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23/05/2015

Morceaux choisis - Yorgos Thèmelis

Yorgos Thèmelis

littérature; poésie; anthologie; livres

C'est pour toi que j'aime la lumière
Les hommes les arbres qui te ressemblent
Tout ce qui bouge et respire
Et la pierre éternelle
Et le flot partageant tes espaces
Et l'eau chantant l'amour
 
C'est pour toi et c'est toi
Qui marches dans les miroirs
Et partout dans les choses
Mes soeurs si proches
 
Et cette table tendre qui voit
Dans sommeil
Les deux ailes de tes mains
Et cette table tendre qui entend
Ton écho secret dans son épais silence
 
C'est mon coeur
Qui te soutient comme un drapeau
C'est mon coeur
Qui t'accueille comme un ciel.

Yorgos Thèmelis, C'est pour toi, dans: Michel Volkovitch, Anthologie de la poésie grecque contemporaine (coll. Poésie/Gallimard, 2000)

image: Theodoros Rallis (v2.xpatathens.com)

00:04 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

19/05/2015

Morceaux choisis - Robert Walser

Robert Walser

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Un soir, après le repas, j’allai encore en hâte au bord du lac drapé de je ne sais plus très bien quelle mélancolie pluvieuse et sombre. Je m’assis sur un banc sous les branches dégagées d’un saule et ainsi, m’abandonnant à des pensées vagues, je voulus m’imaginer que je n’étais nulle part, une philosophie qui me procura un bien-être étrange et délicieux. L’image de la tristesse sur le lac, sous la pluie, était magnifique. Dans son eau chaude et grise tombait une pluie minutieuse et pour ainsi dire prudente. Mon vieux père avec ses cheveux blancs m’apparut en pensées, ce qui fit de moi un enfant timide et insignifiant, et le portrait de ma mère se mêla au doux et paisible murmure et à la caresse des vagues. Avec l’étendue du lac qui me regardait comme je le faisais moi-même, je découvrais l’enfance qui me considérait elle aussi, comme avec de beaux yeux limpides et bons. Tantôt j’oubliais tout à fait où je me trouvais, tantôt je le savais de nouveau. Quelques promeneurs silencieux allaient et venaient sur la rive, deux jeunes ouvrières s’assirent sur le banc voisin et commencèrent à bavarder et là-bas sur l’eau, là-bas sur le lac bien-aimé, où les larmes douces et sereines coulaient paisiblement, des amateurs de navigation voguaient encore dans des bateaux ou des barques, le parapluie ouvert au-dessus de leurs têtes, une image qui me fit rêver que j’étais en Chine ou au Japon ou dans un autre pays de poésie ou de rêve. Il pleuvait si gentiment et si tendrement dans l’eau et il faisait si sombre. Toutes les pensées sommeillaient puis toutes les pensées étaient de nouveau en éveil. Un vapeur sortit sur le lac ; ses lumières scintillaient à merveille dans l’eau lisse et gris argent du lac qui portait ce beau bateau comme s’il éprouvait de la joie à cette apparition féerique. La nuit tomba peu après, et avec elle l’aimable invitation à se lever du banc sous les arbres, à s’éloigner de la rive et à prendre le chemin du retour.

Robert Walser, Au bord du lac, dans: Retour dans la neige (coll. Points/Seuil, 2006)

traduit de l'allemand par Golnaz Hauchidar

image: J.D.Echenard, Lac de Bienne (flickriver.com)

16/05/2015

Morceaux choisis - George Orwell

George Orwell

citations; livres 

Si tous, en effet, jouissaient de la même façon de loisirs et de sécurité, la grande masse d'êtres humains qui est normalement abrutie par la pauvreté pourrait s'instruire et apprendre à réfléchir par elle même, elle s'apercevrait alors tôt ou tard que la minorité privilégiée n'a aucune raison d'être, et la balaierait. En résumé, une société hiérarchisée n'était possible que sur la base de la pauvreté et de l'ignorance.

George Orwell, 1984 (coll. Folio/Gallimard, 1972)

00:10 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : citations; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

12/05/2015

Morceaux choisis - Jules Supervielle

Jules Supervielle

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Quand je vais à pied dans la campagne, force m'est d'avouer que j'ignore le nom de la plupart des arbres, bien qu'on m'ait souvent renseigné à leur sujet. Mais je n'écoute pas toujours aussi fort que je le voudrais. Et en fait d'arbres, je ne connais personnellement que le chêne, le platane, l'ombu, le peuplier - encore faut-il qu'il soit d'Italie - et les arbres fruitiers dans la saison des fruits. La campagne me devient presque tout de suite intérieure grâce à je ne sais quel glissement du dehors vers le dedans, à quoi ne participe pas seulement l'esprit, mais aussi les yeux, le nez, la bouche. Et j'ai l'impression d'avancer dans le paysage comme dans mon propre monde mental, soit que l'air très léger semble n'avoir pas touché terre, être l'odeur même du ciel, ou qu'il s'épaississe, au voisinage des fermes, jusqu'à devenir presque aussi nourrissant que du lait frais tiré.

Sur la route de Jaxu, je m'arrête devant un ancien manoir. Une vigne rampe sur le haut du mur peint à la chaux et que le sulfate a bleui: je voudrais comprendre le langage de cette ferme d'un autre temps, dirait-on. Elle s'exprime aujourd'hui par une chèvre qui en sort, et, deux minutes après, par ces jeunes porcs agitant leur tête, et enfin, par une carriole et un homme.

Et que signifie cette poule juchée sur le dos de ce porc à plaques noires? Ces associations provisoires d'animaux de différentes espèces me touchent presque toujours. Qui déchiffrera ces hiéroglyphes momentanés? Je songe aussi à l'oiseau hornero que je vis un jour sur les cornes d'un taureau, en Uruguay.

Pourquoi retourner ainsi, chaque jour, voir cet étang, cette ferme pleine pour moi de murmures, de sons qui ont du mal à s'articuler. Que s'est-il passé là? Peut-être qu'un jour, ici même, mon père... ou ma mère... Ou peut-être que rien, absolument rien.

Nous montons à Aradoy. A nos pieds, les fumées indolentes de la ville, ancienne capitale de la Basse-Navarre, semblent nous dire qu'avec de la patience (et du feu) presque tout est possible, qu'il n'y a jamais lieu de désespérer (ni d'espérer) complètement, non plus peut-être que de s'endormir (ni de se réveiller) tout à fait.

Jules Supervielle, Les Pyrénées / extrait, dans: Boire à la source (R.A.Corrêa, 1933)

image: Jaxu, Pyrénées / France (www.cartesfrance.fr)

08/05/2015

Morceaux choisis - Hubert Voignier

Hubert Voignier

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Aller à la découverte des hautes herbes, au détour de paysages repeints aux couleurs de la reverdie annuelle, est un bonheur comparable à celui de se lever tôt pour constater que le soleil règne en maître absolu sur la campagne, avant que ses rayons, frappant de plein fouet les yeux du promeneur matinal, à peine éveillé, ne le jettent, l'esprit à moitié sonné, sur le carreau éblouissant des routes... Leurs apparitions aléatoires à la fenêtre d'une voiture, au gré d'une promenade le long d'une voie secondaire ou d'un atelier de traverse, dans l'intimité d'une allée ou d'un jardin à l'abandon, au débouché d'un chemin de ferme donnant sur un verger modeste et grave, comme empreint de toute la rude majesté de la terre, leurs occurences furtives et presque inespérées me ravissent, et retiennent longuement mon esprit absorbé dans une rêverie de la profondeur.

Car c'est bien à une certaine vision de la profondeur, semble-t-il, que l'on a affaire ici, à laquelle on est appelé et comme pris au piège, sans pouvoir décider si cette impression ou cette intuition sont l'effet d'une trop grande proximité physique, d'une opération de charme de la nature au printemps, usant de ses appas entêtants mais superficiels pour embobiner et maintenir l'esprit sous son emprise, ou bien plutôt si les hautes herbes mènent réellement au seuil d'un pays intérieur, ouvrent la voie à une autre dimension, un envers ou un endroit confiné du monde. Comme si la nature au printemps étoffait l'espace d'une substance colorée, comme si elle enrobait la campagne d'une lumière devenue matière vivante, et que le temps ainsi se fît palpable sous cette effusion verdoyante. 

Et l'on se voit convié à une autre forme de déplacement que dans l'espace, à un autre voyage, non plus au loin mais en profondeur, dans le champ ouvert de ces multitudes colorées d'herbes et de fleurs, ces mêlées de branches et de feuilles virides, une immersion au sein de la couleur verte dont l'assombrissement progressif et la déclinaison de tous les tons intermédiaires, jusqu'à l'exténuation finale sous l'effet conjugué de la sève et de la chaleur, nous relient encore plus étroitement à la terre, et nous rappellent à un ordre antérieur du monde.

Hubert Voignier, Les Hautes Herbes (Cheyne, 2004)

image:  Ronan Guérinel, Paysages marins / 2008 (ronanguerinel.eklablog.com)

00:03 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature francophone, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; prose; morceaux choisis; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |

04/05/2015

Morceaux choisis - Marguerite Yourcenar

Marguerite Yourcenar

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Accepter que tel ou tel être, que nous aimions, soit mort. Accepter que tel ou tel être ne soit qu'un mort parmi des millions de morts. Accepter que tel et tel, vivants, aient eu leurs faiblesses, leurs bassesses, leurs erreurs, que nous essayons vainement de recouvrir de pieux mensonges, un peu par respect et par pitié pour eux, beaucoup par pitié de nous-mêmes, et pour la vaine gloire d'avoir aimé seulement la perfection, l'intelligence ou la beauté. Accepter leur indépendance de morts, ne pas les enchaîner, pauvres ombres, à notre char de vivants. Accepter qu'ils soient morts avant leur temps, parce qu'il n'y a pas de temps. Accepter de les oublier, puisque l'oubli fait partie de l'ordre des choses. Accepter de s'en souvenir, puisqu'en secret la mémoire se cache au fond de l'oubli. Accepter même, mais en se promettant de faire mieux la prochaine fois, et à la prochaine rencontre, de les avoir maladroitement ou médiocrement aimés.

Marguerite Yourcenar, En pélerin et en étranger (Gallimard, 1989)

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30/04/2015

Morceaux choisis - Albert Camus

Albert Camus 

littérature; essai; morceaux choisis; livres

Maintenant, les arbres s'étaient peuplés d'oiseaux. La terre soupirait lentement avant d'entrer dans l'ombre. Tout à l'heure, avec la première étoile, la nuit tombera sur la scène du monde. Les dieux éclatants du jour retourneront à leur mort quotidienne. Mais d'autres dieux viendront. Et pour être plus sombres, leurs faces ravagées seront nées cependant dans le coeur de la terre.

A présent du moins, l'incessante éclosion des vagues sur le sable me parvenait à travers tout un espace où dansait un pollen doré. Mer, campagne, silence, parfums de cette terre, je m'emplissais d'une vie odorante et je mordais dans le fruit déjà doré du monde, bouleversé de sentir son jus sucré et fort couler le long de mes lèvres. Non, ce n'était pas moi qui comptais, ni le monde, mais seulement l'accord et le silence qui de lui à moi faisait naître l'amour. Amour que je n'avais pas la faiblesse de revendiquer pour moi seul, conscient et orgueilleux de le partager avec toute une race née du soleil et de la mer, vivante et savoureuse, qui puise sa grandeur dans sa simplicité et, debout sur les plages, adresse son sourire complice au sourire éclatant de ses ciels.

Albert Camus, Noces, dans: Essais (Bibliothèque de la Pléiade/Gallimard, 1967)

image: abritel.fr

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25/04/2015

Morceaux choisis - Philippe Claudel

Philippe Claudel

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Quand je serai grande mon Papa
Tu seras vieux
Tu seras las
Mais moi
Je serai toujours
Toujours là
Tout près de toi
Tout contre toi
C'est moi alors qui te dirai
En t'embrassant dans le creux de l'oreille
Les mondes et les merveilles
Les lunes et les soleils
Te dire qu'il nous restera
A toi à moi
Mille choses à faire
Mille choses à dire
Mille jeux de l'oie
Mille mois de mai
Mille mois de mai
 
Aux mois de mai ma toute belle
Je préfère mille fois ces mots de toi
Dis-les-moi, dis-les-moi à l'oreille
Ma petite si petite merveille
 
Quand je serai grande mon Papa
Tu seras vieux
Tu seras las
Mais moi
Je serai toujours
Toujours là
Tout près de toi
Tout contre toi
Rien ne changera
Promets promets-le moi
La vie c'est une belle histoire hein Papa
Une histoire de sucre
Un vrai conte de miel
Avec des rêves
Des champs de soie
Des fées et des princesses
Des chevaux blancs
Des arbres doux
Et puis surtout
Des mois de mai
Des mois de mai
La vie c'est tout ça
N'est-ce pas mon Papa
 
Aux mois de mai ma toute belle
Je préfère mille fois ces mots de toi
Dis-les-moi, dis-les-moi à l'oreille
Ma petite si petite merveille
 
Quand tu étais un tout petit garçon
Mon Papa mon doux Papa
 

Philippe Claudel, Les mois de mai, dans: Le monde sans les enfants et autres histoires - Dessins de Pierre Koppe (coll. Livre de poche/LGF, 2011)

image: lachenaie.over-blog.fr 

 

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21/04/2015

Morceaux choisis - Sylvie Germain

Sylvie Germain

littérature; récit; morceaux choisis; livres

Elle est entrée dans le livre. Elle est entrée dans les pages du livre comme un vagabond pénètre dans une maison vide, dans un jardin à l'abandon. Elle est entrée, soudain. Mais cela faisait des années qu'elle rôdait autour du livre. Elle frôlait le livre qui cependant n'existait pas encore. Elle en feuilletait les pages non écrites et certains jours, même, elle a fait bruire imperceptiblement ces pages blanches en attente de mots. Le goût de l'encre se levait sur ses pas.

Elle s'est glissée dans le livre. Elle s'est faufilée dans les pages comme un songe s'en vient visiter un dormeur, se déploie dans son sommeil, y trame des images et mêle à son sang, à son souffle, de fins échos de voix. Elle va partout, n'importe où, elle s'introduit où elle veut, elle traverse les murs aussi aisément que les troncs d'arbre ou que les piles des ponts. Aucune matière n'est pour elle un obstacle; ni la pierre, ni le fer, ni le bois ou l'acier n'arrêtent son élan, ne retiennent ses pas. Toute matière a pour elle la fluidité de l'eau.

Elle avance droit devant elle sans jamais reculer. Ses déambulations semblent mues par de secrètes urgences, et son sens de l'orientation est le plus déroutant qui soit. Il lui arrive de s'immobiliser au milieu d'une rue déserte, ou d'obliquer sans raison apparente. C'est qu'elle a perçu alors un bruit inaudible à tout autre. Le battement d'un coeur oppressé par un excès de solitude, ou de peine, ou de peur, quelque part dans une chambre, une cuisine, ou dans un tramway passant non loin de là.

Il n'est pas rare que le battement de coeur humain qui l'a ainsi mise en éveil et mouvement soit celui d'un coeur éteint depuis longtemps. Elle fraye avec les morts autant qu'avec les vivants, son ouïe perçoit les plus infimes souffles, les plus lointains échos. La couleur de l'encre, mille fois séchée et ravivée, luit depuis toujours dans les traces de ses pas.

Elle s'est engouffrée dans le livre. C'est toujours ainsi qu'elle procède; à la façon du vent. Elle surgit sans crier gare, en un lieu et un instant où on ne l'attend pas, où on ne pense nullement à elle. Alors elle accapare toute l'attention. Elle passe, sans se soucier de l'étonnement qu'elle provoque, du grand trouble qu'elle jette. Peut-être ignore-t-elle que quelqu'un vient de l'apercevoir.

Elle marche sans jamais se retourner. Elle va son chemin. Mais nul ne saurait dire où mène son chemin, ce qui rythme sa marche, ce qui la pousse ainsi. Elle passe, comme les chiens errants, les vagabonds, les feuilles mortes emportées par le vent.

Le vent, le vent de l'encre se lève à son passage et souffle dans ses pas. Et le livre qui suit, n'étant composé que des traces de ses pas, s'en va lui aussi au hasard. 

Sylvie Germain, La pleurante des rues de Prague (coll. Folio/Gallimard, 1994)

image: http://3.bp.blogspot.com

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18/04/2015

Morceaux choisis - Emily Dickinson

Emily Dickinson

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On apprend l'eau par la soif,
La terre par les océans traversés,
La jubilation par les affres,
La paix par le récit des batailles,
L'amour par l'humus de la tombe,
Les oiseaux par la neige.
 

Emily Dickinson, "Poésies complètes, 1859", édition bilingue (Flammarion, 2009)

Traduction: Françoise Delphy

image: comeviaggiareinformati.it

00:05 Écrit par Claude Amstutz dans Littérature étrangère, Morceaux choisis | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : littérature; poésie; anthologie; livres | |  Imprimer |  Facebook | | |