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05/04/2013

Morceaux choisis - Xavier Grall

Xavier Grall

Xavier Graal 2.jpg

Ah quand je mourrai
enterrez-moi à Ouessant
avec mes épagneuls
et mes goélands
ah quand je mourrai
mettez-moi en ce jardin de gravier.
 
Je te salue cantate de pierre
et de haute marée
je te salue psaume du littoral
je te salue chorale des noyés millénaires
perdus dans les vaisseaux
couronnés de mystères
qui s'en venaient des Guadeloupes milliardaires
en creusant des prières 
dans les entrailles des eaux.
 
Je te célèbre pavois des princes boucaniers
tannés au rhum brun des vents
Je te célèbre Ouest, havre vert
des butins et des songes.
Il faut chaque jour gagner sa légende
il faut chaque jour célébrer la messe de l'univers.
 
 Notre-Dame des printemps
quand dans l'aubier descendent les grives
et les ramiers dans les aulnes
des oiseaux du Levant et des Antilles
heureux,
s'en viennent aimer dans la rédemption
de tes îles.
 
Sous le vent
les marins parlent des Canaries
sous le vent
les terriens rêvent de Bali
les barques souquent leurs chaînes
et les cargos ont de gros yeux de buffle affamé
à l'écubier.
On va partir
good bye, kénavo.
 
Je vous célèbre matelots des errances
je vous célèbre pirates
grands amoureux des terres
je vous célèbre anarchistes de l'univers
pêcheurs de lunes et de trésors
ô vous les escrocs des anses
ô vous les ducs de la mer!
 
Et l'on s'en reviendra
de l'Ohio ou bien de Porto
disant la geste et la Saga
aux filles de Lorient
et de port Navalo.
 
Good bye, kénavo
nous allons respirer tous les parfums
nous allons danser la pavane de la mer
Dieu et le vent pour suzerains
nous allons fonder l'empire des paladins.
 
Ah quand je mourrai
enterrez-moi à Ouessant
avec mes épagneuls
et mes goélands
ah quand je mourrai
mettez-moi en ce jardin de gravier.
 

Xavier Grall, Le rituel breton / extrait, dans: Oeuvre poétique (Rougerie, 2011)

05:52 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Musica présente - 59 Thierry de Brunhoff

Thierry de Brunhoff

pianiste français, né en 1937

*

Frédéric Chopin

Ballade No 1 in G minor, Op 23 

Fantaisie Impromptu in C minor, Op 66

Berceuse in D major, Op 57


05:18 Écrit par Claude Amstutz dans Frédéric Chopin, Musica présente, Musique classique, Thierry de Brunhoff | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/04/2013

François Mauriac

Francois Mauriac 2.jpgFrançois Mauriac, Le noeud de vipères (Coll. Livre de poche, 2006)

 

Vieil avare qui veut se venger des siens en les déshéritant, Louis se justifie dans une sorte de confession qu'il destine à sa femme: elle le précède dans la mort. Dépossédé de sa haine et détaché de ses biens, cet anti-clérical sera touché, par la lumière, in articulo mortis.


Outre une peinture au vitriol de la bourgeoisie, ce roman est le journal d’un homme à la fin de sa vie. Respecté – à peine – pour sa réussite sociale, même des siens et détesté par les autres, il se révèle peu à peu attachant, libéré, humain. Un chef d’œuvre de Mauriac qui résiste à plusieurs lectures, au fil des années.

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans François Mauriac, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Le questionnaire Marcel Proust - 3/3

 

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Mes peintres favoris?

Sandro Botticelli, Amedeo Modigliani, Vincent Van Gogh, J.M.W. Turner, Johannes Vermeer, Nicolas de Staël.

Mes héros dans la vie réelle?

Jésus-Christ, les anonymes, les justes, mes proches.

Mes noms favoris?

Catherine, puis les prénoms féminins qui se terminent en "a"...

Ce que je déteste par-dessus tout?

L'asservissement, la médiocrité, l'hypocrisie, la lâcheté, la trahison, l'indifférence.

Caractères historiques que je méprise le plus?

Toutes les formes de totalitarisme au nom du pouvoir, de l'ordre, de l'argent ou des croyances.

Le fait militaire que j'admire le plus?

Toutes les formes de résistance au mal.

La réforme que j'estime le plus?

La lutte pour l'indépendance et l'égalité des femmes.

Le don de la nature que je voudrais avoir?

La tempérance, la sociabilité, la patience. 

Comment j'aimerais mourir?

De préférence sans trop souffrir, et vite...

Etat présent de mon esprit?

Comme une fleur épanouie, enraçinée dans la terre humide et fertile, inondée de soleil, auprès de mes amis visibles ou invisibles, sur ou sous la terre.

Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence?

Celles commises par amour.

Ma devise?

"Je n'ai pas peur, j'ai seulement le vertige." (René Char)

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Le questionnaire Marcel Proust, Marcel Proust, René Char | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : autobiographie | |  Imprimer |  Facebook | | |

03/04/2013

Morceaux choisis - Hâfez de Chiraz

Hâfez de Chiraz

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Ma Maîtresse tout à mon gré,
Rose au col, verre en main,
Le sultan du monde aujourd'hui,
Non, n'est pas mon cousin.
 
Point de flambeaux pour éclairer
Ce soir notre assemblée,
Quand déjà rayonne en son plein
L'Astre de mes pensées.
 
Et quant au Vin, s'il est, bien sûr,
Licite en notre rite,
Il ne l'est que si Ton sourire,
Belle, nous y invite.
 
Point n'est besoin dans cette salle
D'aucune cassolette,
Quand l'odeur de Ta Chevelure
Vient nous tourner la tête.
 
L'oreille est captive du chant
Des flûtes et des harpes, 
L'oeil pris aux lèvres de rubis,
Au circuit du hanap.
 
Qu'on ne me vante plus jamais
Les sucres les plus tendres,
Lorsque s'offrent Tes douces lèvres
A mes lèvres gourmandes.
 
Trésor est en mon coeur en ruine
Chagrin qui vient de Toi,
Refuge un cabaret ruiné,
Seul lieu digne de moi.
 
Ma honte est toute en mon honneur,
Mais honte je n'ai guère;
Mon honneur est tout en ma honte,
Mais d'honneur qu'ai-je à faire?
 
Je suis égaré, libertin,
Buveur, sans foi ni loi,
Mais quel est l'homme en cette ville
Qui ne soit comme moi?
 
Et vous, d'un mot dit au Censeur
Espérez-vous me nuire?
En vain! Il n'est pas différent
Et cherche son plaisir!
 
Ne demeurons jamais, Hâfez,
Sans Vin et sans brunette,
Quand fleurissent Rose et Jasmin
Et lorsque c'est la Fête!
 

Hâfez de Chiraz, Cent et un ghazals amoureux (coll. Connaissance de l'Orient/Gallimard, 2010)

traduit du persan par Gilbert Lazard

image: siminkhakpour.com

17:43 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Le questionnaire Marcel Proust - 2/3

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Mes auteurs favoris en prose?

William Shakespeare (d'accord, c'est du théâtre, mais...), Thérèse d'Avila (et les autres auteurs de spiritualité carmélitaine), Bernard de Clairvaux, H.B. Stendhal, Emily Brontë, Albert Camus, Simone Weil, Marcel Proust, François Mauriac, puis: Fiodor Dostoievski, Alexandre Dumas, Erri de Luca, Mario Rigoni Stern, Charles-Albert Cingria, Gustave Roud, Georges Simenn et j'en oublie...

Mes poètes préférés?

Charles Baudelaire, Paul Verlaine, Dante Alighieri, Giacomo Leopardi, Pétrarque, Rainer-Maria Rilke, Ossip Mandelstam, Anna Akhmatova, Fernando Pessoa, Mahmoud Darwich, Emily Dickinson, René Char, Louis Aragon, Paul Eluard, Maurice Chappaz, Jean-Michel Maulpoix, Abdellatif Laâbi, les auteurs de la Bible, et tant d'autres...

Mes héros dans la fiction?

Heatcliff ("Les hauts de Hurlevent"), Edmond Dantès ("Le comte de Monte Cristo"), Prospero ("La tempête").

Mes héroïnes favorites dans la fiction?

Cathy ("Les hauts de Hurlevent"), Tatiana ("Le songe d'une nuit d'été"), puis la Tosca et Carmen.

Mes compositeurs préférés?

Wolfgang-Amadeus Mozart, Franz Liszt, Jean-Sébastien Bach, Franz Schubert, Gustav Mahler, Ludwig van Beethoven, Joseph Haydn, Frédéric Chopin, Serge Rachmaninov, Antonio Vivaldi, Robert Schumann, Hector Berlioz, Alexander Scriabin, Bela Bartok, John Coltrane et (pour la chanson...) Barbara. Et ceux qu'il est injuste de ne pas mentionner...

 

(à suivre)

Le poème de la semaine

Louis Aragon

A la première Pâque il fleurie des lilas
La terre est toute verte oublieuse d'hiver
Tout le ciel est dans l'herbe et se voit à l'envers
A la première Pâque

A la Pâque d'été j'ai perdu mon latin
Il fait si bon dormir dans l'abri d'or des meules
Quand le jour brûle bien la paille des éteules
A la Pâque d'été

A la Pâque d'hiver il soufflait un grand vent
Ouvrez ouvrez la porte à ces enfants de glace
Mais les feux sont éteints où vous prendriez place 
À la Pâque d'hiver
 
Trois Pâques ont passé revient le Nouvel An
C'est à chacun son tour cueillir les perce-neige
L'orgue tourne aux chevaux la chanson du manège
Trois Pâques ont passé

Revient le Nouvel An qui porte un tablier
Comme un grand champ semé de neuves violettes
Et la feuille verdit sur la forêt squelette
Revient le Nouvel An

Saisons de mon pays variables saisons
Qu'est-ce que cela fait si ce n'est plus moi-même
Qui sur les murs écris le nom de ce que j'aime
Saisons de mon pays
Saisons belles saisons.


Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

02/04/2013

Le questionnaire Marcel Proust - 1/3

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Le questionnaire Marcel Proust n'a pas d'âge et conserve encore de nos jours tout son intérêt. Si vous voulez vous amuser un peu, faites comme moi, ci-dessous: Laissez-vous séduire et répondez aussi spontanément que possible à ce jeu anglais datant de 1860 environ et rendu célèbre par les réponses que Marcel Proust lui-même a fournies. Présenté ici-même en juin 2010, le voici actualisé cette semaine, en 3 parties dont voici la première...

Le principal trait de mon caractère?

L'intuition, puis la curiosité, la faculté d'émerveillement, la révolte, la prudence.

La qualité que je désire chez un homme?

La sensibilité, l'intelligence, le courage, la franchise.

La qualité que je préfère chez une femme?

Le charme, la complicité, l'humour, l'originalité, l'audace, l'intelligence, le désir.

Ce que j'apprécie le plus chez mes amis?

La simplicité, la loyauté, la spontanéité, la fidélité.

Mon principal défaut?

L'impulsivité, l'instinct de vengeance, même maîtrisé...

Mon occupation préférée?

L'amour, la lecture, la musique, la photographie, les ballades interminables en montagne.

Mon rêve de bonheur?

Vivre auprès de ceux que j'aime.

Quel serait mon plus grand malheur?

L'envers du bonheur: La perte de ceux que j'aime.

Ce que je voudrais être?

La sonate de Vinteuil (dans "A la recherche du temps perdu" de Marcel Proust).

Le pays où je désirerais vivre?

Où je vais, où je suis, auprès de mon amie de coeur et de mes amis. Sinon l'Oberland bernois, la Riviera vaudoise, la Toscane ou Londres.

La couleur que je préfère?

Le jaune, puis le rouge et le bleu.

La fleur que j'aime?

Le tamaya, le coquelicot, le camélia, toutes les fleurs sauvages des bois, des champs, de la montagne.

L'oiseau que je préfère?

Le rouge-gorge, puis le chardonnet, le merle, la sitelle, la mésange.

(à suivre)

23:33 Écrit par Claude Amstutz dans Le questionnaire Marcel Proust, Marcel Proust | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : autobiographie | |  Imprimer |  Facebook | | |

Marco Lodoli

9782357070028.gifMarco Lodoli, Iles - Guide vagabond de Rome (La Fosse aux Ours, 2009) 

 

Amoureux de l’Italie et de la littérature, ce délicieux recueil d’impressions romaines vous fera découvrir par une succession de portes dérobées, Rome telle que vous ne l’avez jamais vue! Vous y croiserez le fantôme de Vittorio Gassman, les vers de Leopardi ou de Montale, la via Veneto, Santa Maria in Aracoeli, la magie des fontaines, la philosophie des pâtes, l’âme changeante au gré des saisons. En moins de 220 pages, vous survolerez, ravi, plusieurs siècles d’histoire avec la légèreté de l’oiseau. Vous visiterez, vous apprendrez, vous vous divertirez tout au long de cette lecture, puis apaisé, vous gagnerez le pays des songes! Et le lendemain matin, vous vous hâterez de réserver une place dans le Cisalpino… Destination : Rome, bien sûr.

06:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Littérature italienne, Marco Lodoli | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; essai; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

La citation du jour

Friedrich Nietzsche

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Voyageur, qui es-tu? Je te vois aller ton chemin, sans sarcasme et sans amour, avec ton regard indéchiffrable; te voilà humide et triste comme la sonde qui des profonds abîmes remonte inassouvie à la lumière. Qu'es-tu allé chercher là-bas au fond? Aucun soupir ne gonfle ta poitrine, ta lèvre dissimule son dégoût, ta main ne saisit plus que lentement. Qui es-tu? Qu'as-tu fait? Repose-toi ici, ce lieu est hospitalier à tous, délasse-toi. Et qui que tu sois, dis-moi ce qui pourrait te plaire, dis ce qui pourrait servir à ton délassement. Tu n'as qu'à parler; ce que j'ai, je te l'offre. Délassement, délassement, ô curieux, qu'as-tu dit? Donne-moi, je t'en prie, donne-moi... Quoi donc? Un autre masque, un second masque?

Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal (coll. 10-18/UGE, 1994)

traduit de l'allemand par Geneviève Bianquis

image: cr44.fond-ecran-image.com 

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |