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19/08/2014

La musique sur FB - 2139 L.van Beethoven

Ludwig van Beethoven

String Quartet in E major, Op 127

II. Adagio ma non troppo e molto cantabile

 

Tokyo String Quartet


00:02 Écrit par Claude Amstutz dans La musique sur Facebook, Ludwig van Beethoven, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique; facebook | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/08/2014

Morceaux choisis - René Depestre

René Depestre

littérature; poésie; anthologie; livres

Lente, gloire lente, femme lente,
Lente, tu es lente,
À l’heure somptueuse du corps.
Tu es le temps qui console
Tu es le sablier de la douceur
Ton corps mesure en moi la force des marées
Ton corps indique le temps infini
Encore un instant de bonheur!
Encore l’oubli, encore une victoire glorieuse sur la mort!
Encore toi, encore ta haute vague!
Encore ta jeunesse qui brûle!
Encore ta gloire, encore ton délire!
Lente, gloire lente, femme lente,
Tes cheveux, tes cuisses, tes os,
Ton enfance, tes poupées, ta joie
Pénètrent jusque dans mes os.
Lente, gloire lente, femme lente
Tes caresses me suivront jusque dans la poussière!

René Depestre, Le temps de Nelly Compano, dans: Rage de vivre - Oeuvres poétiques complètes (Seghers, 2007)

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17/08/2014

Robert Bober

9782070445592FS.gifRobert Bober, On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux (coll. Folio/Gallimard, 2012)

Avec On ne peut plus dormir tranquille quand on a une fois ouvert les yeux - titre emprunté à l'auteur de La plupart du temps, Pierre Reverdy - Robert Bober délivre son style magique de conteur et nous entraîne sur le plateau du tournage de Jules et Jim où le personnage central du roman, Bernard - un double de son ami Robert, à la fois inventé et bien réel - se voit confier un rôle de figurant. Cet événement sert de prétexte à décrire, de Belleville à Ménilmontant, le Paris des années 60, ses cafés, ses artistes, les chansons d'Aristide Bruant, les films de Marcel Ophüls, de Jacques Becker et bien sûr de François Truffaut. A la manière d'un Robert Doisneau, le regard de Robert Bober nous entraîne avec beaucoup de tendresse, d'humour et de nostalgie, dans ce récit truffé d'anecdotes pittoresques, qui n'en est pourtant qu'à ses balbutiements.

A la fin du tournage, en effet, Bernard tout fier d'apparaître dans le film, invite sa mère au cinéma pour partager avec elle ce moment de bonheur. A la sortie de la salle, sa mère bouleversée, s'accroche à son bras et lui confie que Jules et Jim - un ménage à trois, disait François Truffaut - c'est son histoire... Il va ainsi plonger dans le passé, sur la trace de son père qu'il a perdu trop jeune - mort en déportation - et de son beau-père - disparu dans l'avion qui coûta la vie à Marcel Cerdan - tous deux amoureux de la même femme, sa mère, amis depuis leur jeunesse en Pologne. La correspondance avec sa tante des Amériques, Esther - la soeur de son père, nous immerge une fois encore dans le monde du cinéma, des Ziegfeld Follies à Harpo Marx, renouant par ce biais les liens familiaux qui, pour un temps, s'étaient malencontreusement interrompus.

Au dernier chapitre de ce livre, le narrateur entreprend un voyage à Auschwitz, pour rejoindre son père, une dernière fois: Je n'ai pas noté le numéro du block consacré aux déportés venant de France. Celui où naturellement on nous conduisit d'abord. Je n'ai pas entendu ce que dans ce lieu le guide nous disait. Il y avait là, devant moi, la photographie de mon père. Celle que je connaissais et que j'avais toujours vue dans son cadre de cuir brun posée sur le buffet de la salle à manger. Sur cette photo, considérablement agrandie, mon père avait retrouvé sa dimension d'homme. Nous étions là, ensemble, debout, tout près, l'un en face de l'autre, dans la même immobilité. Nous avions le même âge. Il me souriait.  

Beaucoup d'émotion contenue, de délicatesse et de pudeur dans ce roman de Robert Bober qui évite soigneusement les pièges du mélodrame, avec cette infinie douceur d'un funambule qui foule la neige, atténuant les rumeurs alentour, les yeux tendus vers le ciel et les étoiles. 

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16/08/2014

La musique sur FB - 2138 J.J.Froberger

Johann Jakob Froberger

Suite XXX en la mineur

"Plaincte faite à Londres pour passer la melancolie la quelle se joüe lentement et à discretion"

 

Andreas Staier


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Morceaux choisis - Dino Buzzati

Dino Buzzati

littérature; chroniques; musique; morceaux choisis; livres

Durant cette mémorable soirée, la tension atteignit son apogée non pas pendant le spectacle mais avant que ce dernier ne commence... Il flottait comme un vague relent de cour d'assises au moment de l'ouverture d'un grand procès. Accusée, inutile de le préciser: Maria Callas. Allait-elle être pleinement acquittée? Ou devrait-on se contenter de l'absence de preuves? Ou courait-on le risque d'une peine de prison à perpétuité? Mais la salle du tribunal était tellement remarquable, les juges tellement jeunes, les avocats tellement fascinants, les huissiers eux-mêmes tellement décoratifs, le public tellement choisi et aristocratique, que peu à peu le sort de l'accusée a fini par passer au second plan, et toutes les personnes présentes se sont laissé aller au plaisir de se trouver là, dans une ambiance fantastique faite de luxe, de chic, de parfums, d'insouciance, au point d'en oublier tout le reste. Les lumières déjà, s'étaient éteintes et le bruissement de la salle était en train de s'apaiser lorsque, venue des premières rangées de fauteuils au parterre, on entendit une voix d'homme qui demandait distinctement: Mais de qui donc est ce Poliuto? - Nous avons eu Virgillito l'autre jour, disait quelqu'un près de nous, et aujourd'hui, c'est la Callas. Ca ne fait pas une grande différence. Aujourd'hui aussi, il y a un titre en jeu: va-t-elle résister à cette nouvelle épreuve? D'accord, Maria est une femme et une artiste formidable, une sorte de Maginot. Contre cette ligne Maginot, sont arrivés les panzers des mauvaises langues, les stukas des envieux, et elle a résisté sans perdre son impassibilité. Mais ce soir, ou ça passe ou ça casse. Ce soir, c'est la bombe nucléaire. Pour la Callas, cette soirée va être la plus difficile de toute sa carrière...

Le chroniqueur loyal et objectif que je suis demeure dans un grand embarras. Parce que si l'on en juge par le tonnerre d'applaudissements et de vivats, la Callas a obtenu un certain succès, un succès certain même, un enthousiasme sans précédent. Mais on peut poser un diagnostic tout à fait différent si l'on se fie à l'atmosphère complexe qui régnait, si l'on observe l'expression des visages, si l'on écoute les commentaires des spectateurs.

L'un disait: Elle a réussi l'épreuve. Rien à dire. La Callas reste la Callas. Un deuxième affirmait: Elle se défend encore bien. C'est encore un chant bien net. Tout particulièrement dans les gammes chromatiques. Un troisième: Certes, on a l'impression que c'est comme avant, mais en réalité ce n'est plus du tout ça. Il n'y a plus la même pugnacité, il n'y a plus le sortilège, il n'y a plus la tigresse. Un quatrième: Mais quand même, qu'est-ce qu'elle est devenue belle! Quoi? Si c'est vrai qu'elle s'est fait refaire le nez? Mais même pas en rêve, je te promets que je sais tout sur ces choses-là. C'est un miracle, un miracle. Moi, la question que je me pose c'est ce qu'elle a fait des cinquante kilos qu'elle a perdus. Elle devrait avoir la peau toute flétrie, si on pense à la quantité de chair qu'il y avait à l'intérieur, avant. Eh bien non: elle est toute mince, lisse, fraîche comme une toute jeune fille. Un cinquième: Tu sais qui c'est, la Callas? C'est la Mina du théâtre lyrique. Et il avait de toute évidence l'intention de faire le plus grand des compliments...

Moi je pense à ce pauvre Donizetti. Il est capable de penser que tous ces gens sont venus exprès pour lui.

Dino Buzzati, Moi aussi j'étais à La Scala ce soir-là / extrait, dans: Chroniques terrestres (Laffont, 2014)

image: www.qobuz.com

La musique sur FB - 2137 G.Donizetti

Gaetano Donizetti

"Poliuto"

Scena Finale

 

Maria Callas, Franco Corelli

Ettore Bastianini

Coro & Orchestra del Teatro Alla Scala di Milano

Antonino Votto


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15/08/2014

Morceaux choisis - Abdellatif Laâbi

Abdelattif Laâbi

littérature; poésie; anthologie; livres

Que de musiques
nous ont accompagnés
et sont devenues au fil des ans
une chronique parallèle
des minutes de notre vie
la petite
et la grande
avec ses coups de boutoir
et ses deuils
ses joies natives
et ses noces improvisées
 
Que de chansons
nous ont abreuvés
et nourris
du suc de la fraternité
préparé par les mains les plus délicates
que d'aucuns tyrans
sont allés jusqu'à couper
comme s'ils pouvaient ainsi
faire disparaître
la lumière.

Abdellattif Laâbi, La Saison manquante, suivi de: Amour jacaranda (La Différence, 2014)

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14/08/2014

La citation du jour

Yukio Mishima

citation; livres 

Quiconque manque d'imagination n'a d'autre choix que de fonder ses conclusions sur la réalité qu'il voit autour de lui. Mais, d'autre part, ceux qui sont doués d'imagination ont tendance à bâtir des châteaux forts dont ils ont eux-même tracé le plan et à en condamner toutes les ouvertures.

Yukio Mishima, La Mer de la fertilité, vol. 1 - Neige de printemps (coll. Folio/Gallimard, 2001)

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13/08/2014

Musica présente - 68 Frans Brüggen

Frans Brüggen

chef d'orchestre et flûtiste néerlandais, 1934 - 2014

*

Joseph Haydn

Symphony No 104 in D major, Hob.I:104

(Radio Kamer Filharmonie)


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Le poème de la semaine

Andrée Chedid

Parcourir l'Arbre 
Se lier aux jardins 
Se mêler aux forêts 
Plonger au fond des terres 
Pour renaître de l'argile
 
Peu à peu 
S'affranchir des sols et des racines 
Gravir lentement le fût
Envahir la charpente
Se greffer aux branchages
 
Puis dans un éclat de feuilles 
Embrasser l'espace 
Résister aux orages 
Déchiffrer les soleils 
Affronter jour et nuit
  
Evoquer ensuite 
Au cœur d'une métropole 
Un arbre un seul 
Enclos dans l'asphalte
Eloigné des jardins 
Orphelin des forêts
 
Un arbre 
Au tronc rêche 
Aux branches taries
Aux feuilles longuement éteintes
 
S'unir à cette soif 
Rejoindre cette retraite 
Ecouter ces appels
 
Sentir sous l'écorce 
Captives mais invincibles 
La montée des sèves 
La pression des bourgeons 
Semblables aux rêves tenaces 
Qui fortifient nos vies
 
Cheminer d'arbre en arbre 
Explorant l'éphémère 
Aller d'arbre en arbre 
Dépistant la durée.
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle