l'école, aux yeux bleus aussi profonds que l'océan. 

Avec la mort de son père, il lui semble tout perdre, et pour commencer ses rêves: ne pas devenir matelassier comme ses parents Guerrino et Leonilde, mais un grand footballeur, à l'image de son idole Michel Platini. Ce maillot-là, un jour, ce serait le mien. Après quelques années passées dans l'équipe de ma ville, j'irais jouer à la Juventus. Certains supporters auraient du mal à digérer mon transfert chez les Bianconeri de Turin mais ensuite, l'idée qu'on ne pouvait refuser la Juventus l'emporterait, en particulier chez ceux qui comme moi avaient eu pour idole dans leur enfance Michel Platini.

Les souvenirs de cette famille unie et sans histoires s'entrechoquent dans sa mémoire: il revoit son père - qui lui fait penser à Fausto Coppi - avec sa bicyclette rouge posée contre un mur, dégustant des marrons chauds tirés de son cornet, ou assis sur le canapé du salon, grillant quelques cigarettes en regardant le Giro; Leonilde l'accompagnant dans une Fiat 127 gris métallisé au centre sportif de la Pendolina; le ballon de foot à l'intérieur de l'appartement que Nicola envoie voltiger au milieu des flacons de parfum de sa soeur Camilla; la tragédie du Heysel où trente-neuf personnes ont perdu la vie; le visage de sa mère enfin, avec, au fond de ses yeux - depuis la mort de Guerrino - des nuages prêts à pleuvoir. Et ce temps trop court qu'il n'a pas eu le temps de partager avec son père.

Ce qui rend ce livre particulièrement touchant, tient à ce qu'il se raconte sous le plume d'un enfant qui nous partage son quotidien dans les années 80, à la fois manque du père, mais de même plaisir de la vie, souvenir heureux et protection affectueuse sous les traits de Leonilde et des contours de sa ville. Une histoire simple comme je les aime:

Je voudrais emporter avec moi plus de choses que ce dont j'arrive à me souvenir. Une foule d'images me reviennent maintenant en mémoire, mais je suis trop pressé et j'en oublie. J'aimerais remplir une boîte avec tous les souvenirs que j'ai. Mais j'aurais alors besoin de plusieurs boîtes et puis d'autres encore où mettre chaque événement que je n'aurai jamais le temps de revivre. Les boîtes seraient si nombreuses qu'à la fin, j'aurais besoin de plus en plus de pièces puis de maisons pour les contenir. Toutes ces boîtes, je les scellerais ensuite avec une cire à cacheter qui pourrait se décoller quand tu seras grand, de sorte que chaque jour où je te manquerai, tu pourrais projeter ma vie dans ta chambre, avec un mur pour écran et photogramme, chacun de mes souvenirs.  

Francesco Savio - grand amoureux de la littérature - aux dires de son éditeur, regarde tous les dimanches un match de foot au stade ou à la télévision, ce qui n'étonnera personne. L'an dernier, avec Antonio Gurrado, il a publié Anticipi, posticipi, consacré... au football!    

Francesco Savio, Mon père était très beau (Le Dilettante, 2012)

image: Michel Platini (oldschoolpanini.com)

00:22 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature italienne | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/07/2012

Luigi Guarnieri

Bloc-Notes, 19 juillet / Thonon-les-Bains

littérature; roman; musique; livres

Nous avons presque tous entendu parler de l'histoire d'amour ayant lié les destins de Johannes Brahms, Robert et Clara Schumann, ne serait-ce qu'à travers leur Journal intime, publié aux éditions Buchet-Chastel. Luigi Guarnieri, dans Une étrange histoire d'amour, nous raconte ainsi leur destin à travers une longue lettre que Brahms écrit à Clara, au retour de ses funérailles.

Seul élément de fiction, ce message est prétexte pour Luigi Guarnieri à nous raconter combien leur rencontre, à tous les trois, allait transfigurer à tout jamais le cours de leur vie, depuis ce jour de septembre 1853 - Johannes est alors âgé de 20 ans, Clara de 34 ans et Robert de 43 ans - où le jeune Brahms tombera follement amoureux de l'épouse de Robert Schumann: Après toutes ces années, je n'ai pas oublié la salle bondée, l'atmosphère excitante, l'enthousiasme et les applaudissements. Cette pénombre presque magique et, au centre, la lueur éblouissante de ton visage, si animé et expressif, comme en suspens au-dessus du clavier du piano. Vois-tu, avant ce jour-là,je ne pensais pas que la musique puisse créer un tel son. Je ne pensais pas que l'on puisse jouer ainsi. Pour moi ce fut une révolution. J'étais enfoncé dans le fauteuil de velours cramoisi, visage anonyme et perdu parmi des centaines de spectateurs, et pourtant il me semblait que tu ne jouais que pour moi, moi seul, et les notes ne parlaient qu'à moi, qui fixais ta robe couleur d'encre, remarquais le rouge sur tes joues, et espérais te voir rester là pour toujours, clouée au tabouret, les yeux rivés sur la partition, un sourire grave, à peine esquissé, sur les lèvres.

Les âmes romantiques apprécieront cette appréhension de l'amour qui passera par des émotions rares faites de bonheurs et de souffrances mêlés. Evitant toute mièvrerie ou sensiblerie inutile, l'auteur s'est immergé totalement dans cet univers - qui se prête si bien à la langue italienne -, célèbrant outre la noblesse des sentiments, cette passion partagée pour la musique, clef de voûte de cette histoire dont le coeur est bien celui de Clara Schumann: une forte personnalité - de même que deux autres épouses ou soeurs de compositeurs: Alma Mahler et Fanny Mendelssohn -, une renommée de pianiste et des oeuvres musicales - une quarantaine - dont aujourd'hui encore les concerts et enregistrements sont plutôt avares. Luigi Guarnieri nous restitue cet itinéraire de vie qui, des premiers émois du couple Schumann épouse les contours douloureux de la maladie de Robert - désordres mentaux, éloignements du réel, alcoolisme - pour se conclure dans cet amour inachevé entre Clara et Johannes Brahms sur lequel, à la mort de Robert, plânera à tout jamais l'ombre.

J'ai écrit beaucoup de phrases au vent, mon amie, et je ne sais pas si, au moins cette fois, j'ai réussi à trouver en moi les mots pour t'ouvrir mon coeur. Pour te dire qu'entre un millier d'autres femmes, dans le désert du monde, je t'ai reconnue. Que toi seule vivais, toi seule existais, pour moi. C'était tout ce que je voulais t'écrire, et je ne sais même pas si j'en ai été capable. Même si j'ai toujours su que dans la vie, il n'y a pas d'autre choix qu'aimer, être aimé ou mourir. Et moi, je t'ai aimée plus que moi-même, plus que quiconque ou que n'importe quoi au monde. Je t'enlace et t'embrasse, ma Clara bien-aimée. J'espère seulement que tu m'as aimé autant que moi, je t'ai aimée.

Sur la Scie rêveuse - sous Morceaux choisis - vous pouvez retrouver un extrait de ce récit, ainsi qu'un Nocturne de Clara Schumann, interprété par Roberto Piana.

Luigi Guarnieri, écrivain italien, est né à Catanzaro en 1962. Plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en langue française: La double vie de Vermeer (2006), La jeune mariée juive (2007), Les sentiers du ciel (2010) et Une étrange histoire d'amour (2012), tous parus aux éditions Actes Sud.  

Luigi Guarnieri, Une étrange histoire d'amour (Actes Sud, 2012)

Clara et Robert Schumann, Journal intime (Buchet-Chastel, 2009)

Régis Pouget, La maladie de Robert Schumann (Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, 1998)

image: Clara Wieck-Schumann (chitarra.accordo.it)

15/07/2012

Alberto Savinio

Bloc-Notes, 15 juillet / Genève

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Alberto Savinio demeure méconnu auprès du public de langue française. De son vrai nom Andrea Francesco Alberto de Chirico, il naît en 1891 à Athènes et s'éteint à Rome en 1952. Ecrivain, peintre et compositeur italien, il est aussi le frère cadet du peintre Giorgio de Chirico. Auteur d'une trentaine d'ouvrages - dont près de la moitié ont été traduits - citons La boîte à musique (Fayard), L'intensité dramatique de Leopardi (Allia), Apologie du dilettante précédé de Epigrammes de Lucien (Gallimard), Capitaine Ulysse (Bourgois) et enfin Ville j'écoute ton coeur (Gallimard) qui vient de paraître au début de cette année. 

Si un seul écrit devait attester de l'injustice faite à la ville de Milan - à laquelle sont toujours préférées Rome, Florence, Venise ou Naples - c'est bien celui-ci, même si à certains égards, ce tableau s'achève en 1943 et témoigne d'un passé révolu. Voyager avec Alberto Savinio s'avère aussi passionnant et instructif qu'en compagnie de Guido Ceronetti - en un autre temps - tout aussi méconnu que lui. Du Museo Poldi Pezzoli à la Pinacoteca di Brera, de la Scala de Milan à la maison rouge où vécut pendant une soixantaine d'années Alessandro Manzoni, c'est en quelque sorte une part infinie de tout le patrimoine et de l'âme italienne qui défile sous nos yeux: Giotto, Piero della Francesca, Gabriele D'Annunzio, Ambroise de Milan, Dante, Pétrarque ou Giuseppe Ungaretti parmi tant d'autres. Mais la qualité de son regard ne se borne pas qu'aux considérations artistiques ou historiques. C'est aussi la poésie et l'atmosphère de la ville qu'il nous restitue, par exemple devant le Dôme: Les mouvements de la foule sur cette place nette obéissaient à un ordre mystérieux, comme ces circuits qui font et défont les cristaux versicolores dans le rond mystérieux du kaléidoscope. Un noyau noir se formait au centre de la place, s'élargissait comme une rose qui s'ouvre à vue d'oeil, elle éclaboussait en étoile comme une tache d'encre mobile, puis se recomposait pour recommencer de nouveau à se décomposer; et ainsi jusqu'au soir, qui parfois tombait tout noir et sans lumière pour en contrecarrer l'obscurité.

Ailleurs, il consacre de superbes pages aux spécialités culinaires, à l'arbre des connaissances, aux poètes, à la pluie et au brouillard de Milan, ainsi qu'à la musique - voir les extraits déjà présentés dans Morceaux choisis, sur La scie rêveuse - dont Giuseppe Verdi - le Garibaldi de la musique - est la figure emblématique, évoquée surtout à travers Falstaff: Tandis que "Parsifal" est encore une peinture à l'huile, souvent de pâte opaque et étendue sur un gras enduit de craie et de colle, "Falstaff" est une détrempe au miel étendue en glacis sur un endroit compact et parfaitement lisse, une peinture sur marbre. A propos de la Traviata, il ose une approche insolite et pourtant fort pertinente: Pour mieux goûter, pour mieux comprendre les airs de "La Traviata", ces maigres papillons d'une soirée sans lendemain, il ne faut pas entendre "La Traviata" au théâtre, mais jouée par les orgues de Barbarie. Parce que "La Traviata" opère avec plus d'émotion dans le souvenir que dans le présent, et que l'orgue de Barbarie est le moulin des souvenirs; parce que l'orgue de Barbarie restitue cette musique de la tristesse citadine à son milieu naturel.

Dans ce merveilleux livre, aux côtés de Friedrich Nietzsche, Francesco Guardi et Isidora Duncan, vous ferez aussi halte à Venise, avant d'ouvrir votre fenêtre sur Padoue - les palmiers de Goethe - Sienne et Vicenza, ville pour promenades au soleil d'hiver. Entretemps Alberto Savinio vous aura invité à la mort de Richard Wagner, entraîné sur les pas de Tite-Live et éveillé à la freddura, dont je vous laisse découvrir la signification profonde au détour de ces pages.

Après la destruction de Milan - pages ajoutées par l'auteur - Alberto Savinio conclut: Je circule parmi les ruines de Milan. Pourquoi cette exaltation en moi? Je devrais être triste, au contraire je fourmille de joie. Je devrais ressasser des pensées de mort, et au contraire des pensées de vie me frappent au front, comme le souffle du plus pur et radieux matin. Pourquoi? Je sens que de cette mort naîtra une nouvelle vie. Je sens que de ces ruines surgira une ville plus forte, plus riche, plus belle. Ce fut alors, Milan, qu'en silence, entre moi et ton coeur, je te fis ma promesse. Revenir à toi. Clore en toi ma vie. Entre tes pierres, sous ton ciel, parmi tes jardins clos...

Ville j'écoute ton coeur est un ouvrage incontournable pour tout esprit curieux de l'intériorité italienne et de son art, outre une invitation à accepter de se laisser séduire par Milan, au plus vite!

Alberto Savinio, Ville j'écoute ton coeur (Gallimard, 2012)

image: Piazza Eleonora Duse, Milano (www.flickr.com)

10/06/2012

Actualité de la poésie 1/2

Bloc-Notes, 10 juin / Les Saules

littérature; poésie; livres

Après les cinq premiers livres tirés de la besace offerte par mes libraire préférés, en voici cinq autres qui ne manqueront pas d'intéresser tous les passionnés de poésie.

Honneur à la littérature suisse, pour commencer, avec Figures de la patience sous la plume de ce grand poète et prosateur qu'est François Debluë. Des méditations, réflexions, pensées ou poèmes courts traversent ces pages autour de l'attente, de la soif, de la nature et des êtres gonflant les voiles... de nos impatiences. Vrai que la beauté peut être mortelle: celle d'un paysage, celle d'un corps, celle d'un chef-d'oeuvre. Mais ce n'est pas tant la beauté même qui nous atteint si dangereusement, que l'imposibilité où nous sommes de la rejoindre, de l'épouser. L'impossibilité que nous éprouvons des joies éternelles de noces sans fin...

Un seul geste de Laurence Verrey - née à Lausanne - emprunte un style à la fois sensuel, sobre, fiévreux pour dire l'ivresse et la fusion possible avec la nature, avec l'autre: une quête douloureuse, fulgurante comme le désir, éphémère et changeante comme le vent dans les arbres. A toi la fenêtre, les mains blanches de la lune, à vous les sables, le toucher subtil du graveur, l'écriture du Christ sur le sol: ce jour-là, aucune pierre ne fut ramassée pour lapider une femme. A toi la terre effleurée, ces signes tracés dans le silence. Rime légère, c'était le doigt d'un roi.

Avec L'invention des désirades et autres poèmes, nous quittons l'Helvétie. Daniel Maximim  - poète, romancier et essayiste guadeloupéen - le texte ressemble à une danse où se mêlent soleil, musique, corps à coeur et bonheur présent, malgré les heures fragiles, le doute, la solitude. Les chants les plus beaux - donc - ne sont pas forcément les plus désespérés: Fidèle pour ma part j'écoute ton silence: une embellie de confidence en lisant dans tes lucioles tout ce qu'il y a de ferveur dans une désirade, ce qu'il y a de justice dans une mémoire bonne, ce qu'il y a de fertile dans nos frissons, de fontaines dans ta forêt, de sentiers dans nos destinées.

Autre petit bijou que ce recueil de Julie Delaloye, Dans un ciel de février. Une beauté intérieure où les mots empruntent la trajectoire des heures et saisons, telle une respiration naturelle qui saurait fixer sur le papier ce que - sans talent créateur - nous devons nous contenter de ressentir: Elle entre à peine, s'adosse à la fraîcheur, souveraine, sortie de l'obscur des sapins. Comme elle la respire, cette lumière, cachée dans l'embrasure de ses songes apaisés. Fragile instant, avant le jour, dont on recueille l'élan, le souffle si simple, entre les formes du vent et de sa voix claire.

Pour terminer ce tour d'horizon, voici L'heure injuste - Anthologie poétique. Présenté par Valère Staraselski, ce volume se décline en thèmes - L'heure injuste, Pays d'écueil, Avenirs solitaires, Avenirs des espérés - et regroupe une vingtaine d'auteurs qui, Thierry Renard excepté, sont peu connus et dont la voix, à l'image de Marc Rousselet, ravit le lecteur de poésie: Vous osez, gens de maraude à rêves d'épiciers, bluter les scories d'un passé casqué. Rendez-vous est pris. A ce jour, nous n'avons à vous opposer que l'arc de notre âme romane et la flèche bleue de nos cyprès. Mais entre Montmirail et Vetoux germe notre cri de ralliement. Le bruit de vos actes avoue vos ténèbres, il vous désigne du carnage et du charnier. Des dèmain nous apprendrons des renardeaux l'art de vous traiter.  

Une bien belle gerbe de poèmes que vous réservent les auteurs présentés hier et aujourd'hui, pas toujours faciles à trouver en présentation, chez nos amis libraires...   

François Debluë, Figures de la patience (Empreintes, 1998)

Laurence Verrey, Un seul geste (Empreintes, 2010)

Daniel Maximin, L'invention des désirades et autres poèmes (coll. Points/Seuil, 2009)

Julie Delaloye, Dans un ciel de février (Cheyne, 2008)

Valère Staraselski, L'heure injuste - Anthologie poétique (La Passe du Vent, 2005)

image: Thierry Renard


20:18 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/06/2012

Actualité de la poésie 1/1

Bloc-Notes, 9 juin / Les Saules

littérature; poésie; livres

La poésie continue de nous réserver de bien belles surprises au fil des parutions récentes. Parmi celles-ci, peuvent être citées deux anthologies intéressantes, parues dans la collection Points, aux éditions du Seuil. La première, conçue par Abdelmadjid Kaouah, nous présente Quand la nuit se brise - Anthologie / Poésie algérienne. Une opportunité de découvrir une cinquantaine d'auteurs, dont la plupart - à l'exception de Rachid Boudjera, Mohammed Dib, Tahar Djaout, Assia Djebar, Nabile Farès ou Jean Sénac - sont inconnus du grand public, tels Mohammed Haddadi: Il a neigé gris sur nos coeurs. Toutes nos peines ont germé, au mépris des saisons. Le jour s'est revêtu de sa très fade ardeur. Le ciel est noir... 

La seconde anthologie - en édition bilingue - aux bons soins de Jean Amrouche, s'intitule Chants berbères de Kabylie - Poésie kabyle. Regroupés par thèmes - l'exil, l'amour, la satire, le travail, la danse, la méditation - ces chants témoignent, ainsi que le mentionne l'auteur dans sa présentation, de l'appartenance à un peuple: ses épreuves, ses misères, son humiliation, sa gloire secrète, ses espoirs, sa volonté de survivre: Comment exhumer la joie souterraine sans la déraciner du jour, comment fleurir le combat sans tarir les larmes? Qu'aimer soit notre seule gloire à tout jamais éternelle, qu'aimer soit notre seule prière au plus divin de l'humain

Autres publications valant mieux qu'un détour, deux recueils parus aux éditions Lire et Méditer. Sous la plume de An Ishtar et Abbassia Naïmi, voici De l'amertume fleurissent les jasmins, célèbrant la blessure, la révolte, l'indignation, mais aussi l'amour, la musique intérieure, le langage: cette graine d'espoir capable de traverser même les murs. A quoi bon parler quand ils ne peuvent écouter, à quoi bon crier pour ceux qui ne peuvent entendre, pourtant se taire et laisser faire je ne peux le comprendre...

Signé Marie Hurtrel, Un tilleul au Cameroun chante la magie que lui inspire ce pays, ses points de convergences et de contradictions, avec des mots égrenés sur le ton de la confidence et souvent de l'anecdote, où la petite histoire - personnelle - rejoint par des chemins imprévus la grande: Je voudrais briser les frontières de la vie et la terre, voler aux palombes leurs ailes, prendre le premier nuage qui passe, je voudrais suivre le vent...

Enfin, dans la collection Poésie chez Gallimard, est édité Eros émerveillé - Anthologie de la poésie érotique française, sous la direction de Zéno Bianu. L'intérêt de cet ouvrage est de nous présenter un vaste panorama de l'érotisme en poésie - près de 600 pages - du Moyen-Age à nos jours, avec parfois des textes rares d'auteurs connus - Robert Desnos ou Edmond Jabès, par exemple - mais l'ensemble de ce choix assez inégal pèche par manque de rigueur, bon nombre de textes en prose se mêlant à la poésie. De plus, certains écrivains modernes - chez les surréalistes surtout - ne méritent pas vraiment d'être exhumés, leur qualité littéraire étant avec le recul du temps, plutôt affligeante, à mon sens. Mais à vous de juger!

Demain, suite de ce voyage en poésie, avec quelques autres perles rares: pas liées au calendrier des parutions, cette fois-ci... 

Abdelmadjid Kaouah, Quand la nuit se brise - Anthologie / Poésie algérienne (coll. Points/Seuil, 2012)

Jean Amrouche, Chants berbères de Kabylie - Poésie kabyle (coll. Points/Seuil, 2012)

An Ishtar et Abbassia Naïmi, De l'amertume fleurissent les jasmins (Lire et Méditer, 2011)

Marie Hurtrel, Un tilleul au Cameroun (Lire et Méditer, 2012)

Zéno Bianu, Eros émerveillé - Anthologie de la poésie érotique française (coll. Poésie/Gallimard, 2012)

image: Quint Buchholz, Art on Books - http://www.libriantichionline.com/


23:53 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature étrangère, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

05/06/2012

Donna Leon 1a

Bloc-Notes, 5 juin / Les Saules

littérature; musique; livres

Voici un Donna Leon sans le célébrissime commissaire Brunetti, et pour cause: car elle aborde ici une autre de des passions, l'opéra. En l'occurence, Georg Friedrich Haendel, son compositeur préféré. Dans son avant-propos, elle nous dit: Enlevez le moteur. Faites-le disparaître de votre conscience: coupez tout, carrément. Puis jetez un regard neuf sur le monde ou - pour mieux dire - regardez le monde tel qu'il était avant d'avoir été bouleversé par l'introduction du moteur et par tous les changements qui l'ont accompagnée. Le degré d'importance accordé à certaines choses va soudain changer. Qui a besoin de pétrole? Où puis-je trouver un bon cheval? L'une des premières réévaluations exigées par l'absence de moteurs sera une redéfinition de l'ordre de la création, dans laquelle les animaux retrouveront leur ancienne importance.

Elle s'attache ainsi à l'un des aspects les plus originaux des opéras de Haendel, soit les animaux qu'elle nous présente au fil de ce modeste ouvrage - 140 pages - illustré par Michael Sowa et accompagné d'un CD contenant les extraits des oeuvres évoquées, avec l'Ensemble Il Complesso Barocco sous la direction de Alan Curtis. Il ne s'agit pas d'un traité de musicologie dans ce bestiaire, mais plutôt d'une promenade amoureuse que Donna Leon veut partager avec les esprits curieux, bien au-delà de la musique. Citant souvent les Saintes Ecritures, les historiens ou les poètes, elle nous tend ainsi le miroir de ces compagnons parfois mal-aimés qui sont autant de miroirs ou de visages de nos impulsions profondes.

Pari réussi, car à la fin de ce livre, on se sent moins bête, soucieux d'en savoir davantage sur les opéras et oratorios de Haendel qui ont éclairé son propos, entre autres: Giulio Cesare in Egitto, Judas Maccabaeus, Arianna en Creta, Berenice regina in Egitto, Deidamia, Alcina ou Theodora.

Une lecture agréable et pleine de charme!

Donna Leon, Le bestiaire de Haendel (Calmann-Lévy, 2012)