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22/08/2012

Clémence Boulouque

9782207260111.gifClémence Boulouque, Survivre et vivre - Entretiens avec Denise Epstein (Denoël, 2008)

Denise Epstein est née en 1929, année de parution de David Golder, le premier succès littéraire d'Irène Némirovsky. Fille de la romancière, elle est jetée de plein fouet dans la vie, en juillet 42, lorsque les gendarmes français viennent arrêter sa mère dans le village où sa famille a trouvé refuge. Quelques mois plus tard, son père, Michel Epstein, est lui aussi déporté puis exécuté. C'est tout un itinéraire, à la fois exemplaire et reflet du siècle, qui se lit dans ces entretiens de Denise Epstein: une enfance choyée, une adolescence laminée par la peur, un âge adulte sans repères, une vie de militante dans les années soixante et soixante-dix, enfin un timide retour vers le judaïsme qui n'interdit pas - on le comprend - un procès fait à Dieu pour ses absences et notamment celle qui l'a privée des siens, même s'ils ne cessent de l'accompagner. Pour, comme elle, vivre et survivre...

Ce livre n’est pas un devoir de mémoire, pas davantage une biographie, mais un éclairage personnel, intime, affectueux, sur sa fille Irène Némirovsky, auteur - entre autres récits - de Suite française, Prix Renaudot 2004. Sous la plume de Clémence Boulouque, admirable courroie de transmission, Denise Epstein évoque ces fragments de vie, en témoin des années de guerre, préludes à d’autres combats qui se déroulent sous nos yeux comme un rayon de soleil dans la nuit.

07:04 Écrit par Claude Amstutz dans Clémence Boulouque, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; essai; témoignage; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

21/08/2012

Morceaux choisis - Tamara Ganieva

Tamara Ganieva

Plage FB.jpg

J'ai cent ans
Je mesure en siècles
La tristesse de mes victoires et de mes défaites
Je n'interroge pas avec ma curiosité oiseuse
Le lointain encore invisible de mon destin...
 
L'année a passé
Est-ce un siècle?
La plaine des années est vaste...
Et leur compte est sans fin
 
Seule dans les ténèbres, fière et insoumise,
J'observe leur cours infini...
 
Je suis une femme
Je touche à l'éternité
J'ai vécu et lutté des centaines d'années
Dans les bras du Temps je fusionne avec lui
 
Viens, mon heure! Je t'ai tant attendue!
Prends-moi
Garde-moi! 
Donne-moi les brides d'un cheval invisible
Je ramènerai ma tresse en chignon
Et je m'envolerai
Sans qu'on puisse me retenir!
 

Tamara Ganieva, Voix de femmes - Anthologie / Poèmes et photographies du monde entier (Editions Turquoise, 2012)

image: sophieetlavie.over-blog.com

11:20 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

20/08/2012

Quentin Mouron 1b

Bloc-Notes, 20 août / Cologny

En marge de ce très beau roman, voici une interview - en deux parties - accordée par Quentin Mouron qui mérite bien tout l'intérêt que suscitent ses textes...





Quentin Mouron, Notre-Dame-de-la-Merci (OlivierMorattel, 2012)

Quentin Mouron, Au point d'effusion des égouts (Olivier Morattel, 2011)

09:11 Écrit par Claude Amstutz dans Bloc-Notes, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; entretiens; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

Quentin Mouron 1a

Bloc-Notes, 20 août / Thonon-les-Bains

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Il m'arrive de redouter la lecture d'un nouveau roman, parce que j'ai beaucoup aimé le précédent du même auteur - généralement le premier - et que je voudrais, comme dans la vraie vie, réduire au mieux la frange de mes déceptions possibles. Si j'ajoute qu'avant même la parution dudit roman, la presse dans une belle unanimité, crie au chef-d'oeuvre, l'inquiétude grandit. La méfiance aussi, avec cette désagréable impression de n'avoir plus rien à découvrir avant même la première ligne, que les jeux sont faits. Le danger enfin de m'exposer à dire les mêmes choses que tout le monde - le péché d'orgueil cher à nos amis catholiques! - ou oser exprimer que je n'aime pas ce livre, qu'à tout prendre il serait préférable de n'en pas parler, par délicatesse.

Cela m'est arrivé avec Quentin Mouron, mais toutes ces interrogations qui m'ont parcouru, pêle-mêle, se sont dissipées dès les premières lignes de Notre-Dame-de-la-Merci dont il est dit à juste titre qu'elles signent souvent - avec les dernières - un bon livre: C'est un matin de novembre. Les premiers flocons tombent sur la forêt québecoise. Le vieux Pottier a connu l'ennui. Qui dévore les personnes et les choses, les forêts, et qui balaie la neige. L'ennui silencieux, angoissé, que l'on ne peut pas dire parce que les mots nous manquent et qu'ils nous ont toujours manqué.

En quelques lignes, le décor est planté, est condensée toute l'atmosphère de ce qui va par la suite réunir trois antihéros sans ambition ni espoir véritable, qui se contentent de s'arranger avec la vie, parce que les dés sont pipés depuis trop longtemps pour qu'ils puissent se hasarder à autre chose. Il y a Jean, le fils du vieux Pottier qui s'est pendu - à qui il fait les poches pour lui piquer sa montre en or et un billet de vingt dollars -, une brute ivrogne, médiocre, qui voudrait devenir quelqu'un. Et Odette - après le décès de son type - est tombée amoureuse de lui, parce qu'elle croit qu'après tous ses déboires, il pourrait lui montrer qu'elle existe, alors qu'il s'en fout et ne pense qu'au fric qu'elle a amassé en vendant de la coke. Au contraire de Daniel, un ouvrier intermittent et rêveur de ce village de retraités paisibles, qui aime Odette, serait prêt à tout pour la mériter, au bout du compte. Enfin, il y a le narrateur de ce récit, du côté de ces trois-là, qui aimerait leur tendre une main, les retenir, à la corniche, éviter qu'ils ne plongent. C'est à lui que l'on doit l'un des plus beaux passages de ce roman, où il évoque l'église de Notre-Dame-de-la-Merci, la grande embrouille, les questions sans réponse, les nouveaux dieux: ceux qui fourguent leur camelote, le confort même s'il y manque toujours quelque chose. L'éternité peut-être...

En revanche, au regard de personnages si denses que la structure du récit - plus aboutie que dans Au point d'effusion des égouts - et la progression dramatique amplifient à merveille, les réflexions du narrateur manquent parfois de profondeur - à propos de l'hédonisme, du libre arbitre et du destin - ou en voix off prolongent ce que la qualité de l'écriture, la description des personnages, le déroulement de l'action ont si bien rendu sans lui: un tremblement plein de tendresse pour ces amputés du coeur.   

Cette réserve étant faite, malgré une intrigue assez noire et désespérée, une humanité sans fard transpire de cette histoire dont le point d'orgue est la difficulté voire l'impossibilité de traduire en mots les rêves, les désirs, les blessures les plus secrètes. Ainsi Daniel - et c'est une des scènes les plus bouleversantes du livre - transi d'amour devant Odette - mais auprès de laquelle les mots n'arrivent pas (...) Les mots qui comptent lui manquent tous.

Odette et Daniel glissent vers le gouffre qui s'est ouvert entre ce qu'ils sont et ce qu'ils aimeraient être. Cet abîme saignant que chacun vit pour soi, duquel on peut crier mais l'autre ne répond pas. La neige a fini de tomber. Le vent ne souffle plus. Il n'y a que des hommes et la nuit. Et les hommes crient et la nuit se tait. Du bord de la falaise, il serait vain de pointer un vainqueur, de dire que celui-ci va se perdre plus que l'autre, ou qu'un tel va mourir, ou qu'un tel autre vivra. Du haut de la falaise je ne vois que des perdants. Des perdants qui crient. Et la nuit qui les brise.

Et c'est ainsi - pour paraphraser l'ami Vialatte - que Quentin Mouron est grand!     

Quentin Mouron, Notre-Dame-de-la-Merci (Olivier Morattel, 2012)

Quentin Mouron, Au point d'effusion des égouts (Olivier Morattel, 2011)

09:11 Écrit par Claude Amstutz dans Alexandre Vialatte, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; roman; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/08/2012

Morceaux choisis - Marina Tsvetaeva

Marina Tsvetaeva

littérature; poésie; anthologie; livres

Il est une heure légère
comme un sac jeté à terre,
orgueil dompté en soi!
L'heure du disciple,
dans la vie de tous elle sonne,
retentit et puis s'en va.
 
Heure solennelle:
rendant les armes
devant celui que Sa main désigne,
nous échangeons la pourpre du guerrier,
contre la peau d'une bête fidèle.
 
O heure bénie qui nous appelle
et nous enlève au jeu des jours,
ô heure oû le fruit mûr et lourd,
gonflé de sève, fait ployer la branche.
 
L'épi grossit.
Sonne l'heure joyeuse,
les graines appellent le moissonneur.
La loi
- joug espéré, destin -
a retenti dès le sein de la mère!
 
Heure du disciple!
Déjà visible et pressentie
- vient à sa suite, bénie sois-tu -
l'heure sublime,
de solitude lumineuse.
 

Marina Tsvetaeva, Mon dernier livre / édition bilingue - 1940 (Cerf, 2012)

traduit du russe par Véronique Lossky

image: lewebpedagogique.com

09:29 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

18/08/2012

Morceaux choisis - Charles-Albert Cingria

Charles-Albert Cingria

Charles-Albert Cingria.jpg

Est arrivé dans ma chambre quelque chose comme un avion cette nuit. J'ai réfléchi que cela devait être un de ces noirs insectes énormes attirés par la lumière. Et je n'ai même pas regardé. Ah mais le lendemain quand le soleil déjà cruellement dardait, quelle chose lamentable s'est offerte à ma vue! Oui, c'était bien un démesuré cétoine, le dos renversé, dont les pattes en l'air et bougeant encore au milieu d'un peuple de sales hideuses petites fourmis qui s'acharnaient pour lui ôter le fil de la vie. Et elles paraissaient y réussir - oui réussir cette chose injuste et monstrueuse - lorsque je compris que j'avais un rôle à jouer oui un rôle de géant, de géant de Gulliver. Je pris l'insecte par le dos et le nettoyai sous le robinet. Cette eau dut lui faire du bien après toutes ces brûlures entre les pattes et les plis de la tête et partout. Mais il était à la mort et ce que je faisais était peut-être inutile. Je n'en continuai pas moins, outré contre les fourmis et plein de déférence pour ce noble animal. Et quand je l'eus rendu à sa dignité et remis dans sa position normle et capable de défensive - s'il en avait encore le sens - j'allai le placer sous les branches d'une plante à l'abri du soleil qui l'aurait encore fait souffrir, et je retournai aux fourmis qui étaient encore massées en quantité innombrable à l'endroit où avait commencé de se perpétrer ce hideux drame. J'étais le géant dans Gulliver. J'empoignai mes savates à semelles de caoutchouc et les exterminai toutes. Pas une ne devait subsister, pas une. Cela me prit au moins dix minutes, mais j'y eusse dépensé une heure et plus s'il eût fallu, tant la révolte contre un procédé pareil avait envahi mon âme. Car c'est superbe un de ces coléoptères comme celui-ci, superbe et de grande taille et noble - noble, je le répète - et digne en tout point de compassion et d'extinction de tout autre sentiment devant des circonstances surtout comme celle-là.

Charles-Albert Cingria, Epiphanies - Chronique caniculaire / Oeuvres complètes vol. 2 (L'Age d'Homme, 2012)

17/08/2012

Morceaux choisis - Ananda Devi

Ananda Devi

littérature; poésie; anthologie; livres

A quoi pensais-tu en descendant ces marches
que tu ne remonterais plus
 
Je voudrais savoir
percer ta brume et ton mystère
et ta bouche close
Ton âme mystique ton silence
 
Savoir
Ce qui t'a poussé ce jour-là
ton plateau de fruits aux mains
Savoir
Ce que tu allais chercher là-bas
ce que tu demandais de l'ombre
Ce que tu exigeais des dieux
Ce que tu franchissais de néants
Les adieux que tu laissais comme des cendres
De tes paumes multipliées
 
Savoir
Ce que tu pensais rejoindre
Ou quitter
Voler de vos ailes car tu ne supportais plus
Savoir ta main tendue et dépliée
comme le front de l'eau
Ta main molle souple doucement lâchée
pieds titubés
 
Visage plongeant dans l'eau tiède de ses offrandes
de ses miettes de prières
de ses promesses diluées
 
Très haut le soleil chauffait
chauffait
très loin les cloches sonnaient
 
Cloches soleil fleurs ébréchées
eau blondie vie percée tachée de lassitude 
 
Qui tu es mon père
Mieux vaut ne pas savoir
 
Les cloches ont trop longtemps sonné
dans le temple enfumé
De très loin j'ai entendu les chants
Et respire l'âpre sueur des bois de manguier
L'encens le ghee l'adieu
 
Moi je n'ai pas fait mes adieux
Pourquoi l'aurais-je fait
Je ne t'ai pas vu
Je te vois toujours marcher parmi les arbres
Arracher une mauvaise herbe
d'une plate-bande négligée
Ecrire dans ton cahier tes mille choses inutiles
Bribes brèves 
bruits de tes vies qui se fendent
 
On ne saura jamais
Je n'ai pas cherché à savoir
Je t'ai laissé tes secrets
Je ne saurai jamais
 
Si je l'avais pu
Je t'aurais écouté vivre
Vivre
Jusqu'à en mourir
 

Ananda Devi, Le long désir (Gallimard, 2003)

image: Pascal Quelen (photos.linternaute.com)

07:06 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

16/08/2012

Au bar à Jules - De Simenon

Un abécédaire: S comme Simenon

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Georges Simenon ressemble à un membre de ma famille. Il me semble l'avoir toujours côtoyé à travers les enquêtes du commissaire Maigret que je dévorais en vacances - haut comme trois pommes - sur les plages italiennes, puis les séries télévisées avec Jean Richard et Bruno Cremer, enfin les films tirés de son oeuvre, avec Albert Préjean, Pierre Renoir, Harry Baur, Jean Gabin et Charles Laughton.

Une autre raison de proximité est liée à mon père qui - autour de la cinquantaine - était surnommé Maigret, avec sa collection de pipes, son pas tranquille, et qui était bien plus à l'aise avec ses proches collaborateurs ou les ouvriers qu'avec la classe dirigeante de son entreprise dont pourtant il faisait partie. Un point de ressemblance avec SimenonClasses dirigeantes, gentilhommes, personnalités distinguées, classes sociales sont des mots que je hais depuis mon enfance, parce que depuis mon enfance je n'arrive pas à les comprendre. Ou plutôt je ne comprends que trop bien, que même en démocratie, chacun a son rang déterminé qui dépend surtout du bon vouloir du pouvoir.

Plus tard, je me suis passionné pour les autres romans de Simenon et films adaptés de ses livres, dont j'aimais les personnages souvent solitaires ou meurtris envers lesquels l'auteur semblait faire preuve - au contraire des nantis - d'une empathie toute particulière. Parmi les premières lectures, ce furent Le destin des Malou, La neige était sale, L'horloger d'Everton, Le rapport du gendarme et Les demoiselles de Concarneau. Tant d'autres, par la suite parmi lesquels deux titres éclairent l'homme Simenon - déjà présentés dans ces pages -, Pedigree et Les mémoires de Maigret.

A propos de son style si caractéristique, je me souviens d'avoir suivi une série d'entretiens radiophoniques sur France Culture, où Simenon expliquait que, si le lecteur était dès les premières lignes happé par l'intrigue romanesque, l'atmosphère, la progression dramatique, cela provenait de ses débuts d'écrivain dans la presse où il fallait d'emblée captiver et éveiller la curiosité de découvrir la suite du récit, le lendemain. Pas de verbiage inutile chez lui: Pendant l'écriture d'un livre, il s'agit que j'écrive aussi rapidement que possible en y pensant le moins possible, de façon à laisser travailler l'inconscient. Au fond, un roman que j'écrirais consciemment serait probablement très mauvais. Il ne faut pas que l'intelligence intervienne pendant l'écriture du roman.

Je ne me suis intéressé que tardivement à l'homme dont je voulais nuancer le portrait caricatural retenu par le grand public au cours de ses dernières années. Deux images en disent long sur ce vrai Simenon qui transparaît dans ses écrits: L'important, à mes yeux, c'est que je ne suis jamais devenu une grande personne et que mes réactions soient les mêmes que lorsque j'avais moins de quinze ou seize ans. A soixante-dix ans j'agis, je pense, et me comporte comme l'enfant d'Outremeuse.

Et, ailleurs: Si dans mes romans je prends des hommes très quelconques, c'est que pour moi ils représentent davantage l'homme qu'un normalien, un général, un dictateur, un savant, un génie quelconque. Et si mes personnages ratent, c'est que l'homme rate, fatalement. C'est même à mes yeux, le seul drame: la disproportion entre ce que l'homme voudrait, pourrait être, entre ses aspirations et ses possibilités.

Au coeur de l'humain, l'ami Simenon!

Michel Lemoine,  Simenon - Ecrire l'homme (coll. Découvertes/Gallimard, 2003)

Pierre Assouline, Simenon (coll. Folio/Gallimard, 1996)

15/08/2012

Musica présente - 27 Clara Haskil

Clara Haskil

pianiste roumaine et suisse, 1895-1960

*

Wolfgang Amadeus Mozart:

Piano Concerto No 20 in D minor, KV 466 / No 24 in C minor, KV 491 / No 13 in C major, KV 415 (Orchestre des Concerts Lamoureux, Igor Markevitch)

Piano Concerto No 13 in C major, KV 415 / III. Rondo allegro (Festival Strings Lucerne, Rudolf Baumgartner)

Rondo for Piano and Orchestra in A major, K 386 (Wiener Symphoniker, Bernhard Paumgartner)

Piano Concerto No 23 in A major, KV 488 (Wiener Symphoniker, Paul Sacher)

Piano Concerto No 27 in B flat major, KV 595 (Bayerisches Staatsorchester, Ferenc Fricsay)

Variations for piano in C major, KV 265 / Piano Sonata No 10 in C major, KV 330

Variations for piano In D Major, KV 573 / Piano Sonata No 2 in F major, KV 280

 Ludwig van Beethoven:

Piano Sonata No 18 in E-flat major, Op 31 / No 17 in D minor, Op 31

Robert Schumann:

Abegg Variations, Op 1 / Kinderszenen, Op 15

Franz Schubert:

Piano Sonata No 21 in B-flat Major, D 960

merci à Sara G


Le poème de la semaine

Jean-Pierre Schlunegger

Dans un café j'ai mis mon bras sur tes épaules 
Mon bras mes mains
J'ai vu tes yeux dans la carafe de vin noir
La groseille du verre illuminait ta joue
Tu renversais la tête contre le bois
 
La porte s'ouvrait sur des hommes
Ils apportaient le bruit du lac
Et son haleine d'algue en pénétrant ta robe
Brouillait aussi tes yeux faisait battre ton coeur
 
Tu m'apportes la nuit du lac sur tes épaules
Galets polis par la paume des vagues
Ton corps brun comme un jeune bourgeon
de noisetier
Respire avec le calme des animaux sages
 
Tes épaules me donnent la nuit du lac
Tu me donnes le ciel le soleil et la terre
Et je repose en toi comme sur l'eau la barque
 
 
Quelques traces de craie dans le ciel,
Anthologie poétique francophone du XXe siècle