10/08/2012
Sylvie Aymard
Sylvie Aymard, La vie lente des hommes (Maurice Nadeau, 2010)
En 1939, c'est la mobilisation générale et Bussy, 13 ans, est conduite par son père Matteo loin de Paris afin d'échapper aux affres de la guerre. Avec son drôle de diable dans le regard et sa beauté à couper le souffle, elle tombe sous le charme de Daniel, un jeune résistant qui lui rend la paix de l'enfance, mais ce dernier est tué, et la blessure de Bussy qui s'en suit ne se refermera jamais. Pourtant, à la Libération, le hasard lui fait rencontrer Tristan, qui s'amourache d'elle, l'épouse et adopte son enfant, Esther. Il croit au bonheur, tente l'impossible pour raviver la gaieté enfuie de Bussy, mais s'il se montre exemplaire, est-il en revanche capable d'aimer? Pas d'imprévu ou de passion avec un homme parfait? Bien plus tard, elle part pour se recueillir sur la tombe de son père en Sicile et ne reviendra pas. Réconciliée avec elle-même? Peut-être. Libre? Enfin!
Les pages autour de la rencontre de Bussy et Daniel sont sublimes: Bussy espérait sourdement que rien ne commencerait jamais pour elle, qu'on lui laisserait la liberté de se raconter des histoires, de s'engourdir, de se mirer. Sa splendeur lui suffisait... et plus loin: Rose et fraîche dans le grand manteau rêche, il l'enferma. Elle le fixa de ses yeux bleus d'enfant et de voyante. Un cri sous les arcades moussues du pont se mêla au vent, au clapotis des poissons, à la roue cerclée d'une charrette sur le dur. La brise retroussa les feuilles sensibles des arbres...
Ce roman bouleversant, avec ses phrases courtes, son émotion contenue - 140 pages à peine - est servi par une écriture qui rappelle Maupassant pour son atmosphère mélancolique, ou Bernanos pour son intériorité qui ne parvient pas à franchir les lèvres.
Sylvie Aymard a déjà publié Courir dans les bois sans désemparer (2006) et Du silence sur les mains (2008) parus chez le même éditeur.E
00:02 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (2) | | Imprimer | Facebook |
Commentaires
merci Claude, tu donnes bien envie de lire ce livre bref ...je crois que je vais le chercher et le mettre au programme ... merci de nous donner envie de lire, il y a des temps où on l'oublie
Écrit par : gilda nataf | 23/07/2010
Je viens de terminer ce livre. C'est une merveille! Je suis toujours surprise qu'un écrivain puisse sortir des phrases d'une telle intensité avec si peu de mots......
C'est un livre qui ne s'oublie pas et qui marque par son intensité.
Merci Sylvie Aymard pour ces instants de bonheur!
Écrit par : protat andrée | 10/01/2011
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