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23/04/2013

David Foenkinos

9782070126415.gifDavid Foenkinos, La délicatesse (Gallimard, 2009)

Une petite merveille que ce court roman, délicat et grave comme un film de François Truffaut. Chronique de la reconstruction de Nathalie après l’accident mortel de son mari, ce texte baigne dans une atmosphère douce traversée d’observations subtiles et justes sur la solitude intérieure, les émotions qui vont leur chemin plus vite que les mots et la renaissance amoureuse qui prend le visage que l’on n’attendait pas. Une fraîcheur bienvenue dans le monde des lettres francophones !

également disponible en format de poche (coll. Folio/Gallimard, 2011)

07:30 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

22/04/2013

Morceaux choisis - René Char

René Char

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merci à Anne-Marie GB

la liberté naît, la nuit, n'importe où, dans un trou de mur, sur le passage des vents glacés.

Les étoiles sont acides et vertes en été; l'hiver elles offrent à notre main leur pleine jeunesse mûrie.

Si des dieux précurseurs, aguerris et persuasifs, chassant devant eux le proche passé de leurs actions et de nos besoins conjugués, ne sont plus nos inséparables, pas plus la nature que nous ne leur survivrons.

Tel regard de la terre met au monde des buissons vivifiants au point le plus enflammé. Et nous réciproquement.

Imitant de la chouette la volée feutrée, dans les rêves du sommeil on improvise l'amour, on force la douleur dans l'épouvante, on se meut parcellaire, on rajeunit avec une inlassable témérité.

O ma petite fumée s'élevant sur tout vrai feu, nous sommes les contemporains et le nuage de ceux qui nous aiment! 

René Char, La nuit talismanique, dans: Oeuvres complètes (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1983)

07:16 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis, René Char | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

20/04/2013

La discothèque idéale

Bloc-Notes, 20 avril / Les Saules

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Il en est des discothèques idéales comme des anthologies de poésie: Aucune d'entre elles n'est une référence absolue, tant le choix peut s'avérer - heureusement - subjectif, personnel. Bertrand Dermoncourt et les autres contributeurs à cette nouvelle tentative, ne s'y trompent pas: Une fois la porte d'entrée franchie, c'est à vous de faire le chemin!

Pour le public qui avoue mal connaître certaines oeuvres ou pas du tout les compositeurs autres que les grands noms du répertoire, il trouvera une base dans cette tour de Babel de la musique classique, afin d'y bâtir ses propres fondations, selon les auteurs. On pourra regretter le parti pris de renoncer au mono ou live, privilégiant ainsi la qualité sonore ou technique des enregistrements proposés, au détriment de l'émotion qui peut nous gagner - malgré les imperfections - à l'écoute de certaines versions dites historiques.

Les enregistrements proposés sont généralement d'excellentes sélections, mais - comme dit plus haut - reflètent le choix des critiques de la revue Classica. Il n'est pas indispensable de partager leur avis! Parmi les heureuses surprises, je retrouve Chiara BanchiniRachel Podger, Christophe Rousset, Pierre Hantaï et Christian Zacharias, de même que les Ensembles Sequentia, Musica Nova, A Sei Voci et Concerto Köln, selon les oeuvres présentées. En revanche, je m'étonne de la présence excessive de Gustav Leonhardt ou Scott Ross - pas les meilleurs clavecinistes à ce jour - ainsi que de Anne-Sophie Mutter - même remarque en ce qui concerne le violon - mais à vous de chercher, de découvrir sans préjugés et guidés par vos propres frissons, les oeuvres qui sauront vous émouvoir à tout jamais.

Et si La discothèque idéale de la musique classique - plutôt sommaire - sous la direction de Bertrand Dermoncourt, peut y contribuer, j'en serai le premier ravi! Alors, chemin faisant, comme tant d'autres mélomanes, vous dénicherez à votre tour de nouveaux talents, plutôt rares dans cette présentation. Et c'est bien dommage... 

La discothèque idéale de la musique classique, sous la direction de Bertrand Dermoncourt (coll. Classica/Actes Sud, 2013)

image: Ensemble Sequentia (sequentia.org)

18:33 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Chiara Banchini, Littérature francophone, Musique classique, Rachel Podger | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer |  Facebook | | |

Lire les classiques - Théophile de Viau

Théophile de Viau

littérature; poésie; anthologie; livres

Heureux, tandis qu’il est vivant,
Celui qui va toujours suivant
Le grand maître de la nature
Dont il se croit la créature.
Il n’envia jamais autrui,
Quand tous les plus heureux que lui
Se moqueraient de sa misère,
Le rire est toute sa colère.
Celui-là ne s’éveille point
Aussitôt que l’Aurore point
Pour venir, des soucis du monde,
Importuner la terre et l’onde.
Il est toujours plein de loisir,
La justice est tout son plaisir,
Et, permettant en son envie
Les douceurs d’une sainte vie,
Il borne son contentement
Par la raison tant seulement.
L’espoir du gain ne l’importune,
En son esprit est sa fortune ;
L’éclat des cabinets dorés,
Où les princes sont adorés,
Lui plaît moins que la face nue
De la campagne ou de la nue.
La sottise d’un courtisan,
La fatigue d’un artisan,
La peine qu’un amant soupire,
Lui donne également à rire.
Il n’a jamais trop affecté
Ni les biens ni la pauvreté;
Il n’est ni serviteur ni maître,
Il n’est rien que ce qu’il veut être.
Jésus-Christ est sa seule foi.
Tels seront mes amis et moi.
 

Théophile de Viau, Ode, dans: Petite bibliothèque de poésie, coffret hors série de 12 volumes - Choix de André Velter (coll. Poésie/Gallimard et Télérama, 2013)

image: Tiziano Vecelli, Sagesse (http://fr.wahooart.com)

00:01 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/04/2013

Morceaux choisis - Romano Guardini

Romano Guardini

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J'étais assis au bord du Löchstal en Engadine. A mes pieds, la vallée se creusait brusquement. Au fond, tout en bas, le torrent coulait, jailli du glacier. De l'autre côté, c'était à nouveau le puissant ressaut des cimes. Ainsi, la vallée formait comme un immense berceau. Mais ce berceau n'était pas vide. Il était tout empli de silence.

J'étais seul. Pas un bruit à l'entour. Et pourtant l'oreille, celle du corps comme celle de l'âme, percevait le silence. Et le silence était quelque chose de si vaste, et de si profond, que j'en étais inondé, comme par une mer. Et si quelque léger bruit, le cri d'un oiseau, la chute d'une pierre, venait troubler le silence, le son en était tout ensemble si exact, si pur, et si dense qu'il me paraissait n'en avoir jamais entendu de pareil.

Romano Guardini, Promesses, dans: Daniel-Ange, Les feux du désert, vol. 2/Silences (Rémy Magermans, 1973)

image: Celerina/Grisons, Suisse (gemeinde-celerina.ch)

08:26 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; spiritualité; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/04/2013

La citation du jour

Johann Wolfgang von Goethe

citation; livres

Aie confiance en toi-même, et tu sauras vivre. 

Johann Wolfgang von Goethe, Faust (Bartillat, 2009)

image: Eugène Delacroix, Faust and Méphistopheles / 1826-1827 (rodoni.ch)

18:38 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Vendanges tardives - Du jardinier

Un abécédaire: J comme Jardinier

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Tu te souviens de Dialogue avec mon jardinier, le livre ou le film? J'y avais retenu cette phrase merveilleuse: Ton jardin, eh bien il est beau quand il me remercie d'avoir bien fait mon travail. Et le jardin, c'est un peu un lieu sacré pour moi où, comme en amour, je refais indéfiniment les mêmes gestes, avec prévenance, avec obstination et douceur. Tout à coup, j'interromps le mouvement, lève les yeux au ciel pour deviner ce que te disent les nuages d'un rose tendre en hiver, d'un bleu profond au printemps et, dès les premiers jours de beau temps, je m'immobilise pour écouter le chant des oiseaux: corbeaux, merles, moineaux, geais, mésanges, pics, rouges-gorges... Le bonheur?

Je ne saurais le dire, Fred, mais à coup sûr, avec ma pioche de jardinier du dimanche, mon balai de sorcière, mon sécateur usé par d'autres que moi et ce pas lent qui est devenu le mien, il me semble laisser une empreinte d'éternité, imprécise peut-être, fugace mais si belle, dans cette terre courtisée qui ne sera jamais tout à fait mienne. Et là, au moment où je te parle, refermant le portail sur la nuit qui s'achève, un peu à l'écart des rumeurs du monde, je les sens étonnement présents au coeur, ces hôtes de passage, amis ou artisans de ma banale histoire, qui semblent respirer entre les graviers, le lierre et les fleurs sauvages, qui font de ces quatre saisons une fête qui sans eux, ne sauraient ordonner les choses, leur donner sens et vie.

Un sentiment de bien-être qui, comme au théâtre, n'est jamais immobile, n'a pas vocation de durer, change et se renouvelle chaque jour, enfin puise sa beauté dans un silence pour s'achever en lui...

Le bonheur?     

Henri Cueco, Dialogue avec mon jardinier (coll. Points/Seuil, 2004)

image: Les Saules / Cologny (2013)

01:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

17/04/2013

Le poème de la semaine

Jean Genêt

Le vent qui roule un coeur sur le pavé des cours,
Un ange qui sanglote accroché dans un arbre,
La colonne d’azur qu’entortille le marbre
Font ouvrir dans ma nuit des portes de secours.

Un pauvre oiseau qui meurt et le goût de la cendre,
Le souvenir d’un oeil endormi sur le mur,
Et ce poing douloureux qui menace l’azur
Font au creux de ma main ton visage descendre.

Ce visage plus dur et plus léger qu’un masque,
Et plus lourd à ma main qu’aux doigts du receleur
Le joyau qu’il empoche; il est noyé de pleurs.
Il est sombre et féroce, un bouquet vert le casque.

Ton visage est sévère: il est d’un pâtre grec.
Il reste frémissant aux creux de mes mains closes.
Ta bouche est d’une morte et tes yeux sont des roses,
Et ton nez d’un archange est peut-être le bec.

Le gel étincelant d’une pudeur méchante
Qui poudrait tes cheveux de clairs astres d’acier,
Qui couronnait ton front d’épines du rosier
Quel haut-mal l’a fondu si ton visage chante?

Dis-moi quel malheur fou fait éclater ton oeil
D’un désespoir si haut que la douleur farouche,
Affolée, en personne, orne ta ronde bouche
Malgré tes pleurs glacés, d’un sourire de deuil?

Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

16:46 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Imprimer |  Facebook | | |

Musica présente - 61 Janet Baker

Janet Baker

cantatrice britannique, née en 1933

*

Gustav Mahler

Das Lied von der Erde

(James King, Royal Concertgebouw Orchestra, Bernard Haitink)


14:14 Écrit par Claude Amstutz dans Gustav Mahler, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

Le poème de la semaine

Blaise Cendrars

Je suis couché dans un plaid
Bariolé
Comme ma vie
Et ma vie ne me tient pas plus chaud
que ce châle écossais
Et l’Europe toute entière aperçue au coupe-vent
d’un express à toute vapeur
N’est pas plus riche que ma vie
Ma pauvre vie
Ce châle
Effiloché sur des coffres remplis d’or
Avec lesquels je roule
Que je rêve
Que je fume
Et la seule flamme de l’univers
Est une pauvre pensée...

Du fond de mon cœur des larmes me viennent
Si je pense, Amour, à ma maîtresse;
Elle n’est qu’une enfant, que je trouvai ainsi
Pâle, immaculée, au fond d’un bordel.

Ce n’est qu’une enfant, blonde, rieuse et triste,
Elle ne sourit pas et ne pleure jamais;
Mais au fond de ses yeux, quand elle vous y laisse boire,
Tremble un doux lys d’argent, la fleur du poète.

Elle est douce et muette, sans aucun reproche,
Avec un long tressaillement à votre approche;
Mais quand moi je lui viens, de ci, de là, de fête,
Elle fait un pas, puis ferme les yeux — et fait un pas.

Car elle est mon amour, et les autres femmes
N’ont que des robes d’or sur de grands corps de flammes,
Ma pauvre amie est si esseulée,
Elle est toute nue, n’a pas de corps — elle est trop pauvre.

Elle n’est qu’une fleur candide, fluette,
La fleur du poète, un pauvre lys d’argent,
Tout froid, tout seul, et déjà si fané
Que les larmes me viennent si je pense à son cœur.


Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle