05/09/2012
La citation du jour
Jacques Izoard
Ne dis pas ce qu'il faut dire: terre, nuage ou ciel. Mais écoute la petite angoisse comme du fil blanc. Mais accueille avec ferveur l'écho de la rose qui s'ouvre.
Jacques Izoard, Le bleu et la poussière (La Différence, 1998)
00:07 Écrit par Claude Amstutz dans La citation du jour, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citation; livres | | Imprimer | Facebook |
03/09/2012
Morceaux choisis- Jacques Ancet
Jacques Ancet
C'est dis-tu ce qu'on appelle le présentce qui toujours nous suit toujours nous précèdeon voudrait dire cette chose sans corpsmais qui fume des corpset ils flottent tournent comme des feuillesqui un instant s'enflammentbrûlent puis s'éteignent et d'autres leur succèdentdans l'immobile jaillir que nul ne voitpuisqu'il est dans nos yeux nos bouches nos gestesqui le font être ce mouvement d'eau vivelui donnent cette existence qu'il n'a pasalors d'un bouquet d'éclairs naît la lumièred'une grappe d'éclats la lenteur du jourles images où nous croyons toucher la viela forme rassurante de chaque choseton visage et mon visage qui s'approchentconfondent dans la même ombre leur profiltout ce qui dure le temps d'un bref regardon l'habite peut-être une main se poseon entend une phrase voilà la neigeferme la porte et déjà on ne sait plusquand ni où puisque cela n'a pas d'histoireil y a seulement la même stupeur derrière la vitreune blancheur sans motsles pas qui se perdent sous le réverbèresur le seuil la déchirure de l'espaceet la voix qui répète voilà la neigeet tout le paysage qui nous regardec'est tout cela qu'on voudrait direce rien où toujours tout ne cesse de commenceralors je dis je sais que c'est une imagetu me brûlesparce que c'est comme du feu entre nousmême si vraiment rien ne brûlesi c'est plutôt parfois comme la fraîcheuravec ton rire d'un éclat d'eaule clair de ton visage qui vientet c'est encore ce qui nous recommencenous fait remonter la pente du désastreencore la vie au milieu de la mortla pierre se délite le tronc pourritle corps se décompose et l'air reste seul en silencecomme pour veiller l'absenceet pourtant on marche au-devant du matincomme si on ne devait jamais mourirpuisqu'on est làles mouettes crient le froid fumesur les lèvres les doigts touchent le métal d'une cléla forme humide d'une rampecomme si oui c'était la première foistu me brûlesil y a dans le petit jourvenue d'une porte entrouverteune odeur de café fraisj'avance dans la lumière à ta rencontreje traverse une rueson fracas à cinq heures pour te rejoindrej'ai toutes les raisons de désespérermais tu es là tu sourisbonjour dis-tu
Jacques Ancet, La brûlure (Lettres Vives, 2002)
image: meriamr.centerblog.net
23:50 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
Jean-Louis Kuffer
Jean-Louis Kuffer, Riches heures: Blog-Notes 2005-2008 (L'Age d'Homme, 1999)
Dans le sillage des Passions partagées – ouvrage indispensable à tous les découvreurs de littérature et édité par Bernard Campiche – je retrouve ici avec beaucoup de plaisir cet attachant passeur de livres qui invite au voyage, de C.F. Ramuz à Vassili Grossman, de Marcel Aymé à Joseph Czapski, de Flannery O’Connor à Georges Simenon. Veilleur attentif aux battements de cœur du monde, ses interrogations ne laissent jamais indifférent et corrigent avec ses réflexions ou ses indignations, ma propre vision de l’univers, chahutée avec bonheur. Si au passage je côtoie Paul Cézanne, Pierre Bonnard ou encore Ingmar Bergman, ce sont les notes écrites à La Désirade – son domicile fixe – qui m’envahissent de leurs humeurs délicates, là où la culture rejoint la vraie vie, sur un fond de toile impressionniste, vouée à demeurer inachevée. Merci, JLK !
07:48 Écrit par Claude Amstutz dans Charles Ferdinand Ramuz, Jean-Louis Kuffer, Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; livres | | Imprimer | Facebook |
02/09/2012
La citation du jour
Henry Miller
Plus l'homme est créateur, plus il est certain de reconnaître son créateur. Ceux qui résistent le plus fortement ne font que prouver plus fortement son existence. Etre pour est aussi courageux que d'être contre; la différence est que celui qui lutte contre a le dos tourné à la lumière. Il combat sa propre ombre. C'est seulement quand ce jeu d'ombres l'épuise, quand il tombe à plat que la lumière, en passant sur lui, lui révèle les splendeurs qu'il avait prises pour des fantômes.
Henry Miller, Le temps des assassins - Essai sur Rimbaud (Denoël, 2000)
09:44 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; essai; morceaux choisis; livres | | Imprimer | Facebook |
Jack London
Jack London, La route... Les vagabonds du rail (Coll. Libretto/Phébus, 2001)
La route en question, c'est le libre et dur chemin du hobo, ce vagabond sans feu ni lieu qui voyage sur l'essieu des wagons, dort au creux des fossés, mange ce qu'il chaparde, ou ce que lui offrent les bonnes âmes, et ne connaît bien souvent d'autre toit que celui de la prison. Pendant l'année 1893-94, l'auteur - il a alors 18 ans - parcourt de la sorte quelque 20 000 km à travers les États-Unis, à la barbe de la police. Malgré la faim, les dangers, les humiliations. Il en tire un récit à la Chaplin : soulevé de bout en bout par un formidable appétit de vivre, un humour et un culot également désarmants. L'un des plus beaux hymnes jamais dédiés à la jeunesse et à la liberté. Farouche pourfendeur de la monotonie, Jack London se mêle au fil de ces récits aux miséreux, clochards, mendiants et vagabonds qui sillonnent les Etats-Unis. Leçon de vie d’un voyageur sans billet, ces célébrations du moment présent demeurent très actuelles.
publié dans le supplément La bibliothèque idéale des vaudois / 24 Heures
06:26 Écrit par Claude Amstutz dans La bibliothèque idéale des vaudois, Littérature étrangère | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; récit; livres | | Imprimer | Facebook |
01/09/2012
Morceaux choisis- Jean-Loup Charvet 1b
Testament de l'artiste lyrique Jean-Louis Charvet - décédé le 25 mai 1998 à l'âge de trente-sept ans - L'éloquence des larmes est accompagné d'un CD, avec des oeuvres de Johann Christoph Bach, Michel Lambert, François Couperin, Georg Friedrich Haendel et John Dowland. Ce dernier est choisi ici avec Flow my Tears, interprété par Jean-Louis Charvet et le groupe instrumental La Réjouissance, sous la direction de Stefano Intrieri.
Jean-Loup Charvet, L'éloquence des larmes - Livre/CD (Desclée de Brouwer, 2001)
11:14 Écrit par Claude Amstutz dans Georg Friedrich Haendel, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
Morceaux choisis- Jean-Loup Charvet 1a
Jean-Loup Charvet
Pleurer est une autre manière de voir, d'entendre, de parler, mais aussi et tout simplement d'aimer. (...) On pleure, comme on aime, sans savoir pourquoi ni comment. Nous ne sommes jamais maîtres de nos larmes, mais tenus par le mouvement qu'elles expriment. L'âme ne sait pas pour lors ni comment ni pourquoi elle aime. Elle ne sait ce qu'elle fait ni ce qu'elle dit, mais elle brûle, elle languit, elle meurt (François Malaval). Le sens de nos larmes, celui de notre amour, de nos actes ou de nos pensées nous sont donnés: nous avons à brûler, à languir, à mourir. (...)
C'est quand nous avons cédé sous le poids de la tristesse qu'éclate notre joie. (...) L'énergie interne de la larme est une énergie profondément jubilatoire. Joie, joie, pleurs de joie. Pascal ne professe pas sa foi, il la pleure. Seules les larmes possèdent cette intelligence du coeur pour témoigner de l'extase mystique. Les larmes que Dieu accorde sont mêlées de joie; on les sent couler sans les avoir recherchées (Thérèse d'Avila). Elles coulent presque à côté de nous, nous disent ce qu'elles sont, à distance de notre âme. Elles n'expliquent rien parce qu'elles ne savent rien. Nous ne comprenons pas pourquoi nous pleurons, car nous pleurons quand, précisément, nous cessons de comprendre.
Le sens de la vraie larme est de nous surprendre au-delà de nos logiques. Nous pleurons parfois sans presque nous en rendre compte, au-delà de nos simples sensations. L'âme est comblée d'une si immense tendresse, qu'elle voudrait fondre non de douleur, mais en larmes de joie. Elle s'en trouve baignée sans avoir rien senti, sans savoir quand elle a pleuré, ni comment (Thérèse d'Avila).
Si les larmes sont pour certains les premiers mots de l'enfance, elles ne font pourtant jamais de l'homme qui pleure un enfant: elles le rendent pareil à un enfant. Le langage d'une âme vraiment atteinte fait l'économie de tout discours comme de toute apparition. Car on ne parle pas plus des larmes que du sommeil d'un enfant. Tout juste de son imprécise joie.
Jean-Loup Charvet, L'éloquence des larmes - Livre/CD (Desclée de Brouwer, 2001)
image: Walter Firle (iamachild.wordpress.com)
11:10 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; spiritualité; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
31/08/2012
Musica présente - 29 Pierre Boulez
Pierre Boulez
compositeur, pédagogue et chef d'orchestre français, né en 1925
*
Alexander Scriabin
The Poem of Extasy, Op 54
Chicago Symphony Orchestra
08:56 Écrit par Claude Amstutz dans Alexander Scriabin, Musica présente, Musique classique | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : musique classique | | Imprimer | Facebook |
Lire les classiques - Jean Richepin
Jean Richepin
Le jour où je vous vis pour la première fois,Vous aviez un air triste et gai: dans votre voixPleuraient des rossignols captifs, sifflaient des merles;Votre bouche rieuse, où fleurissaient des perles,Gardait à ses deux coins d'imperceptibles plis;Vos grands yeux bleus semblaient des calices remplisPar l'orage, et séchant les larmes de la pluieA la brise d'avril qui chante et les essuie;Et des ombres passaient sur votre front vermeilComme un papillon noir dans un rais de soleil.Jean Richepin, Les caresses (poesie.webnet.fr)
photo: Robert Doisneau, Mademoiselle Anita
01:12 Écrit par Claude Amstutz dans Lire les classiques, Littérature francophone | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | | Imprimer | Facebook |
30/08/2012
Prix Edelweiss 2012
Prix Edelweiss 2012 - Deuxième sélection
Editorial de Joëlle Brack, Payot Libraire (extrait)
Lancé en 2007 à l’initiative du magazine féminin romand Edelweiss avec Payot Libraire pour partenaire, le Prix des Lectrices Edelweiss a immédiatement gagné ses lettres de noblesse!
D’un côté, dix femmes, lectrices du magazine Edelweiss mais de bien d’autres choses aussi, qui ont proposé de mettre leur été - voire un peu plus - de lectures à la disposition de la littérature. De l’autre, cinq libraires Payot. Entre eux, Laurence Desbordes, rédactrice en chef d’Edelweiss, et Pascal Vandenberghe, directeur général de Payot Libraire, qui arbitrent les choix et les débats.
C’est une aventure en deux épisodes, comme les histoires trop belles et trop riches pour épuiser leurs charmes en un seul volume. Chaque été, les jurées choisies par le magazine féminin romand Edelweiss dévorent d’abord dix romans francophones séectionnés par les libraires de Payot parmi les nouveautés du début de l’année. Mais de cette première moisson, seuls trois titres passent l’examen, le crible des lectrices étant particulièrement fin et leur soutien – ou désaveu – passionné! C’est ainsi que les trois rescapés auront à faire à une sévère concurrence, celle des mythiques titres de la Rentrée Littéraire...
Les jurées du Prix des Lectrices Edelweiss ont bouquiné tout l’été et retenu les trois ouvrages suivants de la première sélection:
Yasmine Char, Le palais des autres jours (Gallimard)
Raphaël Jérusalmy, Sauver Mozart - Le journal d'Otto J. Steiner (Actes Sud)
Grégoire Delacourt, La liste de mes envies (Lattès)
Trois histoires poignantes dont l’humour et la poésie ne sont pourtant pas absents, et qui du Liban en guerre à Arras en morne crise économique, en passant par le miracle de la musique contre la barbarie nazie, racontent – sur des tons variés – le combat de l’individu contre la fatalité ou l’Histoire : des parties aux dés pipés, mais dont l’issue n’est pas toujours écrite. Un très beau trio de tête!
Dans la marée des nouveautés, les libraires de Payot ont choisi au cours de l'été sept nouveaux potentiels lauréats, constituant - avec les trois titres déjà retenus - la sélection finale, qui débouchera sur l'attribution du Prix des Lectrices 2012, en octobre prochain.
Deuxième sélection
Le second round est donc lancé, avec:
Véronique Olmi, Nous étions faits pour être heureux (Albin Michel)
Quentin Mouron, Notre-Dame-de-la-Merci (Olivier Morattel)
Cécile Guilbert, Réanimation (Grasset)
Francis Dannemark, La véritable vie amoureuse de mes amies en ce moment précis (Laffont)
Thierry Beinstingel, Ils désertent (Fayard)
Yannick Grannec, La déesse des petites victoires (Anne Carrière)
Marie-Hélène Lafon, Les pays (Buchet Chastel)
Bonne chance à tous et que le meilleur gagne!
Au cours des éditions précédentes, ont été couronnés: Olivier Adam, A l'abri de rien (L'Olivier, 2007); Claudie Gallay, Les déferlantes (Rouergue, 2008); Véronique Ovaldé, Ce que je sais de Vera Candida (Olivier, 2009); Fatou Diome, Celles qui attendent (Flammarion, 2010); Tonino Benacquista, Homo Erectus (Gallimard, 2011).
Vous pouvez retrouver l'ensemble des présentations de ce prix littéraire Edelweiss, sur le site Payot mentionné ci-dessous.
http://www.payot.ch/fr/nosLivres/selections/edelweiss.html
http://www.edelweissmag.ch
00:45 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Littérature suisse | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : littérature; romans; livres | | Imprimer | Facebook |