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28/11/2014

Lire les classiques - Antoine de Chandieu

Antoine de Chandieu

littérature; poésie; anthologie; livres

Qu'as-tu? pauvre amoureux, dont l'âme demi-morte 
Soupire des sanglots au vent qui les emporte.
N'accuse rien que toi. Ton mal est ton désir, 
Et ce dont tu te plains, est ton propre plaisir. 
Tu n'as autre repos que ce qui te tourmente, 
Et t'éjouis au mal dont tu vas soupirant, 
Buvant ce doux-amer qui t'enivre et qui rend 
Ton plaisir douloureux et ta douleur plaisante.

Antoine de Chandieu, 1534-1591 (paradis-des-albatros.fr)

image: Frans van Mieris the Elder, A Young Woman feeding a Parrot (blog.kiwitan.com)

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20/11/2014

Lire les classiques - Emily Brontë

Emily Brontë

littérature; roman; morceaux choisis; livres

Mes grandes souffrances dans ce monde ont été les souffrances de Heathcliff, je les ai toutes guettées et ressenties dès leur origine. Ma grande raison de vivre c'est lui. Si tout le reste périssait et que lui demeurât, je continuerai d'exister; mais si tout le reste demeurait et que lui fut anéanti, l'univers me deviendrait complètement étranger, je n'aurai plus l'air d'en faire partie. Mon amour pour Heathcliff ressemble aux rochers immuables qui sont en dessous : source de peu de joie apparente, mais nécessaire. Nelly, je suis Heathcliff! Il est toujours, toujours dans mon esprit; non comme un plaisir, pas plus que je ne suis toujours un plaisir pour moi-même, mais comme mon propre être.

Emily Brontë, Les Hauts de Hurlevent (coll. Livre de Poche/LGF, 2007)

image: Laurence Olivier et Merle Oberon / Les Hauts de Hurlevent, William Wyler 1939

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15/11/2014

Lire les classiques - Paul Verlaine

Paul Verlaine

littérature; poésie; anthologie; livres

Ecoutez la chanson bien douce
Qui ne pleure que pour vous plaire,
Elle est discrète, elle est légère:
Un frisson d'eau sur de la mousse!
 
La voix vous fut connue (et chère?)
Mais à présent elle est voilée
Comme une veuve désolée,
Pourtant comme elle encore fière,
 
Et dans les longs plis de son voile,
Qui palpite aux brises d'automne.
Cache et montre au coeur qui s'étonne
La vérité comme une étoile.
 
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue.
 
Elle parle aussi de la gloire
D'être simple sans plus attendre,
Et de noces d'or et du tendre
Bonheur d'une paix sans victoire.
 
Accueillez la voix qui persiste
Dans son naïf épithalame.
Allez, rien n'est meilleur à l'âme
Que de faire une âme moins triste!
 
Elle est en peine et de passage,
L'âme qui souffre sans colère,
Et comme sa morale est claire!...
Ecoutez la chanson bien sage.

Paul Verlaine, Sagesse (coll. Livre de Poche/LGF, 2006)

image: http://arcus.a.r.pic.centerblog.net

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13/10/2014

Lire les classiques - Paul Verlaine

Paul Verlaine 

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Souvenir, souvenir, que me veux-tu? L’automne
Faisait voler la grive à travers l’air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détonne.
 
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant:
"Quel fut ton plus beau jour?" fit sa voix d’or vivant,
 
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.
 
- Ah! les premières fleurs, qu’elles sont parfumées!
Et qu’il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées!

Paul Verlaine, Nevermore, dans: Poèmes saturniens (coll. Livre de Poche/LGF, 2007)

image: Berthe Morisot, La mandoline / 1889 (impressionistsgallery.co.uk)

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14/09/2014

Lire les classiques - Marceline Desbordes-Valmore

Marceline Desbordes-Valmore 

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merci à Christiane H

Je voulais, mais en vain, par un effort suprême, 
En me sauvant de toi, me sauver de moi-même; 
Mon œil, voilé de pleurs, à la terre attaché, 
Par un charme invincible en fut comme arraché. 
 
À travers les brouillards, une image légère 
Fit palpiter mon sein de tendresse et d'effroi; 
Le soleil reparaît, l'environne, l'éclaire, 
Il entr'ouvre les cieux... Tu parus devant moi. 
 
Je n'osai te parler; interdite, rêveuse, 
Enchaînée et soumise à ce trouble enchanteur, 
Je n'osai te parler: pourtant j'étais heureuse; 
Je devinai ton âme, et j'entendis mon cœur.
 
Mais quand ta main pressa ma main tremblante, 
Quand un frisson léger fit tressaillir mon corps, 
Quand mon front se couvrit d'une rougeur brûlante, 
Dieu! qu'est-ce donc que je sentis alors? 
 
J'oubliai de te fuir, j'oubliai de te craindre; 
Pour la première fois ta bouche osa se plaindre, 
Ma douleur à la tienne osa se révéler, 
Et mon âme vers toi fut près de s'exhaler.

Marceline Desbordes-Valmore, Promenade d'automne, dans: Poésies (coll. Poésie/Gallimard, 1983)

image: John William Waterhouse, Lady Clare (artmagick.com)

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09/08/2014

Lire les classiques - François de Malherbe

François de Malherbe

SR_Giovanni Antonio Pellegrini_Vénus et Cupidon.jpg 

Beauté, mon beau souci, de qui l'âme incertaine
A, comme l'océan, son flux et son reflux,
Pensez de vous résoudre à soulager ma peine,
Ou je me vais résoudre à ne la souffrir plus.
 
Vos yeux ont des appas que j'aime et que je prise.
Et qui peuvent beaucoup dessus ma liberté:
Mais pour me retenir, s'ils font cas de ma prise,
Il leur faut de l'amour autant que de beauté.
 
Quand je pense être au point que cela s'accomplisse
Quelque excuse toujours en empêche l'effet;
C'est la toile sans fin de la femme d'Ulysse,
Dont l'ouvrage du soir au matin se défait.
 
Madame, avisez-y, vous perdez votre gloire
De me l'avoir promis et vous rire de moi.
S'il ne vous en souvient, vous manquez de mémoire
Et s'il vous en souvient, vous n'avez point de foi.
 
J'avais toujours fait compte, aimant chose si haute,
De ne m'en séparer qu'avec le trépas
S'il arrive autrement ce sera votre faute,
De faire des serments et ne les tenir pas.

François de Malherbe, Poésies (coll. Poésie/Gallimard, 1997)

image: Giovanni Antonio Pellegrini, Vénus et Cupidon (educar.wordpress.com)

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01/08/2014

Lire les classiques - H.B. dit Stendhal

H.B. dit Stendhal

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Ici, de tous côtés je vois d’inégales hauteurs couvertes de bouquets d’arbres plantés par le hasard, et que la main de l’homme n’a point encore gâtés et forcés à rendre du revenu. Au milieu de ces collines aux formes admirables et se précipitant vers le lac par des pentes si singulières, je puis garder toutes les illusions des descriptions du Tasse et de l’Arioste. Tout est noble et tendre, tout parle d’amour, rien ne rappelle les laideurs de la civilisation. Les villages situés à mi-côte sont cachés par de grands arbres, et au-dessus des sommets des arbres s’élève l’architecture charmante de leurs jolis clochers. Si quelque petit champ de cinquante pas de large vient interrompre de temps à autre les bouquets de châtaigniers et de cerisiers sauvages, l’œil satisfait y voit croître des plantes plus vigoureuses et plus heureuses là qu’ailleurs. Par delà ces collines, dont le faîte offre des ermitages qu’on voudrait tous habiter, l’œil étonné aperçoit les pics des Alpes, toujours couverts de neige, et leur austérité sévère lui rappelle des malheurs de la vie ce qu’il en faut pour accroître la volupté présente. L’imagination est touchée par le son lointain de la cloche de quelque petit village caché sous les arbres: ces sons portés par les eaux qui les adoucissent prennent une teinte de douce mélancolie et de résignation, et semblent dire à l’homme: La vie s’enfuit, ne te montre donc point si difficile envers le bonheur qui se présente, hâte-toi de jouir.

H.B. dit Stendhal, La chartreuse de Parme (coll. Livre de poche/LGF, 2000)

27/07/2014

Lire les classiques - Alfred de Musset

Alfred de Musset

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Les poètes représentent l’amour comme les sculpteurs nous peignent la beauté,comme les musiciens créent la mélodie; c’est-à-dire que, doués d’une organisation nerveuse et exquise, ils rassemblent avec discernement et avec ardeur les éléments les plus purs de la vie, les lignes les plus belles de la matière et les voix les plus harmonieuses de la nature.

Alfred de Musset, Confessions d'un enfant du siècle (coll. Livre de Poche/LGF, 2003)

image: Alfred de Musset, Parc Monceau / Paris (paris1900.lartnouveau.com)

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19/07/2014

Lire les classiques - Honoré de Balzac

Honoré de Balzac

littérature: roman; livres

Si vous voulez voir la nature belle et vierge comme une fiancée, allez là par un jour de printemps; si vous voulez calmer les plaies saignantes de votre cœur, revenez-y par les derniers jours de l’automne; au printemps, l’amour y bat des ailes à plein ciel, en automne on y songe à ceux qui ne sont plus. Le poumon malade y respire une bienfaisante fraîcheur, la vue s’y repose sur des touffes dorées qui communiquent à l’âme leurs paisibles douceurs. En ce moment, les moulins situés sur les chutes de l’Indre donnaient une voix à cette vallée frémissante, les peupliers se balançaient en riant, pas un nuage au ciel, les oiseaux chantaient, les cigales criaient, tout y était mélodie. Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine. Je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert; je l’aime comme un artiste aime l’art ; je l’aime moins que je ne vous aime, mais sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus.

Honoré de Balzac, Le lys dans la vallée (coll. Livre de Poche/LGF, 2008)

image: Moulins du Breuil et des Fleuriaux, Indre-et-Loire / France (nicole.fond-ecran-image.com)

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04/07/2014

Lire les classiques - Henri-Frédéric Amiel

Henri-Frédéric Amiel

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Petite perle cristalline 
Tremblante fille du matin, 
Au bout de la feuille de thym 
Que fais-tu sur la colline?
 
Avant la fleur, avant l'oiseau, 
Avant le réveil de l'aurore, 
Quand le vallon sommeille encore 
Que fais-tu là sur le coteau?

Henri-Frédéric Amiel, Poème (poesie.webnet.fr)

image:  Alfred William Strutt, Children of the Hills / 1890 (commons.wikimedia.org)