Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

30/04/2013

Alexandre Tisma

littérature; nouvelles; livresAlexandre Tisma, Une nouvelle que je n'ai pas écrite (Le Serpent à Plumes, 2007)

 

La soirée devenait de plus en plus inhospitalière et froide, l'humidité des nuages bas s'était muée en neige, nous allions d'une rue à l'autre, traversions - par des ponts qui m'étaient inconnus - la Vlatava toute ridée de vagues, franchissions des distances toujours plus grandes entre les hôtels qui se faisaient plus rares. J'étais en pardessus, la tête couverte d'un bonnet, mais l'homme et la femme étaient légèrement vêtus, nu-têtes, et ne montraient pourtant, contrairement à moi, aucun signe d'impatience : ils marchaient d'un pas égal, et leurs paroles murmurées, légères, harmonieuses, prononcées tantôt par lui, tantôt par elle, s'entrelaçaient avec délicatesse entre leurs deux têtes penchées l'une vers l'autre.


Au contraire de L’école d’impiété paru chez le même éditeur, ces nouvelles qui révèlent les différentes facettes d'Alexandre Tisma - l'un des plus grands écrivains serbes du XXe siècle - sont empreintes de douceur, même si le regard de l’auteur sur le monde et les hommes demeure cruel et désespéré.

08:34 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; nouvelles; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Musica présente - 63 Mitsuko Uchida

Mitsuko Uchida

pianiste japonaise, née en 1948

*

Wolfgang Amadeus Mozart

Piano Concerto No 6 in B major, K 238

(English Chamber Orchestra, Jeffrey Tate)


08:30 Écrit par Claude Amstutz dans Musica présente, Musique classique, Wolfgang Amadeus Mozart | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

29/04/2013

Jean d'Ormesson

9782350870588.gifJean d'Ormesson, Odeurs du temps - Chroniques du temps qui passe (Héloïse d'Ormesson, 2007)

 

Enfin sont éditées ces Chroniques du temps qui passe parues autrefois dans le Figaro Littéraire et qui n’ont pas pris une seule ride ! Qu’il nous parle de Venise, de Mauriac, de Chateaubriand, de Raphaël ou de langue française ou de tennis, à chaque fois il nous invite à un voyage dans le temps sans carte ni boussole et, mon Dieu, comme c’est agréable de se laisser mener par le bout du nez, en compagnie d’un conteur si attachant.


également disponible en coll. de poche (Pocket, 2008)

08:16 Écrit par Claude Amstutz dans Jean d'Ormesson, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; chroniques; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

28/04/2013

Morceaux choisis - Michel Houellebecq

Michel Houellebecq

houellebecq-tt-width-604-height-400-attachment_id-265693.png

Ma vie, ma vie, ma très ancienne,
Mon premier voeu mal refermé
Mon premier amour infirmé
Il a fallu que tu reviennes
 
Il a fallu que je connaisse
Ce que la vie a de meilleur,
Quand deux corps jouent de leur bonheur
Et sans fin s'unissent et renaissent.
 
Entré en dépendance entière
Je sais le tremblement de l'être
L'hésitation à disparaître
Le soleil qui frappe en lisière
 
Et l'amour, où tout est facile,
Où tout est donné dans l'instant.
Il existe, au milieu du temps,
La possibilité d'une île.
 

Michel Houellebecq, Configuration du dernier rivage (Flammarion, 2013)

image: www.lesinrocks.com

09:13 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

27/04/2013

Vendanges tardives - De Kurosawa

Un abécédaire: K comme Kurosawa

Kurosawa HAL 1.jpg

Pour en revenir, Fred, à notre discussion de la nuit dernière, à propos du fossé qui se creuse entre les pauvres et les riches, n'importe où, sur tous les continents, je te propose ce soir - pour clore provisoirement le débat - d'aller au cinéma. Tu aimes, je le sais, autant que moi, les films de Akira Kurosawa, mais celui-ci, Entre le ciel et l'enfer - High and Low, en version anglaise - il se peut que tu n'en aies jamais entendu parler, moins célèbre que Les sept SamouraïsRashomon, Sanjuro, YohimboLa forteresse cachée, Le château de l'araignéeL'idiot, Vivre ou encore Dodes'kaden.

Réalisé en 1963, Entre le ciel et l'enfer est tiré - qui l'eut cru? - d'un thriller de Ed McBain, Rançon sur un thème mineur, librement adapté au cinéma par Akira Kurosawa. L'histoire? Celle de Gondo, chef d'entreprise prospère dans le commerce de la chaussure, habitant un quartier privilégié de Tokyo qui, un jour, reçoit à son bureau un coup de fil lui réclamant une rançon, s'il veut retrouver son fils vivant. Or, il s'avère que l'enfant enlevé est le fils de son chauffeur, non le sien. Et la demande de Takeuchi - le kidnappeur - demeure néanmoins inchangée. Que va-t-il décider? S'il paie, il sera ruiné!

Progressivement, tandis que la police s'efforce de retrouver la trace de l'argent, le spectateur quitte l'univers de l'air conditionné, des hommes d'affaires cyniques, de l'horizon propre et lisse qui baigne la demeure de Gondo, pour rejoindre un monde qui était jusqu'alors totalement occulté: celui des bas-fonds, de la prostitution, de la drogue et de la précarité.

Ainsi se justifie le titre du film, Entre le ciel et l'enfer, à travers cette lente et terrifiante confrontation de deux sociétés, dans la dernière partie du film - magistrale, l'un des points culminants dans l'oeuvre du maître - sur lesquels est posé le regard scrutateur et compatissant de Kurosawa, comme s'il semblait te dire qu'entre un Gondo qui, au début de l'histoire tout au moins, accepte le système, et Takeuchi qui se révolte contre lui, la frontière est mince, de même qu'entre le bien et le mal, la réussite et l'échec de ces deux hommes qui, va savoir, sont peut-être les deux faces de tout être humain.

Et de même qu'aujourd'hui, si Gondo aura appris quelque chose par cette terrible épreuve, Kurosawa, non sans ironie, laisse entendre que le ciel et l'enfer restent ce qu'ils sont - pour tous les autres - et qu'il n'y a pas de réponse satisfaisante à cette fracture de la nature humaine qui, dans ce film, entraîne chez le spectateur une sympathie pour Takeuchi qu'un Dostoïevski n'aurait pas désavouée... 

Kurosawa HAL 2.jpg

Kurosawa HAL 3.jpg

Kurosawa HAL 4.jpg

Akira Kurosawa, Entre le ciel et l'enfer (1963)

avec Toshiro Mifune, Tatsuya Nakadai, Kyōko Kagawa, Tatsuya Mihashi, Isao Kimura, Kenjiro Ishiyama, Takeshi Katōo, Takashi Shimura et Tsutomu Yamazaki

Musique: Masaru Satô

00:15 Écrit par Claude Amstutz dans Films inoubliables, Vendanges tardives - Un abécédaire 2013 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cinéma | |  Imprimer |  Facebook | | |

26/04/2013

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

monet_064.jpg

Puisque mai tout en fleurs dans les prés nous réclame,
Viens! ne te lasse pas de mêler à ton âme
La campagne, les bois, les ombrages charmants,
Les larges clairs de lune au bord des flots dormants,
Le sentier qui finit où le chemin commence,
Et l'air et le printemps et l'horizon immense,
L'horizon que ce monde attache humble et joyeux
Comme une lèvre au bas de la robe des cieux!
Viens! et que le regard des pudiques étoiles
Qui tombe sur la terre à travers tant de voiles,
Que l'arbre pénétré de parfums et de chants,
Que le souffle embrasé de midi dans les champs,
Et l'ombre et le soleil et l'onde et la verdure,
Et le rayonnement de toute la nature
Fassent épanouir, comme une double fleur,
La beauté sur ton front et l'amour dans ton coeur!
 

Victor Hugo, Leschants du crépuscule, suivi de: Les Voix intérieures - Les Rayons et les Ombres (coll. Poésie/Gallimard, 2002)

image: Claude Monet, Champ d'avoine et coquelicots (http://lacouleurdesjours.blogspot.ch)

11:00 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

25/04/2013

La citation du jour

Marcel Jouhandeau

citation; livres

Nous ne nous ennuyons jamais ensemble... C'est la meilleure façon de s'aimer.

Marcel Jouhandeau, Algèbre des valeurs morales (Gallimard, 1935)

image: Frank Bernard Dicksee (www.lesrevesdusimorgh.net)

08:33 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Morceaux choisis - Antonio Tabucchi

Antonio Tabucchi

Antonio Tabucchi.jpg

On est en train de le suivre, le personnage inconnu qui est arrivé en Crète pour rejoindre une agréable localité marine et qui à un certain moment, brusquement, pour une raison elle aussi inconnue, a pris une route en direction des montagnes. L'homme poursuivit jusqu'à Mourniès, traversa le village comme s'il savait où aller, sans savoir où il allait. En réalité il ne pensait pas, il conduisait et c'est tout, il savait qu'il allait vers le Sud, le soleil encore haut était déjà dans le dos. 

Depuis qu'il avait changé de direction il avait retrouvé cette sensation de légèreté qu'il avait éprouvée pendant quelques instants à la petite table du glacier en regardant d'en haut l'ample horizon: une légèreté insolite, et en même temps une énergie dont il ne gardait pas mémoire, comme s'il était redevenu jeune, une sorte de subtile ivresse, presque un petit bonheur. Il arriva jusqu'à un village qui s'appelait Fournès, traversa le bourg avec assurance, comme s'il connaissait déjà la route, il s'arrêta à un croisement, la route principale continuait sur la droite, il s'engagea sur la route secondaire qui indiquait Lefka Ori, les montagnes blanches. Il poursuivit tranquillement, la sensation de bien-être se transformait en une sorte d'allégresse, un air de Mozart lui vint en tête et il sentit qu'il pouvait en reproduire les notes, il commença à les siffloter avec une facilité qui le stupéfia, en se trompant de ton de façon pitoyable sur un ou deux passages, ce qui le fit rire.

La route filait entre les âpres gorges d'une montagne. C'étaient des lieux beaux et sauvages, l'automobile parcourait une étroite bande d'asphalte le long du lit d'un torrent à sec, à un moment le lit du torrent disparut entre les pierres et l'asphalte se transforma en un sentier de terre, dans une plaine dénudée au milieu des montagnes inhospitalières, pendant ce temps la lumière tombait, mais il allait de l'avant comme s'il connaissait déjà cette route, comme quelqu'un qui obéit à une mémoire ancienne ou à un ordre reçu en rêve, et à un certain point il vit sur un poteau branlant une pancarte en fer-blanc avec des trous comme si elle avait été transpercée par des balles ou par le temps et qui disait: Monastiri, le monastère. 

Il suivit cette direction comme si ça avait été ce qu'il attendait jusqu'à ce qu'il voie un petit monastère avec un toit à moitié en ruine. Il comprit qu'il était arrivé. Il descendit. La porte dégondée de ces ruines penchait vers l'intérieur. Il pensa qu'il n'y avait désormais plus personne dans ce lieu, un essaim d'abeilles sous le petit portique semblait en être l'unique gardien. Il descendit et attendit comme s'il avait rendez-vous. Il faisait presque nuit. 

Dans l'embrasure de la porte apparut un moine, très vieux et se déplaçant avec difficulté, il avait l'aspect d'un anachorète, avec les cheveux hirsutes sur les épaules et une barbe jaunâtre, que veux-tu? lui demanda-t-il en grec. Tu connais l'italien?, répondit le voyageur. Le vieux fit un signe d'assentiment de la tête. Un peu, murmura-t-il. Je suis venu prendre le relai, dit l'homme.

4956410539_d2745c785f_o.jpg

Antonio Tabucchi, Contretemps/ extrait, dans: Le temps vieillit vite (coll. Folio/Gallimard, 2010)

traduit de l'italien par Bernard Comment

image: Ile de Spinalonga, Crète (www.tangka.com)

24/04/2013

Le poème de la semaine

Soeur Marie-Pascale, carmélite

Si le vase à parfum est mort
si mon coeur misérable n'est un grenier à blé
où prendre à pleines mains le blé de la bonté
pour conforter le mur qui branle
pour pardonner sept fois le jour
comment ferai-je
si d'heure en heure
je n'ai reçu dans mon cellier
le vin du roi?
 
Et si je n'ai contre ses pieds
avec d'immenses clameurs
donné mes fautes
d'où me viendra le baume guérisseur?
 
Oh! que m'emplisse sa rivière
que j'aille consolée
que les bouleaux
les brebis les scarabées les frères
s'y abreuvent
et qu'elle ait le goût de narcisse et de lilas
la source
de trèfle rouge et de sureau
 
et qu'y viennent de préférence
ceux qui n'ont ni blé ni myrrhe
ni miel
et de la tendresse à revendre

 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle
 

08:23 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Quelques traces de craie dans le ciel - Anth | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie | |  Imprimer |  Facebook | | |

23/04/2013

Musica présente - 64 Colin Davis

Colin Davis

chef d'orchestre britannique, 1927 - 2013

*

Hector Berlioz

Harold in Italy, Op 16

(Yehudi Menuhin, Philharmonia Orchestra)


10:19 Écrit par Claude Amstutz dans Hector Berlioz, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |