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14/08/2012

La citation du jour

Henri Laborit

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D'un ami on n'attend ni morale, ni règlements de manoeuvres, ni principes, ni lois. Ce qu'on demande à un ami, c'est son amitié, et tout le reste on laisse à ses pires ennemis le soin de l'inventer. 

Henri Laborit, Eloge de la fuite (coll. Folio Essais/Gallimard, 1989)

image: Henri Laborit (boutique.ina.fr)

08:12 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

13/08/2012

Lire les classiques - John Keats

John Keats

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Le jour s'est enfui - et toutes les douceurs avec lui!
Douce voix, douces lèvres, douce main, seins plus doux encore,
Souffle chaud, soupirs de transe, tendre chuchotement,
Oeil brillant, forme accomplie, taille langoureuse!
Enfuis la fleur et ses charmes rêvés
Enfuie de mes yeux la vue de la Beauté
Enfuie de mes bras la forme de la Beauté
Enfuies, la voix, la chaleur la blancheur paradisiaques
Disparues sans attendre, avec la lumière,
Quand le jour et la nuit ont commencé à tisser
La trame épaisse d'ombre du Plaisir secret.
Mais j'ai lu tout le jour le missel de l'Amour
Et il me laissera dormir, voyant que je jeûne et prie.
 

John Keats, Les Odes (Arfuyen, 2009)

traduit de l'anglais par Alain Suied

image: Jean-Baptiste Perronneau, Mademoiselle Huquier, 1747 (eurocles.com)

11:08 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/08/2012

Au bar à Jules - Du roman

Un abécédaire: R comme Roman

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Dans Carnets du vieil écrivain, Jean Guéhenno écrit ceci à propos du roman: Lit-on un grand roman? On s'identifie à son héros. On y vit par procuration. Et cela devient  plus conscient, et vient le moment où on ne lit plus pour aucun intérêt, pour aucun profit, rien que pour admirer, en toute gratuité et dans une joie indéfinissable, au-delà de soi-même. Dès lors, on devient de plus en plus difficile. On ne supporte plus les fantômes d'auteurs, les fantômes d'ouvrages. Mais un vrai livre est devenu la chose la plus précieuse. Un homme vous parle et il vous semble qu'il dise précisément ce que vous attendiez, ce que vous vouliez dire mais n'auriez jamais su dire. C'est tout simple et merveilleusement étrange.

A quelques nuances près, tel est mon sentiment quand je découvre un roman qui me captive dès les premières lignes, aussi redoutables que les dernières. Mais alors, d'où vient cette réticence qui me saisit bien souvent, à propos de la littérature française tout particulièrement? Autrefois, invité de la célèbre émission Apostrophes de Bernard Pivot, Maurice Nadeau , éditeur de Malcolm Lowry, Witold Gombrowicz, Leonardo Sciascia, Georges Perec et Hector Bianciotti entre autres, rappelait - je cite de mémoire - ce qu'est un roman: une oeuvre d'imagination, avec un début, une fin, un cadre, des personnages et une action... Le dictionnaire Littré lui fait écho en ces termes: Une histoire feinte, écrite en prose, où l'auteur cherche à exciter l'intérêt par la peinture des passions, des moeurs, ou par la singularité des aventures.

Et c'est là que la bât blesse, car en France tout est roman, notamment cette majorité de titres parmi les nouveautés dont la qualité n'est pas toujours en cause, mais qui mériterait le titre de récit ou de fiction romanesque - histoire réelle ou inventée que l'on raconte par écrit - ou d'autofiction - autobiographie empruntant les formes narratives de la fiction - prétexte à une quête identitaire de l'auteur. Un éditeur justifiait cette étiquette arbitraire de roman, afin que ses livres puissent figurer sur les rayonnages des grandes chaînes de la distribution. Dans le cas contraire: aucune chance!

Les vrais romans sont ainsi devenus, dans leur construction et leur qualité, plutôt rares. On ne dira jamais assez combien l'émergence du Nouveau Roman aura laissé des traces - exception faite de Samuel Beckett et de Nathalie Sarraute - qui ressemblent à un séisme dont les prolongements demeurent vifs dans la littérature française actuelle. Avec l'acuité habituelle de son regard, Alexandre Vialatte notait: On a tout essayé pour trouver du nouveau: le roman sans histoire, le roman sans personnages, le roman ennuyeux, le roman sans talent, peut-être même le roman sans texte. La bonne volonté a fait rage. Peine perdue, on n'est parvenu à créer que le roman sans lecteur. C'est un genre connu depuis longtemps!

Rien de tel par exemple chez les anglo-saxons, les italiens ou les espagnols qui savent encore raconter des histoires. Et si nous ne goûtez pas trop les auteurs étrangers, (re)lisez un bon auteur classique ou parmi les auteurs actuels, un roman de Philippe Claudel ou de Pascal Quignard. Vous ne le regretterez pas...  

Jean Guéhenno, Carnets du vieil écrivain (Grasset Digital, 1971)

Alexandre Vialatte, La porte de Bath-Rabimm (Julliard, 1986) 

image: Jean-Jacques Henner, La femme qui lit (culture.gouv.fr)

11/08/2012

Carson McCullers

9782253035893.gifCarson McCullers, La ballade du café triste (Coll. Livre de poche, 2000)

Amelia Evans inspire le respect de ses concitoyens : on apprécie autant l'alcool qu'elle distille clandestinement que ses talents de guérisseuse. Le mystère plane cependant autour d'elle... Cette aventure pleine de mystère et d'humour donne son titre à ce recueil de nouvelles très représentatives du talent de Carson McCullers.

Peu d’écrivains ont su, avec autant de simplicité et d’émotion contenue, évoquer ce besoin effréné d’amour, en contrepoint à la solitude, à l’injustice, à la fragilité intérieure des êtres. L’immense écrivain de Le cœur est un chasseur solitaire signe, avec ce livre, un chef-d’œuvre de la littérature américaine.

04:18 Écrit par Claude Amstutz dans Carson McCullers, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; nouvelles; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

10/08/2012

Lire les classiques - Victor Hugo

Victor Hugo

littérature; poésie; anthologie; livres

pour Catherine P

Quand deux coeurs en s'aimant ont doucement vieilli
Oh! quel bonheur profond, intime, recueilli!
Amour! hymen d'en haut! ô pur lien des âmes!
Il garde ses rayons même en perdant ses flammes.
Ces deux coeurs qu'il a pris jadis n'en font plus qu'un.
Il fait, des souvenirs de leur passé commun,
L'impossibilité de vivre l'un sans l'autre.
Chérie, n'est-ce pas? cette vie est la nôtre!
Il a la paix du soir avec l'éclat du jour,
Et devient l'amitié tout en restant l'amour!

Victor Hugo, Toute la lyre - Poésie, vol. 4 (coll. Bouquins/Laffont, 2002)

image: Chemin de Ruth, Cologny

08:59 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone, Rosebud | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Sylvie Aymard

9782862312149_1_75.jpgSylvie Aymard, La vie lente des hommes (Maurice Nadeau, 2010)

En 1939, c'est la mobilisation générale et Bussy, 13 ans, est conduite par son père Matteo loin de Paris afin d'échapper aux affres de la guerre. Avec son drôle de diable dans le regard et sa beauté à couper le souffle, elle tombe sous le charme de Daniel, un jeune résistant qui lui rend la paix de l'enfance, mais ce dernier est tué, et la blessure de Bussy qui s'en suit ne se refermera jamais. Pourtant, à la Libération, le hasard lui fait rencontrer Tristan, qui s'amourache d'elle, l'épouse et adopte son enfant, Esther. Il croit au bonheur, tente l'impossible pour raviver la gaieté enfuie de Bussy, mais s'il se montre exemplaire, est-il en revanche capable d'aimer? Pas d'imprévu ou de passion avec un homme parfait? Bien plus tard, elle part pour se recueillir sur la tombe de son père en Sicile et ne reviendra pas. Réconciliée avec elle-même? Peut-être. Libre? Enfin!

Les pages autour de la rencontre de Bussy et Daniel sont sublimes: Bussy espérait sourdement que rien ne commencerait jamais pour elle, qu'on lui laisserait la liberté de se raconter des histoires, de s'engourdir, de se mirer. Sa splendeur lui suffisait... et plus loin: Rose et fraîche dans le grand manteau rêche, il l'enferma. Elle le fixa de ses yeux bleus d'enfant et de voyante. Un cri sous les arcades moussues du pont se mêla au vent, au clapotis des poissons, à la roue cerclée d'une charrette sur le dur. La brise retroussa les feuilles sensibles des arbres...

Ce roman bouleversant, avec ses phrases courtes, son émotion contenue - 140 pages à peine - est servi par une écriture qui rappelle Maupassant pour son atmosphère mélancolique, ou Bernanos pour son intériorité qui ne parvient pas à franchir les lèvres.

Sylvie Aymard a déjà publié Courir dans les bois sans désemparer (2006) et Du silence sur les mains (2008) parus chez le même éditeur.E

 

00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (2) | |  Imprimer |  Facebook | | |

09/08/2012

Morceaux choisis - Vincenzo Consolo

Vincenzo Consolo

littérature; récit; morceaux choisis; livres

Alors toi, les vains présents des hôtes moqueurs, la tromperie du viatique, la hantise du but (tu as enfermé tes remords dans la cage de l'eau, dans la volière du vent) et moi, voix rauque dans l'air retentissant, gauche rapporteur de ton long voyage, allons. Le navire laboure l'étendue plate, le courant blafard, il fait lentement voile vers le port sûr, le rivage certain, vers les spectres du temps. L'histoire est toujours la même.

La tempête s'est apaisée, dans la grotte la nappe de l'écume se fige sur la jarre enfouie. Tu espères que le cercle - stigmates, taches et mousses fiévreuses - se refermera dans le calme. Ignore le présage, le doute philologique, qu'il puisse t'arriver de loin ou de la mer. Tu ne sais à qui dévoiler le secret qui gît dans les racines, dans le tronc de cet arbre, ta maison est vide, ton appel se perd en traversant les chambres. Tu avances en des couloirs d'ombre, tu te retournes et ne vois que tes traces. Une poussière tomba sur tes yeux, un sommeil dans l'absence. Que la fumée du soufre serve à ta conscience. Que le calme t'aide à présent à retrouver ton nom d'antan, le point de départ.

In my beginning is my end.

Et pourtant, des sirènes hurlent dans cette anse, des carcasses remontent à la surface, des navires clandestins abordent, l'aube ouvre leur vol aux oiseaux de passage. Par deux, gendarmes et artificiers avancent, en groupes, les âmes dissoutes, parfois les voix, les visages, les rues, les portes d'entrée et de sortie se confondent.

Recherche dans le grenier catalogues et cartes, recommence à partir de pâles traces - le désert est angoisse - la piste que le sable a recouverte. Que l'ermite, l'exilé, le reclus t'assistent, que la flamme d'une lampe, les sonorités du soir te guident, que ta peine, ta détresse t'absolvent.  

Vincenzo Consolo, Le palmier de Palerme (Seuil, 2000) 

traduit de l'italien par Jean-Paul Manganaro

08/08/2012

Musica présente - 26 Nathalie Stutzmann

Nathalie Stutzmann

cantatrice et chef d'orchestre française, née en 1965

*

Jean Sébastien Bach

Cantate BWV 42, Sinfonia

Cantate BWV 133 - "Getrost"

Cantate BWV 33 - "Wie furchtsam wankten meine Schritte"

Cantate BWV 174 - Sinfonia

Cantate BWV 4 - Sinfonia

Cantate BWV 169 - "Stirb in mir, Welt und alle deine liebe"

Passion St Matthieu BWV 244 - "Erbarme dich"

Cantate BWV 21 - Sinfonia

 Cantate BWV 74 - "Nichts kann mich erretten"

(Ensemble Orfeo 55)

pour Judith S et Joëlle C




08:15 Écrit par Claude Amstutz dans Jean Sébastien Bach, Musica présente, Musique classique, Nathalie Stutzmann | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : musique classique | |  Imprimer |  Facebook | | |

Le poème de la semaine

S. Corinna Bille

Comme je te revois bien,
Ce soir dans mes pensées.
Oh! mon tout petit jardin.
 
Je marche lentement
Sur les dalles marbrées
De ton sentier.
Il y a un peu de vent
Dans les peupliers.
Il y a un peu de rose dans le ciel.
Il doit encore y avoir 
Des dents-de-lion dans l'herbe.
Et les grillons
chantent de nouveau, je pense.
Et sur la mosaïque de la fontaine
L'oiseau du paradis
N'a pas encore avalé sa pomme.
Et dans la niche,
La madone en bois peint
Est revenue.
 
Mais sa couronne
A ses pieds est tombée,
Et la "grille du couvent"
est restée entr'ouverte...
 
Oh! pourquoi ce soir
Suis-je dans ce petit jardin?
Qui respire l'odeur de l'air?
Qui sent le vent dans mes cheveux...?

 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle

07/08/2012

La citation du jour

Jean-Michel Maulpoix

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Ecrire est averse de neige. Quand le silence du ciel qui ne tient plus tombe sur la campagne et la mer en essaim d'abeilles froides. Ainsi arrive-t-il en pleine nuit que le ciel tout à coup inverse sa noirceur. Une floraison de blancheur dans l'obscur, telle serait la page qui se couvre de signes. Car ce n'est pas l'encre qui noircit le papier, mais plutôt ce blanc-là qui remonte et trouve une issue, faufilé dans les interstices entre les signes sombres.

Jean-Michel Maulpoix, Chutes de pluie fine (Mercure de France, 2002) 

image: Brigitte Pellerin, Champ de neige (2002)

http://www.pellerin.eu/2.html