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26/04/2012

Musica présente 9 - Ferenc Fricsay

Ferenc Fricsay

chef d'orchestre austro-hongrois, 1914 - 1963

*

Bela Bartok

Divertimento for String Orchestra, SZ 113

RIAS Symphony Orchestra


00:27 Écrit par Claude Amstutz dans Bela Bartok, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/04/2012

Morceaux choisis - Clémence Boulouque

Clémence Boulouque

Macarons FB.jpg

Les mots dessinent les amandes. Les livres aussi. Le Livre. Je tourne les pages de la Bible, cherche dans les versets un creuset de mémoire. Pas seulement les rites, mais aussi les premières traces de profane, la célébration de nos jours, de la nature, du miel, le lait, les rives à franchir, les terres promises, le monde d'ici et le monde à venir. Ce n'est pas un fantasme de pureté, une caution de tradition que je guette dans les textes sacrés, mais l'âpreté des paysages du Moyen-Orient, le creuset des siècles, les échos d'une célébration de la vie, ici, en attendant, peut-être... En attendant.

En hébreu, l'amande a pour nom shaked. Une désignation est composée des lettres shin, kaf et dalet. Les lettres ont des significations précises, elles correspondent à des mots: shin signifie "dent", kaf  "paume de main" et dalet "porte", "ouverture". Les lettres hébraïques ont également une valeur numérique précise, mais cet exercice de guematria, ce rapport entre les mots et les lettres, ne tomberait pas juste si je m'y livrais ici. On peut tout interpréter de façon légère, souriante et alerte: c'est vif, parfois élégant, souvent n'importe quoi. Ce que je dessine ici, ce ne sont que des horizons, des grands traits pour rêver. L'amande, qui irait de la main à la bouche, qui ouvrirait vers des ailleurs. L'amande, qui se glisse dans les premières esquisses de l'humanité.

Elle apparaît à quatre reprises dans le texte biblique, le fruit étant à chaque fois lié au motif de l'élection ou, tout au moins, à un témoignage de magnificence, de déférence. Chacune de ces occurences fait écho dans ma vie. Ce ne sont pas des références coudées, d'improbables liens, mais des résonances. C'est ainsi. 

Clémence Boulouque, Au pays des macarons (coll. Le Petit Mercure/Mercure de France, 2005)

Le poème de la semaine

Abdellatif Laâbi

J'aurai gravé sur l'éther
des voix
des cantilènes
des cris
des bribes d'histoire
des dates sans commentaire
des mots d'adieu
repris à des stèles funéraires
des chemins d'exil
des bateaux de retour
des nervures d'arbres
des silhouettes d'oiseaux
des corps de femmes
des traces de pas
des cours de fleuves
des dessins d'enfants
une main coupée
un coeur nu
un lever de soleil
que j'ai imaginé le premier
sur terre
une étoile
que j'ai souvent visitée dans mes rêves éveillés
un homme debout
les pieds fermes
la tête haute
et dans ses yeux où perle une larme
subitement agrandis à la dimension du ciel
j'aurai gravé en pointillé
la flèche de l'infini
 
J'aurai marqué
cette page
et refermé
le livre

  
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

24/04/2012

La citation du jour

Louis Aragon

Louis Aragon_ET.jpg

La vie est un voyageur qui laisse traîner son manteau derrière lui, pour effacer ses traces.

Louis Aragon, Les voyageurs de l'impériale (coll. Folio/Gallimard, 1972)

22:09 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone, Louis Aragon | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

23/04/2012

Morceaux choisis - Ernest Pépin

Ernest Pépin

Guadeloupe FB.jpg

Un oiseau passe
éclair de plumes dans le courrier du crépuscule
 
Va vole et dis-leur
Dis-leur que tu viens d'un pays
formé dans une poignée de main
un pays simple comme bonjour
où les nuits chantent pour conjurer la peur des lendemains
dis-leur que nous sommes une bouchée
répartie sur sept îles comme les sept couleurs de la semaine
mais que jamais ne vient le dimanche de nous-mêmes
 
Va vole et dis-leur
Dis-leur que les marées
ouvrent la serrure de nos mémoires
que parfois le passé souffle pour attiser nos flammes
car un peuple qui oublie
ne connaît plus la couleur des jours
il va comme un aveugle
dans la nuit du présent
dis-leur que nous passons d'île en île
sur le pont du soleil
mais qu'il n'y aura jamais assez de lumière
pour éclairer nos morts
dis-leur que nos mots vont de créole en créole
sur les épaules de la mer
mais qu'il n'y aura jamais assez de sel
pour brûler notre langue 
 
Va vole et dis-leur
Dis-leur qu'à force d'aimer les hommes
nous avons appris à aimer l'arc-en-ciel
et surtout dis-leur
qu'il nous suffit d'avoir un pays à aimer
qu'il nous suffit d'avoir des contes à raconter
pour ne pas avoir peur de la nuit
qu'il nous suffit d'avoir un chant d'oiseau
pour ouvrir nos ailes d'hommes libres 
 
Va vole et dis-leur...

 

Ernest Pépin, Babil du songer (Ibis Rouge, 1997)  

image: Sainte Anne/Guadeloupe (http://alainfoix.com) 

19:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Nina Bouraoui

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Nina Bouraoui, Appelez-moi par mon prénom (Stock, 2009)

Les instants de bonheur sont rares en littérature. En voici un pourtant, discret comme une pluie estivale, frais comme une brise printanière, doux comme la crête des montagnes en automne ou transparent comme l’eau claire en hiver. A vous de choisir, selon les saisons de votre cœur ! L’auteur de La voyeuse interdite – chez Gallimard et en collection Folio – nous dévoile ici sa rencontre avec P. dans une librairie lausannoise. Puis leurs attentes, leurs correspondances, leurs fragilités exprimées avec beaucoup de sensualité, de délicatesse et de sincérité. Les évocations de Lausanne, Bâle, Zurich ou Paris ont le charme d’un ballet amoureux auquel vous vous abandonnerez avec un sourire radieux qui ne vous quittera plus !

Egalement disponible en coll. Folio (Gallimard, 2010)
 
 

00:08 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/04/2012

Vénus Khoury-Ghata

Bloc-Notes, 22 avril / Les Saules

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Vénus Khoury-Gata occupe une place discrète dans la littérature française. Pourtant, cette romancière et poétesse née en 1937 au nord du Liban - qui a reçu le Goncourt de la poésie en 2011 - a déjà signé une quarantaine d'ouvrages, parmi lesquels son Anthologie personnelle (Actes Sud, 1997) Les obscurcis (Mercure de France, 2008) et Où vont les arbres (Mercure de France, 2011) consacrés à la poésie. De ses oeuvres en prose, La maison aux orties (Actes Sud, 2006) et Sept pierres pour la femme adultère (Mercure de France, 2007) méritent de retenir l'attention.

Avec Le facteur des Abruzzes, publié au début de cette année, nous est raconté le voyage de Laure partie sur les traces de Luc son mari, mort dix ans plus tôt. Biologiste, il avait fait trois séjours à Malaterra, revenu avec une centaine d'éprouvettes et des prélévements effectués sur des Albanais implantés dans la région depuis des siècles, tous dotés d'un même groupe sanguin, O négatif. Dans un premier temps observée avec méfiance par les gens du village, elle fera connaissance avec le facteur Yussuf - qui parle de sa bicyclette comme d'une femme - le boulanger Mourad - aux bras qui sentent le feu de bois et une poitrine qui sent la farine chaude - ainsi qu'avec le bouquiniste kosovar qui lui souhaite la bienvenue dans l'enfer de Malaterra. Au coeur du récit, avec son lot de secrets bien gardés et de ses superstitions, s'impose Helena - muette comme le bois de son fusil, comme la margelle de son puits - qui a pendu sa fille deshonorée au figuier du jardin, réclamant son dû depuis trente ans qu'elle est sous terre.

Confrontée aux images d'un Luc qui lui était étranger - il aimait le raki, fumait le narguilé et jouait au trictrac avec les hommes - Laure se réfugiera dans ses notes qui ressemblent à la mousse sur une tombe non entretenue, s'éloignant peu à peu du but de son étrange pélerinage au nom de celui qui appartient désormais à celles qui le nourissaient et le faisaient rire auprès de ses frères en insoumission. 

Ce roman est truffé d'images sensuelles respirant l'authenticité, telles la réflexion du bouquiniste sur le livre: Il n'est pas nécessaire, dit-il, de lire un livre pour en connaître l'histoire. Les légendes circulent mieux à l'air libre, elles voyagent sur la voix, de bouche en bouche, de pays en pays. Les légendes n'ont pas besoin d'alphabet pour exister. Il faut regarder les pages comme on regarde une personne aimée, suivre les lignes du doigt sans essayer d'en déchiffrer l'écriture. Pareil à un animal familier, le livre a besoin d'être apprivoisé. Il faut le humer, le toucher, le caresser dans le sens du poil pour le connaître.

Un brin philosophe, Yussuf ajoute, à propos du langage: Mettre les mots sur des mots ne construit pas une maison, ne fait pas grandir un enfant ou un arbre, ne laboure pas un champ ni n'empêche les sauterelles de dévorer toute une récolte de maïs. Les pages qu'on écrit sur une table ne changent pas la forme de la table mais font exploser le cerveau de celui qui écrit. trop de mots fissurent le crâne et raccourcissent la vie

Le facteur des Abruzzes rappelle par son atmosphère le roman de Sylvie Tanette, Amalia Albanesi, paru chez le même éditeur, voici un an, et qui a fait en son temps l'objet d'une présentation dans ces colonnes.

Tout me ramène à toi parmi ces gens qui ne te connaissent pas, ne te ressemblent pas, ne parlent pas la même langue que toi... Mon pauvre amour, me pardonneras-tu un jour d'avoir manqué de temps pour t'aimer? Mon amour, souviens-toi de nous... se confie Luc dans une lettre à Laure qui ne quittera jamais les Abruzzes. Un autre mystère caché dans les arbres de Malaterra...

Une bien belle histoire, servie par une écriture chaleureuse et pleine de grâce, comme on voudrait en lire plus souvent!

Vénus Khoury-Ghata, Le facteur des Abruzzes (Mercure de France, 2012)

11:20 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/04/2012

La citation du jour

Albert Camus

littérature; essai; livres

L’histoire n’est que l’effort désespéré des hommes pour donner corps aux plus clairvoyants de leurs rêves.

Albert Camus, Actuelles - Essais (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1965)

19/04/2012

Musica présente 8 - Maria Callas

Maria Callas

cantatrice grecque et américaine, 1923 - 1977

*

Giacomo Puccini

Manon Lescaut

"Quelle trine morbide"

Philharmonia Orchestra

Tulio Serafin


00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Giacomo Puccini, Maria Callas, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/04/2012

Morceaux choisis - Luc Ferry

Luc Ferry

littérature; philosophie; livres

Sans ce sentiment que la vie passe et qu'il presse, on ne voit pas bien ce qui nous inciterait à nous lever le matin, à travailler, à tenter d'agir sur le monde, à hiérarchiser nos priorités et nos passions. Il se pourrait en dernière instance que ce soit cette réconciliation avec notre condition de mortels, cette acceptation de la finitude qui, d'une part, donne de l'intensité à l'existence et qui, de l'autre, puisse conférer à l'instant présent le statut de fragment d'éternité, nous inciter à ne pas nous presser afin de nous réjouir du simple fait d'exister, du fait même que les choses soient. Il faut avoir la mort en tête pour que le charme gratuit de l'existence nous apparaisse en tant que tel, pour que l'on puisse prendre plaisir au simple fait d'exister. Ces deux exigences, en apparence contradictoires, sont en fait indissociables et toutes deux dérivent de la conscience de la finitude. C'est parce qu'il y a urgence que nous ne laissons pas filer le temps, mais c'est aussi parce qu'il nous est compté, et que nous le savons, que nous pouvons parfois le laisser filer volontairement. Il faut tenir ensemble ces deux mouvements si l'on ne veut pas que la mort, déniée, s'empare subrepticement de la vie derrière notre dos.

Luc Ferry, L'anticonformiste - Une autobiographie intellectuelle / entretiens avec Alexandra Laignel-Lavastine (Denoël, 2012)

20:19 Écrit par Claude Amstutz dans Le monde comme il va, Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; philosophie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |